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21/06/2023

"Meloni et Macron, comment s’entendre juste un peu."

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Italie. Revue de presse. 

La visite à Paris de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni fait les gros titres avec large couverture photographique en Une « Migrants et Union Européenne, l’entente avec Paris » (Corriere della Sera), « Meloni-Macron, la trêve » (La Stampa), « Meloni-Macron : maintenant, collaborons » (Il Messaggero), « La paix de Paris » (Avvenire), « La trêve forcée entre Meloni et Macron mais le dossier Expo demeure » (Il Giornale), « La fausse paix entre Macron et Meloni : pour l’Expo, la France mise sur Ryad » (Domani), « [encadré :] La comédie de la paix à l’Elysée » (Repubblica). Le débat autour de l’évasion fiscale est aussi cité « Le Quirinal s’en prend aux fraudeurs du fisc » (Repubblica), « L’évasion fiscale nous coûte 1700 euros par personne » (Stampa). 

Les JT couvrent la rencontre à l’Elysée entre la présidente du Conseil Giorgia Meloni et le Président Emmanuel Macron, le début du baccalauréat 2023. 

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Giorgia Meloni et Emmanuel Macron

PREMIER PLAN, Repubblica, "Nous ne sommes pas des enfants", "Je tiens à l'amitié" : Au Théâtre de l'Elysée, la mise en scène de la détente obligatoire » par Tommaso Ciriaco : « Emmanuel Macron fixe Giorgia Meloni en fronçant les sourcils. Elle s'efforce de hocher la tête. Il paierait pour ne pas être immortalisé avec quelqu'un qui lui rappelle son ennemie jurée Marine Le Pen. Après tout, même le dernier des sherpas sait que c'est l'histoire d'un dégel forcé, d'une cohabitation sans amour, d'un pragmatisme sans alternative. "Macron est-il pour vous un ami, un adversaire ou un allié ?" demande-t-on à G. Meloni. « Il est un partenaire, parce que c’est ainsi en politique étrangère ! - rétorque-t-elle, agacée – “Vous parlez de politique étrangère de manière un peu superficielle. Ce n'est pas une cour de récréation, nous ne sommes pas des enfants qui se disputent et se réconcilient...". Coexistence forcée, en effet. Au nom du réalisme politique. “Entre l'Italie et la France, il y a un rapport unique, c'est l'amitié à laquelle je tiens avant tout", soutient E. Macron, "il y a parfois des disputes, mais toujours dans le respect parce que cela s'inscrit dans un contexte plus profond". Sur le voyage à Paris, le principal obstacle est le soutien de la France à la candidature de Riyad, mais il existe une stratégie pour surmonter ce désavantage. “Il n'est pas facile pour Macron de soutenir l'Arabie saoudite", tel est le sens du raisonnement prononcé avant de monter sur la scène du Bie, "Comment peut-il s'exposer, lui qui est le champion des droits ?“ Mme Meloni estime qu'insister sur la route européenne de l'Expo dans les prochains mois pourrait embarrasser l'Elysée en raison des violations répétées des droits des femmes et de la communauté LGBT dans le royaume de Bin Salman. Créer des problèmes aux Français "en interne et à l'international". Le président de la République française n’aurait pas voulu s'afficher avec Meloni. Il aurait préféré une rencontre loin de l'Elysée et éviter les déclarations communes avant les entretiens. Celles qui livrent à la presse deux visages qui peinent à sourire. La distance sidérale sur les migrants est impossible à cacher, en fait elle émerge immédiatement. C'est Macron qui rappelle la proposition française du semestre de sa présidence, que la droite italienne n'aime pas : un pacte de redistribution volontaire, que le Président tente de relancer, sans succès. Meloni affirme qu'il faut "éradiquer" la traite des êtres humains - sur ce point, le Français acquiesce - mais rappelle qu'il est utopique d'imaginer résoudre "le problème des mouvements secondaires sans intervenir dans la défense des frontières extérieures de l'Europe". Traduction : si Bruxelles ne nous aide pas à endiguer les flux en provenance d'Afrique, Rome ne pourra pas et ne voudra pas endiguer les migrants qui remontent le continent depuis l'Italie. Sur le dossier tunisien, ils se disent prêts à collaborer, mais on apprend qu'ils ont organisé deux missions distinctes, presque concurrentes : la première à Djerba, la seconde à Tunis. C'est un dégel d'intérêt, que Meloni explique grossièrement à Macron : si Berlin et Paris continuent d'isoler Rome, Rome jouera un jeu encore plus agressif en se mettant à la tête des souverainistes d'Europe de l'Est. « Concentrons-nous sur ce qui nous unit", approuve Macron. Jusqu'au prochain duel. Jusqu'aux élections européennes de 2024. