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22/09/2023

"Pressions de l’Italie sur l’ONU : de nouveaux centres en Libye et au Sahel pour des corridors humanitaires."

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Italie. Revue de presse. 

La question migratoire, et notamment les déclarations du Chef de l’Etat Sergio Mattarella sur le caractère « obsolète » du règlement de Dublin fait les gros titres « Mattarella secoue l’Europe » (Corriere della Sera), « Migrants, Mattarella exhorte [les Européens] : « il faut plus de courage » » (Il Messaggero), « « Les accords de Dublin sont obsolètes » » (La Repubblica), « Les migrants dans l’enfer des centres de permanence pour le rapatriement » (La Stampa). Les sujets économiques sont aussi cités « Italie, l’alerte sur la dette » (Repubblica), « Les aides pour contrer la flambée des prix énergétiques seront prolongées » (Repubblica), « Hausse des prix, l’accord des supermarchés : une remise de 10% sur les produits alimentaires de base » (Messsaggero). 

Les JT couvrent essentiellement les nouvelles aides militaires à l’Ukraine de la part des Etats-Unis à hauteur de 325 millions de dollars, les déclarations du Président S. Mattarella sur la solidarité européenne sur les questions de migration, et les aides aux familles contre la flambée des prix énergétiques reconfirmées par le dernier décret adopté en Conseil des ministres. 

COMMENTAIRE, La Stampa, U. Magri « Le soutien du Quirinal, avec Berlin et Bruxelles » : « Frank-Walter Steinmeier (tout comme le président italien) n’intervient pas dans la politique intérieure, toutefois, il écoute et il sait se faire entendre. Voilà pourquoi la journée d’hier était importante. Sergio Mattarella lui a fait visiter la Sicile et fait rencontrer des migrants de l’association Don Bosco. Leurs récits ont été un cri d’humanité désespéré et une manière aussi de faire comprendre aux amis allemands (parmi les plus méfiants à notre égard) comment face à ces drames l’Italie est en train de faire son maximum mais qu’elle ne peut s’en sortir toute seule. Il faudra plus d’Europe. Or, l’Union Européenne est encore enlisée dans des règlements d’il y a trente ans. Les accords de Dublin signés en 1990 sont encore en vigueur. Dans les dures négociations sur les futures règles budgétaires en Europe, le Président Mattarella a voulu également donner un signal d’unité du pays : nous sommes tous unis par un même destin et il ne faut surtout pas nous diviser sur des sujets importants. C’est dans ce signe qu’il faut voir le vis-à-vis d’hier avec Paolo Gentiloni. Le Quirinal a diffusé un communiqué de manière à ce que personne ne doute de la contribution précieuse du Commissaire Gentiloni au regard des positions italiennes en Europe. » 

PREMIER PLAN, Repubblica, A. Ziniti : « Après le naufrage de Cutro en février, seule une centaine de passeurs ont été arrêtés. La croisade contre les trafiquants échoue » : « Qu'il s'agisse de migrants désespérés, souvent mineurs, ou de trafiquants qui ratissent des centaines de milliers de personnes au cœur de l'Afrique, peu importe pour le gouvernement italien : Giorgia Meloni les qualifie tous, sans distinction, de trafiquants et, après le naufrage du Cutro, elle avait donné l'ordre de les "traquer dans le monde entier". Une croisade qu’elle a réitérée mercredi aux Nations Unies avec une invitation au monde entier à se joindre à la chasse. Mais les résultats ne sont, jusqu'à présent, pas encourageants. Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi a présenté hier les chiffres au Parlement : ‘’ cent arrestations pour aide à l'immigration irrégulière". Cette hypothèse criminelle est contestée à quiconque aide quelqu'un à entrer illégalement dans un pays, qu'il s'agisse d'un pêcheur, d'un passeur ou simplement du Seydou de service - pour citer le puissant personnage du film ‘ Io capitano ‘ de Matteo Garrone - qui est contraint de se tenir à la barre d'un bateau en échange d'un droit de passage. Cent, et donc nettement moins qu'en 2022, quand la police avait arrêté à elle seule 253 passeurs et 94 membres de cellules actives sur le territoire italien, celles qui prennent en charge les migrants qui débarquent pour la deuxième partie du voyage vers l'Europe centrale et du Nord. Cent personnes contre 118 mille migrants débarqués dans la même période, de mars à aujourd'hui. Piantedosi fournit également d'autres données sur les activités des forces de l'ordre mises en place après le décret Cutro : 368 bateaux ont été saisis (une petite fraction des milliers de petites embarcations qui sont arrivées). La Guardia di Finanza a arrêté "jusqu'à 10 personnes et saisi jusqu'à 2 bateaux" en leur contestant le nouveau délit de piraterie, pour ceux qui récupèrent les moteurs et les embarcations. Des vrais trafiquants, c'est-à-dire des membres des organisations qui ont fait de la traite des êtres humains l'une des activités les plus lucratives au monde, il n'y a aucune trace. Et ce n’est pas à cause du fait que les enquêteurs italiens ne font pas leur travail, bien au contraire. Les trafiquants, bien sûr, ne montent pas à bord, ils restent au Soudan, en Libye et dans les Émirats pour gérer le trafic et les caisses. Il s’agit d’organisations transnationales puissantes qui ont des ramifications sur tous les continents et dont les dirigeants se déplacent sans cesse. Leurs noms sont bien connus des services de renseignement mais sans de véritables accords internationaux de police, sans interlocuteurs fiables dans des zones absolument instables, il est impossible de les attraper. La chasse aux trafiquants d'êtres humains à travers le monde reste donc pour l’instant sans résultats. » 

