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08/11/2023

"L'Albanie divise le gouvernement, les alliés de Meloni n'étaient pas au courant."

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Italie. Revue de presse. 

Les unes se concentrent sur l’opération terrestre israélienne dans la ville de Gaza et sur les pressions pour une trêve humanitaire, notamment de la part des Etats-Unis : « Gaza, tensions entre les Etats-Unis et Israël » (Corriere della Sera), « Netanyahou veut rester dans Gaza mais les Etats-Unis s'y opposent » (Il Messaggero, Sole). L’accord signé entre Rome et Tirana pour l’ouverture en Albanie de deux camps destinés à recevoir les migrants secourus en mer est encore cité : « L'Albanie divise le gouvernement, les alliés de Meloni n'étaient pas au courant » (La Repubblica), « La prudence européenne sur l'accord avec l'Albanie » (Avvenire)« Le pacte Meloni-Rama est voué à l'échec » (Domani). 

Sur Twitter, les hashtags en rapport avec l’accord entre Italie et Albanie sur les migrants (#Albania et #Tirana) sont en tendance. 

ARTICLE, Il Messaggero : « Voici les termes de l’accord entre l’Italie et l’Albanie » : « C’est un pacte censé durer longtemps : 5 ans. L’Albanie mettra à la disposition du gouvernement italien deux zones - le port de Shengjin, à 70 kilomètres de la capitale Tirana, et la zone intérieure de Gjader - pour construire les installations qui accueilleront temporairement les migrants. L'accord précise que le nombre de migrants présents "en même temps" sur le territoire albanais "ne peut excéder les trois mille". Ils ne devront rester dans les installations que "le temps strictement nécessaire" à l'accomplissement des procédures "frontalières ou de rapatriement". Ils n'auront pas la possibilité de repartir avant la fin des contrôles. Comme l'a expliqué hier le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant), les centres d'accueil en Albanie ne seront pas des Centres de séjour et de rapatriement (Cpr) - les structures italiennes de rétention préalable aux expulsions - mais serviront uniquement à vérifier les documents et les exigences des migrants pendant une période beaucoup plus courte : 28 jours au maximum. Un rythme qui permettra à ce pays des Balkans d'accueillir environ trois mille personnes par mois, pour un total de trente-six mille par an, selon les estimations du gouvernement. L'Albanie fournira les zones pour accueillir les centres où seront examinées les demandes des migrants secourus en Méditerranée. Du côté du gouvernement - mais le texte n'en fait pas mention - on précise qu'il s'agira de sauvetages opérés par des navires de garde-côtes, de la marine ou de la garde des finances et que les personnes fragiles, les femmes enceintes et les enfants seront exclus du transfert vers l'Albanie. Tirana déploiera ses forces de l'ordre pour surveiller le périmètre extérieur des installations et, si nécessaire, renvoyer les migrants qui tentent de fuir à l'intérieur. En cas de décès d'un migrant, le gouvernement albanais pourra prendre en charge la dépouille dans ses morgues. Tout le reste sera à la charge du gouvernement italien : de la sécurité intérieure aux procédures de rapatriement, des frais juridiques liés aux éventuels recours des personnes détenues dans les centres aux coûts de la nourriture, des services et des soins de santé. Et encore : le transport des migrants vers le pays des Balkans, leur transfert à l'issue des 28 jours. De plus, l'Italie s'engage à garantir le remboursement à 100 % de toutes les dépenses auxquelles le gouvernement albanais devra faire face pour mettre en place les deux grandes structures. Pour ce faire, un fonds ad hoc sera créé avec une dotation initiale de 16,5 millions d'euros. Outre les coûts, les centres relèveront également de la juridiction italienne : ils seront gérés "conformément aux réglementations italiennes et européennes en vigueur". En d'autres termes, quiconque commettra des délits à l'intérieur des centres devra s'adresser à la justice italienne et il en ira de même pour les recours sur les décisions de refus de permis de séjour ou de d’asile. » 

