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14/09/2023

"Salvini évoque un "acte de guerre" et critique indirectement la ligne européenne de Meloni."

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Italie. Revue de presse. 

La vague de débarquements de migrants à Lampedusa, poussant l’île à déclarer l’état d’urgence, fait les gros titres « Débarquements et tensions à Lampedusa » (Corriere della Sera), « Apocalypse Lampedusa » (La Repubblica), « La honte de Lampedusa » (La Stampa), « Migrants,  état d’urgence » (Il Messaggero), « 7 000 migrants en deux jours : Meloni et Salvini dénoncent un complot » (Fatto Quotidiano), « Un complot contre l’Italie : le PD serait derrière la trahison de la France et de l’Allemagne » (Il Giornale). Le discours sur l’état de l’Union d’U. von der Leyen est aussi cité « L’UE cherche à se relancer : von der Leyen mise sur le Green Deal et appelle Draghi pour relancer la compétitivité » (Avvenire), « Le retour de Draghi » (Repubblica), ainsi que la rencontre entre V. 

Les JT couvrent essentiellement la situation au centre d’accueil de Lampedusa suite à des débarquements record, avec la reprise des déclarations politiques, le nouveau coup de filet contre un trafic de stupéfiants dans la banlieue de Caivano près de Naples, les secours en Libye après les inondations, et enfin la visite du Cardinal Zuppi en Chine. 

Sur X, le hashtag #Lampedusa domine. 

