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10/11/2023

"La rencontre entre Meloni et Lagarde."

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Italie. Revue de presse. 

Les Unes se concentrent sur Gaza et l’annonce d’une « pause » quotidienne de quatre heures des opérations dans le nord : « Israël, des pauses humanitaires à Gaza » (Corriere della Sera, Messaggero), « Otages, Israël s’oppose à une trêve et concède juste 4 heures de pause » (La Stampa, Sole), « Des corridors et une trêve de quelques heures : la CIA, le Mossad et le Hamas négocient » (Avvenire). Les négociations en conseil Ecofin sur le nouveau Pacte de Stabilité sont également citées : « UE : l’Italie reste isolée » (La Repubblica, Il Messaggero), « Giorgetti (Ligue) menace de ne pas signer la réforme sur le Pacte de Stabilité » (La Stampa), « Dette publique, l’Italie tient le cap : le ministre ne se plie pas aux injonctions des Allemands » (Giornale). 

Les JT couvrent essentiellement l’affaire d’un nourrisson atteint d’une maladie rare au Royaume-Uni et que l’Italie cherche à transférer en Italie par l’intervention du gouvernement italien, les pauses humanitaires quotidiennes à Gaza annoncées hier, la suspension d’une enseignante dans le Nord de l’Italie suite à la diffusion de propos antisémites, l’alerte météorologique aux fortes pluies en Toscane. 

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Audition de  sur le canular téléphonique russe à Meloni : ‘’c’est une guerre hybride’’ » : « Il s’agit d’un acte de guerre hybride, fait par des personnes alignées avec l’Etat russe et probablement proches des services de renseignement du Kremlin. C’est la conviction autour de laquelle s’est tenue l’audition au Copasir (comité pour la sécurité de la République) du secrétaire d’Etat au Palais Chigi, Alfredo Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale), qui a aussi la délégation aux services de renseignement. Le contenu de l’audition est confidentiel. Le président du Copasir, Lorenzo Guerini (PD) a pris très au sérieux la nouvelle concernant le canular téléphonique et a lancé l’alerte sur le fait que d’autres ‘’activités malveillantes’’ pourraient se reproduire. Des sources du gouvernement assurent que Mantovano a confirmé la véridicité des faits. Sur la perception qu’il s’agissait d’un canular, les doutes de Meloni se sont manifestés vers la fin de l’appel, quand le faux dirigeant africain, avec un accent russe, l’a sollicitée à s’exprimer sur le nationalisme ukrainien, une thématique qui est chère à la propagande poutinienne. Toujours selon Mantovano, la Présidente du Conseil a signalé à son cabinet diplomatique que ‘’quelque chose ne tournait pas rond’’. Le bureau n’ayant pas ravisé des raisons d’alerte, Meloni a estimé bon ne pas en référer aux services de renseignements. Comme nous le savons, la ‘’superficialité’’ dénoncée par Meloni et confirmée par Mantovano ont poussé le responsable du cabinet, l’ambassadeur Talò, à donner sa démission. » 

ARTICLE, La Repubblica, « Faux appel à Meloni : un autre ambassadeur en difficulté » de Tommaso Ciriaco et Giuliano Foschini : « De l’audition de Mantovano au Copasir, on repère qu’il y a eu plusieurs erreurs. D’abord, l’ambassadeur italien auprès de l’Union africaine, Alberto Bertoni, avait été contacté pour vérifier le mail envoyé au palais Chigi par lequel les Russes demandaient un contact. L’adresse de l’expéditeur était correcte, vu qu’ils avaient utilisé un proxy. Mais il aurait suffi de vérifier avec le cabinet de Moussa Faki pour comprendre s’il s’agissait d’un piège. Une vérification qui n’a pas été faite. La cellule diplomatique a toutefois donné suite à la demande d’appel. Une source proche du dossier commente : « ce qui n’est pas clair, c’est si notre ambassade a dit que la demande était véridique ou plutôt, ce que l’on soupçonne, que son silence ait été interprété comme un accord ». « Mais deux erreurs majeures ont été commises : de la part de ceux qui n’ont pas répondu à la demande de vérification émanant de Chigi, et de la part de ceux qui ont demandé la vérification ». Mais par ailleurs, la Commission de l’UA avait diffusé le 12 octobre un communiqué alertant sur les impostures : « plusieurs capitales étrangères ont été victimes de sollicitations émanant de fausses adresses de courriel qui prétendent être des mails officiels du vice chef d’Etat Major, pour le compte du président de la Commission de l’UA et qui demandent des appels téléphoniques à des chefs d’Etat étrangers. L’UA rappelle que toutes les demandes à haut niveau de la part du président se font systématiquement à travers les canaux diplomatiques normaux, par note verbale adressée à l’ambassade ». 