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ARTICLE, il Foglio, D. Carretta « La campagne d’Albanie » : « Finalement, cet accord avec l’Albanie sur les migrants aura été un secret de famille bien protégé, pendant deux mois et demi, à huis clos. Les seules personnes qui en avaient connaissance étaient Giorgia Meloni, qui l’a signé, sa sœur, soit le numéro deux de Frères d’Italie, et son beau-frère, le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie). L’Intérieur (Matteo Piantedosi, Indépendant) et la Farnesina (Affaires étrangères, Antonio Tajani, Forza Italia), c’est-à-dire respectivement les ministères relevant des dirigeants de la Ligue et de Forza Italia, n’étaient pas dans la confidence. Tout comme le ministre de la Justice, Carlo Nordio (Frères d’Italie). Lorsque les journalistes contactent les ministères cités, on répond systématiquement : ‘’demandez au Palais Chigi, qui a la main sur ce dossier’’. Personne au sein de la majorité ne soulèvera d’objections sur le fond : obtenir que les migrants restent en dehors du territoire italien a toujours été le leitmotiv de la droite. Ainsi, ce mémorandum sera utilisé par Giorgia Meloni aux prochaines élections européennes. L’accord sera opérationnel au printemps prochain, quand les flux s’intensifieront, soit juste avant les élections prévues en juin. Meloni pourrait-elle se porter candidate comme cheffe de liste dans toutes les circonscriptions ? Certains disent que oui. Après 24 heures de silence, Salvini a pris la parole pour s’en prendre à l’Union Européenne : ‘’Contrairement à Bruxelles, l’Albanie a compris que l’Italie n’est pas le centre de réfugiés de l’Europe’’. Enfin le ministre de l’Intérieur Piantedosi, après avoir suivi la consigne du silence, lors d’une audition au Parlement, a légèrement corrigé les annonces de Mme Meloni. Dans le texte diffusé hier on ne cite jamais le terme de ‘’Cpr’’ (centres de permanence et de rapatriement). Même si, au fond, les centres construits en Albanie en ont pourtant l’apparence. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Juan Fernando Lopez Aguilar (socialiste espagnol), président de la commission pour les libertés civiles, la justice et les affaires intérieures du Parlement européen « C’est un plan qui n’est pas viable, sans cohérence et incompatible avec le droit européen » « ‘’Aujourd’hui, j’ai présidé trois réunions avec les institutions de l’Union Européenne pour finaliser le Pacte sur l’immigration et l’asile ; nous sommes en train de travailler durement pour bâtir l’architecture juridique qui nous garantisse que le droit est bien respecté dans la gestion des flux. Entretemps, que se passe-t-il ? Le gouvernement d’un Etat membre décide unilatéralement de signer avec le gouvernement d’un pays tiers un plan non viable, incohérent, sans perspective et basé uniquement sur le principe d’action-réaction. C’est incroyable. En tant que juriste, pour se prononcer, il faut voir de près les détails [d’un texte]. Or, le problème est justement qu’on ne les connait pas : la Commission européenne n’a même pas été consultée. On peut voir déjà que ce pacte prévoit l’externalisation de la gestion des procédures d’asile. Avec ce que nous sommes en train de construire juridiquement, ce sera incompatible avec le droit européen. Nous avions déjà critiqué le mémorandum avec la Tunisie car la Commission ne décide pas de la politique étrangère de l’Union, elle a besoin d’un mandat du Conseil européen et quand on utilise les fonds, il faut l’accord du Parlement. Nous sommes en train de travailler pour arriver à un accord sur le Pacte asile et migrations : nous voulons un accord contraignant, avec un juste équilibre entre solidarité et responsabilité. Nous voulons que dans des situations de flux migratoires très intenses, la Commission rende obligatoire la redistribution des migrants, il n’est pas possible d’accepter une solidarité à la carte’’. » 