EDITORIAL, Corriere della Sera, de F. Sarzanini, “Réalités et illusions – Pourquoi montrer ses muscles est une erreur” : “Il y a un chiffre qui explique mieux que tout autre ce qui a déclenché l'urgence migratoire de ces jours-ci : 84 827 migrants ont débarqué clandestinement sur les côtes italiennes depuis le début de l'année. Des hommes et des femmes, souvent accompagnés d'enfants, mais aussi des mineurs isolés, effectuant la traversée depuis la Libye et la Tunisie, prêts à tout pour rejoindre l’Italie et, souvent, continuer vers d'autres destinations. Par ailleurs, 39 036 personnes ont été secourues en mer dont seulement 5 579 par des navires d'ONG. Soit 123 863 personnes au total, un chiffre record, qui pourrait bien dépasser celui de 2016 (181 436 arrivées). Lampedusa est à bout de souffle, les centres d'accueil disséminés dans toute l'Italie sont débordés, les expulsions sont en baisse car la plupart des États n’effectuent pas les procédures nécessaires. La situation semble hors de contrôle et risque de s'aggraver. Il est urgent de s'attaquer au problème, abandonner les slogans de campagne et les intérêts personnels. La gestion des flux ne peut et ne doit pas devenir un champ de bataille à l'approche des élections européennes. Les promesses du centre-droit en matière de gestion des flux ont déjà volé en éclats face à la réalité. C’est pourtant une priorité. L'urgence climatique, les catastrophes naturelles, les guerres et les coups d'État qui frappent de nombreux États africains vont accroître le nombre de personnes fuyant vers l'Italie. Il est utopique de croire que la Tunisie respectera les accords - qui n'ont pas encore été signés - pour stopper les départs. Matteo Salvini qualifie ‘’d’acte de guerre’’ les "42 débarquements de ces derniers jours’’, sans expliquer de qui il parle. En revanche lorsqu’il déplore que ‘’nous avons été laissés seuls", la référence à l'Europe est évidente. C’est vrai, mais ça ne tient pas aux récentes décisions de la France et de l'Allemagne. Comme l'a reconnu Giorgia Meloni, l'annonce de Paris de renforcer les contrôles aux frontières et de Berlin de ne pas accepter les demandeurs d'asile en provenance d'Italie résultent du choix de notre pays de ne pas accepter les relocalisations, annoncé il y a plusieurs mois. Comme si l’Italie avait décidé unilatéralement de modifier le traité de Dublin. C'est l'Union européenne qui a laissé l'Italie seule et le groupe de Visegrad, sur lequel le centre-droit comptait, lui a tourné le dos. Un changement de stratégie s'impose donc. Il est légitime d'attendre de la Commission européenne un rôle de médiateur avec les pays de provenance, mais l'approche du gouvernement doit être différente. À Bruxelles, il faut négocier et éviter de montrer ses muscles à ses partenaires en alimentant une bataille qui ne peut rien apporter de bon. À Rome, il faut solliciter la coopération des maires et des régions pour réactiver les centres d'accueil, répartir les migrants sur l'ensemble du territoire et régulariser ceux qui remplissent les conditions. Ce n'est qu'en gérant réellement l'urgence et en faisant appliquer le droit que l’Italie pourra prétendre à cette répartition dans toute l'Europe, invoquée depuis des années et jamais réalisée. Pour ceux qui partent d'Afrique, l'Italie restera la porte d'entrée. Il est difficile de croire que les nouveaux décrets de sécurité l'empêcheront. Si l'on ne veut pas être seul, il faut collaborer avec les autres. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères et vice-Président du Conseil, « Cette situation continuera d’empirer ; il faut un plan commun avec l’UE, le G20 et l’ONU » : « D’après le ministre Antonio Tajani, la crise migratoire est destinée à empirer dans les prochains mois. ‘’Comme l’ont justement dit la Présidente du Parlement européen Roberta Metsola et la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen, l’Italie doit être aidée au niveau européen. Nous ne pouvons pas être laissés seuls’’. Alors que Salvini évoque un "plan" et un "acte de guerre" contre l'Italie, Antonio Tajani lance un message bien au-delà de l’UE. ‘’L'Europe seule ne suffit pas pour faire face à un problème aussi énorme, qui implique non seulement la quasi-totalité de l'Afrique, mais aussi l'afflux en provenance des Balkans. C'est pourquoi nous avons impliqué également les Nations unies et le G20, et avons travaillé à une grande conférence internationale qui doit lancer un véritable processus de stabilisation au Sahel. Pour notre part, nous faisons tout ce qui est humainement possible : les ministères de la défense, de l'intérieur, des Affaires étrangères, œuvrent pour faire face à l'urgence. Toutefois, l'instabilité de la région subsaharienne – face à laquelle une grande mobilisation internationale serait nécessaire - est dramatique. Or l'accueil des migrants irréguliers repose entièrement sur nos épaules. Ce sont des coûts énormes. Je viens de convoquer les ambassadeurs de Guinée et de Côte d'Ivoire pour demander de durcir le critère afin de freiner les départs et pour que les rapatriements soient plus facilement acceptés. Je suis aussi en contact permanent avec mes homologues algérien et tunisien, qui coopèrent mais qui, eux n’ont plus, ne peuvent y parvenir seuls. Le plan européen pour la Tunisie sera évoqué à New-York ; lundi, avec les ministres européens des affaires étrangères, nous nous réunirons. Nous discuterons de la manière dont les institutions européennes doivent travailler unies, ensemble, pour mettre en œuvre immédiatement le plan pour la Tunisie. La France et l’Allemagne ont un problème d'immigration secondaire, nous, nous devons gérer l’aide et l’accueil immédiats. Nous sommes pour une ligne ferme, nous faisons tout notre possible pour arrêter les passeurs, et quand nous le pouvons, nous rapatrions les immigrés clandestins. D’autre part, nous augmentons les quotas pour accueillir les immigrés légaux. Nous tentons d’assurer une redistribution équitable des personnes accueillies sur le territoire. Toutefois, le problème reste en amont. Si nous ne mettons pas en place un vrai plan pour l'Afrique, nous ne nous en sortirons pas. [Concernant la norme sur les superprofits des banques], nous avons toujours dit que nous étions favorables à l'idée d'aider les banques en ces temps difficiles. Nous avions proposé des ajustements techniques afin de ne pas effrayer les marchés ou nuire aux plus petites banques. J'apprécie donc que la Présidente du Conseil ait ouvert la porte à certaines modifications". » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Rullo, « L’arrestation, les cellules, le refus d’entrée sur le territoire… du côté des refoulés de Menton » : « Lorsqu’ils arrivent par petits groupes à la frontière de Vintimille, ils ont déjà entre les mains la notification de refus d’entrée sur le territoire de la Gendarmerie française. Un jeune soudanais explique que c’est déjà au moins le cinquième refus et que cela fait plusieurs jours qu’il tente de passer la frontière. Hier matin, comme lui, 192 autres personnes ont été refoulées à Menton et ramenées à la frontière. Des familles avec enfants, des adultes et beaucoup d’adolescents qui, pour la plupart, arrivent par la Méditerranée en provenance du Ghana, de Sierra Leone, du Soudan, de Côte d’Ivoire. Pour atteindre la France, ils sont prêts à tout. Ils ne se résignent pas, même après l’annonce du gouvernement français d’un nouveau durcissement et de nouveaux contrôles qui rendent toute tentative presque impossible. ‘’Les arrivées ont déjà augmenté’’ explique le directeur de la Caritas de Vintimille, Maurizio Marmo, ‘’300 migrants par jour seulement en provenance de Méditerranée, dont 15% de mineurs. Ces dernières années, il y a eu un imposant déploiement des forces de l’ordre françaises, dans la vallée de la Roya comme à Menton, mais cela a été inefficace et néfaste’’. Depuis le début de l’année, il y a déjà eu 40 victimes de ces ‘’voyages de l’espérance’’ d’après la Caritas. Ceux qui parviennent à passer la frontière sont presque sûrs d’être arrêtés et doivent ensuite attendre, sans nourriture, d’être ramené en Italie. Les mineurs ont quant à eux le droit à l’hospitalité en France mais pour eux aussi les choses viennent de changer : leurs empreintes digitales seront relevées par la Gendarmerie. Les autres retourneront sous le pont de la vallée de la Roya, entre les rats et les détritus. Pour le maire de Vintimille, le léghiste Flavio Di Muro, il faut un CPR, un centre de permanence en vue des rapatriements, afin d’éloigner les personnes en situation irrégulière, et augmenter la présence des forces de l’ordre’’. » 

