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03/07/2023

"Meloni-Salvini, le défi européen."

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Italie. Revue de presse.

La politique intérieure fait la majorité des unes sur des sujets divers : « Sur les fonds européens, nous sommes prêts du but » : interview de Giorgia Meloni au Corriere della Sera ; « L’assaut sur Generali : le groupe de la famille del Vecchio est autorisé à dépasser les 10% du capital » (Repubblica), « Salaire minimum : une question qui regarde l’Etat » (La Stampa) ; « Prix de l’alimentaire : hausses record » (Messaggero). Le bilan des émeutes en France continue de faire largement les unes, où le sujet était aussi très présent ce week-end : « L’enfer français » (Stampa), « La famille de Nahel appelle au calme » (Corriere, Repubblica), « La révolte se propage en Belgique et en Suisse » (Messaggero), « La France verrouillée » (Riformista), « Tour de force » (Manifesto), « Génération banlieue » (Il Tempo). 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil : « Il y a encore du travail à faire. Mais sur les migrants, l’UE a changé d’attitude » par Monica Guerzoni : « L'Europe s'est divisée sur la question des migrants, mais vous êtes revenue très satisfaite de Bruxelles. Pourquoi ? "L'accord de l'ensemble du Conseil européen sur ce que l'on appelle la dimension extérieure, qui offre une approche totalement nouvelle par rapport au passé en termes de lutte contre les flux migratoires, est un succès italien incontestable. Il s’agit de lutter contre la traite des êtres humains et combattre l'immigration clandestine avant qu'elle n'atteigne l'Europe. Nous avons réussi à faire comprendre à tous nos partenaires qu'il ne servait à rien de continuer à se quereller entre pays de première arrivée et pays de destination pour savoir qui devait être responsable de la gestion du phénomène et que le seul moyen était de travailler ensemble sur les frontières extérieures, notamment par le biais d'une coopération paritaire avec les pays africains".  Vous avez le mérite d'avoir "amené" von der Leyen et Rutte en Tunisie. Mais n'est-il pas exagéré de parler d'un tournant, au vu du nombre de débarquements ? Le dialogue avec la Tunisie, qualifié de "modèle" dans les conclusions du Conseil, et la proposition de la Commission d'investir jusqu'à 15 milliards du nouveau budget pluriannuel dans l'immigration et la dimension extérieure, sont la preuve de ce changement complet. Investir dans la stabilité de l'Afrique du Nord et prévenir les départs est un intérêt italien primordial et enfin une priorité européenne. Sur la dimension extérieure, nous sommes tous d'accord. Sur la dimension interne, non. Mais c'est normal, car sur un sujet aussi clivant, il est difficile de trouver des règles qui conviennent à tout le monde. J'espère qu'il y a une marge de manœuvre pour rapprocher les positions". Pourquoi la médiation avec Morawiecki et Orbán, à laquelle vous avez également travaillé à la demande de Michel, a-t-elle échoué ? "La Pologne en particulier, mais aussi la Hongrie, ont accueilli des millions de réfugiés ukrainiens tout en recevant des contributions de l'UE inférieures à ce qui était nécessaire. D'autre part, selon l'accord du 8 juin, ils devraient payer 20 000 euros pour chaque migrant, même irrégulier, qui n'est pas relocalisé. Tout cela est aussi aggravé par le gel des allocations pour leurs PNRR nationaux. Leur rigidité est compréhensible et j'ai toujours beaucoup de respect pour ceux qui défendent leurs intérêts nationaux. Elle peut être surmontée en reconstruisant une relation de confiance et c'est dans ce sens que j'essaie d'apporter ma contribution". L'absence d'accord entraîne-t-elle une paralysie de l'UE et met-elle en péril le pacte de Luxembourg sur les migrations ?  