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Une trêve avantageuse » par Andrea Bonanni : « Sur la scène de l'Élysée se joue la comédie italienne de l’énième rapprochement entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron. Un spectacle gentiment offert aux médias, une comédie, comme en témoigne le fait que Macron a dû se sentir mal à l'aise au point d’invoquer "les liens entre nos sociétés, nos économies, nos universités, nos artistes" pour justifier la nécessité d'un dialogue entre la France et l'Italie, brusquement interrompu par la sortie de scène de Mario Draghi et l'arrivée de Meloni. Et la première ministre italienne a dû inventer d'improbables "sensibilités communes" sur la Tunisie, la Libye, les migrants et la défense : autant de sujets sur lesquels les intérêts italiens et français sont plutôt divergents. Ce n'est pas un hasard si Meloni s'est rendue à Paris non pas à l'invitation de Macron mais pour soutenir la candidature de Rome à l'Expo 2030 devant le Bureau international des expositions, où la France est favorable à la candidature saoudienne. Mais cette comédie finit par avoir une valeur politique intrinsèque au-delà des fictions. S'il existait réellement une "sensibilité commune" entre la droite italienne et les libéraux français, la convergence entre les deux pays pourrait être beaucoup plus large et concrète, comme à l'époque de Draghi. Cependant, les deux dirigeants semblent avoir compris que l'intérêt politique de l'un et de l'autre réside davantage dans l'affichage de bonnes relations que dans la mise en avant des divergences. Les relations entre Scholz et Macron sont actuellement très tendues. Celles entre Scholz et Meloni sont inexistantes. La France est préoccupée par la décision de l'Allemagne de poursuivre son propre réarmement sans se lier à Paris et à son industrie de défense. Sur la réforme du pacte de stabilité, Macron offre un soutien. Scholz est bien conscient que le couple franco-italien ne peut pas et ne veut pas former un "front sud" au sein de l'UE. Mais l'affichage du dialogue entre Paris et Rome, même s'il s'agit d'une posture, n'en reste pas moins un élément que le chancelier devra prendre en compte, ne serait-ce que pour mesurer ses propres difficultés à communiquer avec ses deux principaux partenaires européens. Après avoir été tenté de diaboliser le gouvernement Meloni afin d'exorciser un éventuel gouvernement Le Pen chez lui, Macron a compris qu'il lui convenait de poursuivre une tactique inverse. La rencontre d'hier a permis de montrer que la droite italienne est également désireuse de dialoguer avec le président français et d'afficher des convergences politiques avec les modérés, comme dans le cas du soutien à l'Ukraine, plutôt que de poursuivre les polémiques internes franco-françaises sur les migrants ou contre l'Europe. Une prise de distance avec Mme Le Pen que Mme Meloni, à la recherche d'une position qui lui permettrait de revenir dans le jeu après les élections européennes de l'année prochaine, a volontiers concédée. A l'inverse, le prétendu rapprochement franco-italien permet à la première ministre de démontrer qu'elle peut s'asseoir dans les bons salons de l'Europe, et donc de se défaire d'une arme dont disposait l'opposition de gauche. