25/08/2023
"Nomination d'Ariana Meloni, la grande sœur de Giorgia, à la tête du secrétariat politique du parti Fratelli d’Italia."
Italie. Revue de presse.
L’hommage de Vladimir Poutine - « Il avait du talent, il a commis des erreurs » - après la mort du chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, fait la une des médias. « Prigojine, l’adieu de Poutine » (Corriere della Sera), « Les larmes de Poutine » (La Repubblica), « Prigojine, le requiem de Poutine » (La Stampa), « La seule chose qui est sûre, c’est que Poutine est vivant » (Il Foglio). La photo judiciaire de l’ancien Président des États-Unis Donald Trump lors de son placement en détention est largement relayée (Corriere, Repubblica). La nomination d’Arianna Meloni, sœur de la présidente du Conseil, à la tête du secrétariat politique du parti Fratelli d’Italia est par ailleurs très commentée (« Meloni promeut sa sœur, chaos au sein de Fratelli d’Italia » La Stampa, « Sœurs d’Italie, Meloni élève un mur de protection avec Ariana » Il Fatto quotidiano).
Les JT couvrent essentiellement la brève incarcération de l’ancien président américain Donald Trump à la prison d’Atlanta, l’hypothèse d’une bombe à bord du jet privé transportant Evgueni Prigojine qui s’est écrasé avant-hier et l’aide de 738 millions d’euros qui devrait être versée par le gouvernement aux communes touchées par des catastrophes naturelles.
Sur Twitter le hashtag #Lollobrigida, en référence au ministre de l’Agriculture, domine suite à ses déclarations sur l’alimentation des pauvres en Italie.
ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri, « Giovanbattista Fazzolari et Arianna Meloni : les premiers venins de la tribu mélonienne » : « Patrie, famille et moi. Giorgia Meloni raccourcit encore la chaîne de commandement entre le Palais Chigi et la Via della Scrofa [siège national de Fratelli d’Italia, ndlr]. Les deux nouvelles révélées par Il Foglio ont agité le retour de la présidente du Conseil à Rome hier après ses vacances. La première concerne Arianna Meloni, sœur aînée de la présidente du Conseil et compagne du ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), qui prendra la tête du secrétariat politique du parti (ainsi que du bureau des adhérents). Au sein de Fratelli d’Italia, certains pensent qu’il s’agit de limiter le pouvoir de Giovanni Donzelli [coordinateur de Fdi, ndlr]. En attendant, Arianna Meloni nie toute candidature aux élections européennes. Mais qui sait ? Une affaire plus complexe pour la deuxième nouvelle révélée par ce journal : le sous-secrétaire à la Présidence du Conseil des ministres, Giovanbattista Fazzolari (Frères d’Italie), à partir du 1er septembre, conjointement au départ de Mario Sechi pressenti à la direction du quotidien Libero, a été nommé coordinateur de la communication du Palais Chigi. Lui seul décidera des rôles et, surtout, des thèmes à l’ordre du jour. »
Giorgia et Ariana Meloni
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « Le retour de la gestion familiale » : « La nomination d'Arianna Meloni, la grande sœur de Giorgia, à la tête du secrétariat politique du parti Fratelli d’Italia, confirme la gestion familiale - et familière, du parti par la Présidente du Conseil. Mais Arianna se situe à un grade plus élevé par rapport à son mari Francesco Lollobrigida ou encore à Donzelli, chef du parti, et à Fazzolari, qui devient responsable de la communication du gouvernement avec le parti et les groupes parlementaires, tous deux des fidèles de Meloni. Ce choix peut s’expliquer par la nécessité d’un côté de faire baisser le poids de la responsabilité de gouverner sur Giorgia, et de l’autre de maintenir le niveau élevé de propagande en vue des élections européennes. Désormais, quand Arianna parlera et dira ce que Giorgia ne peut plus dire, ce sera comme si la Présidente du Conseil se dédoublait. Idem pour Fazzolari, qui s’est déjà fait remarquer pour ses polémiques contre Bankitalia et la magistrature. Donzelli, de son coté, est un spécialiste des déclarations ambiguës ‘pour et contre‘. La question de la séparation de la direction du parti de celle du gouvernement est un thème qui remonte à la Première République, nous verrons quelles conséquences elle aura sur la Troisième. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « La cuirasse de la Présidence du Conseil » : « La lune de miel post-élections de Giorgia Meloni avec les Italiens semble en passe de se terminer. De l’autre côté, l’opposition formée par le binôme Schlein-Conte ne semble pas gagner en consensus, encore à la recherche de grandes batailles à s’approprier. D’après les derniers sondages, la coalition de majorité, bien que secouée par des tensions internes, conserve sa force électorale. Pour l’instant, la nouvelle phase ne démarre pas. La nomination du secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Giovanni Fazzolari est un choix inusuel, s’agissant d’un collaborateur privilégié croulant déjà sous les responsabilités, mais qui dénote la volonté du Palais Chigi de renforcer la présidence à travers une communication plus incisive. La Présidente du Conseil souhaite braquer les projecteurs sur elle. Ses récentes prises de parole dénotent la volonté, dans le bien et le mal, de montrer que le leadership mélonien est bien assis. Il y a quelques mois, des gestes aussi marqués n’auraient peut-être pas été nécessaires mais le deviennent aujourd’hui, à l’approche de ‘’l’automne du mécontentement’’ durant lequel il va falloir mettre sur pied une Loi de Finances avec peu de fonds disponibles et de très nombreuses mesures à financer. En l’absence de grandes annonces et de réformes coûteuses, le Palais Chigi mise donc sur une communication nationale-populaire. Tout repose désormais sur les épaules de la Présidente du Conseil, c’est le début d’une nouvelle phase. Le PD a pour son part misé sur deux grands thèmes au cours de son ‘’été militant’’ : le salaire minimum et la polémique sur l’immigration clandestine, mais le second ne semble plus permettre de gagner en consensus. Bien que le gouvernement de droite ne soit pas parvenu à contenir le flux migratoire, il reste tout de même plus crédible -aux yeux de son électorat – qu’une gauche qui n’a pas fait une seule proposition en la matière hormis la vague proposition de rétablir mare nostrum. Le PD ne semble pas en mesure de récupérer des voix au centre-droit qui s’oriente quant à lui vers une ligne encore plus dure. A l’inverse, le salaire minimum est plébiscité par 70% des électeurs, mais la tâche n’est pas des moindres. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de C. Zapperi : « ‘’Les pauvres mangent mieux que les riches ‘’ : polémique après les propos du ministre [de l’Agriculture Francesco] Lollobrigida » : « "Dans notre pays, les pauvres mangent souvent mieux que les riches et même s'ils cherchent à acheter bon marché, ils achètent souvent de la qualité. Chez eux, les classes moins aisées sont gavées avec des produits qui sont pensés dans l'intérêt du vendeur plutôt que dans celui du consommateur final". Nous et eux, ce sont l'Italie et les Etats-Unis du point de vue des habitudes alimentaires, d’après le ministre de l'Agriculture Francesco Lollobrigida [ndr : compagnon d’Arianna Meloni, nouvelle dirigeante de FdI]. Ses propos, en marge du meeting de Comunione et Liberazione à Rimini, ont été immédiatement simplifiés par certains en "les pauvres mangent mieux que les riches", déclenchant la polémique. La secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein, attaque : "Il n'y a même pas besoin de parodies lorsque le gouvernement vit sur une autre planète". Lollobrigida répond : " Mes mots ont été décontextualisés et instrumentalisés. J'ai comparé les cultures alimentaires de l'Italie et des États-Unis : dans notre pays, ceux qui sont moins bien lotis économiquement ont souvent la possibilité de s'approvisionner localement, auprès du producteur ou de l'agriculteur. Ils bénéficient donc de produits de meilleure qualité ; en Amérique, il y a un grand fossé entre les riches qui peuvent s'offrir des aliments de haute qualité et ceux qui appartiennent aux classes moins aisées ". »
Francesco Lollobrigida