Non, le pacte sur les migrations et l'asile poursuit son chemin. Mais permettez-moi de préciser qu'il est faux de vendre cet accord comme une solution efficace. Il ne peut aider l'Italie que dans une mesure relative, notamment parce que le principe central de Dublin, à savoir l'État de première arrivée, n'a pas été surmonté et que le fardeau qui pèse sur des pays comme l'Italie est encore trop lourd. Le Pacte traite de la gestion des arrivées lorsqu'elles se produisent, ma priorité est plutôt d'arrêter les flux illégaux avant qu'ils ne partent et d'éradiquer le trafic d'êtres humains". Le veto des souverainistes de l’Est complique-t-il les négociations d'alliance entre les conservateurs que vous dirigez et le PPE ? Et l'axe de Visegrad, est-il brisé ou renforcé ? "Je pense que c'est une erreur de confondre les sujets du Conseil européen avec les relations au sein des différentes familles politiques, qui ne risquent pas d'être compromises. Au Conseil, chacun représente les intérêts de sa nation, il arrive qu'ils ne correspondent pas et chacun fait bien de défendre les siens. La position de la Pologne et de la Hongrie sur le pacte migratoire ne change rien à nos relations et, comme l'a dit le Premier ministre polonais Morawiecki, "nous sommes d'accord pour ne pas être d'accord sur cette question à part". Cela signifie qu'il est normal que chacun défende ses propres intérêts". Vous voulez changer les politiques de l'UE. La voie pourrait-elle être celle d'un pacte de centre-droit qui exclurait les socialistes ? "Il n'y a pas de négociations en cours. Il y a certainement une prise de conscience croissante que l'accord peu naturel entre les populaires et les socialistes n'est plus adapté aux défis auxquels l'Europe est confrontée. D'ici au 9 juin 2024, il y aura des élections nationales importantes. En Espagne, où le vote aura lieu en juillet, un gouvernement de centre-droit avec les Populaires et les Conservateurs est possible, après les gouvernements de centre-droit en Italie, en Suède et en Finlande. Pendant ce temps, à Bruxelles, de larges alliances alternatives à la gauche sont en train de se créer sur certains textes. C'est une phase passionnante, les conservateurs et l'Italie peuvent jouer un rôle central".  Que nous apprend la guérilla déclenchée en France par le meurtre d'un garçon par la police ? "Je tiens à exprimer ma sympathie et ma solidarité avec le peuple français face aux violences inacceptables de ces derniers jours. Les images en provenance de France risquent d'une part de rendre la question encore plus critique, mais j'espère d'autre part qu'elles feront prendre conscience de ce qui est en jeu. Seule une immigration maîtrisée et régulière peut permettre l'intégration. Sinon on ira vers le séparatisme et la radicalisation des troisième et quatrième générations". Quels sont les avantages de la flexibilité des fonds européens ? "Face au défi mondial entre les États-Unis et la Chine, qui ont injecté d'énormes liquidités dans leurs économies, l'UE ne peut être compétitive que si elle accorde à ses États une plus grande flexibilité dans l'utilisation des ressources disponibles. C'est une demande italienne depuis le premier Conseil auquel j'ai participé, et je suis heureuse que ce message ait été reçu par l'ensemble de l'UE". La Commission n'a pas débloqué la troisième tranche du PNRR et les délais pour la quatrième ont expiré pour les 27 objectifs. Êtes-vous vraiment "optimiste" ? Oui, absolument, surtout si l'on cesse de faire de l'alarmisme sur une question stratégique pour toute la nation et qui, dans la meilleure tradition des pessimistes d'Italie, est exploitée pour attaquer le gouvernement. Nous nous sommes engagés à répondre aux dernières demandes d'éclaircissement de la Commission, et je rappelle que nous travaillons sur un plan écrit par d'autres. Cela signifie-t-il que les gouvernements de Conte et de Draghi auraient pu mieux travailler ? "Sans polémiquer, je ne peux m'empêcher de remarquer que si le travail minutieux que nous faisons aujourd'hui, sans aucune tension avec la Commission, avait été fait en amont lors de la