ARTICLE, La Stampa, F. Capurso et F. Grignetti « Salvini évoque un « acte de guerre » et critique indirectement la ligne européenne de Meloni » : « Il est clair que la Ligue est déjà entrée en mode « combat ». Quand Salvini lance ‘’l’Europe nous a abandonné’’, le vrai objectif est de torpiller l’entente Meloni-von der Leyen. L’accomplissement de Giorgia, soit l’accord avec la Tunisie, n’est qu’un énorme échec. S’ensuit un commentaire très dur que la Ligue adresse à la Présidente du Conseil. ‘’Six mille migrants et 120 embarcations en quelques heures, il est clair que le problème arrive de Tunisie, il est évident qu’il n’y a pas de contrôle du territoire. Je crois que derrière ces arrivées se cache un système criminel organisé auquel il faut répondre avec tous les moyens à disposition’’. Ce n’est pas de la colère mais un changement de stratégie : si l’accord avec la Tunisie, tant encensé par Meloni, échoue, alors c’est toute sa politique migratoire qu’il est possible de faire oublier, voire remplacer. D’où la recette de Salvini, qui passe par une fusion de tous les partis souverainistes : ‘’avec Marine Le Pen à l’Elysée, il serait plus facile de trouver une solution à la question migratoire. Le problème n’est pas de prendre ou non en charge les migrants mais de défendre les frontières au Sud’’. Bref, il faut revenir à la politique des ports fermés et aux anciens décrets sécurité. Par ailleurs, puisque la coordination de la politique migratoire a été prise en charge par le Palais Chigi et confiée au secrétaire d’Etat Alfredo Mantovano (peu aimé à la Ligue), on comprend mieux la stratégie du parti de Salvini. Ce problème sera vraisemblablement évoqué ‘’calmement’’ au prochain conseil des ministres. » 

ARTICLE, Il Messaggero, M. Allegri « Le gouvernement veut maintenant accélérer sur les rapatriements immédiats » : « Accélérer les rapatriements, simplifier les procédures et augmenter le nombre de centres d’expulsions (Cdr) pour arriver à en avoir au moins un par région. Après le chaos à Lampedusa, le gouvernement veut avancer sur le nouveau décret sécurité qui sera présenté en conseil des ministres d’ici la fin du mois. L’étau se resserre sur les expulsions des migrants irréguliers, notamment pour les personnes jugées socialement dangereuses et qui sont déjà connus des forces de l’ordre. L’idée serait aussi de modifier une loi de 2017 sur les mineurs permettant à ces derniers de pouvoir indiquer leur âge avec une simple déclaration sur l’honneur. Selon le ministère de l’Intérieur, plusieurs déclarations seraient fausses, les intéressés ayant peur de se voir expulser. Par ailleurs, chaque mineur coûte à l’Etat 100€ par jour alors qu’une personne adulte en coûte 34. » 

COMMENTAIRE, Repubblica, S. Folli : « L'équilibre de l'impuissance » : « Il serait erroné de lier le retour de Draghi sur la scène européenne, pour l'instant dans le rôle de conseiller de la Commission, à la situation italienne et ses initiatives parfois controversées décidées par la droite. Comme s'il s'agissait d'un message lancé au gouvernement de Rome pour ses polémiques récurrentes avec l'Union (dernièrement l'étrange attaque contre le commissaire Gentiloni). La nomination de l'ancien président du Conseil est clairement un hommage à une personnalité italienne de premier plan, selon les termes d'Ursula von der Leyen. Une personnalité dotée d'une expérience inégalée, entre Francfort et la direction de l'exécutif romain. Rien n'interdit d'ailleurs de penser qu'il s'agit aussi d'un premier pas vers une plus grande responsabilité après les élections de l'année prochaine : la présidence de la Commission elle-même, si Von der Leyen renoncera à se porter candidate ; ou du Conseil, à la place de Michel. Nous verrons bien. Mais on ne peut certainement pas éviter de juxtaposer l'annonce d'hier avec le moment peu serein que traversent les relations entre Rome et les instances européennes. Tout dépendra des électeurs, bien sûr, mais le projet original de positionnement en Europe de Meloni semble très terni. Meloni a aussi été mise en difficulté par son allié/rival, Salvini, qui ne manque pas une occasion de délégitimer la voie modérée/conservatrice initiée par la Présidente du Conseil. La venue de Marine Le Pen en Italie, invitée par la Ligue, est un signal fort : à Meloni, sans doute, mais surtout à la petite galaxie des mécontents et des critiques. Presque un appel au ralliement. L'exécutif Meloni risque la paralysie. Force est de constater, par ailleurs, que l’association Schlein-Conte n'est pas en mesure de prétendre gouverner prochainement. Question de nombre de parlementaires, certes. Pour l'heure, droite et gauche tendent vers l'équilibre de l'impuissance. » 

