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08/08/2023

"Le bras-de-fer sur le révisionnisme "noir"."

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Italie. Revue de presse. 

La polémique autour des déclarations de Marcello De Angelis (Frères d’Italie), porte-parole du président de la région Latium sur l’attentat terroriste à Bologne du 2 août 1980, remettant en cause la responsabilité du terrorisme d’extrême droite confirmée lors du procès, fait les gros titres « Attentat de Bologne, l’affaire De Angelis secoue le gouvernement » (Corriere della Sera), « Le bras-de-fer sur le révisionnisme « noir » » (La Repubblica), « La droite défend le négationniste » (La Stampa). Les incendies en Sardaigne et la situation au Niger sont également cités. L’entretien du ministre A. Tajani « Il faut que l’UE aide le Niger ou la Russie et Wagner coloniseront l’Afrique » est mentionné en Une de La Stampa. 

ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « L’embarras de Giorgia Meloni sur l’affaire De Angelis » : « C’est le passé qui rattrape Meloni en la condamnant à un énième dimanche de passion. Ces liens jamais coupés avec la galaxie néofasciste, désormais au sommet des institutions, locales ou nationales, nourrie de nostalgie et que personne ne veut ou ne peut répudier, la rattrapent. Depuis qu’elle est au Palais Chigi, elle doit sans cesse éloigner ces ombres noires sans toutefois couper les liens avec ces racines qui sont le fondement de Fratelli d’Italia. Voilà pourquoi quand Meloni lit le post de Marcello De Angelis sur les réseaux sociaux, elle est dans tous ses états. Elle comprend immédiatement que la phrase ‘’je sais que Fioravanti, Mambro et Ciarvardini [les néofascistes condamnés pour l’attentat de Bologne] n’ont rien à voir avec les faits  : les magistrats ainsi que les institutions le savent très bien’’ ne peut pas passer inaperçue. Il faut s’en démarquer. Meloni appelle ainsi « son » Président de la Région Latium, Francesco Rocca, en lui disant brutalement qu’elle s’attend à ce que son porte-parole De Angelis démissionne spontanément. Elle a fait comprendre à Rocca qu’il doit gérer l’affaire sans impliquer le parti Fratelli d’Italia, ni les représentants du gouvernement. Ensuite, si les journalistes appellent, il faut rappeler que ni Rocca ni De Angelis ne sont inscrits à Fdi : ce sont des techniciens. La stratégie est donc de minimiser l’affaire en limitant son périmètre dans un contexte local. Toutefois, De Angelis a milité dans les jeunes de « Fronte della Gioventù », une formation d’extrême droite à laquelle a participé aussi Meloni. De Angelis et Rossi (l’actuel DG de la RAI) étaient les idéologues de cette frange. Tout le monde savait quelle était la position de De Angelis, ce dernier ayant été condamné pour appartenance à un groupe armé pendant les années de plomb. Toutefois, on ne pouvait pas prévoir sa réaction, au lendemain de l’allocution du Président Mattarella qui avait pourtant rappelé les responsabilités néofascistes sur l’attentat du 2 août 1980. D’où l’embarras de la Présidente du Conseil, décidée à rester à l’écart de ces polémiques. Il aura fallu une journée entière pour que Rocca décide de prendre officiellement et timidement ses distances avec De Angelis et « d’évaluer » le cas échéant sa démission. Comme le disait Tolkien, auteur de référence de l’extrême droite depuis les années 70, « les racines profondes ne gèlent pas ». »

