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13/09/2023

"Une Meloni "assiégée" qui demande le soutien de son parti." et "Le mécanisme de relocalisation saute."

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Italie. Revue de presse. 

La question migratoire, reprenant l’information d’un renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne et la suspension par l'Allemagne des relocalisations depuis l'Italie, dans un contexte de débarquements record à Lampedusa, fait les gros titres de plusieurs quotidiens : « Berlin et Paris disent stop aux migrants » (Repubblica), « L’Europe punit l’Italie » (Stampa), « La France et l’Allemagne se débarrassent chez nous de leurs migrants » (Libero, Giornale), « Paris et Berlin verrouillent leurs frontières » (Tempo). Les sujets économiques sont aussi cités : « Un moratoire sur la non déclaration des fonds en liquide et des valeurs » (Corriere della Sera), « Des retraites « à temps partiel » pour favoriser les départs anticipés » (Messaggero), « Morgan Stanley souligne le risque d’une hausse du Spread en cas de croissance en berne et de déficit » (Sole 24 Ore). 

Les JT couvrent essentiellement les nouveaux débarquements record à Lampedusa, le renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne, la suspension par l'Allemagne des relocalisations depuis l'Italie, les secours au Maroc et en Libye, l’assemblée de Fratelli d’Italia et enfin la rencontre à Vladivostok entre Vladimir Poutine et Kim Jong-Un.  

Sur X (Twitter), le hashtag #FranciaGermania est en tendance sur les questions migratoires. 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Une Meloni « assiégée » qui demande le soutien de son parti » : « C’est une période qui s’annonce difficile. C’est ce qu’a dit hier G. Meloni devant l’assemblée de Fratelli d’Italia, prévenant que ‘’les attaques, les pièges et les tentatives de nous faire tomber se multiplieront’’. Il y a donc une bataille en cours et Meloni appelle les siens à la mobilisation. C’est aussi une demande d’aide, de soutien. Elle montre du doigt des ennemis externes, comme cela a déjà été vu par le passé, il y a une conjoncture entre une saison froide de l’économie et un climat chaud pour l’immigration. Le record d’arrivés d’hier à Lampedusa représente un gros problème pour la Présidente du Conseil, qui promettait des solutions rapides. La fatigue commence à se sentir dans ses mots. Ces mots qui montrent les symptômes de celui qui se sent pris en tenaille entre le feu ami de la Ligue et de Forza Italia, la réalité et l’opposition. Ce n’est pas un hasard si elle a prononcé le terme ‘’alliés précieux’’ en leur demandant d’éviter de ‘’gaspiller de l’énergie dans de possibles attitudes égoïstiques’’. Mais c’est là un appel qui tombera dans le vide, puisque dans cette campagne électorale Salvini joue sa revanche contre elle et Tajani met en jeu sa survie. Et puis il y a les ennemis externes, cette gauche qui se frotte les mains pour la baisse du PIB et qui monte de dossiers contre les siens. Meloni désigne quel sera le périmètre du combat pour tout le parti. Jusque-là, tout est normal. Mais quand elle défend sa sœur Arianna des attaques, en dénonçant ceux qui parlent d’un ‘’parti familial, renfermé sur lui-même et assiégé’’, c’est aussi pour mettre les choses au clair dans son propre camp. Puisque si Arianna revêt aujourd’hui un rôle clé dans le parti, c’est parce qu’elle est une militante de la première heure et qu’elle a jusque-là été pénalisée ‘’pour le simple fait d’être ma sœur’’. Bref, c’est une demande de soutien qu’elle lance aux siens. » 