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « La rencontre qui marque le dégel :  "De nombreuses avancées " » par S. Montefiori : « La rencontre qui a duré une heure et 40 mn, bien plus que prévu, fut réussie et très concrète : peu de proclamations, une cordialité réciproque sans en faire trop, tous deux conscients qu'il y aura d'autres occasions pour quelques tensions liées à la politique intérieure d'ici les élections européennes de 2024, mais les intérêts communs restent plus forts parce qu'ils sont profonds et objectifs. Même et surtout sur la question qui a suscité des disputes dans le passé, l'immigration. “Je pense que vous avez entendu les propos de M. Macron, il me semble que la position demandée par l'Italie, à savoir se concentrer sur la dimension extérieure afin de traiter la question intérieure avec dignité, est convergente. » Mme Meloni et M. Macron ont convenu de soutenir la Tunisie et la Libye afin d'étouffer dans l'œuf l'immigration clandestine et de lutter contre les "organisations criminelles". Les deux dirigeants n'ont pas parlé de la ligne ferroviaire Turin-Lyon, objet de protestations en France - "mais nos sherpas travaillent car pour nous, au-delà des manifestations, il est important d'avancer rapidement" - ni du rôle du groupe français Vivendi en Italie (des télécoms à Mediaset) car "l’objet de nos échanges était beaucoup plus géopolitique à ce stade, mais nous pourrons en parler à l'avenir". Le sentiment est que le lyrisme et le transport de certaines réunions Draghi-Macron du passé ont été remplacés par un pragmatisme qui pourrait s'avérer efficace. Il y a également une convergence sur l'Ukraine, avec l'entrée en service du système de défense aérienne italo-français Samp/T salué comme un succès par les deux dirigeants, et sur le pacte de stabilité, qui doit être réformé. "En ces temps difficiles, nous avons plus que jamais besoin les uns des autres", ont-ils déclaré à l'Elysée. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, « L'entente "de facto" et les points communs qui "dépassent l'axe franco-allemand" par Marco Galluzzo : « La Chine et les semi-conducteurs, les projets communs sur les lanceurs spatiaux, évidemment le front ukrainien, un alignement qui semble sincère, fort, sur le prochain Conseil européen, sur la première bataille de Meloni dans l'UE, la défense des frontières extérieures. Le président Emmanuel Macron a apprécié le rôle de précurseur et de catalyseur des intérêts bruxellois joué par la présidente Giorgia Meloni en Tunisie. Et il l'a reconnu. Mais en une heure et quarante minutes d'entretien confidentiel en tête-à-tête dans le salon attenant au bureau du président français au deuxième étage du palais de l'Élysée, les convergences entre les deux dirigeants ont porté sur de nombreux fronts et ont également abordé la faiblesse des relations qui marquent aujourd'hui l'axe traditionnel entre Paris et Berlin.  Au final, diplomates et sherpas ont reçu un briefing des deux présidents d'un peu plus de dix minutes. Il a été ouvert par Giorgia Meloni, qui a brisé la glace et la curiosité, même de ses propres collaborateurs, par une plaisanterie et un sourire : "Nous annonçons que nous sommes d'accord sur tout, la presse ne sera pas contente". S'il devait s'agir d'un redémarrage, d'un nouveau départ, les conditions étaient apparemment réunies. La première ministre le souligne, mais cela se vérifie aussi dans les points que tous deux ont abordés en privé à commencer par l’immigration : même le président français est convaincu que la seule approche efficace, comme le soutient Meloni, est d'avoir des relations directes, et de cultiver des initiatives concrètes, avec les pays africains de transit ou de départ des grands flux. La Tunisie est un cas symbolique, et l'on verra dans les prochains jours si les efforts de Rome et de Bruxelles seront couronnés de succès, mais la méthode est partagée et relancée par Macron. La défense des frontières extérieures de l'UE, terrestres et maritimes, est également une priorité pour Paris et l'objectif est de parvenir à une position commune lors du prochain sommet de l'UE à la fin du mois. Mais les discussions portent également sur des sujets très techniques, considérés comme stratégiques par les deux États : les projets Vega et Maya, qui portent sur le lancement conjoint de satellites d'énergie renouvelable, reçoivent un nouvel élan à l'occasion de la visite. Il en va de même pour le dossier de la création du Fonds européen d'investissement, que l'Allemagne ne voit pas d'un bon œil. Un projet qui est en train d'être réécrit par la Commission en ces heures, mais que Paris et Rome soutiennent de manière