22/06/2023
"MES : le bras-de-fer entre Giorgetti (M5S) et Meloni (Frères d’Italie)."
Italie. Revue de presse.
Les frictions au sein du gouvernement autour de la ratification du MES et la réforme de la justice se partagent les gros titres « Le ministre de la Justice Nordio (Frères d’Italie) assure : la réforme ira de l’avant » (Corriere della Sera), « MES : le bras-de-fer entre Giorgetti (M5S) et Meloni (Frères d’Italie) » (La Repubblica), « Le gouvernement dérape sur le MES et la réforme de l’emploi » (La Stampa), « Le ministère de l’Economie assure : aucun risque en cas de ratification du MES » (Il Messaggero), « Le gouvernement mis en minorité sur le décret concernant la réforme du travail » (Fatto).
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Ducci « Le MES devient un sujet : le ministère de l’Economie le soutient en provoquant des tensions au sein de la majorité » : « Le court-circuit a été provoqué par la communication adressée par le ministère de l’Economie à la commission affaires étrangères de la Chambre. Un avis technique sur les effets générés sur les comptes publics par la ratification de la réforme du MES. Le problème est que cette lettre, signée par le directeur de cabinet du ministre Giorgetti, équivaudrait à une validation du gouvernement de la réforme du MES, qui ne comporterait aucun risque particulier et encore moins des retombées négatives sur les comptes publics. Ce rapport du ministère de l’Economie signale également que l’activation du MES pourrait même engendrer ‘’une probable amélioration des conditions de financement sur les marchés’’ pour les Etats qui s’en serviraient. C’est toutefois un avis qui n’est pas partagé par Giorgia Meloni (et Matteo Salvini), comme le laisse filtrer le Palais Chigi. Les deux leaders de droite s’opposent à sa ratification au point que l’Italie est désormais le seul pays européen à ne pas avoir voté ce texte. Ce qui explique la pression sur le gouvernement et les tensions au sein de la Commission de la Chambre. Par ailleurs, la nécessité pour l’exécutif de repérer une voie d’issue s’impose. D’où l’idée de reporter le scrutin après la pause d’été, en septembre. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le MES représente une opportunité pour l’opposition » : « L’incident en commission de la Chambre, où la majorité a été mise en minorité lors du scrutin sur les amendements au décret sur l’emploi, représente un dérapage. Cela peut aussi lancer un avertissement de la part d’une frange de la coalition de droite. Il ne s’agit pas, toutefois, d’une défaite du gouvernement, comme est en train de dire la gauche. Cela souligne un manque de lucidité de sa part. On perçoit de la part des partis de l’opposition l’envie de savourer une sorte de revanche. En réalité, la droite ne va pas à la dérive et elle ne le fera pas dans les prochains mois. C’est plutôt la lettre du ministère de l’Economie sur le MES qui représente le facteur le plus intéressant de la journée d’hier. Si le ministère ne voit pas de danger à l’idée de faire appel à l’instrument européen de sauvetage, le Palais Chigi est, lui, officiellement contre sa ratification. Cette aversion au MES est maintenue comme gage auprès de la base électorale la plus traditionnelle, celle qui, au lendemain des élections, s’attendait à voir une Meloni souverainiste et ennemie de l’UE. Meloni veut construire son parti conservateur tout en conservant la partie de son électorat jusqu’au-boutiste. Le MES représente alors le terrain sur lequel le PD pourrait s’organiser pour une opposition qui soit davantage convaincante. C’est sans doute mieux que l’« été militant » proposé par Elly Schlein. L’appel aux manifestations pourrait se conjuguer avec le retour à la centralité du Parlement. Ce serait une priorité logique par rapport à la solution trop facile de la mobilisation. Il faut s’organiser dans les assemblées législatives et livrer depuis ces lieux une opposition qui s’annonce longue. En revanche, un excès d’initiatives ressemble plutôt à un escamotage pour cacher un manque d’idée. