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04/10/2023

"Meloni s’adresse aux présidents des régions : "Il y a peu de fonds, utilisez-les au mieux.""

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Italie. Revue de presse. 

L’accident de bus à Mestre (Venise) faisant une vingtaine de morts fait les gros titres « Un bus tombe d’un pont : le bilan est tragique » (Corriere della Sera), « Le bus de la mort » (La Repubblica), « Apocalypse à Mestre » (La Stampa), « La tragédie de Mestre » (Il Messaggero). Le débat autour de la baisse des fonds destinés à la santé publique est également cité « Une santé publique mise à mal : il n’y a plus d’argent » (Stampa), « Meloni s’adresse aux présidents des régions : « il y a peu de fonds, utilisez-les au mieux » » (Il Giornale). « Meloni et les polémiques sur la santé : « ne parlons pas que des fonds » » (Corriere). 

COMMENTAIRE, La Stampa, de M. Sorgi, « L’opposition au gouvernement qui vient des territoires » : « La présence de Giorgia Meloni lors de la grande conférence des régions a confirmé ce que la longue crise du Covid nous avait déjà révélé : la nouvelle et la vraie opposition de quelque gouvernement que ce soit sont les administrations locales et les présidents de régions. Ces derniers sont élus de manière directe et amenés à répondre à leurs électeurs même lorsque cela les amène à s’opposer au gouvernement central. Bossi à son époque avait déjà d’une certaine façon mis en garde contre les vicissitudes de ce centralisme, notamment par rapport aux demandes d’autonomie qui venait du Nord. Pendant le Covid, la conférence des régions se réunissait de manière quasi permanente et le ministre Boccia [alors chargé des affaires régionales et des autonomies] devait assurer une médiation difficile et infinie sur les thèmes et les fonds liés au secteur de la santé. Ce secteur relève en Italie des régions depuis la réforme constitutionnelle de 2001 voulue par le centre-gauche dans le but de doubler la Ligue. Hier, on n’a retrouvé ces anciennes tensions, à peine atténuées par l’embarras du président de la Conférence des régions, le léghiste Fedriga qui devait s’en faire le porte-parole. Deux points principaux ont émergé : pour le secteur de la Santé, le problème reste le même, voire s’est aggravé suite à l’annonce de Meloni que les coupes budgétaires prévues dans la note d’économie et de finances étaient bien confirmées et n’étaient pas négociables, et que les présidents de régions allaient devoir s’habituer à cette tendance pour le reste de la législature. Ils vont donc devoir expliquer à leurs électeurs que les promesses sont en suspens car ‘’il n’est pas possible de tout réaliser en même temps’’. Le deuxième point porte sur le Plan national de Relance : du point de vue des présidents de régions (dont 15 sur 20 sont de centre-droit) le report du pouvoir de décision sur les projets et de négociation avec l’Europe entre les mains de la Présidence du Conseil et du ministre Raffaele Fitto [chargé des Affaires européennes et du PNRR] n’est pas acceptable, du moins tel que décidé par Meloni. D’ailleurs, cela implique des annulations de projets sur les territoires qui requièrent un dialogue bien plus approfondi entre le gouvernement et les collectivités locales. Sans cela, les conséquences du centralisme sont vouées à empirer et à déboucher sur un nouveau bras de fer permanent entre la Présidente du Conseil et les Régions. » 

COMMENTAIRE, Repubblica, « Le gouvernement anticonstitutionnel » par Michele Ainis : «  Trop de mesures dernièrement sont accusées d’être inconstitutionnelles. Ceux-ci commencent déjà avec le premier décret-loi de cet exécutif, concernant les rave-parties : il enfreint le principe de la détermination des délits. Et en plus, il est logé dans un décret qui est une salade composée - réglementation sur l'emprisonnement des mafieux, sur les médecins No Vax, sur la réforme des procès. Mais les décrets ne pouvaient pas non plus être utilisés sur tout, ils restent des instruments exceptionnels pour des cas exceptionnels, conformément à l'article 77 de la Constitution. Au lieu de cela, le gouvernement Meloni a consommé un record : 39 décrets-lois en 11 mois, la moyenne la plus élevée de l'histoire républicaine. Et un tiers de décrets très larges dans le contenu, tant pis pour l'interdiction. Après Caivano, cela a été le tour du décret Cutro, adopté à la suite de la tragédie de février. Mais une nouveauté saute immédiatement aux yeux : la caution de 5 000 euros pour les demandeurs d'asile des "pays sûrs", s'ils ne veulent pas attendre en détention. Un avantage presque impossible à obtenir pour ceux qui s'aventurent en mer, fuyant la faim ou la guerre ; d'autant plus que cette garantie économique ne peut être payée par des tiers. Mais surtout, une mesure anticonstitutionnelle. L'asile, en effet, est un droit, protégé par l'article 10 de la Constitution ; et l'exercice des droits ne peut pas dépendre de l'argent que l'on a en poche, sinon seuls les riches en bénéficieraient. D'où aussi la décision du tribunal de Catane, qui a libéré trois migrants tunisiens en écartant le décret. Et évidemment, le énième bras de fer entre le politique et le judiciaire, histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes. Sauf que cette fois, l'arme du duel est la Constitution, qui devrait à l'inverse fonctionner comme un instrument de paix sociale. Décret inconstitutionnel, dit l'arrêt ; arrêt inconstitutionnel, dit-on du côté du gouvernement. Mais les juges individuels ne décident pas des questions de légitimité constitutionnelle (comme aux États-Unis), pas plus que le pouvoir exécutif. C'est la « Consulta » qui décide, si et quand elle est formellement saisie. C'est probablement ce qui se passera dans cette affaire, aux niveaux de jugement suivants. D'un autre côté, tous les maux ne sont pas nuisibles et nos 15 juges constitutionnels ne risquent certainement pas de s'ennuyer. » 

