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06/07/2023

"Santanchè, la bataille au Sénat." et "Fratelli d'Italia n'exclut pas des convergences avec Le Pen."

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Italie. Revue de presse.

L’audition au Sénat de la ministre du tourisme Daniela Santanchè (Frères d’Italie), dans le cadre de l’enquête qui la vise sur son entreprise « Visibilia » fait les gros titres « Santanchè, la bataille au Sénat » (Corriere della Sera), « Les silences de Santanchè » (La Repubblica), « Santanchè dénonce une campagne de haine contre elle ; les oppositions demandent sa démission » (La Stampa). L’intervention du ministre de l’Economie G. Giorgetti (Ligue) à l’assemblée de l’Association Bancaire Italienne (ABI) est aussi citée « « Il faut relever les taux d’intérêts sur les comptes courants » » (Sole 24 Ore), « « Il faut allonger la durée des crédits fonciers » » (Messaggero). La lecture du testament de Silvio Berlusconi est également mentionnée.

Les JT couvrent l’ouverture du testament de Silvio Berlusconi et la publication de son contenu, les bombardements russes sur Lviv en Ukraine, la visite de Giorgia Meloni en Pologne ainsi que les suites de l’audition au Sénat de la ministre du Tourisme Daniela Santanchè.

Sur Twitter, le hashtag #Santanchè domine.

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Cappellini « La défense de l’honneur perdu » : « Il y a un mot que la ministre du tourisme a répété plusieurs fois au Sénat : « honneur ». A l’issue d’une intervention où Daniela Santanchè a évoqué une campagne – inexistante – de haine contre sa personne et où elle n’a pas su ni pu démentir ce que l’enquête lui reproche, c’est justement l’honneur qui a fait défaut. Avant son audition au Sénat, c’était son statut d’entrepreneur qui était remise en cause. Après son allocution, c’est sa charge institutionnelle même qui en sort abimée. Mme Santanchè a pointé du doigt le quotidien qui a diffusé la nouvelle d’une enquête en cours. Or, la confirmation de l’existence d’une enquête par le Parquet de Milan pour banqueroute et fausse déclaration comptable devrait la pousser à démissionner. L’Italie a besoin de ministres de la République pouvant exercer leurs fonctions sans ce fardeau de comportements et de précédents qui sont incompatibles avec leur mission. La non-démission de Santanchè ne représente pas un problème pour le gouvernement Meloni, même si ce dernier devrait l’exiger, mais pour la collectivité. C’est la crédibilité même des institutions qui en sort affaiblie. »

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « Giorgia Meloni sera solidaire avec la ministre tant que l’affaire ne retombera pas sur le gouvernement » : « Maintenant que la ministre s’est défendue au Sénat et que le M5S a présenté une motion de censure contre elle, la vraie question qui plane sur Daniela Santanchè est la suivante : un ministre, trente ans après l’opération « mani pulite » (mains propres, ndt), doit-il démissionner en cas de renvoi devant la justice ou doit-il plutôt résister en misant sur le soutien de sa majorité ? Entretemps, la ligne reste celle déjà fixée par Meloni : la ministre ne présentera sa démission que si elle devait être renvoyée devant un juge. Au sénat, la solidarité de la coalition de droite n’a pas fait défaut, même si le soutien de la Ligue est assez tiède. L’aspect le plus délicat concerne l’unité de Fratelli d’Italia, son parti, sur ce dossier, car certains ne pardonnent pas à Santanchè son ascension rapide (sous Berlusconi, elle avait obtenu tout au plus un poste de secrétaire d’Etat), sans avoir derrière elle un grand passé militant. Quant aux partis d’opposition, ils sont clairement divisés. La motion de censure déposée par Giuseppe Conte a pris de court le PD, qui a longtemps hésité avant d’y adhérer car l’expérience enseigne que dans ces cas-là, la majorité restera soudée. Les cas précédents ont montré que c’est toujours le président du Conseil qui décide du sort de ses ministres. Jusque-là, Santanchè peut compter sur le plein soutien de Meloni, qui veut éviter des contrecoups. Pour le reste, on verra. »

