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05/10/2023

"Pacte asile et migrations : "Migrants, c’est la ligne italienne qui passe." et "Berlin cède, les ONG ne figureront pas dans les accords."

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Italie. Revue de presse. 

La recherche des causes de l’accident de bus à Mestre, « Un trou au milieu du rail de sécurité » (Corriere della Sera) fait la une. Par ailleurs, l’accord en Coreper sur le pacte asile et migrations : « Migrants, c’est la ligne italienne qui passe » (Il Messaggero), « Berlin cède, les ONG ne figureront pas dans les accords » (Il Giornale) et l’avis défavorable du Conseil national de l’économie et du travail sur la création d'un salaire minimum en Italie « Adieu au salaire minimum » (La Repubblica, La Stampa), se partagent les gros titres. 

SONDAGES, La Repubblica, de L. De Cicco, « Le Parti démocrate réduit l’écart avec Fratelli d’Italia, Elly Schlein a le sourire : elle perd les modérés mais gagne en popularité à gauche » : « Après une série de polémiques qui sont plus ou moins retombées, un sondage Winpoll redonne le sourire à la secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein : les démocrates ont perdu en popularité auprès des électeurs modérés (-4,8%) mais en ont conquis davantage à gauche (+6,6%) surtout du côté du Mouvement 5 Etoiles, de plus en plus rival. Le PD se placerait ainsi à 20,8% de popularité, soit à 6,5 points de Fratelli d’Italia, donné premier avec 27,3%. Le M5S est troisième à 15,4%, la Ligue et Forza Italia suivent avec respectivement 8,9% et 8,0%. Pour 61% des sondés, le PD de Schlein se situe ‘’plus à gauche’’ mais c’est une position que la secrétaire du parti revendique. Aujourd’hui elle s’adressera donc à son parti pour la réunion nationale du PD, forte de ces chiffres. Elle voudrait ne pas relancer le débat sur les courants internes du parti, sur le troisième mandat pour les présidents de régions, sur la réforme du travail, sur les dépenses militaires ou sur les candidatures aux européennes. D’ailleurs, elle pourrait elle-même se présenter aux élections, ‘’mais nous en parlerons plus tard’’ dit-elle. Elly Schlein veut se concentrer sur les rassemblements et les grands thèmes populaires : Loi de Finances, santé, école etc. La grande manifestation du Parti démocrate doit être annoncée et se tiendra probablement à Rome le 11 novembre. La secrétaire démocrate insiste particulièrement sur la ‘’défense de la santé’’ et elle espère encore pouvoir unir les oppositions sur le sujet. Elle est en contact avec Carlo Calenda (Azione) mais c’est plus compliqué avec Giuseppe Conte (M5S). L’autre point de friction, habituel, entre PD et M5S porte sur l’Ukraine. Elly Schlein a confirmé que le PD voterait pour le huitième paquet d’armes à livrer à Kiev et a déclaré à la télévision que les positions pro-russes du nouveau Premier ministre slovaque était un problème pour le PSE. En interne, les discussions s’animent en vue des élections régionales pour lesquelles on réfléchit aux alliances. » 

COULISSES, Repubblica, C. Tito : « La protection des actions humanitaires finit par figurer dans le préambule du texte. Ainsi, tout le monde est satisfait » : « "Les opérations d'aide humanitaire ne doivent pas être considérées comme une instrumentalisation des migrants lorsqu'elles n'ont pas pour objectif de déstabiliser l'Union ou un Etat membre". Voici l'essentiel de l'accord. Le tout en quelques mots. On ne parle plus d’"ONG", mais d'"opérations d'aide humanitaire". Un recours diplomatique aux synonymes. Rien de substantiel mais suffisant à produire un compromis. Dans la ‘guerre’ entre Rome et Berlin sur les politiques migratoires, une trêve s’ouvre donc pour l’instant, même si personne ne peut se déclarer victorieux. Encore moins le gouvernement Meloni. L'objectif de l'Allemagne était d'exclure les ONG des sujets qui sont considérés comme impliqués dans les "conflits hybrides" et d'éviter ainsi qu'elles ne soient considérées comme un bras de ceux qui veulent attaquer l'UE