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19/09/2023

"Dans la compétition entre Meloni et Salvini, c’est Forza Italia qui en profite."

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Italie. Revue de  presse. 

Le nouveau décret adopté en Conseil des ministres prévoyant notamment un durcissement des règles pour les migrants en situation irrégulière fait les gros titres : « Débarquements, la ligne dure commence » (Corriere della Sera), « Migrants, le tour-de-vis de Meloni » (La Stampa), « Migrants, l’énième tour-de-vis » (Avvenire), « Nouveau code de la route, l’étau se resserre contre l’utilisation des téléphones » (Sole 24 Ore). Les conditions demandées par le Président tunisien Saïed pour bloquer les départs des migrants, jugées irrecevables par le Haut-Représentant de l’UE, font la Une du quotidien La Repubblica « Tunisie, le pacte avec l’Union Européenne capote ». Enfin, la visite à Rome du ministre de l’Intérieur G. Darmanin est citée dans les pages intérieures des principaux journaux : « Paris stoppe les arrivées depuis l'Italie » (Repubblica), « Paris : nous n'accueillerons personne de Lampedusa » (Corriere). « L'aide la France (mais chez nous) : « pas de réfugiés de Lampedusa en France » » (Messaggero). 

Les JT couvrent essentiellement l’arrivée à New York de la Présidente du Conseil à l’occasion de l’AGNU [Assembleé générale des Nations unies], le nouveau décret adopté en Conseil des ministres, prévoyant des mesures sur l’immigration, l’école et le code de la route, le renforcement des contrôles à la frontière de Vintimille par les forces de l’ordre française, et des faits divers. 

ARTICLE, Corriere della Sera, P. De Caro « Paris souligne « nous n’accueillerons personne de Lampedusa ». Tensions entre Tajani (Forza Italia) et Salvini » : « En paroles, il y a une volonté de répondre aux demandes d'aide et de collaboration de l'Italie pour faire face à l'urgence migratoire, mais en fait la France est pour une fermeture très claire de ses frontières. L'Autriche est également sur le qui-vive pour la même raison : le gouvernement de Vienne a l'intention d'intensifier les contrôles à la frontière du Brenner. "Nous n'accueillerons pas certains des migrants récemment arrivés à Lampedusa. Ce serait une erreur de jugement de considérer que les migrants, dès lors qu'ils arrivent en Europe, doivent être immédiatement répartis dans toute l'Europe et la France, qui y prend largement sa part", déclare le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu hier à Rome pour rencontrer son homologue Matteo Piantedosi lors d'un entretien de plus de deux heures au cours duquel toutes les questions d'immigration ont été abordées dans un climat "constructif et amical", comme le souligne le Viminal qui parle d'une "vision commune des intentions". Les prochaines étapes seront connues, mais la Ligue réagit immédiatement : "Assez parlé, les Italiens attendent et méritent des faits concrets de la part de la France et de l'Europe “. L'Allemagne soutient la ligne en 10 points de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen : oui à la "surveillance aérienne et navale des frontières extérieures de l'UE", déclare la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser, "sinon nous n'aurons pas la situation migratoire en main". Une surveillance qui trouve aussi des ouvertures du côté de Paris. Un accord européen devient indispensable alors que la tension monte dans la majorité, notamment en raison des positions de plus en plus dures de Matteo Salvini qui épouse la ligne Le Pen sur tout, et de l'attaque venant de l'ensemble de l'opposition. Le PD présente notamment un contre-plan en 7 points (parmi lesquels, modification du traité de Dublin sur la redistribution des migrants, petits centres d'accueil sur le territoire, opérations en mer sur le modèle Mare Nostrum) contre les actions "démagogiques et faillibles" comme celles du gouvernement, qui sont "un boomerang", attaque Elly Schlein. Ainsi, en attendant que la Première ministre Giorgia Meloni arrive aujourd'hui à New York pour l'assemblée de l'ONU où elle s'exprimera demain (elle doit avoir des entretiens bilatéraux avec Guterres, Erdogan et le président algérien), la scène est occupée par une polémique. Antonio Tajani, également de New York, répond d'abord sèchement à Salvini : "Marine Le Pen n'a pas assisté au conseil des ministres ce matin, ce n'est pas elle qui décide de ce que fait l'Italie". Puis il aborde le délicat problème avec la France : "Ce que dit le président Macron et ce que dit le ministre français des Affaires étrangères est ce qui compte", affirme le titulaire de la Farnesina, mettant également en garde les cousins transalpins de ne pas trop se laisser prendre par la campagne électorale : "Le problème est grave. La politique du renvoi de balle n'est pas valable, la politique du nationalisme pur n'est pas valable". 

