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17/10/2023

"Un carrefour pour Meloni après les résultats des élections en Pologne."

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Italie. Revue de presse. 

L’attentat terroriste d’hier soir à Bruxelles faisant deux victimes fait les gros titres « Le retour de la terreur en Europe » (Corriere della Sera, Repubblica), « Terreur à Bruxelles » (La Stampa, Messaggero). La crise israélo-palestinienne reste aussi très présente en une : « Le plan de Biden pour éviter une guerre » (Stampa), « Biden, Poutine et Xi tentent de faire ralentir Netanyahou » (Fatto) ainsi que l’adoption de la loi de finances en conseil des ministres « Un budget à hauteur de 24 milliards », « Impôts, retraites, entreprises : voici les nouveautés (Sole 24 Ore), « Budget, les départs anticipés à la retraite sont finalement reportés » (Messaggero, Stampa). 

COMMENTAIRE, Sole 24 ore, de L. Palmerini, « Le bilan politique ne récompense pas les alliés » : « Cela faisait vraiment un drôle d’effet d’entendre le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti (Ligue)

tenir des propos tels que ‘’nous avons remis à leur place les ministres afin de défendre les Italiens aux faibles revenus’’ ou encore ‘’j’ai l’espoir que le Parlement apprécie le travail accompli en évitant les amendements’’. Des propos qui témoignent d’une situation assez grave [au sein de la coalition] au point qu’il faille serrer les vis même lors des passages parlementaires. Reste à voir si les partis -au moins ceux de la majorité- la recommandation du ministre qui semble s’adresser avant tout à Bruxelles et aux marchés. La promesse d’une Loi de Finances aux marges très serrées et l’approbation rapide par la Présidence du Conseil témoignent d’un contexte tendu. Inutile de rappeler que le gouvernement doit jongler entre la dette d’un côté (et les réductions fiscales financées par le déficit n’aident pas) et des perspectives de croissance fuyantes dans un contexte international complexe. Cela signifie que le ministre Giorgetti a accompli un exercice d’équilibriste en tentant de sauvegarder le message politique adressé aux classes les plus défavorisées et en éliminant dans le même temps toutes les autres mesures électoralistes, à commencer par celles défendues par son parti, la Ligue. Giorgetti a par exemple demandé à Salvini de renoncer aux promesses sur les retraites, après des années à faire campagne sur ce thème. Idem pour la ‘’paix fiscale’’ et la flat tax, sur lesquelles Salvini peut faire une croix. Sans parler du Pont sur le détroit de Messine, cheval de bataille du chef de la Ligue et ministre des Infrastructures. En attendant de connaitre l’avis de l’UE et des agences de notation, on peut attribuer l’essentiel de cette Loi de Finances à la vision de Giorgia Meloni. Les deux mesures sur lesquelles la Présidente du Conseil s’était impliquée personnellement ont été confirmées : la réduction des charges salariales et le lissage des échelons des taux d’imposition concernant l’impôt sur la fortune pour les revenus allant jusqu’à 28 000€. Elle parvient par ailleurs à adresser un message sur les mères seules avec plus de deux enfants. Ses alliés n’ont plus qu’à soutenir eux aussi ces mesures afin de ne pas se retrouver sans rien à revendiquer. Ils doivent aussi se plier au ton choisi, emprunt de sérieux et de prudence. C’est assez gênant pour ceux qui imaginaient mener la campagne pour les européennes en doublant la Présidente du Conseil. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, F. Fubini « Le bouclier de la BCE est là mais maintenant la crédibilité sur la dette est nécessaire » : « Les réunions du FMI de la semaine dernière ont donné deux signaux sur l'Italie. Le premier est que la loi de finances n'est pas très convaincante. P-O. Gourinchas, économiste en chef du FMI, a déclaré : "Le solde primaire structurel ne s'améliore pas suffisammentNous sommes un peu inquiets avec les réductions d'impôts proposées, qui ne semblent pas nécessairement aller dans la bonne direction’’. Mais l'autre signe est que personne ne veut de nouvelles tensions sur le marché aujourd'hui. Il est loin le temps où l'Allemagne laissait les tempêtes de marché déstabiliser les pays pour leur donner une leçon. De l'Ukraine au Moyen-Orient, l'Europe a déjà suffisamment de crises aujourd'hui. Au FMI, les interventions des banquiers centraux pour défendre l'Italie ont donc été entendues. Ce n'est pas une coïncidence si les rendements et le Spread de l'Italie ont baissé après avoir augmenté au cours des semaines précédentes. Outre les réglementations utiles – telles que les incitations à la délocalisation des entreprises – la loi budgétaire représente un défi de taille : des réductions d'impôts et des cotisations sociales d'un montant de 14,3 milliards d'euros (0,7 % du PIB) sont prévues et financées pour une seule année : 2024. Il en va de même pour les réductions de 120 % ou 130 % des embauches permanentes. L'objectif annoncé d'un déficit réduit à 3,6% du PIB et d'une dette stabilisée à 140% en 2025 suppose que toutes les réductions d'impôts disparaissent au bout de douze mois : mais c'est politiquement impossible. Si l'Italie ne se montre plus crédible en matière de finances plus saines, à terme, même le parapluie de la BCE sur sa dette sera remis en cause. C’est là le grand problème que le budget italien ne parvient pas, à ce stade, à résoudre. »