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, Gianni Trovati, « Pnrr, le remodelage modifie le financement de la ligne à grande vitesse dans le Sud» : « Après des semaines de ‘’résistance passive’’ de la part du leader de la Ligue, une réunion a eu lieu hier entre le ministre des Infrastructures Matteo Salvini et le département du Pnrr dirigé par Raffaele Fitto pour modifier le chapitre que le Plan consacre aux chemins de fer et autres infrastructures ferroviaires. Alors que certains projets d’investissement risquent de ne pas rentrer dans le périmètre de financement du Pnrr, Salvini a réitéré sa détermination à réaliser les travaux prévus, ‘’en utilisant tous les postes de dépenses possibles’’, d’après le communiqué publié par le ministère des Infrastructures. Cela signifie qu'une série d'investissements jugés irréalisables d'ici au 30 juin 2026, date de clôture du Pnrr, sont destinés à être transférés vers les fonds de cohésion et, dans le cas des volets énergétiques, vers le RepowerEu. Certaines lignes ferroviaires devraient ainsi être exclues du Pnrr, à l’instar de Rome-Pescara, Palerme-Catane ou encore Salerne-Reggio de Calabre. Mais ce ne sont pas seulement les chemins de fer, qui ont enregistré jusqu'à présent l'un des taux de réalisation financière les plus élevés grâce surtout aux investissements déjà prévus par le programme national, qui compliquent le Pnrr des infrastructures. Des discussions avec les techniciens de Bruxelles sont en cours depuis un certain temps sur la gouvernance et le développement du secteur de l'eau, tandis que parmi les investissements marqués par au moins deux "éléments de faiblesse" figurent le "transport public rapide" (métros et tramways dans les grandes villes) et la croissance du transport local dans le Sud. Si les négociations s’annoncent complexes, notamment pour ce qui relève de la faisabilité de ces projets d’investissements d’ici 2026, les enjeux sont énormes pour l’avenir du réseau ferroviaire italien. Car avec près de 36 milliards d’euros de budget, dont les deux tiers sont destinés aux chemins de fer, le ministère de Salvini est le détenteur de la part la plus importante des fonds du Pnrr ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Nordio, ministre de la Justice, « Nous changerons d’autres normes, les fraudeurs fiscaux ne seront jamais légitimés » : « Je n’ai aucune volonté d’engager une bataille avec mes anciens collègues magistrats, mon but est de rendre la justice plus efficace, dans le plus grand respect du corps judiciaire, dont je me sens encore membre. Il y a toutefois des façons d’exprimer son désaccord quant à un projet de loi. J’estime que des mots très forts ont été employés dans cette affaire, avant même que le contenu du projet de loi ne soit connu. Quant à ceux qui m’accusent de vouloir favoriser les fraudeurs fiscaux, mes propos à la Luiss ont été déformés : je disais que notre système tributaire est devenu tellement absurde que même l’entrepreneur le plus honnête et le plus scrupuleux s’expose malgré tout à des enquêtes. C’est ce système-là qui profite aux fraudeurs : la fraude se combat par une simplification des normes et un rapport plus clair et loyal entre l’Etat et le contribuable. C’est tout le sens de la réforme présentée. Je considère que Berlusconi, à l’époque, a sans aucun doute perdu du temps et des opportunités avec les lois ‘’ad personam’’ que je trouve inutiles et je les ai moi-même critiquées. Mais le conflit entre les juges et la politique a été déclenché après, par la réaction et l’attitude des juges. Pour ce qui est de l’abrogation de la norme sur l’abus de pouvoir, malgré les critiques des magistrats, des maires et des assesseurs sont poursuivis sans avoir rien fait de mal et au final ce sont les citoyens qui en pâtissent. Si 5 000 procès n’aboutissent qu’à 9 condamnations, du reste pour des faits liés entre eux, cela signifie que la norme, que l’on réécrit depuis 20 ans, est un échec. Au niveau des institutions européennes, nous avons présenté de façon convaincante au commissaire Didier Reynders la liste des délits condamnables, qui ne laisse aucun vide. Il n’empêche que l’ensemble des délits concernant la fonction publique doit être revu. Cela a déjà été le cas pour le trafic d’influence, et la proposition, après un travail méticuleux de notre part, a été approuvée à l’unanimité. Nous travaillons aussi pour revoir le système des détentions préventives notamment pour empêcher celles qui s’avèrent ensuite injustifiées. Pour ce qui est de la limitation de la publication des écoutes téléphoniques, nous partons du principe que la discrétion est l’autre face de la liberté, comme pour le vote : il est secret justement pour être libre. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de L. Monticelli, « Climat, l’Italie est absente » : « Le vice-ministre des Affaires étrangères Edmondo Cirielli représentera l’Italie aujourd’hui et demain à Paris, lors du sommet pour un nouveau pacte financier global. Aucun problème politique, selon des sources proches du gouvernement, seulement des contraintes d’agenda pour Giorgia Meloni et Antonio Tajani. Toutefois, l’Italie n’est pas signataire de l’appel signé par Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Rishi Sunak, Joe Biden, Ursula von der Leyen et d’autres chefs d’Etat et de gouvernement. Une lettre ouverte commune pour une ‘’transition écologique ne laissant personne de côté’’. Pourquoi l’Italie n’a-t-elle pas signé ce document publié dans de nombreux journaux internationaux ? ‘’Il s’agit d’un article publié sur Project Syndicate, jamais notifié via les canaux diplomatiques officiels à l’Italie’’ répond Cirielli. Le Sommet promu par Emmanuel Macron vise à réformer le système des banques multilatérales de développement pour qu’elles collaborent entre elles et de concert avec d’autres institutions publiques, des fonds souverains, des organisations philanthropiques, des investisseurs privés et la société civile ‘’pour accroître au maximum les retombées’’. Un objectif qui ne serait pas dans les vues du gouvernement de centre-droit, c’est peut-être la raison pour laquelle la Présidence du Conseil a décidé de snober le sommet. ‘’Nous sommes perplexes quant au fait de transformer des banques de développement et banques de capitaux’’ explique Cirielli, ‘’on voudrait que les décisions soient prises en fonction des souscriptions et non des volontés politiques des organisations internationales qu’il y a derrière’’. Le vice-ministre, également membre de Fratelli d’Italia, souligne qu’aucun accord ne sera passé à Paris, ‘’il s’agit de chairman’s conclusions qui n’engagent personne à huis clos’’. Cirielli tient toutefois à préciser que le gouvernement italien est ‘’pleinement d’accord sur les principes de l’Agenda 2030’’ cités dans la lettre ouverte. La présidente de la Commission européenne participera, car il s’agit de ‘’jeter les bases d’un système financier international plus uni dans la lutte contre les inégalités, le changement climatique et la protection de la biodiversité’’.
EDITORIAL, Corriere della Sera, G. Buccini « Le facteur Zelensky » : « Il est important que depuis Vilnius quelque chose sorte du prochain sommet de l’Otan. Cela a représenté un objectif commun lors de la rencontre parisienne entre la présidente du Conseil Giorgia Meloni et le Président Emmanuel Macron. Le Président français avait rappelé [au Globsec] que ‘’l’Ukraine défend l’Europe et elle est désormais tellement armée que l’Europe a intérêt à l’inclure dans un contexte multilatéral’’. Ce qui est un peu le raisonnement de Kissinger et qui peut se résumer ainsi : mieux vaut l’insérer dans les mailles atlantiques que de la retrouver un jour armée, solitaire et revanchiste. La confusion au sein des chancelleries règne. Depuis Washington, on pense qu’il est important de devoir rassurer Zelensky avec des formules de garanties. Il s’agit d’offrir au président ukrainien quelque chose de moins par rapport à l’article 5 du Traité de l’Alliance impliquant la riposte de tous les partenaires en cas d’agression d’un des leurs mais aussi quelque chose d’un peu plus qu’un grotesque mémorandum de Budapest de 1994 où les Américains, les Britanniques et les Russes avaient promis l’intégrité de l’Ukraine en échange de la cession de ses armes nucléaires à Moscou. L’adhésion de Kiev à l’Otan est, en ce moment où la guerre est en cours, hors de question. En réalité, le sommet de Vilnius – au-delà des garanties « tangibles et crédibles » à évaluer et à offrir à Kiev, toujours selon Macron – célèbrera surtout les obsèques du réalisme géopolitique et le paradoxe du facteur Zelensky. Indépendamment du résultat, le vrai protagoniste du sommet de l’Otan sera bien lui. Lui qui, il y a juste un an et demi, était vu comme un personnage insignifiant et qui était qualifié par les analystes de simple marionnette des Etats-Unis. Pourtant, Zelensky a refusé l’offre de Biden d’une fuite par avion à l’aube du 24 février 2022, préférant ‘’des armes pour résister’’. Le président ukrainien représente la revanche de ceux que l’on croyait destinés à une note de bas de page. »
Giorgia Meloni et Luiz Inácio Lula
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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