COMMENTAIRE, Repubblica, D. Siniscalco : « Un conseil pour Giorgetti (Ligue) » : « La croissance économique de l’Europe et de l’Italie est moins importante que prévu. Avec les nouvelles prévisions de la Commission européenne, la croissance du PIB européen diminue à 0.8 % au lieu de 1.1 % ; celle de l’Italie passe de 1.2 % à 0.9 %. C’est une mauvaise nouvelle, pour les familles et pour les entreprises, car cela rend plus compliqué la rédaction de la prochaine loi de finances. Demain, la BCE prendra une décision sur les taux d’intérêts et il est probable – mais pas certain – qu’elle décide de les rehausser. Après, c’est à la politique budgétaire, avec ses ombres et ses lumières, de jouer son rôle. La première bonne nouvelle, dans ce domaine, est dans le déblocage de la troisième tranche du PNRR pour l’Italie, qui permettra de réaliser les plans d’investissements financés avec le Next Generation EU. Cette nouvelle est importante ; mais pour le reste, la balle est dans le camp du ministère de l'Économie et du ministre Giorgetti qui devront bâtir une loi de finances le plus expansive possible. En se rappelant qu’il est nécessaire d’utiliser chaque impulsion et surtout chaque libéralisation pour pousser la croissance au maximum, avec une politique fiscale anticyclique. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de R. Frignani « La surprise du ministère italien de l’Intérieur face à une mesure qui suspend le projet de quotas [de relocalisations] » : « Il y a trois mois déjà, lors de la réunion des ministres européens de l’Intérieur, des divergences avaient émergé entre Berlin et Rome sur les nouvelles procédures de redistribution des migrants arrivés par l’Italie. L’accord entre les 27 prévoyait notamment de laisser la responsabilité de l’accueil aux ‘’pays-frontières’’ mais que tous les pays membres prennent en charge un quota minimum de 30 000 réfugiés par an. Suite à la décision allemande de bloquer les arrivées en provenance d’Italie et celle de la France de renforcer les contrôles à la frontière de Vintimille, le projet connait un brusque coup d’arrêt. Le ministère italien de l’Intérieur n’a pas réagi officiellement mais la surprise transparait – bien qu’annoncé dans les grandes lignes il y a quelques jours – face à une mesure qui détonne avec la crise migratoire constatée cet été, aggravée par le passage de l’ouragan Daniel en Libye. Il y avait pourtant eu un ‘’Mécanisme volontaire de solidarité’’ auquel avait adhéré entre autres l’Allemagne pour l’accueil de 3000 migrants par an et la France pour en accueillir 3500 autres. Pourtant les réfugiés accueillis en Allemagne n’auraient été que 1042 jusqu’à présent et l’accord vient d’être suspendu. Par ailleurs, suite à l’incident diplomatique autour de l’Ocean Viking de l’ONG française SOS Méditerranée, Paris avait décidé en novembre dernier de suspendre l’accord pour l’accueil de 3500 migrants après avoir dû accueillir à Toulon des 234 personnes secourues à bord, dont 123 expulsées immédiatement. Les décisions des partenaires européens de Rome s’inscrivent donc dans un cadre déjà complexe de tensions anciennes auxquelles on a tenté de remédier à travers des solutions temporaires. Il est vrai que l’Allemagne est en tête des pays européens accueillant des réfugiés mais ce manque de solidarité risque de faire ré-exploser la discussion interne à l’UE sur ce sujet et d’accentuer les tensions entre partenaires déjà distants sur les dossiers économiques. Les chiffres de demandes d’asile de 2022 confirment de manière évidente l’Italie comme un pays de simple transit par rapport à ses voisins (Allemagne, France et Espagne en tête) qui subit pourtant l’impact de plus en plus fort des flux migratoires, avec déjà plus 118 000 arrivées enregistrées pour 2023. » 

COULISSES, La Repubblica, d’A. Ziniti, « ’’L’accord de Dublin n’est pas respecté’’, voici pourquoi Rome est visée par des accusations » : « Le terrain d’un accord est miné par les chiffres des demandes d’asile qui confirment que l’Italie, bien qu’en difficulté sur la gestion du premier accueil des migrants avec près de 120 000 arrivées en 2023, est loin d’être le pays qui supporte la charge la plus importante. Non seulement elle n’est pas parmi les pays européens qui accueillent le plus de réfugiés (pas même après le début de la guerre en Ukraine), mais elle est seulement au septième rang des pays recevant le plus de demandes d’asile proportionnellement à leur population, derrière l’Allemagne, la France et l’Espagne (qui reçoivent le plus de demandes y compris en chiffres absolus) mais aussi la Grèce, les Pays-Bas et la Hollande. D’après ces chiffres, c’est l’Italie qui devrait offrir sa solidarité aux autres pays et non l’inverse. Cet état de fait - notamment à la veille des élections européennes- risque de remettre en cause le nouveau Pacte européen sur lequel l’Italie joue le tout pour le tout pour la ‘’défense de ses frontières’’, dans l’espoir de freiner à court terme le flux migratoires sans attendre le temps long du ‘’Plan Mattei’’ basé sur des accords avec des pays d’origine et de transit des migrants. » 