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Daniela Santanchè

ARTICLE, Il Messaggero, F. Malfetano « Forza Italia, la tentation de Pier Silvio Berlusconi : « pour l’instant, je n’entrerai pas dans l’arène politique » : « Ce sont les mots ‘’pour l’instant’’ qui retentissent après l’intervention-fleuve de Pier Silvio pour présenter les programmes télévisés du groupe Fininvest, le jour même de la lecture du testament de son père Silvio. Une hésitation qui montre bien combien le patron du colosse télévisé avait réfléchi à cette possibilité. ‘’Quelque chose au niveau émotionnel a changé : j’ai pensé que le rapport entre mon père et l’Italie, basé sur l’amour et la liberté, est un legs qu’il faut faire vivre“. Pour l’instant, ce ne sera pas Pier Silvio qui fera revenir un Berlusconi en politique ni qui dirigera Forza Italia, parti qui l’accueillerait pourtant chaleureusement. Il ajoute ‘’la politique est une chose sérieuse, ce n’est pas un métier que l’on apprend du jour au lendemain’’, même s’il réfléchit : ‘’j’ai 54 ans et mon père a commencé à 58…’’. Ensuite, il assure son plein soutien à Giorgia Meloni : ‘’à ce stade il n’y a aucune urgence et pour la première fois, après des années, il y a un exécutif qui est l’expression de la volonté des électeurs et qui est en train de faire de son mieux’’. Son entourage assure qu’il a un excellent rapport avec Meloni. Il a dit d’elle ‘’je connais Giorgia depuis des années, c’est une personne pour qui j’ai de l’estime, elle est jeune et déterminée’’. Sans oublier toutefois le rôle que joue Forza Italia au sein de l’exécutif ‘’c’est un parti qui doit et peut garantir la stabilité du gouvernement’’. »

SONDAGE, La Repubblica, d’A. Noto, « Deux Italiens sur trois disent oui au salaire minimum et la proposition plait aussi à droite » : « 64% des Italiens sont favorables à l’introduction d’un salaire minimum à 9€ de l’heure et cette opinion est partagée de manière transversale, indépendamment du parti de référence. L’avis favorable est exprimé par 48% des électeurs de Fratelli d’Italia et atteint 86% parmi l’électorat du Parti démocrate ou du Mouvement 5 Etoiles. Il semble donc que le recul du pouvoir d’achat pèse davantage sur les familles que ce que pensent les politiques. En effet, on est loin de la nette division politique entre la majorité qui est contre, et les oppositions, à l’exception d’Italia Viva, qui cherchent un compromis pour s’unir autour de cette proposition. Aucun argument contraire à un salaire minimum ne fait recette dans l’opinion publique, ni le fait que la plupart des travailleurs gagnent déjà un salaire plus élevé (29% sont sensibles à cet argument), ni le risque que cela alimente le travail au noir et le chômage (31%), ni le risque que l’augmentation du coût du travail se traduise par une hausse des prix (35%). Pour les Italiens, le salaire minimum devrait être de 10,2€/h, soit légèrement au-dessus des 9€/h proposés, et ne devrait pas faire l’objet de négociations de la part des syndicats. Mais pour 22% des travailleurs, cela n’est pas seulement une lutte de principe puisqu’ils déclarent toucher moins de 9€/h. La revendication est aussi liée à un changement sociétal plus profond, au moins autant que lors de la révolution industrielle, à l’heure des transitions écologique et numérique qui remettent en cause les compétences et la fonction-même du travail. Dans ce contexte de grand changement marqué également par l’intelligence artificielle, c’est aussi une façon de demander une reconnaissance claire de la valeur du travail de l’homme. »

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Giorgia Meloni  et Mateusz Morawiecki

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo  « Fratelli d'Italia n'exclut pas des convergences avec Le Pen : en Europe, nous sommes pragmatiques »: « Dans les couloirs de l'hôtel Sofitel, au centre de la capitale polonaise, les députés européens du parti de Giorgia Meloni ont le sentiment d’avoir le vent en poupe : "Fratelli d'Italia pourrait bien être le premier parti d'Europe en termes de nombre de représentants et Ecr pourrait atteindre les 90 élus". Nicola Procaccini, qui est en quelque sorte le bras droit de Giorgia Meloni à Strasbourg, en tant que co-président du groupe parlementaire Ecr, n'hésite pas à décrire les scénarios qui sont discutés en Italie : "Après le vote, en juin, il n'y aurait aucun problème à former une alliance, pour un jour ou une semaine, sur un seul dossier ou sur le choix de la direction de la Commission, même avec Le Pen. C'est ainsi que fonctionne l'Europe, c'est ainsi que von der Leyen a été élue, le principe des majorités variables s'applique en Europe, aujourd'hui le Green deal est voté avec les voix des libéraux de Le Pen et de Macron, ainsi que des populaires, et personne n'a rien à dire à ce sujet. Vu d'ici, le débat italien est déséquilibré".  "Les conditions pour reproduire la majorité italienne en Europe existent, évidemment pas avec les partis qui sont expressément d'extrême droite. Mais il faut d'abord réfléchir au sens même de l'alliance, qui est très flexible dans l'UE. À tel point que le Parti populaire européen continue de jouer avec la politique des deux fours, en partie avec nous et en partie avec la gauche“. Pour les diplomates, italiens et polonais, "il y a deux Etats, la France et l'Allemagne, qui veulent continuer à diriger, il y a d'autres pays, en premier lieu l'Italie, qui veulent être dans la salle de contrôle, il doit y avoir une raison pour laquelle Morawiecki a appelé Meloni un guide pour les relations transatlantiques de la Pologne, et sans aucun doute Washington peut jouer un rôle dans le futur poids spécifique que Meloni sera en mesure d'exercer dans l'Union européenne".