présentation des plans, nous aurions pu gagner beaucoup de temps. Quoi qu'il en soit, nous sommes encore très proches du but. Et nous travaillons sans relâche à la refonte du plan et à la présentation du Repower EU, afin de dépenser toutes les ressources en donnant la priorité aux projets stratégiques. Qu'adviendra-t-il du Mes, alors que vous avez reporté le vote de quatre mois ? Allez-vous procéder à la ratification du traité à l'automne ? "Je considère qu'il est contraire à l'intérêt national d'accélérer la ratification du traité de réforme du MES alors que le gouvernement est engagé dans les négociations décisives sur la modification du pacte de stabilité et l'achèvement de l'union bancaire. Si nous avons proposé de surseoir pour le moment à la demande de ratification immédiate formulée par les oppositions, c'est parce que ces instruments doivent être considérés ensemble. Ceux qui demandent la ratification aujourd'hui ne le font pas dans l'intérêt de l'Italie". Elly Schlein vous accuse d'isoler l'Italie en Europe et de vous lier aux "mauvais amis". En ce qui concerne les "mauvais amis" au niveau international, permettez-moi de ne pas m'emporter contre ceux qui sont encore réticents à condamner des régimes comme ceux de Cuba et du Venezuela. Ceux qui sont de bonne foi peuvent voir à quel point l'Italie est aujourd'hui centrale et respectée dans les forums internationaux. Sans vouloir offenser les Cassandre qui espéraient l'isolement". Santanché se prépare à répondre aux accusations de l’émission Report soulevées par l'opposition. Etes-vous inquiète ?  Non, je ne suis pas inquiète. Daniela Santanché travaille très bien et les résultats le prouvent. Elle a décidé de se présenter dans l'hémicycle pour expliquer au mieux sa position. Un choix de transparence et de sérieux qui n'était pas acquis et qui prouve sa bonne foi".  La gauche fait pression pour un salaire minimum. Vous serez à Assolombarda aujourd'hui et la Confindustria n’est pas fermée à cette idée. "Permettez-moi de vous dire que l'emploi enregistre des chiffres records, également grâce aux mesures que nous avons adoptées. Bien sûr, la condition des travailleurs, en particulier des jeunes qui reçoivent des salaires indécents, non seulement nous inquiète, mais elle nous a déjà incités à intervenir sur les charges salariales et à encourager les entreprises qui embauchent des jeunes de moins de 36 ans". Vous restez donc opposée à un salaire minimum légal ? "Je ne suis pas convaincue qu’il faille une loi pour arriver au salaire minimum et l'approche du gouvernement consiste à encourager des négociations collectives de plus en plus vertueuses, à investir dans le bien-être des entreprises, à agir sur les avantages fiscaux et les cotisations et à stimuler les renouvellements de contrats. La discussion avec les partenaires sociaux est toujours ouverte et nous parlons à tout le monde, sans exclure personne". » 

ANALYSE, Corriere della Sera, d’A. Polito, « Où se trouve l’intérêt national » : « Giorgia Meloni est confrontée à la contradiction de sa propre politique : souverainisme et nationalisme ne sont pas synonymes et peuvent même entrer en conflit. Dans de nombreux domaines, l’intérêt national est mieux servi lorsque l’on cède une part de sa souveraineté aux organismes internationaux, à travers des accords et des compromis entre Etats. C’est le cas de l’immigration, qui a fait l’objet d’un bras de fer entre les trois souverainistes Meloni, Morawiecki et Orban lors du dernier sommet européen. L’Italie a évidemment eu raison d’adhérer à l’accord commun et a pu constater le manque de solidarité des alliés politiques du gouvernement italien sur un problème qui le touche directement. C’est aussi une réponse à ceux qui pensent qu’une majorité populaires-souverainistes serait en mesure de mieux gouverner l’Europe. Cela vaut également dans le domaine de la défense, traditionnellement jalousement gardée par les Etats comme haut symbole de la