ARTICLE, Il Giornale, F. Biloslavo « Migrants, une guerre électorale déclarée à l’Italie » : « Toutes ces décisions politiques sur le phénomène migratoire donnent le coup d’envoi à la campagne électorale pour les européennes de l’année prochaine. C’est la Présidente du Conseil G. Meloni qui est dans le viseur, elle qui veut chambouler la majorité qui gouverne la Commission à Bruxelles. » 

ARTICLE, Libero, A. Gonzato « Paris-Berlin, le mur anti-réfugiés » - Le mécanisme de relocalisation saute. Scholz et Macron craignent un revers aux élections européennes de 2024 : « C’est une action franco-allemande « en tenaille » contre l’Italie : voici donc l’Europe solidaire. C’est la preuve que la stratégie du gouvernement Meloni, dans un contexte où chaque pays membre ne pense qu’à soi, tire la conclusion que la seule voie possible est de faire des accords avec les pays de départ pour mettre fin à la traite d’êtres humains, avec une main de fer contre les ONG qui ne respectent pas la loi et une action en perspective pour améliorer les conditions de vie dans les pays africains, soit le « Plan Mattei ». » 

ARTICLE, Il Tempo, B. Antonelli « Paris et Berlin verrouillent leurs frontières » : « Le jour où Lampedusa connait un record d’arrivées (68 embarcations et 2 500 migrants), la France et l’Allemagne décidaient de fermer les portes aux immigrés arrivant de l’Italie. Après des mois de polémiques sur la méthode de gestion de Rome, les cousins français et allemands ont décidé de faire demi-tour sur l’accueil. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Alerte sur les prévisions de vote aux élections européennes ; Meloni choisit la voie du populisme économique » : « Hier, lors du rassemblement des parlementaires de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni s’adresse à eux, lance un avertissement à ceux qui rament à contre-courant, appelle à resserrer les rangs en vue de la ‘’tempête imminente qui voudra nous faire tomber’’, d’abord la Loi de Finances, puis les européennes. Le tout sur fond d’inflation qui effrite la popularité du gouvernement et les données macroéconomiques qui vont de mal en pis. Pour autant, aucun pas en arrière sur la politique économique, il faut au contraire aller de l’avant sur la taxe sur les superprofits des banques. C’est un avant-goût de la campagne électorale : tout pour le peuple et contre les lobbys. Dirigisme et populisme. On maintient le cap, y compris contre les alliés si nécessaire. Giorgia Meloni est inquiète, elle souffre de la concurrence de Salvini et des pressions de Forza Italia, notamment sur les banques. La division entre peuple et bureaucrates a vocation à se creuser, les attaques contre Gentiloni pour s’en prendre aux structures de Bruxelles ne sont qu’un début. Ce n’est pas qu’un problème d’argent, c’est un problème de popularité : les tendances qui remontent jusqu’à la Présidence du Conseil alarment le Palais Chigi. D’après ces prévisions informelles, les Conservateurs pourraient obtenir moins de sièges que prévu alors que les droites souverainistes de Marine Le Pen et Matteo Salvini devraient croître considérablement. Les extrémistes français s’envolent, l’AfD allemande s’envole, Salvini monte lui aussi. Cela reste peu probable, mais il est tout de même possible que le groupe Identité et Démocratie passe devant l’ECR à la quatrième place, a-t-on avertit la Présidente du Conseil. Un scénario cauchemardesque pour Giorgia Meloni qui se retrouverait prise en étau et perdrait son influence politique, avec à droite ses anciens amis les anti-européens et à gauche la ‘’coalition Ursula’’ qu’elle ne pourrait que soutenir. Mais il faudra aussi trouver de nouveaux alliés. Demain, en Hongrie, la Présidente du Conseil pourrait proposer à Viktor Orban de rejoindre les Conservateurs afin de s’opposer à l’extrême-droite. Au moins dix sièges sont en jeu et ils pourraient être déterminants. Avant cela, la tempête économique pourrait ébranler l’exécutif, surtout si les alliés décidaient de ne pas collaborer. Le chef de la Ligue en effet la presse sur les retraites (alors que les caisses sont vides) et sur l’autonomie des régions. Là encore, c’est la campagne pour les européennes qui joue. En privé, la Présidente du Conseil a déjà prévenu qu’au printemps, au moins quatre de ses ministres devront se porter candidat : un au Nord (peut-être Urso), un au Centre (Francesco Lollobrigida), un au Sud (Raffaele Fitto ou Gennaro Sangiuliano), et Nello Musumeci pour les îles. Voilà le message : serrer les rangs. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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