ENTRETIEN de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur italien, F. Sarzanini, Corriere, « Des contrôles plus sévères seront mis en place pour éviter le montage de dossiers [ndr : suite à l’enquête du Parquet de Pérouse sur un membre de la police financière accusé de constituer des dossiers contre des personnalités, dont le Ministre Crosetto]» - « A Bologne l’attentat était bien de matrice fasciste » (extraits) :  « La revendication de l'innocence des condamnés du massacre de Bologne par Marcello De Angelis, responsable de la communication institutionnelle de la région du Latium, a relancé la polémique sur l'attentat néo-fasciste du 2 août 1980. Mais le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi ne veut pas entrer dans ce nouveau conflit.  Q. Vous aussi, vous avez été critiqué parce que le président Mattarella a parlé d'un massacre néo-fasciste à l'occasion de cet anniversaire et que vous ne l'avez pas fait.  R. « J'ai répété publiquement que la matrice vérifiée est celle qui se réfère exclusivement à la vérité judiciaire, qui a pointé la responsabilité incontestable des figures militantes dans le terrorisme néo-fasciste de ces années-là. J'ai clairement fait référence à la vérité judiciaire. Toute polémique instrumentale sur ce sujet est le fait de ceux qui prétendent avoir l'exclusivité de l'indignation sur l'une des pages les plus douloureuses et les plus honteuses de notre histoire. Chacun d'entre nous a une histoire longue de plusieurs décennies qui parle d'elle-même ».  Q. Hier, il y a eu un nouveau naufrage et les débarquements que vous aviez promis d'arrêter ont doublé depuis 2022. Que comptez-vous faire ? R. Le système d'accueil continue d'être renforcé grâce aux procédures dérogatoires que nous permettent le décret-loi approuvé à Cutro et la déclaration de l'état d'urgence. La capacité des tout premiers centres d'accueil a été augmentée de près de 1 500 places, auxquelles s'ajouteront 2 000 autres dans les semaines à venir. Nous nous efforçons d'augmenter la capacité globale des centres de rapatriement, en intervenant également dans les centres dévastés par les invités eux-mêmes. Nous gérons une pression historique. Mais il est clair que l'objectif que nous poursuivons est d'arrêter les départs. Et c'est un objectif qui ne peut être atteint qu'avec des initiatives à moyen et long terme qui conduisent à des solutions stables et durables. Cela prendra du temps, mais nous y parviendrons. Grâce aussi aux accords de renforcement de la coopération avec les pays de départ ». Q. Faites-vous confiance à la Tunisie ? R. » La Tunisie a empêché le départ de plus de 30 000 migrants irréguliers depuis le début de l'année et mène une lutte acharnée contre les trafiquants. Cela a conduit à une coopération fructueuse non seulement avec l'Italie, mais aussi avec l'Union européenne. C'est un partenaire fondamental avec lequel nous voulons et devons travailler encore mieux ».  Q. Pensez-vous que l'Europe va vraiment aider l'Italie ?  R. « C'est dans l'intérêt de tous. Grâce à l'action internationale du gouvernement Meloni, la question migratoire est devenue une priorité. Pendant longtemps, on a pensé se décharger du problème sur les pays de première entrée comme l'Italie. Ce n'est plus le cas. Nous avons réussi à susciter un engagement fort de la part des institutions européennes. Il y a une prise de conscience sur l’importance de travailler à une approche globale avec les Etats de départ et de transit pour arriver à un système d'entrée qui ne prévoit que des voies régulières, sûres et planifiées. Le "pacte" signé au Conseil des ministres de l'Intérieur en juin dernier va dans ce sens, en proposant de réformer des règlements européens historiques aujourd'hui dépassés, comme celui de Dublin.  Q. : Flambée des prix, malaise social croissant. Craignez-vous un automne de manifestations ?  R. « Je voudrais souligner que les données économiques donnent de l'Italie l'image d'un pays en meilleure santé que beaucoup d'autres. L'inflation continue d'afficher une tendance à la baisse, réduisant le différentiel entre l'Italie et les pays de la zone euro. Les conditions du marché du travail sont très favorables. La tendance à la hausse du nombre de personnes employées se confirme, en particulier dans la tranche d'âge des 25-34 ans. Le secteur du tourisme enregistre des chiffres record au cours des sept premiers mois de 2023 et le nombre de présences, y compris d'étrangers, dépasse les niveaux de 2019, l'année avant la pandémie ».