PREMIER PLAN, Messaggero, de F. Bechis, « Pressions de l’Italie sur l’ONU : de nouveaux centres en Libye et au Sahel pour des corridors humanitaires » : « Cela prendra du temps et cela supposera beaucoup de patience et de diplomatie pour faire bouger les équilibres d’une grande organisation internationale. Giorgia Meloni a déjà eu l’occasion d’en discuter avec Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, mercredi à New-York. La Présidente italienne du Conseil demande l’implication des Nations unies dans la lutte contre les trafiquants d’êtres humains. Elle souhaite également un renforcement du réseau des centres de l’ONU en Afrique pour les demandeurs d’asile. Voilà le plan promu par Giorgia Meloni et Antonio Tajani a New-York, qui mise sur les hotspots contrôlés par le HCR, en particulier ceux qui se trouvent en Libye et en Tunisie. Mais aussi ceux qui se trouvent dans les ‘’pays de transit’’ en Afrique subsaharienne, en particulier au Niger, géant du Sahel secoué par un récent coup d’Etat et carrefour des routes de ‘’l’espérance’’. Un pays qui abrite un contingent de militaires italiens au sein d’une mission de l’UE et où l’ONU dispose déjà de quelques centres pour les réfugiés du HCR. Il ne s’agit pas de centres d’accueil, mais plus de contrôle des conditions que remplissent les migrants en route vers l’Afrique du Nord et d’offrir des couloirs humanitaires légaux à ceux qui sont éligibles au droit d’asile. Un ‘’filtre’’ décisif d’après la Présidence du Conseil italien, afin de favoriser les flux légaux vers l’Europe et l’émission de permis de travail saisonniers pour ceux qui y ont droit. Dans le même temps, l’ONU peut et doit s’investir dans l’installation de structures provisoires en accord avec les pays afin d’accueillir temporairement les migrants irréguliers dont la situation doit être contrôlée, lit-on dans le document. Il s’agit des mêmes centres de permanences pour le rapatriement dont l’Italie entend doubler le nombre sur tout son territoire d’ici les prochains mois et qui suscitent la protestation des autorités locales. Guterres a rassuré Meloni quant à une ‘’implication plus importante et coordonnée’’ de l’ONU afin de ralentir les flux en direction d’Afrique du Nord. Giorgia Meloni se prépare à deux grands rendez-vous de cet automne : sa visite au Mozambique prévue à la mi-octobre et la Conférence pour l’Afrique à Rome, fin octobre. L’occasion de lancer officiellement le ‘’plan Mattei’’ pour une coopération économique ‘’paritaire’’ avec les ‘’pays de provenance’’ des flux migratoires, a expliqué Meloni à l’ONU. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Basso, « La Cour de justice européenne rappelle la France à l’ordre : sur les migrants, non aux refoulements » : « Alors que le chef de l'État Sergio Mattarella a qualifié le règlement de Dublin de "rudimentaire et dépassé face à des phénomènes tout à fait nouveaux", l'Italie reçoit un appui de la Cour de justice de l'Union européenne, qui réprouve les refoulements de migrants aux frontières intérieures par les autorités françaises, y compris donc à Vintimille. Pour la justice européenne, la directive de l’UE concernant les rapatriements doit toujours être appliquée, même en cas de rétablissement temporaire des contrôles aux frontières internes par un État membre. ‘’Les migrants en situation irrégulière’’, explique la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui s'est prononcée suite au recours d'un groupe d'associations, doivent pouvoir "bénéficier d'un délai pour quitter volontairement le territoire. L'éloignement forcé n'intervient qu'en dernier ressort". La France doit à présent s’y conformer, ce à quoi la CJUE veillera, rappelant du reste que les contrôles aux frontières intérieures ‘’doivent rester une mesure exceptionnelle et limitée dans le temps." Par ailleurs, la Commission a lancé une consultation formelle pour vérifier, avec les États membres, "les raisons de la récente réintroduction des contrôles aux frontières". Ces derniers jours, alors que les arrivées à Lampedusa explosaient, la France avait annoncé la réintroduction des contrôles aux frontières avec l'Italie, avant de faire marche arrière. Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, a tenu la ligne d’une ‘’solidarité à moitié’’ ("nous sommes d'accord pour prendre notre part du fardeau à condition que les personnes concernées aient droit au statut de réfugié"). Hier, l'Italie a également reçu le soutien du président du Conseil européen, Charles Michel, qui a assuré que "l'Italie n'est pas seule, que l’immigration est un défi commun à toute l’Union européenne" et que la question sera abordée lors du sommet de Grenade. La directive européenne sur les rapatriements s'applique "en principe, aux personnes en situation irrégulière" explique la Cour de justice de l'UE. La CJUE fait une distinction entre les frontières intérieures des États membres et les frontières extérieures de l'Union : "La directive sur les rapatriements ne permet qu'à titre exceptionnel aux États membres d'exclure les ressortissants de pays tiers séjournant clandestinement sur leur territoire", écrivent les juges, en précisant que "si cela est valable lorsque [les migrants] font l'objet d'une décision de refoulement à une frontière externe, il n'en va pas de même lorsqu'ils font l'objet d'une décision de refoulement à une frontière interne". » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Colombo « ONU, cette occasion manquée » : « A l’occasion de l’événement le plus important de sa vie, Giorgia Meloni s’est présentée avec sa fille et a lancé un appel enflammé contre les migrations et ceux qui les rendent possibles, à qui il faut faire la chasse sans merci. Venir avec sa fille, alors qu’elle est censée rencontrer des centaines de personnes et se rendre disponible pour des dizaines de rencontres, aura sans doute été vu comme un geste de courage et remarqué avec tendresse. Sans doute, sa fille l’aura aidé à oublier les différents impairs (ne pas se présenter à la réception de Biden, rencontrer Zelensky pendant seulement quelques minutes, ne pas saluer ni rencontrer les chefs d’Etat ou de gouvernement qu’il était peut-être important de connaitre). Mais elle a également choisi un discours erroné. Elle a entretenu le parterre international avec l’obsession qui influence l’action de son gouvernement et avec laquelle elle tourmente les Italiens comme argument exclusif : l’immigration. Elle demande aux Nations Unies de se consacrer corps et âme à la chasse ‘’aux passeurs d’êtres humains’’ sans donner de définitions ou des éléments précisant leur identité ni leurs mandataires hypothétiques. C’est tout juste si elle n’a pas cité le ‘’remplacement ethnique’’. C’est peut-être le seul impair évité d’un discours modeste et déplacé qui n’a pas donné l’image d’une Italie ou d’une nouvelle dirigeante italienne comme nouvelle ressource pour le monde. Il est assez singulier que la « première femme italienne » ait choisi un sujet peu pertinent pour se présenter sur la scène internationale. Elle a continué à se montrer comme la dirigeante indiscutée de son parti et porteuse des superstitions avec lesquelles elle a nourri son électorat. N’oublions pas que c’est son gouvernement qui a inventé l’idée d’autoriser des ports aux navires de secours à des milliers de kilomètres du lieu de sauvetage, laissant ces survivants pendant des jours en mer, même en cas de tempête. Meloni ne pouvait pas raconter cela à l’ONU. Encore moins de ses « centres de permanence » qui ne promettent rien de bon. Elle s’est limitée à offrir le récit accepté par cette Italie dirigée par la droite. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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