ARTICLE, Corriere, « Pour le CSM, il faut protéger les juges.  Mais les magistrats indépendants ne suivent pas. Nordio (Frères d’Italie) dit avoir lu [la décision de Catane] et déclare qu’il y a matière à recours » de Virginia Piccolillo : «  La tension avec la justice ne s'apaise pas le jour où Giorgia Meloni assure qu'il n'y a pas de problème avec la magistrature, mais seulement une libre critique du jugement de Catane, par lequel la juge Iolanda Apostolico n'a pas validé la détention de quatre immigrés tunisiens, dont l'un condamné pour vol. Matteo Salvini tourne son regard vers la France et l'Allemagne qui, en matière d'immigration, "devraient nous expliquer ce qu'ils font, pourquoi ils le font et de quel côté ils sont". Douze conseillers ont demandé au Csm d'ouvrir un dossier pour protéger leur collègue de la "grave délégitimation" subie par les critiques des membres du gouvernement et de la majorité, le Premier ministre en tête. Une initiative dont se désolidarisent les conseillers du syndicat indépendant de la magistrature, opposés à "alimenter l'opposition néfaste entre institutions". Le ministre de la Justice, Carlo Nordio, se réclame d’"une certaine expérience du pouvoir judiciaire" et assure qu'il existe des "raisons techniques fondées" pour contester cette décision de justice. "J'ai déjà lu cet acte", déclare-t-il à Pérouse. "Et même d'un point de vue technique, je pense qu'il y a des éléments fondés. L'intention est d'attendre les motivations et, en accord avec le Viminale, d'introduire un recours. » L'ANM est sévère : "Les représentants du gouvernement et de la majorité expriment une vision inquiétante des prérogatives de contrôle de légalité exclusivement attribuées au pouvoir judiciaire et portent atteinte à son indépendance et à son autonomie. »  Tout aussi sévères sont les juges du Csm qui soutiennent le juge Apostolico  : "L'accusation contre les magistrats d'être des ennemis de la sécurité de la nation, un obstacle à la défense de l'ordre public et de s'acharner contre les mesures d'un gouvernement démocratiquement élu remet en question la fonction même de la juridiction dans un état de droit". 