ENTRETIEN, Stampa, Maria Elisabetta Casellati (Forza Italia), ministre italienne pour les Réformes, « L’élection directe du président du Conseil peut être changée, mais l'opposition ne doit pas se contenter de dire non » : « La ministre des Réformes, Maria Elisabetta Casellati, s'est lancée à corps perdu dans le débat sur l’élection directe du président du Conseil, affirmant que l'impact des modifications de la Constitution serait minime. Le président de la République perd-t-il des pouvoirs, comme l'accusent l'opposition et divers constitutionnalistes ? "Non. L'équilibre entre le Premier ministre et le Parlement sera-t-il compromis ? Absolument pas. Mais l'avenir de l'Italie, avec un "ajustement constitutionnel", sera empreint de "crédibilité, sur le plan économique et politique, que nous ne pouvons pas avoir sans gouvernements stables". Et il dira enfin adieu aux "incivilités, aux intrigues de palais, aux législatures faites de coalitions différentes et improbables" comme celle qu'elle a vécue en tant que présidente du Sénat. "La médiation entre les forces politiques a déjà eu lieu". Mais la nouvelle vient sur les enjeux de la réforme. Sur les sénateurs à vie, pas de retour en arrière, 'nous les abolissons parce qu'avec la réduction du nombre de parlementaires, il faut une forte légitimité démocratique de chaque figure du Palais Madama'. Sur le seuil minimum de la majorité dans la future loi électorale : " On ne peut pas faire un saut dans le vide, passer de 30% dans les urnes à 55% au Parlement serait exagéré". La Ministre confirme être ouverte à des changements parlementaires en collaboration avec les oppositions : "Je suis prête à jouer le rôle de médiateur mais j'aimerais qu'il y ait une réciprocité, que les oppositions se rassemblent. Le débat parlementaire ne doit pas devenir un dialogue de sourds". Les alternatives, pour Casellati, ont déjà été explorées. Le premier ‘’oui’’ au Parlement arrivera "d'ici trois mois, j'espère". Sur le référendum et ses risques, Casellati déclare : "nous ne faisons pas cela pour brandir le drapeau du centre-droit, mais pour brandir celui du peuple italien et avoir enfin une stabilité qui puisse conduire à la crédibilité internationale, au développement économique, à la confiance du marché, à la planification de l'avenir des citoyens et des entreprises, et à des relations vertueuses avec d'autres institutions telles que les universités et les régions. C'est le destin de l'Italie qui est en jeu, pas celui du "centre-droit". Et aux alliés de la Ligue qui craignent que l'autonomie soit mise en veilleuse, Casellati a répondu dans la soirée à SkyTg24 : "Au sein de la majorité, il y a une cohésion tant sur la réforme constitutionnelle que sur l'autonomie différenciée". "Simul stabunt simul cadent' ('Ensemble ils resteront debout ou ensemble ils tomberont', ndt) n'est pas seulement la formule anti-rébellion au sein de la réforme que Meloni aime tant, mais aussi celle dont les alliés ont besoin pour aborder le processus de l’élection directe qui 'd'ici la semaine prochaine', nous assure Casellati, 'atterrira au Sénat'. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Les partenaires de l’Italie [déplorent une] ‘’ligne qui n’a pas de sens’’ mais Giorgetti hausse le ton en vue de la négociation sur le Plan de Relance et la Loi de Finances » : « A l’issue de la réunion des ministres européens des Finances, qui ouvre pour la première fois concrètement la voie à la réforme du Pacte de Stabilité, les principaux partenaires européens, à commencer par la France et l’Allemagne, restent abasourdis face aux menaces de Rome d’opposer son véto sur le texte proposé par la présidence tournante espagnole. En effet, un retour aux anciennes règles serait problématique avant tout pour l’Italie, le message adressé aux marchés financiers serait désastreux. Même la BCE, qui est en train de réduire ses achats de titres d’Etat, a expliqué que l’absence d’accord entrainerait des conséquences pour les pays les plus exposés, dont fait partie l’Italie. De plus, les propos du ministre italien de l’Economie lors de la rencontre ne correspondaient en rien à ce qu’il avait laissé entendre à la presse. Une ligne italienne incompréhensible pour ses partenaires, qui isole de fait notre pays. Malgré une bilatérale avec son ‘’collègue’’ français Bruno Le Maire, Giorgetti n’est pas parvenu à une position commune avec Paris qui se trouvait pourtant, du pont de vue des finances publiques, dans une situation semblable à celle de Rome. Le centre-droit italien aurait au moins dû nouer une alliance avec l’Elysée et Madrid mais n’en a pas été capable. Au contraire, la gouvernance économique se retrouve ainsi entièrement entre les mains de la France et de l’Allemagne, dont les deux ministres de l’Economie se rencontreront prochainement à Berlin, sans Rome. Durant l’Ecofin, personne n’a pris la défense du gouvernement Meloni lorsque les pays dits ‘’frugaux’’ ont reproché à l’Espagne une médiation trop clémente. Lors des négociations de ces derniers jours, l’Espagne avait tenu compte des demandes de Paris qui correspondaient involontairement à celles de l’Italie : le plan pour un rééquilibrage du déficit sur 7 ans et non sur 4 pour les pays prévoyant des réformes structurelles dans le cadre du Plan de Relance, le calcul ‘’avantageux’’ de certaines dépenses notamment en matière de défense qui ne pèseront quasiment pas dans le calcul du déficit, la réduction de la dette étalée sur au moins 4 ans et qui se situera autour d’1% annuel avec une certaine flexibilité. Bien sûr, en échange de tout cela la France a concédé à l’Allemagne une forme de ‘’garantie’’ dans la réduction du déficit qui devrait passer en-dessous des 2% au lieu de 3%. Une exigence de Belin qui n’a pas confiance en certains partenaires, à commencer par l’Italie. Notre pays a pourtant presque toujours respecté ce seuil, sauf en période de pandémie. La position de Rome apparait donc inexplicable, de même que les critiques informelles du gouvernement Meloni à l’encontre du commissaire italien des Affaires économiques, Paolo Gentiloni, alors que les ‘’faucons’’ l’accusent au contraire d’être trop conciliant avec son pays. Le double discours de Giorgetti est donc perçu comme une propagande adressée plutôt à l’Italie elle-même et pour maintenir la pression en vue des prochaines échéances, notamment l’avis de la Commission sur la Loi de Finances, les négociations sur les révisions du Plan de Relance, et le MES sur lequel Giorgia Meloni ne s’est pas encore décidée à donner son feu vert, agaçant de plus en plus ses partenaires. La Présidence du Conseil doit se décider : soit elle subit la réforme du Pacte, soit elle la promeut. Mais si la France et l’Allemagne se mettent d’accord, il sera difficile pour quiconque de s’y opposer. » 