alignée. Au-delà des désaccords ou des divergences politiques des différents partis qu'ils représentent - que même Macron mentionne, au cours de ses déclarations à la presse, pour les réduire à des faits secondaires - la France et l'Italie restent l'une pour l'autre le deuxième partenaire commercial. C'est l'histoire d'une union difficile à rompre par les dirigeants de leurs États respectifs, une union qui repose aussi sur des liens culturels, soulignent-ils tous les deux. L'un des principaux collaborateurs du président français admet qu'"en ce moment, il y a beaucoup plus de convergence entre la France et l'Italie qu'entre Paris et Berlin". Et ce n'est pas une considération qui concerne les dirigeants respectifs, mais une considération qui traduit le statut actuel des dossiers en haut de la liste pour les deux Etats. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, « L’appel de la première ministre à choisir Rome pour l'Expo, et le soutien de Paris à Riyad devient une affaire »  par Maria Egizia Fiaschetti : « Ils arrivent ensemble à l'Assemblée générale du Bureau international des expositions, pour témoigner de l'engagement commun à promouvoir le travail d'équipe mis en place pour faire avancer Rome dans la course à l'Expo 2030 : la première ministre, Giorgia Meloni, le gouverneur du Latium, Francesco Rocca, et le maire de Rome, Roberto Gualtieri. Pressée par les journalistes, la présidente du Conseil n'a pas souhaité commenter le choix de l'Élysée de soutenir la candidature de Riyad ("c’est légitime, je n'entre pas dans le fond"), précisant qu'elle ne savait pas si la déclaration de soutien était valable pour le premier et le second tour. Derrière cette décision, il y aurait l'intention de travailler ensemble pour endiguer les effets de la guerre en Ukraine, mais aussi la possible convergence des pays occidentaux avec ceux du Sud sur des projets de développement économique et financier. ’Je crois vraiment en ce projet et que l'Italie peut faire la différence" déclare Meloni. "Notre atout est notre capacité à concilier tradition et innovation, à partir de la régénération et du rapport entre l'homme et le territoire“. “ Nous sommes conscients des terribles conséquences de la guerre qui rendent difficile la planification d'une Expo aujourd'hui, mais Rome a toujours proposé d'organiser un événement dont l'Ukraine serait le protagoniste" déclare le maire Gualtieri. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, « Meloni voit Macron, retour d’un climat serein entre Rome et Paris » par Carlo Marroni : « Des mois de malentendus, d'entretiens houleux, de visites annulées puis partiellement récupérées. Mais, comme on pouvait s'y attendre, les relations au plus haut niveau de l'Etat sont redevenues sereines, et le resteront peut-être encore un certain temps. Le message était clair : la France et l'Italie (qui ont signé le traité du Quirinal en 2021) entretiennent des liens d'amitié étroits, "et c'est cette amitié qui m'intéresse avant tout, Madame le Premier ministre, celle qui permet parfois des controverses, des désaccords, mais dans un cadre toujours respectueux parce qu'elle s'inscrit dans une histoire plus grande et plus profonde que nous", a déclaré M. Macron, qui a réitéré ses condoléances pour la disparition de Silvio Berlusconi. Et Meloni de répondre : "L'Italie et la France sont deux nations liées, centrales et protagonistes de l'UE, qui ont particulièrement besoin de dialoguer dans un moment comme celui-ci parce que nos intérêts communs sont nombreux et convergents.“ Cela dit, il n'y a pas de convergence totale sur tout, et sur les migrants, Meloni s'est rendue à plusieurs reprises à Tunis afin de parvenir à un accord pour réduire le flux d'arrivées, tandis que Paris a effectué une mission distincte avec Berlin. Macron a également invoqué la nécessité de renforcer la politique commune de l'Union européenne en matière de migration, évoquant également la nécessité de renforcer "le contrôle de nos frontières extérieures". “Une question que l'Italie, placée en première ligne, "connaît bien", a souligné M. Macron. “Il n'y a pas de bonne politique migratoire en Europe s'il n'y a pas de politique cohérente de protection des frontières communes". "Nous voulons mieux travailler avec les pays d'origine et les pays de transit pour prévenir les flux d'entrée", a ajouté M. Macron. Tout cela dans le cadre de la politique étrangère en Méditerranée : avec la France, a ajouté Mme Meloni, "nous partageons une sensibilité commune sur de nombreux sujets, je pense au thème de la Méditerranée, en particulier en ce qui concerne la Tunisie et la Libye, à l'égard desquelles nous travaillons avec des objectifs convergents.“ Sur la Libye, l'Italie et la France - rappelons-le - ont des positions très différentes. » 