EDITORIAL, S. Folli, Repubblica, « Vers le défi du référendum » : « Le véritable enjeu de la réforme Meloni (Frères d’Italie) – Casellati (Forza Italia) est le référendum final, mais même cette étape ne clôt pas le jeu. La proposition d'élection directe du Premier ministre s’apparente à une opération politique sophistiquée à plusieurs facettes. Tout d’abord, il y a le texte approuvé en Conseil des ministres. Compliqué et contradictoire, il semble écrit pour susciter critiques et controverses. Il mentionne également l'élection directe, qui ne déplaît pas à l'opinion publique, comme le montrent les sondages.  Giorgia Meloni a soutenu ce texte en sachant pertinemment qu'elle devra l'amender au cours des quatre "lectures" parlementaires. Il y aura très probablement une réécriture du très mauvais article prévoyant un second Premier ministre, au cas où le président élu par le peuple jetterait l'éponge. Dépourvu de la légitimité obtenue par son prédécesseur, il conduirait le pays aux urnes, car après lui... le déluge – c’est-à-dire la dissolution des Chambres. Au fond, cela ressemble presque à une clause mise en place pour être abrogée :  un appât pour l'opposition, ou une partie de celle-ci. Sur le point du projet qui fait le plus débat, l'élection directe, seul Renzi est d’accord à ce stade [dans l’opposition]. En échange de quelques améliorations (à commencer par le renoncement au ‘’second premier ministre’’), il pourrait voter pour la réforme. Mais tout cela est encore prématuré. Le PD et ses alliés sont contre l'élection directe mais quelle est la position du centre-gauche ? Comme on le sait, le parti d'Elly Schlein a dans sa manche la carte de la "chancellerie" à l'allemande. Pour l'instant, cependant, ce qui prévaut, c'est la volonté de faire front commun avec le M5S de Conte et le groupe Gauche-Verts. Donc "non" à tout et défense jusqu'au bout de la Constitution actuelle. Si, comme c'est probable, on en arrive à un référendum, la gauche dans son ensemble sera accusée de rechercher des voix au nom de l'immobilisme.  Elle répliquera en accusant l'autre camp de vouloir importer Orbán. Et le résultat n'est pas forcément acquis. Le gouvernement corrigera le texte pour le rendre plus présentable. Ensuite, il modifiera soigneusement la question du référendum.  La "mère des réformes" sera offerte comme un service aux Italiens, quelle que soit la couleur de l'exécutif. Nous serons alors en 2025, peut-être en 26, vers la fin de la législature, ce qui signifie qu'en cas de défaite référendaire le centre-droit pourra facilement glisser vers des élections anticipées : il suffira que Frères d'Italie et ses partenaires se retirent du gouvernement et ne soutiennent pas un gouvernement dit "technique". Les élections seraient alors un moyen de relancer autrement l'argument d’un Premier ministre ‘’fort’’. » 

ARTICLE, Il Foglio, de M. Rizz., « Crosetto, Schlein et les dépenses militaires » : « Qui l’aurait cru ? Pendant la réunion d’hier du Parti démocrate sous la direction d’Elly Schlein, on aurait presque pu remercier le ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d'Italie) pour les propos qu’il a tenus sur les dépenses militaires, sujet qui représente la ‘’bête noire’’ de la nouvelle direction démocrate. En effet, lors de son audition devant les commissions Défense à la Chambre et Affaires étrangères et Défense au Sénat, le ministre Crosetto a prononcé ces mots : ‘’l’objectif de 2 % du PIB pour les dépenses du secteur de la défense dans le cadre de l’OTAN est central mais nous en sommes loin, très loin. Cet objectif est impossible à atteindre en 2024 et difficilement réalisable en 2028’’. Selon Crosetto, la Défense a besoin d’un soutien financier et ‘’le changement de paradigme dans le contexte international a pris de court tout le monde’’. Par conséquent, ‘’l’Otan ne doit pas fixer des objectifs financiers non réalisables’’. Sur ces propos, le chef de groupe du PD en commission défense de la Chambre, Stefano Graziano, estimait hier qu’il pouvait « partager certaines déclarations » du ministre Crosetto. 

ARTICLE, Quotidiano Nazionale, C. Marin, « Adolfo Urso (Frères d’Italie) : “L’Italie est aux avant-postes pour l’espace et le nucléaire. Pour la lune, un premier alunissage d’ici 2030” » [Propos rapportés] : « Le Ministre a déclaré que les priorités de la politique de développement industriel de son ministère seraient le défi franco-italo-allemand sur l’espace, l’entrée de l’Italie dans le nucléaire et le développement et le contrôle de l’IA. Sur l’accord de Séville, le ministre parle d’une première entente qui pourrait conduire à une plus grande convergence sur la politique industrielle de défense au niveau européen et qui doit concrètement débloquer les lancements d'Ariane 6 et de Vega-C. Selon Urso, l’accord définit le calendrier des lancements jusqu'en 2030, année où l'Europe vise le premier alunissage d'un astronaute européen. Adolfo Urso a souligné la nécessité d’adapter le système législatif italien – comme indiqué dans la loi de finances – pour soutenir l'industrie spatiale nationale. Sur le nucléaire, le Ministre voit Enel comme un acteur clef dans le développement de l'énergie nucléaire mais aussi dans les énergies renouvelables. Il a affirmé sa volonté de rouvrir la voie du nucléaire en Italie, avec des réacteurs de quatrième génération, qui pourraient être activés à la fin de la décennie. Le ministre a également assuré vouloir travailler avec ses partenaires occidentaux pour assurer l'autonomie stratégique de l'Europe en matière de sources d'énergie et de matières premières critiques. À propos de la question de l’IA, Adolfo Urso a déclaré qu’une vision anthropocentrique claire était nécessaire, tout en stimulant l’innovation, et en encourageant les transferts de technologie vers le système industriel. Il voit le G7, présidé par l’Italie, comme un rendez-vous sur l'intelligence artificielle, surtout en ce qui concerne ses retombées industrielles. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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