EN COULISSES, Corriere della Sera, F. Fubini « La rencontre entre Meloni et Lagarde » : « Lors de la dernière réunion européenne, Giorgia Meloni et Christine Lagarde ont eu un échange. Toutes deux partagent un dossier qui leur est cher : les nouvelles règles budgétaires européennes pour lesquelles les ministres de l’Ecofin cherchent un accord d’ici la fin de l’année. L’Italie nourrit des doutes sur la direction de ces pourparlers, notamment la requête allemande de prévoir une « borne » sur le déficit, outre une « sauvegarde » sur la dette, poussant les pays lourdement endettés à un écart bien en dessous des 3% du PIB. Rome craint que cette contrainte engendre des corrections trop brusques aux comptes publics à partir de 2025. Par ailleurs, au niveau européen, un étau simultané de la part de trop de pays pourrait mettre à mal l’économie du continent. Il n’est pas clair si Meloni a fait part de ses craintes à la directrice de la BCE. En tout cas, Mme Lagarde lui a passé un message : ‘’l’accord sur les règles budgétaires est fondamental pour nous’’. Elle a aussi mis au clair que si l’on crée une situation où la BCE doit aider l’Italie sur les marchés, ce sera plus difficile de le faire sans un cadre défini de règles. Le « bouclier » de la BCE est réservé aux pays qui sont déjà en règle avec les normes communautaires ou qui travaillent pour l’être. Si l’ancien pacte de stabilité devait rentrer à nouveau en vigueur, l’Italie aurait bien des difficultés à se remettre en règle. Rome exprime aussi des doutes sur le rôle de Nadia Calvino : celle-ci étant postulante à la présidence de la BCE, elle pourrait utiliser sa médiation pour favoriser sa candidature. Le dossier est en évolution et les ministres allemand et français sont maintenant plus proches, ils se rencontreront la semaine prochaine et pourraient trouveur un accord. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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