COMMENTAIRE, La Stampa, de F. Sforza, « Pourquoi Rome a besoin de Paris » : « Entre la France et l’Italie, la politique sera nécessaire pour dépasser le ressentiment des crises diplomatiques passées et du manque d’alchimie entre les deux leaders. Bien qu’hier les déclarations sur l’importance d’une solution en Méditerranée, sur l’Ukraine, sur le renforcement des relations bilatérales n’aient évidemment pas manqué, Giorgia Meloni comme Emmanuel Macron sont convaincus que le véritable dossier sur lequel il faut établir un canal de communication est le Pacte de stabilité. Sans la France, l’Italie ne réussira jamais à vaincre les résistances allemandes et des pays dits ‘’frugaux’’ pour une redéfinition des paramètres du Pacte. La France aussi sait très bien que l’Italie peut être un excellent ‘’sparring partner’’. Les deux leaders sont tous les deux convaincus qu’on ne peut pas permettre un ‘’retour à des paramètres inadaptés’’ et que le vrai défi de la gouvernance européenne doit porter sur les investissements plus que sur le contrôle de la dette. La communauté d’intérêts sur le dossier financier permettra-t-elle de dépasser le fait  que les tissus industriels italien, français et allemand sont bien différents, qu’Emmanuel Macron représente clairement pour Giorgia Meloni un élément perturbateur en vue des européennes de 2024 ? Marine Le Pen a plus de liens avec la Ligue de Matteo Salvini qu’avec Fratelli d’Italia, c’est un facteur qui pourrait consolider une alliance tactique entre Meloni et Macron. Mais pour ce qui est du tissu industriel, il faudra structurer une entente politique. Par exemple, sur la réforme du marché de l’électricité, lors du dernier conseil des ministres de l’Energie, l’Allemagne a cherché l’appui de l’Italie en opposition à la France et l’a obtenu, isolant Paris. Ce ne sera probablement pas une exception. L’Italie, face au manque de solidité de l’entente franco-allemande et au vide laissé par le Royaume-Uni, peut à nouveau se poser en ‘’puissance intermédiaire’’ en mesure de faire la différence. Un rôle depuis toujours périlleux mais qui fait aussi la force de notre pays. L’important est de savoir l’exploiter. » 

ARTICLE, Il Messaggero, Francesco Bechis et Francesca Pierantozzi, « Meloni rencontre Macron : Dialoguer est nécessaire. Entente sur la Libye et la Tunisie » : « Pour sa première visite à l’Élysée en tant que Première ministre, Giorgia Meloni n'a pas franchi la porte d'entrée, fête de la musique oblige (la grande cour d'honneur étant entièrement occupée par la scène sur laquelle les musiciens se produiront ce soir). La poignée de main et la bise avec Emmanuel Macron ont donc eu lieu dans le jardin, et la déclaration commune devant les journalistes (faite avant leur tête à tête à l'étage) dans la confortable salle Murat. Au cours de cette entrevue, Macron (qui a commencé par présenter ses condoléances à la famille de Silvio Berlusconi) et Meloni se sont accordés sur plusieurs points. Sur l'Ukraine, le président français a souligné la "responsabilité commune dans le soutien au pays" alors que la cheffe du gouvernement italien a réitéré l’engagement de l’Italie vis à vis de l’Ukraine, "aussi longtemps qu’il sera nécessaire", et tous deux se sont félicités du déploiement du système de défense anti-missile SAMP/T livré à l'Ukraine qui est "un fruit de notre coopération et un exemple concret de ce que l'Italie et la France peuvent faire". Sur l'immigration, Macron propose "une approche pragmatique" qui consiste à "renforcer le contrôle des frontières extérieures" et un bon compromis "entre responsabilité, efficacité et solidarité entre les pays". Sur les deux transitions, écologique et numérique, Meloni est claire et assure que Macron partage sa position : "chaque processus de transition doit être compatible avec notre développement, durable pour nos sociétés, il ne peut pas ignorer une durabilité économique et sociale qui n'affaiblit pas le système industriel et productif […]’’.