ENTRETIEN, Corriere della sera, de Charles Michel, président du Conseil de l’UE, "Les ONG doivent agir dans le respect de l'Etat de droit. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Jack Markell, ambassadeur des Etats-Unis en Italie, "L'Italie est un allié fiable dans le soutien à l'Ukraine. Sur les routes de la soie, cela n'a pas fonctionné » par Giuseppe Sarcina : «  L'Italie et les États-Unis partagent un engagement très clair à tenir Poutine et la Russie responsables de leurs actions, et s'assurer que l'Ukraine dispose de ce dont elle a besoin pour se défendre. C'est d'une importance extraordinaire car si Poutine réussissait, lui et d'autres dirigeants seraient encouragés à agir en violation de la Charte fondamentale des Nations unies et donc à occuper, sans aucun droit, des territoires d'autres États. Je placerais le cas de la Slovaquie dans ce contexte : elle a été jusqu'à présent un allié important de l'OTAN et nous pensons que nous continuerons à travailler ensemble. Mais lorsque nous pensons à la Slovaquie ou à d'autres pays, nous devons nous rappeler que le président Biden a mis en place une coalition très forte. De plus, il vient de déclarer que nous resterons aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire. Et la majorité des parlementaires, y compris les dirigeants des Démocrates et des Républicains, ont dit la même chose. Le président a été très clair et je ne saurais mieux dire que votre ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani, l'a fait l'autre jour à Kiev : "il ne peut y avoir de paix sans justice".  Concernant l’Italie, il y a eu ce que nous appelons aux États-Unis le "test du pudding". Le Premier ministre Meloni vient d'effectuer une visite très réussie à Washington. Nos relations avec l'Italie ont toujours été extraordinairement fortes. Peut-être aussi parce que 18 millions de citoyens d'origine italienne vivent aux États-Unis. Et chaque année, 6 millions d'Américains visitent votre pays. L'Italie a une fois de plus prouvé qu'elle était un allié fiable. Et Giorgia Meloni a certainement prouvé qu'elle était un roc solide dans son soutien à l'Ukraine". S’agissant des routes de la soie, l'Italie décidera de ce qu'elle fera de ce mémorandum. Je note seulement que les statistiques montrent qu'il n'a pas du tout fonctionné. Au contraire, d'autres pays européens ont entre-temps enregistré des augmentations plus importantes de leurs échanges avec Pékin. Quant à nous, je constate que même dans le document sur la stratégie de sécurité nationale, il existe des domaines dans lesquels nous devrions coopérer avec la Chine. Du changement climatique aux pandémies. Des problèmes que personne ne peut résoudre seul. Il y a aussi des domaines où nous sommes plus compétitifs. Enfin, je pense que de nombreux pays européens et les États-Unis sont d'accord sur la nécessité de diversifier certaines chaînes d'approvisionnement stratégiques. Je ne vois donc pas de grandes différences dans l'approche de la Chine entre nous et l'UE". "Les États-Unis comprennent très bien le défi de l'immigration auquel l'Italie doit faire face. Nous sommes également confrontés à ce problème à notre frontière méridionale. En fait, nous consultons régulièrement votre gouvernement au sujet de la Libye et de la Tunisie. Nous partageons la recherche d'une solution à la crise libyenne. Nous avons pris note et avons été impressionnés par l'énergie que le Premier ministre Giorgia Meloni déploie pour impliquer les pays d'Afrique du Nord et convaincre le reste de l'Europe que la question de l'immigration ne peut pas reposer sur les épaules d'un seul État". » 

ARTICLE, Repubblica, « Biden appelle Meloni. L’Italie devrait livrer de nouvelles aides [à l’Ukraine] d'ici la fin de l'année par Tommaso Ciriaco : «  Le message de Joe Biden est si clair que Giorgia Meloni ne peut que le saisir. "Giorgia Meloni, dit le Palazzo Chigi, a confirmé le soutien continu et convaincu du gouvernement italien aux autorités ukrainiennes dans tous les domaines, aussi longtemps que nécessaire et dans le but de parvenir à une paix juste, durable et globale ». La Première ministre a réagi en premier, après l'appel du président des États-Unis et la demande d'actions urgentes et concrètes de la part des alliés en faveur de l'Ukraine. Être du côté de Kiev signifie un soutien politique et, surtout, militaire. Et en effet, l'exécutif va bientôt adopter un nouveau décret pour l'envoi de matériel de guerre. Malgré les étincelles entre Antonio Tajani (Forza Italia) et Guido Crosetto (Frères d’Italie) sur la modalité de l'annonce, malgré le manque total de fonds, malgré la difficulté de défendre le choix devant un électorat de droite de plus en plus réticent à soutenir le défi à Poutine. Et malgré Matteo Salvini. Des sources gouvernementales haut placées ont fait savoir que le nouveau décret interministériel arriverait même avant Noël, pour donner un signal clair à la Maison Blanche. Même si le Palazzo Chigi ne confirme pas ce calendrier. Il n'en reste pas moins que Kiev demande de l'aide et que Rome devra l'apporter, notamment pour répondre à l'appel de Joe Biden. Les fournitures se concentreront sur la défense anti-aérienne, et donc surtout sur les pièces de rechange pour les mécanismes anti-missiles et anti-drones que l'Italie a déjà obtenus pour l'Ukraine (avec le système Samp-T, qui a été assemblé avec les Français). Pourtant, alors que le gouvernement travaille sur le paquet - il s'agit d'une discussion qui a déjà commencé depuis un certain temps, y compris par des entretiens avec des émissaires ukrainiens - il y a un sentiment clair qu'il y a un certain nombre d'obstacles politiques qui compliquent la tâche de la Défense. L'un d'eux, évident, concerne le budget 2023 et les prévisions de dépenses pour 2024 : il faut des ressources, les comptes publics exigent des coupes, et la Défense demande à l'Économie de Giancarlo Giorgetti (Ligue) des ressources que le MEF ne semble pas disposé à lui accorder pour l'instant. Sans parler de la lenteur des remboursements (entre autres partiels) que l'Europe - grâce à la Facilité européenne de paix - devrait assurer aux pays qui envoient du matériel de guerre à Kiev. Et puis même si la Ligue ne commente pas, le pacte avec Salvini pourrait se compliquer. Il est peu probable que la trêve entre les deux tienne dans les semaines à venir. Et c'est à Meloni qu'il appartiendra de gérer un nouvel affrontement avec son allié. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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