COMMENTAIRE, Repubblica, S. Folli « Le jeu des miroirs sur l’immigration » : « Dans le jeu de miroirs autour de l’immigration, tout peut être vrai ou faux. La France qui exclut de prendre en charge les migrants de Lampedusa est la même France du Président Macron qui dit à Meloni ‘’nous sommes avec vous’’. Quant à Mme von der Leyen, qui a assuré que ‘’c’est nous qui décidons qui peut arriver sur nos côtes’’, est-ce là un alignement sur la politique du gouvernement italien ou est-elle en train de faire de la propagande trop facile ? Les précédents ne sont pas prometteurs. Il est évident que maintenant, à quelques mois des élections européennes, tout ce qui concerne l’immigration s’entrechoque avec la politique. Ce qui est encore plus vrai quand Salvini invite Marine Le Pen à Pontida. La dirigeante du RN représente la rivale politique de Macron en France ainsi que l’adversaire de l’Europe telle que nous la connaissons. En revanche, Meloni a choisi le chemin opposé, en défendant les positions de la droite conservatrice à l’intérieur du cadre européen, comme le prouve sa relation avec von der Leyen. Ce n’est pas un hasard si Salvini s’allie avec ceux qui veulent abattre l’UE, allant de la droite française (qui n’est pas appréciée par Fratelli d’Italia) aux extrémistes allemands d’Afd. Salvini et Le Pen représentent les positions pro-Poutine en Europe, tandis que Meloni et von der Leyen incarnent la ligne atlantiste et pro-Ukraine. C’est là une différence qu’il ne faut pas sous-estimer. » 

COMMENTAIRE, Il Foglio, V. Valentini « Outre un peu de solidarité, Meloni n’obtiendra pas grand-chose » : « Nul ne peut dire ce qui se cache derrière cette solidarité de façade, ce témoignage de proximité pour montrer que ‘’le paradigme a changé’’ comme aime le dire Meloni. Cette dernière a revendiqué en Conseil des ministres ‘’le surprenant plan en dix points proposé par U. von der Leyen’’, qui pourtant n’est rien d’autre qu’une reprise de projets que Bruxelles avait déjà adoptés et souvent sans une formidable efficacité. Meloni obtiendra bien peu de l’Europe, comme cela a été constaté avec le peu cohérent Darmanin qui, avant de rencontrer son homologue italien, affirmait que la France n’allait pas prendre de migrants débarqués à Lampedusa. Ce qui a suscité la réaction de Matteo Salvini. Comme si ce dernier ne savait pas que l’explication minutieuse de Darmanin n’était rien d’autre que la réponse du gouvernement français face aux pressions du Rassemblement National de Marine Le Pen. Au-delà de la polémique politique et des courts-circuits souverainistes, il y a les logiques politiques européennes. Le président Macron a fait savoir qu’il considérait prioritaire l’adoption d’ici la fin de l’année du nouveau pacte pour les migrations et l’asile, tout comme le gouvernement espagnol de Sanchez, qui assure la présidence tournante du Conseil Européen, et de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola. Or dans ce Pacte (que Meloni avait salué en juillet dernier comme un important pas en avant, au prix même de rompre avec les amis polonais et hongrois) il n’y a aucune des requêtes que la Présidente du Conseil est en train de répéter ces derniers jours. Il n’y a pas de fermeture des frontières maritimes, il n’y a aucun blocus naval et il n’y a aucune redistribution obligatoire. Au contraire, le principe de responsabilité sur l’identification et premier accueil des migrants revenant aux pays de débarquement a même été renforcé. »  