via des flux migratoires soudains et massifs, comme cela s'est produit récemment en Pologne à la frontière biélorusse. Le résultat final est que personne ne pourra déclarer et demander un état de crise sur la base des interventions menées par les "volontaires de la mer". Et leurs actions ne pourront certainement pas être associées à celles perturbatrices des pays considérés comme des "ennemis". Reste le fait que le nouveau Pacte pour les migrants et l'asile ne résout pas la situation de crise. Rome aura plus de jours pour vérifier l'identité des clandestins, mais Berlin a obtenu que l'activation de l'état de "crise migratoire" ne pourra pas être unilatérale : c'est le Conseil et donc les Etats nationaux qui établiront s'il s'agit d'une véritable crise. Le principe reste que le pays de "première arrivée", comme l'Italie, est responsable de la gestion de l'arrivée et du séjour. D’ailleurs, l'un des points de l’accord concerne la discipline des "mouvements secondaires". L'obligation demeure, ou plutôt est renforcée, pour l'État de premier accueil de reprendre sur son territoire les migrants clandestins. Une mesure fortement souhaitée par Berlin et qui touche particulièrement l'Italie, qui a toujours compté précisément sur les mouvements secondaires pour alléger la pression des flux. Bref, le nouveau pacte ne résout pas le problème des situations d’urgence dans notre pays. L'impasse sur le Mémorandum avec la Tunisie en est également une preuve. Non seulement le président tunisien Saïed n'a pas accepté les fonds mis à disposition, mais de nombreux partenaires européens ont contesté le bien-fondé et la procédure ayant permis d’aboutir à cet accord. Aujourd'hui, lors du sommet des 27 à Grenade, les leaders européens reviendront sur ce sujet. Mais la perspective d'une solution ou d'une mesure européenne concrète est encore loin. Le dossier des migrants reste une épine dans le pied pour le Palais Chigi. » 

ARTICLE, La Stampa, M. Bresolin, « Migrants, le compromis » : « Pour le gouvernement italien, il était essentiel de supprimer du texte du règlement la référence aux activités de sauvetage des ONG. Pour l'Allemagne, il était impératif de supprimer l'article qui permettait aux États de première arrivée de déroger aux normes minimales d'accueil pendant les périodes d'afflux importants de migrants. Pour l'Espagne, qui assure la présidence de l'UE, il était essentiel de trouver un accord sur le règlement relatif aux situations de crise - le dernier élément manquant pour compléter le pacte sur les migrations et l'asile, en attendant les négociations finales avec le parlement européen - afin d'éviter que Grenade (où les dirigeants de l'UE se réunissent aujourd'hui et demain) ne se transforme en une mine politique prête à exploser. Un compromis "à l'européenne" l’a désamorcée en jouant sur les ambiguïtés offertes par la structure des règlements de l'UE. Selon des sources européennes, la situation a été débloquée grâce à la présidente du Conseil Giorgia Meloni, l'Allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron. Le compromis trouvé hier a supprimé la référence aux ONG de l'article 1, mais l'a maintenue dans le préambule. Pour l'Italie, cette partie n'a aucune valeur juridique. Pour l'Allemagne, en revanche, le principe est inscrit dans le règlement. Le règlement sur les situations de crise a été approuvé malgré le vote négatif de la Pologne et de la Hongrie et l'abstention de l'Autriche, de la République tchèque et de la Slovaquie. Les règles sont favorables aux pays de première arrivée, comme l'Italie, car elles prévoient moins de contraintes en matière de responsabilité et imposent des charges de solidarité plus importantes aux autres États. Il n’y a pas d'obligation de redistribution, même si le Parlement européen souhaite que les quotas deviennent obligatoires en cas de crise. La négociation finale s'ouvre maintenant, avec pour objectif de parvenir à un accord devant le Parlement européen sur l'ensemble des cinq règlements qui composent le Pacte sur les migrations et l'asile. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, T. Mastrobuoni « L’accord électoral » : « Scholz avait hâte de qualifier l’accord sur la migration de « frein efficace » face aux flux de migrants, même si la réforme devra passer les fourches caudines du Parlement Européen où les Verts pourraient bloquer les parties les plus controversées. La ministre et dirigeante des Verts Baerbock doit « avaler » une entente qui, de fait, humilie ses tentatives de protéger les ONG qui agissent en Méditerranée. Toutefois, c’est aussi un succès allemand, puisque cela met fin aux tensions entre l’Italie et l’Allemagne. Par ailleurs, il y a des points importants pour Berlin, comme l’a souligné la ministre de l’Intérieur Faeser : ‘’il y aura l’obligation d’enregistrer de manière complète tous les migrants arrivés et une redistribution davantage contraignante dans l’UE’’. C’est là un message précis lancé à l’Italie. Bref, l’accord sur les migrants représente un atout pour Berlin, dans la perspective des élections en Bavière et en Hesse qui seront un banc d’essai pour l’ultradroite AfD, en hausse dans les sondages, alors que la situation dans les villes et les villages du point de vue de l’accueil est au bord de la crise. L’Allemagne a accueilli un million d’Ukrainiens et reçu 210 000 demandes d’asile. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Hans-Dieter Lucas, ambassadeur d’Allemagne en Italie, « On trouve toujours un compromis ; entre Rome et nous les relations sont excellentes » : « Le débat sur l’immigration est complexe mais, comme le démontrent les nouvelles qui arrivent de Bruxelles, il est toujours possible de trouver un compromis. Seulement 4% des migrants, soit une part vraiment minime, arrivent en Italie par les biais des ONG. Nous sommes d’accord sur les fondamentaux : il faut éviter les morts en mer, lutter contre les réseaux de passeurs, réguler l’entrée de travailleurs qualifiés. Je vois que l’Italie est ouverte au compromis. Je suis confiant sur le fait que nous parviendrons rapidement à un accord sur de nouvelles règles européennes. En Allemagne, l’accueil des migrants est un défi collectif. Cette année, nos autorités ont reçu 220 000 demandes d’asile. La solution ne peut être qu’européenne. Nous devons mettre un frein à l’immigration clandestine et parvenir à un système commun de l’immigration. L’Allemagne a besoin chaque année de 400 000 travailleurs étrangers qualifiés et nous ne sommes pas les seuls à avoir ce besoin. Par ailleurs, au niveau européen, nous devons améliorer notre Défense commune en investissant davantage, et ce en coordination avec l’OTAN. Mais la condition de notre efficacité est notre capacité à rester unis. Nous l’avons vu avec l’Ukraine et lors de notre émancipation du gaz russe. La prochaine grande étape sera de mettre en place un système décisionnel de l’UE basé sur la majorité qualifiée tout en respectant les positions minoritaires. Dans la perspective de l’élargissement de l’UE à 30 pays membres, l’unanimité pour les décisions les plus importantes ne pourra pas fonctionner. Quant au secteur financier, le vrai chantier selon moi est la réforme du Pacte de Stabilité. Nous avons besoin de règles qui s’appliquent à tous de la même manière et qui permettent une réduction fiable de nos déficits publics élevés en Europe. En même temps, nous devons mobiliser des capitaux privés, ce qui sera possible si nous réalisons l’union bancaire et l’union des marchés de capitaux. Les transitions stratégiques que nos économies doivent opérer ne sont pas soutenables par les Etat membres seuls. Sur ce point les Etats-Unis sont en avance sur nous grâce à leur marché de capitaux intégré. Depuis la présidence allemande du G20, nous mobilisons de grands investissements privés à travers le Compact for Africa et nous sommes très intéressés par le Plan Mattei dont nous discutons avec le gouvernement italien. Nos relations avec l’Italie sont excellentes, l’Allemagne est le premier partenaire économique et un nouveau record commercial a été