COULISSES, Repubblica, T. Ciriaco : « Banques, MES, alliances à la croisée des chemins pour Meloni " Il faut qu'elle décide son camp '' » : « Giorgia Meloni est à la croisée des chemins. Elle doit décider si elle se range du côté de Bruxelles ou des ennemis souverainistes de l'Europe. Et vite, car, officieusement, de Bruxelles, on lui demande de donner des preuves définitives de sa loyauté. Lors de l'Ecofin qui s'ouvre demain à Saint-Jacques-de-Compostelle, Giancarlo Giorgetti recevra en effet un ultimatum. Dans une semaine, il devra dire clairement si Rome a l'intention de ratifier le MES, en donnant même une date précise. Une réponse négative sera interprétée comme l'acte de guerre officiel contre l'Union. Ce n'est que le dernier duel en date, dans l'ordre chronologique. Le plus grave remonte à la décision de taxer les superprofits des banques, ouvertement critiquée hier par la BCE. La Présidente du Conseil a confié à ses collaborateurs qu'elle avait senti à ce moment-là la réaction hostile du "système". Un complot précis, dans lequel un rôle central est attribué à Paolo Gentiloni, avec l'accord des plus hauts dirigeants européens. Le moment où Meloni s'est retrouvée seule. Isolée en Europe, bien que toujours à l'abri des attaques publiques, elle doit désormais décider si elle compte abandonner Matteo Salvini et Marine Le Pen à leur sort. Le second défi concerne l'adhésion éventuelle à la nouvelle majorité européenne. Les dirigeants des pays de l’UE ont en effet demandé officieusement à Meloni de leur faire savoir dans les prochaines semaines - et non après le vote, comme on le supposait encore hier - si elle a l'intention de soutenir un nouveau mandat d'Ursula von der Leyen. C'est une décision sans alternative, puisque même l'aile critique de Manfred Weber a abandonné le projet d'un pacte avec les conservateurs. Et à moins qu'elle ne veuille se condamner à un insignifiant rôle de leader anti-système. Ainsi, la décision de Von der Leyen d'"embaucher" Mario Draghi a eu un effet déstabilisant. Face à la nouveauté, la présidente fait bonne figure, louant la décision, mais subissant le couronnement. Elle craint que, sans pacte préalable avec Bruxelles, les neuf prochains mois ne la rapprochent d'une crise. C'est pourquoi, tout en négociant avec les ambassadeurs européens, elle a décidé de miner le terrain sur lequel elle considère qu'une alternative peut être construite : celui qui mène précisément à Gentiloni. Et qui, pour des raisons différentes, concerne aussi Draghi. Au Palais Chigi, ils sont tous deux considérés comme les seules réserves de la République [en cas de crise] et il faut donc essayer de les déclasser. De façon et avec une intensité différente, car leurs parcours sont différents. La décision de Von der Leyen a déstabilisé la majorité car elle envoie un signal à l'Europe : s'il y a quelqu'un en qui nous croyons, c'est bien Draghi. Meloni estime que les chiffres du PIB, qui seraient de toute façon "meilleurs" que les chiffres français et allemands, ne le justifient pas. Au contraire, elle estime que Berlin et Paris manœuvrent précisément pour freiner la concurrence italienne, en jouant le jeu de l'opposition et de Gentiloni. C'est un monde à l'envers, vu les sondages en chute libre. Avec Salvini prêt à saper la loi de finances pour suivre Le Pen et le consensus. Avec une Europe qui exige un test de loyauté dans la semaine. Meloni s'envolera aujourd'hui pour Budapest afin de rencontrer Viktor Orban. Si le choix est entre un virage modéré et un retour au passé, le voyage hongrois est un indice peu rassurant. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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