souveraineté, pourtant mise en commun à travers l’OTAN sans laquelle nous serions bien vulnérables. Et il faudrait aller plus loin avec un système de défense européenne partagée avec les Français, les Espagnols, les Allemands… Idem pour faire face aux mégas investissements américains et chinois, un fonds souverain européen qui révolutionne la politique anti-aides d’Etat et pro-concurrence de Bruxelles. Seule la propagande populiste de ces dernières années nie la contradiction entre souverainisme et nationalisme à laquelle a aussi participé Giorgia Meloni lorsqu’elle était à l’opposition. La volonté de De Gasperi, dans une Italie détruite au sortir de la guerre, d’adhérer aussi bien au projet européen qu’au projet atlantiste, naissait d’un patriotisme fort. Si l’on pense que le Mouvement Social Italien, parent de Fratelli d’Italia, avait à l’époque voté contre le Pacte Atlantique invoquant le ‘’nationalisme’’ et la lutte contre ‘’l’impérialisme américain’’, on comprend le chemin parcouru par Giorgia Meloni pour savoir reconnaitre où se trouve l’intérêt national. De nombreux observateurs décrivent les ‘’deux visages’’ de Meloni, souverainiste dans sa patrie, pro-européenne à Bruxelles. Il faut admettre que jusqu’ici la Présidente du Conseil s’en sort plutôt bien au niveau européen, avec sa position univoque sur l’Ukraine et une discipline budgétaire presque ‘’à la Draghi’’. Meloni semble donc consciente de la contradiction interne à sa politique, qu’elle cherche à contourner sans céder de terrain à Salvini. La stratégie semble de s’opposer à ce qui a été fait avant elle (MES) mais d’exalter ce qui se fait en Europe maintenant qu’elle y participe (accord sur l’immigration). Cela ne pourra toutefois pas durer indéfiniment. La crédibilité de l’Italie passe aussi par la reconnaissance des accords passés précédemment (MES, PNRR…). »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « La mission à Varsovie pour réduire les divisions » par Paola Di Caro : « Sur les migrations, même si Meloni se dit satisfaite sur le principe de l’aide à la Tunisie, accepté par les partenaires européens, et alors qu’il constitue le cœur du "plan Mattei" italien -, l'absence d'accord avec la Pologne et la Hongrie sur la redistribution des demandeurs d'asile pèse lourd. C'est pourquoi, après-demain, lorsqu'elle s'envolera pour Varsovie pour les Etats généraux des conservateurs européens qu'elle préside et qu'elle rencontrera son homologue Morawiecki, Mme Meloni tentera d'avancer à la fois sur la question des migrants et sur une politique commune sur les dossiers européens. Au nom de "l'amitié" avec les deux dirigeants des pays rebelles - Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, lui est très proche et elle l'a souvent défendu contre les attaques d'autres Etats pour des positions jugées anti-démocratiques -, mais aussi des perspectives en vue du scrutin de 2024. Ce n'est pas un hasard si, présidente des conservateurs européens, où les Polonais sont largement représentés, elle a été chargée d'une médiation avec les deux "rebelles" au Conseil européen pour qu'ils signent eux aussi le document final sur l'immigration. Mais les discussions ont échoué. Le souverainisme qui caractérise les deux pays l'emporte, ce qui met en difficulté Mme Meloni, considérée en quelque sorte comme la garante des positions des alliés de son parti. Le problème est de taille, notamment parce que l'idée de Mme Meloni est celle d'un pacte à conclure avec les libéraux et les populaires européens au sein du prochain Parlement européen en vue d'une direction de centre-droit de l'Europe. Un pacte qui la rendrait centrale, mais difficile à réaliser précisément à cause des positions souverainistes, et pas seulement de pays comme la Pologne et la Hongrie, qui ne sont pas appréciées par une grande partie des Populaires et des Libéraux. Bref, un défi à haut risque, tant d'un point de vue interne qu'européen. Il reste moins d'un an pour s'y préparer.”