atteint l’année dernière. C’est en Italie qu’il y a le plus d’instituts culturels et scientifiques allemands. Mais nous pouvons faire plus. Le Plan d’Action auquel nous travaillons est presque prêt. La Présidente du Conseil et la plupart de ses ministres sont attendus en novembre à Berlin pour un Sommet devant justement permettre la signature de ce Plan qui structurera nos relations de façon plus coordonnée et stratégique, à tous les niveaux. » 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Une entente en Europe qui fait bouger l’équilibre des alliances à droite » : « La journée d’hier a été sans doute positive pour Giorgia Meloni. Elle peut ainsi revendiquer d’avoir obtenu le déclassement du dossier concernant les ONG, même s’il figure encore dans le préambule de l’accord trouvé hier à Grenade. Elle dira ensuite, en réponse des critiques lancées par les oppositions : ‘’je ne me sens pas du tout isolée, j’ai plutôt l’impression que c’est la gauche européenne qui est émarginée et qui continue d’aborder cette thématique de manière idéologique, avec une posture qui n’aide personne’’. La Présidente du Conseil revendique ainsi un cordon ayant émarginé la gauche européenne. Est-ce bien vrai ? En réalité, ses « amis » hongrois et polonais, qui n’ont pas voté le texte, sont eux aussi isolés. Sous le prisme de la politique intérieure, il faudrait voir ce que pense son allié de coalition, la Ligue. En général, le parti de Salvini a été pris de court. Après les critiques contre l’Allemagne, accusée de promouvoir les débarquements en Italie, aujourd’hui le gouvernement signe un accord sur les migrants avec un autre « ennemi » : Monsieur Macron. Comment expliquer cela ? il est évident que Meloni a voulu attirer l’attention à gauche afin de ne pas montrer la distance grandissante avec la droite. C’est alors un sens de frustration qui agite la droite, tout comme un sens d’isolement. Ces sensations ne sont pas étrangères à Meloni, qui semble faire un autre pas vers une nouvelle vision de son rôle en Europe. Le pacte sur l’asile et les migrations pourrait représenter un banc d’essai pour vérifier si la vision de von der Leyen d’arriver à une signature d’ici la fin de la mandature est réalisable. L’inconnue demeure car nul ne sait quelle direction prendra la campagne électorale qui voit en ce moment Fdi et Forza Italia du même côté, une sorte de prélude pour un rapprochement avec les populaires européens. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Nicastro, « “Des armes pour Kiev ? Nos ressources ne sont pas illimitées” » : « Le blocage décidé par le Congrès américain, l’épuisement des stocks dans des pays comme l’Italie, et le rythme auquel Kiev a besoin de nouvelles armes, rendent la tâche compliquée à ses alliés. Le Ministre de la défense italien a confirmé les annonces faites par son collègue des affaires étrangères pendant sa visite à Kiev, en déclarant que l’Italie avait “la volonté politique d’envoyer un huitième paquet d’aides”, mais a ajouté que le pays avait “besoin de voir ce qu’il était en capacité de donner sans mettre en danger sa propre défense nationale”. Le pays a “donné tout ce qu’il pouvait, il ne reste plus grand chose” a-t-il ajouté. Pendant un appel entre alliés, Giorgia Meloni a soulevé un autre problème : “Si nous voulons défendre l’Ukraine, nous devons faire attention aux conséquences de cette décision, comme l’inflation, la crise énergétique, l’immigration, autant de sujets qui risquent d’avoir un impact sur la population et de lasser l’opinion publique”. Depuis Washington, Joe Biden a annoncé qu’il s’adresserait bientôt à aux Américains, pour expliquer la nécessité de continuer d’envoyer des aides à Kiev. Le Conseil National de sécurité américain explique que “les fonds déjà alloués suffiront pour quelques semaines ou quelques mois (…) cela ne contribue certainement pas à donner à Poutine l'idée qu'il peut nous attendre « sans armes.» 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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