‘’Si nos priorités sont la transition verte et numérique et le soutien à l'Ukraine, alors nous ne pouvons pas considérer l'investissement dans ces secteurs stratégiques comme n'importe quel autre". Enfin, le président français a rappelé le traité du Quirinal et la récente visite du président Mattarella pour inaugurer l'exposition Capodimonte au Louvre : "Les liens entre nos sociétés, nos économies, nos universités font vivre chaque jour cette relation unique qui existe entre l'Italie et la France. C'est cette amitié qui nous permet de vivre parfois des désaccords, mais toujours dans le respect, parce qu'elle s'inscrit dans une histoire plus grande que nous". La question de l'Expo 2030 n'aura pas été abordée lors de cette rencontre de chefs d’État, la France de Macron soutenant la candidature de l'Arabie saoudite, Riyad, et non celle de l'Europe, Rome. ‘’Nous n'en avons pas discuté, il me semble que la France a depuis longtemps exprimé son soutien à Riyad", a déclaré M. Meloni. Du côté de l’Élysée, on nuance : "c'est une décision que nous avons prise il y a un an lorsque l'Arabie saoudite nous a demandé son soutien. C'était d'ailleurs la seule demande que nous avions reçue à l’époque […] » 

ARTICLE, Il Giornale, A. Signore « La « trêve entre Meloni et Macron, l’Expo et la bataille sur les droits » : « C’est une rencontre bilatérale qui était attendue depuis huit mois, entre tensions et incompréhensions qui l’ont d’abord congelée, puis reportée. Macron et Meloni se bornent à rester dans le périmètre tracé ces jours-ci par leurs diplomaties respectives, soulignant les points de convergence (allant du Traité du Quirinal au soutien à l’Ukraine) et montrant une volonté de convergence pour les dossiers les plus sensibles (à partir des migrants, où les deux se disent d’accord sur la nécessité d’agir en Tunisie et en Libye). La Présidente du Conseil se focalise sur la nécessité de ‘’renforcer le contrôle des frontières extérieures’’ tandis que le président français souligne la nécessité d’un ‘’équilibre entre responsabilité et solidarité’’. Le chapitre immigration est l’un des principaux fronts sur lequel le parti de Macron se démarque de Marine Le Pen. Ce n’est donc pas un problème de relations diplomatiques mais aussi de politique interne. Macron et Meloni ont fait preuve de realpolitik et pendant leur longue rencontre bilatérale, ils sont convenus sur la nécessité d’agir de manière plus coordonnée. Entre la France et l’Italie il y a un grand nombre d’intérêts économiques et commerciaux en commun. Il y a toutefois un nouveau sujet de grande division : le choix de Macron de soutenir la candidature de Ryad. Là aussi pour des raisons de politique interne. Raison pour laquelle Meloni n’a pas voulu soulever la polémique en affirmant que ‘’le dossier Expo n’a pas été évoqué’’. En réalité, le Palais Chigi et la diplomatie italienne sont fortement gênés par le choix de Macron, conditionné surtout par des raisons économiques. Voilà pourquoi la thématique des droits humains sera au centre de la campagne italienne pour soutenir la candidature de la ville de Rome » 

ARTICLE, Domani, F. De Benedetti « La fausse paix entre Macron et Meloni ; pour l’Expo, la France mise sur Ryad » - Pour Paris, la postfasciste Meloni demeure un invité gênant et la réconciliation n’est qu’apparente : « Giorgia Meloni est arrivée à Paris en cherche de visibilité universelle, pas seulement pour l’Expo mais en vue d’une réconciliation avec Emmanuel Macron. Hier, les feux des projecteurs étaient allumés mais la visite de la Présidente du Conseil a été placée entre les différentes rencontres bilatérales liées à l’Expo. Macron a pu ainsi rencontrer Meloni, mais le décor était bien différent par rapport à celui réservé à Bin Salman, à qui le président français a