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi « Dans la compétition entre Meloni et Salvini, c’est Forza Italia qui en profite » : « La compétition à distance, dimanche, entre Meloni et Salvini a laissé des séquelles lors du Conseil des ministres de lundi. En effet, plusieurs mesures annoncées et qui auraient dues être transformées en décret de mise en œuvre ont été reportées. Par ailleurs, Meloni a voulu confier au ministre de le Défense Crosetto (Frères d'Italie) le dossier des nouveaux centres de détention, là où les clandestins devraient séjourner jusqu’à un maximum de 18 mois avant d’être rapatriés. Le ministre de la Défense devra identifier l’adaptation d’ancien bâtiments militaires abandonnés, chose qui normalement relève de la compétence du ministre de l’Intérieur en ce qui concerne l’immigration. La raison de cette décision s’explique par la crainte que Salvini tente de saboter la voie diplomatique que Meloni, en accord avec von der Leyen, a choisie pour prendre en main un problème grandissant. Par ailleurs, l’invitation de la Ligue à Marine Le Pen, l’adversaire la plus redoutable pour le président français, ne facilite pas ce parcours diplomatique. Ni la requête répétée d’un blocus naval, que le dirigeant de la Ligue agite comme une bannière. La campagne électorale anticipée pour les européennes est en train de perturber l’ambiance au sein de la majorité. Cela ouvre des espaces pour Tajani et pour Forza Italia, les seuls à avoir un lien solide avec les institutions européennes et l’expérience nécessaire pour obtenir des résultats concrets d’une négociation qui ne fait que commencer. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, V. Santarpia : « Instituts professionnels en quatre ans et élevés 'renvoyés' pour comportement scolaire inadéquat : la réforme de [Giuseppe] Valditara (Ligue, autrefois Alliance nationale) débute » : « Des règles et des opportunités pour les étudiants italiens : tel est le double principe qui sous-tend le décret du ministère de l'Éducation et du Mérite approuvé hier en Conseil des ministres. Une réforme qui, selon la Présidente Giorgia Meloni, "rend compétitif le secteur de l'enseignement technique et professionnel en le transformant en une formation de première série et en le reliant au monde du travail et de l'entreprise et qui intègre à nouveau la culture du respect dans les écoles" et renforce "l'autorité des enseignants". La ' note sur le comportement scolaire' est introduite également dans les collèges. L'élève qui n'obtient pas une note suffisante est recalé ou n'est pas admis à l'examen d'État. Ceux qui n'obtiennent que le minimum (6) sont renvoyés au mois de septembre et devront présenter "un essai critique sur la citoyenneté active et la solidarité". La note influencera également le résultat du baccalauréat : seuls ceux qui auront obtenu un 9 ou un 10 pourront espérer obtenir la note la plus élevée à l'examen. De plus, une note insuffisante ne sera pas seulement donnée "en présence d'actes violents ou d'agression contre le personnel de l'école et les élèves", mais aussi en cas de violations graves et répétées du règlement de l'école. Les exclusions de l'école changent également : un élève qui doit rester à la maison jusqu'à deux jours effectuera des activités sur des sujets liés à son comportement, avec un travail final. En cas de suspension prolongée, il devra effectuer un travail bénévole dans des établissements affiliés. Le cursus des instituts supérieurs professionnels, dans une première phase expérimentale (qui devrait concerner 30 % d'entre eux), durera quatre ans au lieu de cinq. Le mot-clé est partenariat : les régions et les académies pourront passer des conventions avec des acteurs "publics et privés", en fonction des "besoins spécifiques des territoires", y compris pour la mise en place de "campus". Le projet de loi du gouvernement devra maintenant être approuvé par le Parlement avant d'entrer en vigueur. »