ENTRETIEN, Libero, d’Alessandra Ghisleri, présidente de l’agence de sondages Euromedia Research « L’immigration fait à nouveau peur aux Italiens » : « ‘’Parmi les principales préoccupations des sondés figure la hausse des prix (56%) : les Italiens s’attendent à une réponse forte de la part du gouvernement pour une solution pouvant limiter l’augmentation des prix et des mesures pouvant arrêter la spéculation. C’est une préoccupation qui touche également les classes moins pauvres. Quant au salaire minimum, 70% des Italiens y est favorable et la hausse des prix le rendent encore plus urgent. J’imagine que le gouvernement est en train de chercher une solution sans que cela passe pour une victoire de l’opposition. La santé publique est une autre priorité, les Italiens demandent un accès plus facile aux services sanitaires ainsi que des délais plus courts. Quant à l’immigration, en un an elle est passée de la quinzième à la deuxième position du classement.’’ assure Mme Ghisleri, qui reconnait au gouvernement le mérite d’avoir gardé une position combattive et d’orgueil national face à la France ‘’cette rivalité revendiquée, le fait de déplorer un manque de collaboration de la part de Paris, a généré un sain revanchisme parmi les Italiens, qui apprécient l’attitude ferme de Meloni à l’égard de Macron, qui est un leader avec qui Meloni a raison de rivaliser’’. Quant à la popularité de Fratelli d’Italie, elle nous explique ‘’ depuis des mois, FDI est crédité de 27 à 29% des intentions de vote, ce qui veut dire que l’électorat est en train de suivre avec attention la transformation du parti sur des positions plus modérées et inclusives. A ce stade, la croissance de Fdi s’explique surtout par une hémorragie de voix de la Ligue et de Forza Italia. Meloni doit craindre surtout l’action de ses ministres, car elle ne sera pas jugée exclusivement selon son travail. Le vrai test de popularité du gouvernement se jouera en septembre, où il faudra donner la sensation de passer à une vitesse supérieure. Et notamment en février, qui est un mois crucial du point de vue économique pour les familles, une fois Noël passé.’’ »

ENTRETIEN, La Stampa, de Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des affaires étrangères, « La Russie et Wagner sont les nouveaux colonisateurs. Sur l’Afrique, il faut que l'UE change de cap. » 

ARTICLE, La Repubblica, A. Ziniti, « 50 000 migrants à répartir en Italie dont 6 000 en Lombardie » : « 50 000 demandeurs d'asile doivent être répartis dans tout le pays en deux mois et demi. Ce nombre, 50 000, est celui indiqué dans le plan de répartition du 1er juillet au 15 septembre envoyé par le ministère de l’Intérieur aux préfectures italiennes pour trouver des places à temps dans un système d'accueil déjà saturé, revenant à des chiffres (13 000) qui n'avaient pas été comptés en Italie depuis 2018 : 6 000 en Lombardie, 4 000 en Émilie-Romagne, au Piémont et au Latium, 3 000 en Vénétie, en Toscane et en Campanie jusqu'aux 877 de la minuscule Basilicate. Sans parler de l'énorme problème de l'accueil, dans des centres dédiés, des 9 500 mineurs débarqués en 2023, dont beaucoup ne sont pas accompagnés. Ces quotas, établis selon des critères de superficie et de population et contestés par de nombreux présidents de Région, ont été soumis aux Conseils territoriaux pour l'immigration présidés par les préfets et élargis aux maires, dans une tentative désespérée de trouver des structures pour héberger les migrants et des associations prêtes à se rendre disponibles. Avec un effet pervers prévisible du décret Cutro par lequel le gouvernement a réformé le système d'accueil : dans le système Sai [système accueil intégrationndlr] (celui des petites structures d'accueil généralisées) les places seraient bien là mais elles sont réservées à ceux qui ont déjà obtenu un permis de séjour et non aux demandeurs d'asile, comme le sont les dizaines de milliers de personnes qui ont débarqué ces derniers mois. Des migrants pour lesquels le gouvernement ne veut pas investir dans des cours ou des formations en Italie (comme le prévoit le système Sai) et qui doivent donc être placés dans des Centres d'accueil extraordinaires (Cas) jusqu'à ce que les commissions décident de leur sort, et ce malgré les protestations des associations et les recours annoncés par les avocats. Face à ces chiffres, même les maires et les gouverneurs de droite disent non aux grands centres et poussent vers le modèle d'accueil diffus toujours soutenu par la gauche, à tel point qu'en Vénétie, avec l’accord du président de Région Luca Zaia (Ligue), des maires des deux bords de l'échiquier politique ont signé un pacte convergeant vers ce modèle. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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