ENTRETIEN, Corriere della Sera, du Général F.P. Figliuolo, Commissaire chargé de la reconstruction après les inondations en Emilie-Romagne, par V. Picolillo : « Nous avons tout planifié et nous indemniserons tout le monde ; les premiers 876 millions d’euros sont prêts. Les ressources allouées par le gouvernement sont importantes : 4,5 milliards d'euros, dont environ 2,8 milliards sont actuellement à disposition des commissaires. 876 millions d'euros seront d’abord affectés à la mise en sécurité du territoire. Ces ressources seront utilisées pour le paiement des travaux déjà réalisés et en cours. D’autres travaux de reconstruction et visant à sécuriser le territoire pour la protection de la sécurité publique et privée suivront rapidement à hauteur de 448 millions d'euros pour 2023. C'est un travail complexe, qui doit suivre des étapes précises. Je convoquerai formellement une réunion d’experts et d’autorités compétentes lorsque les cinq plans spéciaux seront prêts ; le règlement prévoit une réunion au moins tous les six mois. La Présidente du Conseil l’a déjà dit : la perspective est le remboursement total des dommages subis. Concernant la reconstruction publique, nous élaborerons cinq plans spéciaux de reconstruction (travaux publics, patrimoine culturel, instabilité hydrogéologique, infrastructures environnementales et routières). Entre-temps, tous les chantiers ouverts pour les travaux d'urgence doivent être achevés ". »
SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, « Homophobie et racisme, un pays coupé en deux ; la peur de l’étranger repart à la hausse » : « Dans son essai auto-publié, le général Vannacci enchaine les provocations et les invectives contre plusieurs catégories de personnes (LGBT+, minorités visibles…), alimentant un vif débat notamment en ligne. L’opinion réagit à ce qu’il définit comme ‘’normal’’ ou correspondant à sa vision de ‘’l’italianité’’. Les citoyens ont des attitudes très contrastées vis-à-vis immigrés et de l’adoption par les couples de même sexe, ne permettant pas de voir émerger une opinion commune et stable dans le temps. Pour les Italiens, la perception de l’étranger représente, depuis de nombreuses années, un problème bien plus significatif que les adoptions par des couples de même sexe. Aujourd’hui encore, 40% des Italiens se disent inquiets voire craintifs vis-à-vis des immigrés. Les arrivées clandestines en provenance d’Afrique, et donc la plupart du temps de minorités visibles, inquiètent davantage que l’immigration issue des pays de l’Est et des personnes fuyant la guerre en Ukraine. L’adoption par des couples de même sexe divise là aussi la société en deux (49% contre, 51% pour). Plus les personnes interrogées sont jeunes et instruites, plus le taux ‘’d’inquiets’’ recule. Si la peur de l’étranger est plus forte parmi l’électorat de droite qu’à gauche, elle divise aussi la majorité. Elle est exprimée par 79% des électeurs de la Ligue, contre 56% de ceux de Fratelli d’Italia et 51% de Forza Italia. Elle concerne tout de même 44% des électeurs du Mouvement 5 Etoiles et tombe à 17% parmi l’électorat du PD. Concernant l’adoption par des couples de même sexe, c’est parmi l’électorat de Fratelli d’Italia que le désaccord exprimé est le plus fort, atteignant 70%, puis 57% pour Forza Italia, 52% pour la Ligue, 41% pour le M5S et 27% pour le PD. Le ministre de la Défense, Guido Crosetto (Frères d’Italie), a ouvertement pris ses distances quant aux propos du général, ce qui lui a valu les critiques du secrétaire d’Etat à la Culture, Vittorio Sgarbi, et surtout du coordinateur de Fratelli d’Italia, Giovanni Donzelli. Le général a par ailleurs reçu le soutien public de Matteo Salvini. »
ARTICLE, La Stampa, M. Bresolin, « L’UE rejette les accusations de la droite sur les migrants : “Nous aidons l’Italie”. La Ligue parle d’hyposcrisie » : « La Commission européenne se dit “très préoccupée par l’augmentation des arrivées de migrants en Méditerranée centrale, notamment en Italie”. Cette route migratoire est redevenue en effet la plus empruntée. On y enregistre la moitié des entrées “irrégulières” de toute l’Union européenne (presque 90 000 sur 176 000 au cours des sept premiers mois de cette année). L’exécutif européen rejette les accusations d’immobilisme adressées ces derniers jours par plusieurs présidents de