assuré le soutien de la candidature de Ryad. Ce qui représente pour le Palais Chigi un coup du sort. Au lieu de la « grandeur », Meloni a été ramenée à de justes proportions, comme cela a été constaté sur le format et le contenu de la rencontre, qui a fait l’objet d’une longue et fatigante négociation avant son accomplissement. La venue de Meloni a été cachée aux oppositions, qui auraient pu s’en prendre au Président (tout comme certains représentants de son parti, à commencer par Darmanin, qui ont lancé des critiques contre la Présidente du Conseil). Enfin, sur le dossier « migrations », qui a généré tant de frictions entre les deux gouvernements, Macron soutient et revendique l’accord sur l’asile. Un passage en toute hâte à l’Elysée et une évocation des sujets qui intéressent les deux gouvernements ne suffisent pas à assurer à Meloni les feux des projecteurs. » 

ARTICLE, Il Foglio, C. Cerasa « Une Meloni anti-lepéniste à l’Elysée » -Meloni découvre ce que peut faire l’UE pour défendre l’intérêt national. Un duo anti-souverainiste à l’Elysée : « Ils étaient faits pour ne pas s’entendre, mais ils sont aussi destinés à travailler côte à côte et à devenir l’un des duos les plus improbables et les plus beaux d’Europe. Après des querelles, le Président français Emmanuel Macron et la présidente du Conseil Giorgia Meloni se sont rencontrés à l’Elysée et se sont entendus. Meloni est en train de devenir l’opposé de ce que l’on craignait jusque-là et représente désormais un témoignage formidable de la façon dont le souverainisme national reste incompatible avec la réalité du pouvoir. Le passage le plus anti-lepéniste du discours de Meloni concernait l’immigration. Meloni revendique l’accord trouvé avec d’autres partenaires dont la France (mais pas avec la Hongrie) lors du dernier Conseil Européen, et demande à ce que l’on fasse d’autres pas en avant. Elle cite la pleine implication de l’UE comme modèle, comme dans le cas de la Tunisie. Cela montre aux souverainistes que l’immigration ne peut pas être bloquée par des murs et que les partenaires européens, même ceux qualifiés une fois de « cyniques » comme Macron, peuvent aider l’Italie à gérer le phénomène migratoire et à ne pas subir le chantage de la part des anciens amis souverainistes comme Orban. » 

ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Meloni et Macron, comment s’entendre juste un peu » : « Dans une salle ornée de stucs dorés, il on a pu assister à la scène de l’affirmation de deux mondes contraints de collaborer. Le Président français écoute l’interminable allocution de Meloni avec une gravité hypnotique, faisant attention à ne pas montrer une sorte de moue de consentement, tout en fronçant les sourcils en signe de concentration. Sous l’apparence du soupçon, l’un et l’autre se montrent des signes de ce que chacun manifeste et pense : la politesse et le revanchisme de l’invitée et les craintes et l’orgueil du chef de l’Elysée. Les deux chers ennemis se trouvent ainsi à exhiber leurs différences avant de se retrouver lors de la bilatérale d’une heure et quarante minutes. Le jeu consiste à se reconnaitre dans la diversité sans toutefois oublier le passé. La Présidente du Conseil terminera son allocution en affirmant ‘’à partir d’aujourd’hui il est possible de faire mieux et davantage’’, alors que Macron n’oublie pas ‘’les controverses, mais toujours dans le signe du respect’’. Bref, Emmanuel et Giorgia  –l’Ena contre l’école de la Garbatella – ont tenu à faire oublier les différences par rapport aux points de convergence. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de G. Bianconi, « [Réforme de la] Justice, lorsque l’on part du mauvais pied » : « Malheureusement cette ‘’réforme de la justice’’ aussi, premier chapitre d’un plus ample projet politique signé et revendiqué par le gouvernement Meloni et son Grade des Sceaux Carlo Nordio, est partie du mauvais pied. Au-delà même des contenus, les déclarations et le ton employé dont émanent un climat de conflit et de règlement de comptes ne laissent rien présager de bon. On ne comprend pas bien selon quelle logique les magistrats (au même titre que les avocats, les juristes et tout autre professionnel