ENTRETIEN Corriere della Sera de Maurizio Leo, vice-ministre de l’Economie et des finances « Des aides allant jusqu’à 1300 euros et lutte contre l’évasion fiscale » : « L'objectif fondamental de cette loi de finances est d'aider les revenus faibles et moyens, qui sont les plus touchés par l'inflation. C'est pourquoi nous avons concentré les quelques ressources disponibles sur eux. Au-delà de 50.000 euros, nous continuerons à exclure de la franchise les dépenses de santé, qui resteront déductibles à 19 % comme aujourd'hui. La combinaison de la fusion des taux de l'Irpef (impôts sur le revenu) et de la reconduction de la réduction des charges salariales pourrait avoir pour effet de renforcer les fiches de paie des classes moyennes inférieures jusqu'à environ 1.300 euros par an. La réforme fiscale concernant la réduction des taux de 4 à 3, avec l'unification des deux premières tranches de revenus, donc jusqu'à 28.000 euros de revenu imposable sous le taux de 23%, concerne tous les contribuables. Par ailleurs, nous avons prévu environ 10 milliards pour la reconduction de la baisse des charges salariales. Le nombre de salariés concernés est d'environ 14 millions. La combinaison des deux mesures aura pour effet d'augmenter la masse salariale d'environ 1.300 euros par an. L'ensemble des deux mesures représente environ 15 milliards. Certes, pour l'instant, nous les finançons pour 2024, mais ce n'est qu'une étape : la prochaine sera celle de la convention de prévention de deux ans pour les professions libérales, que nous prévoyons de mettre en place, lors de prochains décrets d'application de la délégation, dès 2024. Et c'est de là que nous attendons des ressources significatives pour financer structurellement la baisse de l'impôt sur le revenu et de la caler" ». 

COMMENTAIRE, La Repubbica, S. Folli « Un carrefour pour Meloni après les résultats des élections en Pologne » : « Le résultat des élections en Pologne aura des retombées en Europe et l’Italie en est particulièrement affectée. Ce rendez-vous électoral favorise l’establishment européen, cette entente parlementaire entre populaires et socialistes, auxquels s’ajoutent le groupe d’Emmanuel Macron de Renew Europe. L’idée de Meloni était de construire, au lendemain des élections européennes de 2024, une alternative à la majorité actuelle qui soutient Ursula von der Leyen : une nouvelle majorité constituée par l’alliance entre les Populaire et les Conservateurs, dont Meloni a été longtemps la promotrice. Or, les choses ne sont pas allées dans la direction espérée. Le premier signal a été vu en Espagne : la présidente du Conseil s’était beaucoup dépensée pour soutenir le parti néo-franciste Vox, qui est sorti battu dans les urnes. Maintenant, après les résultats venant de Pologne, cette stratégie apparait complètement obsolète. La tentative de la dirigeante de Fratelli d’Italia voyait chez Morawiecki l’allié le plus apprécié : atlantiste et pro-Ukraine (du moins jusqu’au coup de froid pendant la campagne électorale), anti-Poutine, contre l’immigration et sceptique à l’égard de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui. Maintenant, Meloni n’a plus qu’Orban comme allié, mais ce n’est pas la même chose. Ce dernier est pro-russe et avec des tendances antilibérales. Tout cela nous porte à une conclusion : Meloni devra décider comment exploiter sa force électorale qui demeure importante. Elle peut insister sur la voie souverainiste, mais ce front est en morceaux et n’existe plus. Cela signifierait s’isoler. Ou bien elle peut entamer la transformation de Fratelli d’Italia en un parti de centre-droit de type populaires européens, orienté à droite à la façon de Manfred Weber. Dans ce cas-là, il y aurait un futur mais le chemin n’est pas facile et nécessite la correction de plusieurs contradictions restées en attente. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo, « “Aider les civils de Gaza et libérer les otages”, l’Italie et la Jordanie s’affichent unies sur la question du corridor humanitaire”: « L’entretien entre la présidente du Conseil Meloni et le roi de Jordanie a eu lieu hier 16 octobre, et a porté principalement sur l’évitement de l’élargissement du conflit, la mise en place d’un corridor humanitaire pour aider les populations civiles, l’évacuation des étrangers, dont une dizaine de citoyens italiens; et enfin les moyens de favoriser une reprise des négociations - impliquant l’UE -  qui doivent tenir compte des exigences de sécurité israéliennes, mais aussi du droit des Palestiniens à disposer de leur propre Etat. Le palais Chigi a souligné que “l’Italie et la Jordanie sont en première ligne pour trouver une solution au problème humanitaire et pour libérer les otages”, en rajoutant que “la forte amitié” entre les deux pays “pourrait aider à relever les défis complexes que pose la région”. Après Londres, le roi de Jordanie – dont le pays accueille des réfugiés palestiniens et partage 240km de frontière avec Israël - continue sa tournée diplomatique en se rendant à Berlin et à Paris dans les prochaines heures. Le roi milite pour l’ouverture d’un corridor humanitaire dès lors qu’un cessez-le-feu aura été déclaré -une position qu’il partage avec l’Italie. Hier soir, la Présidente du Conseil a également eu un entretien téléphonique avec le président égyptien, avec qui elle s’est accordée sur le besoin d’avoir une “initiative diplomatique d’urgence ”. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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