COULISSES, La Stampa, F. Olivo : « Meloni – Salvini, le défi européen » : « Matteo Salvini défie ses alliés :  ‘’ Aucun accord avec la gauche en Europe ‘’. Le leader de la Ligue doit sortir du coin où les manœuvres politiques de Giorgia Meloni sont en train de le laisser. Aujourd’hui, il [devait voir] Marine Le Pen : le premier pas pourrait être celui de créer un nouveau groupe de la droite souverainiste, sans Meloni, mais peut-être avec Orban. Les autres partis de droite considèrent les propos de Salvini comme un geste désespéré, car il semble impossible de pouvoir former une majorité à Strasbourg, et surtout au Conseil européen, en excluant les socialistes, mais surtout, comme le demande Salvini, les centristes de Renew. Cela signifierait exclure du gouvernement de l’Union européenne l’Allemagne et la France. ‘’ Pour justifier l’accord, Salvini affirme que la situation d’urgence est finie. Sauf que nous avons une guerre à nos frontières ‘’, affirme un dirigeant très proche de Meloni. Les élections se tiennent quasiment dans un an mais la campagne électorale a déjà commencé : Meloni rencontre mercredi le président polonais Morawiecki à Varsovie, tandis que Tajani a rencontré jeudi dernier les représentants du parti populaire européen ; la veille, Elly Schlein voyait les socialistes et Carlo Calenda les libéraux de Renew. L’objectif de Salvini est de mettre en difficulté Meloni dans sa tentative de rapprocher Fratelli d’Italia des allées du pouvoir à Bruxelles. Meloni est inquiète : si d’un côté il semble impossible d’inclure Salvini dans les futurs équilibres européens, de l’autre la présidente du Conseil ne peut pas permettre que son allié, et vice-président du Conseil, soit à l’opposition en Europe. Les divisions lors du Conseil européen de la semaine dernière, avec la Pologne et la Hongrie qui ont dressé des barricades contre le système de répartition des migrants, pourraient accélérer l’émancipation de Meloni vis-à-vis de la Pologne, de sorte à faciliter son rapprochement avec l’establishment de Bruxelles. Salvini pourrait aussi créer un nouveau groupe, mais pour le faire, il devra se débarrasser des allemands de l’AfD. »

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Élections européennes, le “terrain miné" souverainiste de Matteo Salvini, mais les plans de Meloni excluent la Ligue » : « Officiellement, Giorgia Meloni travaille d’arrache-pied à une alliance entre Conservateurs et Populaires en vue des élections européennes de 2024 et espère que les difficultés internes que rencontre Emmanuel Macron pousseront les libéraux un plus à droite. C’est ce que répond la Présidente du Conseil à ceux qui l’interrogent sur Matteo Salvini et la proposition de maintenir le centre-droit italien uni également au niveau européen. Mais en coulisses, c’est une tout autre histoire. À Bruxelles, il n’y a pas un populaire ou un libéral qui puisse accepter un accord avec les léghistes, amis de Marine Le Pen ou des extrémistes de l’AfD, ni l’exclusion des socialistes. La Présidence italienne du Conseil n’y croit pas non plus. Giorgia Meloni se trouve donc face à une décision très concrète : offrir ses voix à la « majorité Ursula », qui va des socialistes au groupe des populaires, laissant le contrôle de la droite eurosceptique à Salvini, ou bien s’autoexclure de la prochaine majorité européenne, laissant Antonio Tajani ou ce qu’il restera de Forza Italia représenter l’exécutif au niveau européen. Un choix compliqué que Salvini ne simplifie pas, exprimant hier dans ce journal son soutien à Marine Le Pen, ennemie de Macron, louant le parcours de l’AfD et intimant à Fratelli d’Italia et Forza Italia d’exclure toute alliance avec les socialistes ou avec le président français, proposant une alliance du centre-droit italien pour rester unis à Bruxelles en 2024. Cela annihilerait toute possibilité de faire partie de la majorité européenne pour Fratelli d’Italia. En réalité, Salvini veut montrer que le vote léghiste est “utile” et s’il s’expose autant c’est parce qu’il risque, d’après les sondages, de n’obtenir qu’un tiers des députés européens par rapport à 2019 et que Marine Le Pen, son acolyte d’Identité et Démocratie, remporte le triple de sièges au Parlement européen. De fait, il redoute un isolement y compris dans le groupe des extrêmes à Bruxelles. Giorgia Meloni devra quant à elle faire partie de la nouvelle majorité qui naîtra en Europe