du droit) ne pourraient pas s’exprimer sur les normes qu’ils devront appliquer. Du reste, il est d’usage que le Parlement auditionne les juges et les professeurs avant de décider. Nier la légitimité des avis critiques en les qualifiants d’’’interférences’’ ne semble pas une bonne façon de dialoguer mais plutôt une façon de discréditer la partie adverse. Il faudrait plutôt comprendre pourquoi pas une seule des contre-indications de l’abrogation de l’abus de pouvoir n’a été prise en compte ni n’a reçu de réponse. On évoque de l’autre côté la paralysie bureaucratique due à la ‘’peur de signer’’ qui bloque les administrations et fait dire à la presque totalité des maires et assesseurs (y compris ceux de gauche) que l’abolition de ce délit est une bonne chose. On peut toutefois se demander ce qui est réellement à l’origine de ce phénomène : les contrôles judiciaires ou une culture diffuse ces dernières années faisant qu’il suffit d’une accusation pour être visé par une enquête mais surtout par un procès politique et médiatique, avant même le verdict judicaire ? Chacun des acteurs pourrait donc commencer par faire preuve de plus responsabilité et d’autonomie pour ce qui est de la politique pour ne pas prendre de mesures avant le verdict, par appliquer la bonne pratique voulant que l’enquête soit ouverte lorsqu’il y a des éléments à charge et non de simples déclarations pour ce qui est de la magistrature ; et par un récit des faits tels qu’ils sont et pas tels qu’une partie ou l’autre voudraient les présenter pour ce qui est des médias et de l’information. Cela pourrait être une bonne base pour éviter les initiatives drastiques qui alimentent les soupçons d’intentions cachées. Le même discours est valable pour l’usage et la publication des écoutes téléphoniques. Peut-être mieux vaut-il miser d’abord sur davantage l‘auto-contrôle, en premier lieu de la part des acteurs médiatiques, qui n’est pas toujours observé malgré une récente réforme ayant limité un peu plus les possibilités d’atteindre à la vie privée. Pour tous, on ne peut que conseiller un changement culturel pour éviter la logique du conflit permanent. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. T. Meli, « Schlein, un ‘’camp’’ allant de Conte à Calenda » : « Elly Schlein tente de mener à bien l’opération qu’Enrico Letta n’avait pas réussi à mener : élargir le camp du centre-gauche à Giuseppe Conte (M5S) et à Carlo Calenda tout en excluant Matteo Renzi, et ce en vue des prochaines élections politiques. Les prochaines élections régionales pourraient toutefois faire office de test. La secrétaire démocrate sait que le projet est ambitieux car les potentiels alliés ne s’apprécient pas. Mais Enrico Letta, avant l’éclatante défaite en octobre dernier, avait commencé à jeter les bases avec Carlo Calenda. Les européennes seront également intéressantes de ce point de vue. Le Parti démocrate concentre en ce moment toute son attention sur les travaux en cours du Troisième Pôle. Le non-dit sur lequel compte les démocrates et que si Calenda se retirait de l’alliance avec Italia Viva au dernier moment pour les européennes, le projet de Schlein n’en serait que faciliter. Dans l’immédiat, l’idée reste toutefois de ‘’ne pas perdre de vue’’ le Mouvement 5 Etoiles, d’où la participation de Schlein à la manifestation aux côtés de Conte. Le PD travaille fébrilement en ce moment-même à une initiative commune des deux leaders dans le Molise pour les élections de dimanche, où ils soutiennent tout deux le même candidat pour la présidence de la région. Hier, PD et 5 Etoiles ont soutenu ensemble une motion pour exclure l’utilisation de fonds du PNRR pour la ‘’production d’armes et de munitions en conséquence des aides fournies à l’Ukraine’’. Un amendement déjà soutenu à Bruxelles par les démocrates mais qui n’était pas passé. Schlein estime qu’elle pourra gérer les polémiques suscitées au sein du PD. Mais même parmi les soutiens de la secrétaire, il commence à être difficile de dissimuler le malaise face à la tendance de Schlein à se fier seulement à un cercle restreint de personnes. »

(Traduction : ambassade de France)

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