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Giuseppe Valditara

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Un G7 [dédié à l’Afrique] et des hotspots au Maghreb, voici le plan italien pour l’Afrique » : « Le ministère italien des Affaires étrangères et la Présidence du Conseil ont mis au point un ‘’plan de développement et de résilience pour l’Afrique’’, un manifeste politique qui se décline en sept points que Giorgia Meloni présentera demain à l’ONU. Sa mise en application ne sera ni facile ni rapide. Le plan prévoit entre autres la construction des centres d’accueil temporaires garantis par les Nations Unis dans les pays africains d’où partent les embarcations de migrants. Une base logistique pour la création de canaux d’immigration régulière mais aussi pour rapatrier les clandestins. Le plan propose en outre de former les journalistes africains afin qu’ils sensibilisent les populations aux risques des routes illégales. Le gouvernement italien promet de faire du G7 qui se déroulera dans les Pouilles en 2024 un sommet dédié à l’Afrique. On doit ce plan à Tajani, qui a pleinement collaboré avec Meloni. Les délais envisagés sont de plusieurs années. C’est un message adressé à Matteo Salvini qui critique la Présidente du Conseil pour avoir échoué sur l’immigration. Mais aussi un changement complet de paradigme pour Meloni qui avait remporté les élections en promettant des solutions immédiates. Le plan devait être présenté lors la Conférence Italie-Afrique de novembre, mais face à l'urgence de Lampedusa, il a été finalisé pour l'Assemblée générale des Nations unies qui a lieu ces jours-ci. Giorgia Meloni et Antonio Tajani y demandent aux Nations Unies "une approche nouvelle, plus concertée et globale", mais aussi des actions concrètes au nom du "multilatéralisme". Avec un objectif prioritaire : "Stabiliser l'Afrique". Le second point du plan concerne les pays du Sahel, épicentre de cette instabilité. Des "actions cohérentes urgentes" sont nécessaires, auxquelles l'Italie travaille avec "les autres ministres des affaires étrangères de l'UE" et demande le soutien de l'ONU. Cela consiste en ‘’un partenariat opérationnel entre les forces armées et la police pour la création de centres d’accueil des migrants sous l'égide de l'ONU" dans les pays côtiers. Il s’agit de "la mise en place de structures temporaires, en collaboration avec les pays concernés et en accord avec eux, pour accueillir temporairement les migrants irréguliers dont la situation doit être vérifiée’’. Si les conditions requises ne sont pas remplies pour l’accueil en Europe, les étrangers seront rapatriés et réintégrés "par le biais d'accords de réadmission avec les pays où sont situés ces centres". Contre les réseaux de trafiquants, ils demandent des "partenariats opérationnels entre les forces de l’ordre". Suite à la série de coups d’Etat dans la zone concernée, le problème reste d’identifier les interlocuteurs. Toutefois, sans ressources, aucune stabilisation n'est possible, d’où la demande de l'Italie à l'ONU de promouvoir des accords pour la croissance, "en particulier dans le domaine de l'énergie", pour faire de l'Afrique une "superpuissance des énergies renouvelables’’. Par ailleurs, en vue du G7, Rome s'engage à "centrer sur l’Afrique le Partenariat pour les infrastructures et les investissements globaux (PGII) ", à accroître la sécurité alimentaire en renforçant le rôle de la FAO, et à agir contre le changement climatique, à l’origine des migrations. L'Italie allouera 70 % du Fonds pour le climat – soit 3 milliards d'euros sur cinq ans - à l'Afrique. » 

ARTICLE, La Repubblica, de P. Mastrolilli, « L’Italie est prête à bloquer le plan américain pour la réforme de l’ONU » : « Le président Biden sera présent aujourd’hui à l’Assemblée de l'ONU, notamment pour promouvoir la réforme du Conseil de sécurité qui prévoit de nouveaux sièges permanents. C’est une façon de courtiser les pays du Sud, en particulier les BRICS, et les soustraire à l’emprise de la Chine et de la Russie, afin de contrer la formation d'un nouveau bloc anti-occidental. Cela fait ressurgir la vieille peur de l'Italie d'être exclue et marginalisée au sein des Nations Unies et sur la scène internationale. Rome est cependant convaincue d’avoir un atout de poids pour éviter cela : la réforme alternative du groupe "Uniting for consensus", qui mise sur la démocratie pour l'emporter, ou du moins pour empêche que la proposition concurrente ne l’emporte. Le Conseil de sécurité est le seul organe de l'ONU à pouvoir adopter des résolutions juridiquement contraignantes et décider d'interventions militaires. Seuls 5 des 15 membres actuels sont permanents et disposent d'un droit de veto (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne). Or ce modèle ne fonctionne plus, pour au moins deux raisons. D’abord, le droit de veto des cinq membres permanents paralyse toute initiative de paix concrète, comme le montre l'invasion de l'Ukraine. Ensuite, les pays émergents sont sous-représentés. Le premier problème est insoluble car les 5 ne renonceront jamais à leur pouvoir actuel. Du reste, paradoxalement, cela donne du crédit à l'ONU, car si ces pays se retiraient, l’organisation perdrait tout son poids. Le deuxième point peut être résolu, en donnant davantage de poids aux autres membres, mais la méthode fait débat depuis des années. Les États-Unis plaident pour la "solution rapide", soit l'adhésion de l'Allemagne et du Japon, notamment pour des raisons économiques, et l'attribution de trois sièges à l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud. L'Italie s’y oppose vigoureusement et avait même créé le groupe des pays exclus, avec l'Argentine, le Pakistan, le Mexique, le Canada, l'Espagne, la Turquie et la Corée du Sud, réussissant à bloquer la réforme qui devrait être approuvée par au moins deux tiers des 193 membres. L'Italie a ensuite émis la proposition alternative "Uniting for consensus" qui ne doit privilégier aucun groupe plutôt qu’un autre et porter le nombre de membres du Conseil à 26, sans ajouter de sièges permanents, mais seulement sur la base d’élections tous les deux ans. Sur ce principe, 3 sièges seraient attribués au groupe des États africains, 3 pour l’Asie Pacifique, 2 pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 1 pour le groupe des États d'Europe occidentale. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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