si elle veut peser dans la nomination des prochaines figures clefs de la nouvelle législature (présidents de la Commission et du Conseil, secrétariat de l’OTAN, BCE, Parlement européen). Miser sur le tumulte en France pour chambouler à ce point les équilibres en Europe à un an des élections semble hasardeux. La Présidence du Conseil envisage une sorte de plan B : Forza Italia serait seul à représenter une partie de l’exécutif italien, peut-être avec un rôle de commissaire confié à Tajani, et Fratelli d’Italia serait officiellement exclu mais aurait un rôle de dialogue sur certains dossiers. FdI serait alors un pont entre le groupe pro-européen de tête et celui des pays conservateurs d’Europe de l’Est. A l’opposition certes, mais distinct de Salvini et Le Pen, tentant de défendre les intérêts italiens auprès de la nouvelle Commission, à commencer par le PNRR, en espérant ne pas être trop pénalisée à Bruxelles et préserver à Rome un gouvernement soumis aux humeurs de la Ligue. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, « Sgarbi, l'accusation de Sangiuliano : “Je suis contre la vulgarité, elle me répugne“ » par Paolo Conti : « Le centre-droit au pouvoir dans la culture italienne prend sévèrement ses distances avec les propos désormais célèbres du secrétaire d’Etat à la culture Vittorio Sgarbi (centriste) lors du séminaire d'inauguration de la saison estivale du Maxxi (musée d’art contemporain de Rome, ndlr), aux côtés de Morgan : sexisme, listes de conquêtes féminines, allusions à ses propres problèmes de prostate. Des propos qui ont déclenché une vive polémique politique et donné lieu à une lettre des employés à la direction du musée. Le ministre de la culture, Gennaro Sangiuliano, a envoyé une lettre à Alessandro Giuli, président du Maxxi (sa nomination, selon les statuts de la Fondation, dépend du ministre). Il est important de rappeler que Sgarbi est le Secrétaire d’Etat sous l’autorité de Sangiuliano avec des pouvoirs délégués : "J'ai écrit une lettre au président de la Maxxi, Giuli, a déclaré le ministre, pour obtenir des éclaircissements, même si je le connais et que je pense que lui aussi est catégoriquement éloigné des formes de sexisme et de vulgarité". La liberté de pensée, protégée par notre Constitution, est sacro-sainte, mais elle ne doit jamais tomber dans la vulgarité". Dans un passage de la déclaration, M. Sangiuliano cite Giorgia Meloni : "Je me suis toujours et catégoriquement opposé aux manifestations sexistes et de la vulgarité, que je considère toujours et dans tous les contextes inadmissibles, et encore plus dans un lieu de culture et de la part de ceux qui représentent les institutions. La vulgarité me répugne. Le respect des femmes est une constante dans ma vie. En matière d'égalité des sexes, je pense être très en avance sur la gauche. Je suis honoré de faire partie d'un gouvernement dirigé par une grande femme, Giorgia Meloni, qui nous rend fiers d'être italiens dans le monde entier". Enfin, une considération culturelle et littéraire : "Serait-il possible de voir un jour Benedetto Croce, Giovanni Gentile, Giuseppe Prezzolini, Chateaubriand, Tolkien ou Ortega y Gasset se laisser aller à de tels propos ? Être conservateur, c'est avoir de la substance et du style, mais aussi une esthétique du comportement". Les réactions ont été nombreuses. Chiara Braga, chef du groupe PD à la Chambre des députés, a demandé à Meloni des "mesures, l'épisode est grave, des paroles très graves de la part de Sgarbi". Les représentants du M5S à la commission de la culture disent que "Sangiuliano devrait prendre un papier et un crayon et écrire une autre lettre, cette fois-ci à Vittorio Sgarbi pour lui demander de démissionner". Angelo Bonelli, porte-parole des Verts : "J'ai donné mandat de poursuivre au civil l'honorable Sgarbi, qui m'a accusé d'être le "violeur de l'Italie"". Alessandro Giuli, président du Maxxi, interrogé par Tg1, s'est excusé "également auprès des employés du Maxxi avec lesquels je partage ce malaise depuis le début. Ce sont donc des excuses que le Maxxi présente avant tout à lui-même et à toutes les personnes qui se sont senties légitimement offensées par une soirée qui, selon les hypothèses, aurait dû prendre une autre tournure. Je m'associe aux propos du ministre Sangiuliano. Le langage grossier et le sexisme ne peuvent avoir droit de cité dans les lieux de culture". Dans une autre lettre, les employés de Maxxi (qui, selon certaines rumeurs démenties depuis par les intéressés, ont été convoqués par Giuli après la lettre de protestation pour les convaincre de retirer leur signature) confirment leur confiance dans le président : "Nos paroles n'ont pas été conçues comme un acte de méfiance. Au contraire, nous vous remercions pour la discussion". » 