région à droite et de responsables de la majorité parlementaire. Bruxelles “a coopéré avec les autorités italiennes et continuera à la faire” a fait savoir hier une porte-parole de la Commission, listant les formes de soutien fournies jusqu’à maintenant : 450 hommes sur le terrain pour décongestionner les centres d’accueil, 1,96 milliards d’euros d’aides financières depuis 2015 et un mécanisme d’urgence pour permettre un transfert aérien des migrants les plus vulnérables de Lampedusa vers les autres centres d’accueil répartis sur la péninsule. Le dossier immigration, avec celui de la gestion des comptes publics, a toujours été particulièrement sensible entre Rome et Bruxelles. Hier, la réaction de la Ligue ne s’est pas faite attendre : “Conscients et préoccupés ? L’UE se moque de nous. Encore une fois, la Commission européenne abandonne l’Italie, arrêtons l’hypocrisie” attaque le député européen Paolo Borchia. Des critiques qui ont été démenties par la Commission européenne. Mais la vraie interrogation concerne la réforme du règlement de Dublin [voté en 2013, qui fixe les normes actuelles du régime d'asile européen commun, ndlr]. Au début du mois de juin, malgré l’opposition de la Pologne et de la Hongrie, les ministres de l’Intérieur se sont accordés pour la première fois sur de nouvelles règles relatives à la gestion des politiques d’asile, basées sur le concept de “solidarité obligatoire”. Mais à la fin de juillet, le dossier s’est embourbé car aucun accord sur le règlement concernant les situations de crise n’a été trouvé. Et ce coup de frein risque de bloquer l’approbation de tout le Pacte au Parlement européen. Durant les prochaines semaines, la présidence espagnole tentera de mettre sur la table une nouvelle proposition de compromis afin de débloquer la situation. De son côté, la Commission estime avoir la conscience tranquille, tant sur la proposition de réforme, mise sur la table il y a trois ans, que sur son soutien pratique. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo, « UE : l’hypothèse d’une ‘’période tampon’’ » : « Au moins trois raisons autorisent le gouvernement italien à penser qu'un compromis sur un nouveau Pacte de Stabilité, revu et corrigé selon des règles budgétaires moins draconiennes que celles de l'ère pré-Covid, peut être atteint. La première est liée à la complexité du dossier, à la faiblesse de la présidence tournante espagnole de l'UE, et à la possibilité qu'un accord puisse être trouvé dans les premiers mois de l'année prochaine. Il est en effet possible, selon le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti, qu'une sorte de période tampon soit atteinte dans les premiers mois de 2024, sous la présidence tournante belge de l'UE, et qu'un compromis puisse donc être trouvé. La deuxième concerne l’Allemagne : l'économie allemande est à l'arrêt et, avec elle, c'est toute l'Union qui risque de s'arrêter, si bien qu'il ne convient à personne de laisser ouvert un chapitre aussi important que celui des règles budgétaires collectives. La troisième est relative aux élections européennes de juin 2024. Il n'est même pas imaginable à ce stade que 27 États se rendent aux urnes pour renouveler le Parlement et les directions institutionnelles de l'UE sans un nouveau pacte de stabilité et de croissance. Ces sujets pourraient être mis sur la table lors du Conseil des ministres prévu pour lundi prochain. La réunion de l'exécutif pourrait également être occupée par un premier tour de table sur la nouvelle réglementation sur la sécurité et les migrants que le ministre de l'Intérieur est en train de préparer, mais qui ne devrait être approuvée en Conseil des ministres qu'en septembre. La relation directe et personnelle entre Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen, ainsi que celle avec le chancelier allemand Olaf Scholz, pourrait jouer un rôle dans le rapprochement des parties. Mardi, Mme Meloni s'envolera pour la Grèce où elle rencontrera le premier ministre Kyriakos Mitsotakis : parmi les sujets abordés, l'immigration et le pacte de stabilité. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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