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Salvini et Meloni, désormais deux Europe » par Stefano Folli : « Certains se demandent pourquoi Salvini a décidé de commencer à faire campagne pour les élections européennes presque un an à l'avance. D'autres voient dans la nervosité du leader de la Ligue un signe que quelque chose grince dans la coalition de droite. D'autres encore considèrent l'affaire Santanchè, arrivée hier au Parlement, comme la confirmation qu'une blessure s'est ouverte dans la majorité.  En effet, elle va représenter un motif d'embarras - nié mais réel - pour Meloni. A l'inverse, l'initiative de Salvini n'est pas le signe que le gouvernement souffre, mais plutôt le contraire. C'est précisément la stabilité de la coalition d'ici l'année prochaine qui pousse le leader de la Ligue à remuer le couteau dans la plaie, en essayant de se mettre en valeur. Car ce que le partenaire Salvini ne supporte pas, c’est être vaincu en termes d'image et confiné au rôle de second. Salvini a compris que Giorgia Meloni a depuis longtemps abandonné la ligne hostile à l'Union, qui aujourd'hui ressemble à une monnaie hors circulation et ne paye plus. Par conséquent, il tente d'exhumer sa ligne précédente : un front commun de tous les populismes et maximalismes de droite, c'est-à-dire les contestataires intégraux de l'Europe de Bruxelles, au nom de la vieille rhétorique que Meloni a abandonnée. Ce faisant, le leader de la Ligue feint d'ignorer que la guerre en Ukraine a changé tout le scénario. L'ancien bloc eurosceptique, et autrefois également "anti-euro", rassemble désormais toutes les impulsions anti-atlantiques et anti-occidentales, de sorte qu'il constitue en réalité la "cinquième colonne" de Poutine au sein de l'Union. Aujourd'hui, il est clair pour tout le monde que le gouvernement italien s'engage dans une autre direction, pour renforcer le groupe conservateur, proposer dans la campagne électorale une majorité alternative aux socialistes au Parlement européen et garder une carte de réserve dans sa manche : entrer dans la future majorité pour équilibrer la présence éventuelle des socialistes et consolider la relation avec les Populaires à droite. Il est inévitable que cette voie finisse par redimensionner à nouveau Salvini, qui joue son jeu en attaquant dès maintenant ("jamais avec les socialistes"). Mais il est difficile de croire que toute la Ligue, en particulier les pragmatiques gouverneurs du Nord, soient heureux d'être entraînés dans une nouvelle guerre idéologique. »

ARTICLE, Sole 24, B. Romano : « Rome dans le viseur de Bruxelles sur l’abolition du délit d'abus de pouvoir » : « ‘’L'idée de supprimer le délit d'abus de pouvoir pourrait encourager la corruption’’. Au cœur de son rapport annuel sur l’État de droit dans l'Union Européenne, qui contient des recommandations pour chaque pays membre, la Commission européenne s’est dite hier préoccupée par les résultats de certains États. En ce qui concerne l'Italie, Bruxelles fait preuve de prudence quant à l'initiative du gouvernement Meloni de proposer une loi visant à abroger le délit d'abus de pouvoir et à limiter le champ d'application du délit de trafic d'influence. "Ces changements dépénaliseraient d'importantes formes de corruption et pourraient compromettre l'efficacité de la lutte contre la corruption (...) Les autorités judiciaires suivent de près l'évolution de cette réforme et son impact potentiel sur les enquêtes". Bruxelles souligne également que les autorités judiciaires et policières continuent de "voir une augmentation potentielle de l'infiltration de la criminalité organisée dans l'économie légale et les futurs achats de fonds publics dans le cadre du plan national de relance et de résilience". Plus généralement, la Commission européenne recommande à l'Italie "d'adopter une législation complète sur les conflits d'intérêts et les activités de lobbying, de s'attaquer efficacement et rapidement à la pratique consistant à faire transiter des dons par des fondations et associations politiques (...) et d'introduire des garanties en vue de la protection du secret professionnel et des sources journalistiques, en tenant compte des normes européennes en matière de protection de la vie privée". En ce qui concerne la France, le commissaire à la justice lui-même, le Belge Didier Reynders, s'est exprimé hier à la suite des récentes émeutes qui ont éclaté après qu'un policier a tué un jeune homme de 17 ans : "Nous devons vraiment nous pencher sur le niveau très élevé de violence, parce qu'il pose un problème, parfois dans le comportement d'un certain nombre de policiers (...) Nous devons réfléchir à la manière d'organiser le maintien de l'ordre". Enfin, le cas français a aussi été évoqué sur le front de la liberté de la presse. Le milliardaire français Vincent Bolloré est devenu propriétaire d'un certain nombre de journaux, dont le Journal du Dimanche, à la tête duquel il a nommé un journaliste d'extrême droite. La façon dont Bernard Arnault dirige le journal Les Échos préoccupe également Bruxelles, qui a ainsi recommandé à Paris une plus grande transparence dans la gestion et la gouvernance des maisons d'édition ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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