ENTRETIEN, il Messaggero, Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre du Made in Italy, «La tension sur les prix est élevée, il est temps d’intervenir» : « La tension sur les prix reste élevée parce que l'inflation est notre principal problème, nous demandons à la BCE plus de prudence sur les taux parce qu'il y a un risque de récession. Sur le front de l'inflation, nous avons gagné la bataille contre les spéculateurs dans le domaine de l'énergie en imposant à l'Europe, alors réticente, le "prix-plafond" sur le gaz : depuis, le prix est retombé à son niveau d'avant le conflit ukrainien, ce qui est une preuve de la justesse de notre position. Aujourd'hui, nous demandons à la BCE plus de prudence car l'Allemagne et les Pays-Bas sont déjà en récession et risquent de contaminer tout le continent. Concernant le fait que de nombreuses entreprises répercutent l'augmentation des prix sur les consommateurs finaux, nous avons déjà instauré un décret de transparence sur les carburants et nous avons créé un comité d'alerte qui, ces dernières semaines, s'est réuni à plusieurs reprises, notamment sur les pâtes, afin de mettre en lumière ce qui se passe tout au long de la chaîne d'approvisionnement et de dénoncer les éventuels phénomènes de distorsion des prix. L'alarme sur les prix reste vive, c'est la raison pour laquelle nous avons concentré nos mesures de soutien aux individus des classes les plus modestes, tant par la baisse de la pression fiscale que par la mise en place de la carte sociale, destinée précisément à ces classes inférieures que nous voulons soutenir. La hausse des taux a grevé l'investissement des entreprises et pèse sur les ménages les plus fragiles, pour lesquels les prêts hypothécaires deviennent insoutenables. Sur la scène européenne, notre position forte et claire a changé la donne, comme le montrent à la fois les derniers votes au Parlement européen, où une alliance significative et sans précédent s'est formée entre les partis populaires et conservateurs, et les positions exprimées par les pays à l'égard des dossiers de la Commission. Nous avons su imposer notre agenda sur l’environnement et bloquer le règlement sur la norme Euro 7, après avoir notamment ouvert la voie aux biocarburants. Aussi, Meloni a réussi à convaincre l'Europe sur le concept de "frontières extérieures" et sur le partenariat stratégique euro-méditerranéen, lequel prend appui sur la Tunisie. Malgré les réserves hongroises et polonaises, le fait même que le Président Michel ait demandé à Meloni de jouer le rôle de médiateur avec Orban et Morawiecki montre qu'il lui attribue ce leadership. Nous sommes passés d'une Europe de l’axe franco-allemand à une trilatérale de la politique industrielle où Rome, Paris et Berlin définissent ensemble des positions communes. Après le sommet allemand, suivront à Rome en octobre un sommet sur les technologies numériques et en France un sommet sur les technologies vertes. Les trois grands pays industriels, qui sont aussi les pays fondateurs de la Communauté, se réunissent pour définir la politique européenne commune face au grand défi de la double transition. Concernant la nécessaire protection des secteurs stratégiques de l’Italie, les problèmes sont souvent la conséquence de mauvaises décisions que nous avons contestées au cours des années passées. Nous nous sommes engagés à rattraper notre retard grâce à un ‘’État stratège’’ qui définit enfin une politique industrielle, tant au niveau européen qu'au niveau national. Nous sommes sur la bonne voie : au cours des derniers mois, notre PIB a augmenté davantage que celui de la France et de l'Allemagne, la bourse de Milan a fait mieux que toutes les autres bourses européennes, l'emploi a atteint un niveau record et, selon le fonds américain Blackstone, l'Italie est aujourd'hui le pays idéal pour investir en Europe, le plus cohérent et le plus stable. Nous avons fait mentir les oiseaux de mauvais augure ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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