12/06/2023
"Décès de Silvio Berlusconi et mission à Tunis." et "Le consensus pour l’envoi d’armes à Kiev augmente, les électeurs de Fratelli d’Italia sont parmi les plus réticents."
Italie. Revue de presse.
La mission, hier, à Tunis, de la Présidente de la Commission Européenne U. von der Leyen, de la Présidente du Conseil italienne G. Meloni et du Premier ministre des Pays-Bas M. Rutte en vue d'un accord sur les conditions d'un soutien financier pour lutter contre la l’immigration clandestine fait les gros titres « Migrants, entente à moitié » (Corriere della Sera), « La Tunisie prend de court Meloni et l’UE : « non à l’échange argent-migrants » » (La Stampa).
Les JT couvrent essentiellement le décès de Silvio Berlusconi, survenue ce matin, à travers des éditions spéciales sur les différentes chaînes. La mission à Tunis de la Présidente de la Commission Européenne U. von der Leyen, de la Présidente du Conseil G. Meloni et du Premier ministre des Pays-Bas M. Rutte, et la contre-offensive ukrainienne sont également citées.
Le décès de Silvio Berlusconi ce matin à l'hôpital San Raffaele de Milan domine le fil d'actualité sur Twitter, avec de très nombreux messages de condoléances pour sa disparition, tant de la part des membres du gouvernement et alliés politiques du président de Forza Italia et ancien président du Conseil, que des représentants de l'opposition. L’hashtag #SilvioBerlusconi domine.
PREMIER PLAN, La Stampa, di F. Olivo, « La Tunisie à l’Europe ‘’nous n’acceptons pas de migrants en échange d’argent’’ » : « Après une déclaration conjointe en vue d’un futur mémorandum d’entente, l’hôte tunisien refroidit l’atmosphère : ‘’nous n’acceptons pas de migrants en échange d’argent’’. L’Union européenne s’est présentée au Palais présidentiel avec 150 millions d’euros destinés aux caisses sinistrées de l’Etat tunisien, plus 100 millions d’euros pour le contrôle de l’immigration irrégulière. En cas d’accord avec Washington, l’UE est prête à une intervention plus massive. Giorgia Meloni est retournée en Tunisie après cinq jours seulement, cette fois accompagnée de deux partenaires jugés stratégiques en vue du Conseil européen à la fin du mois qui devra aborder la question migratoire : Ursula von der Leyen et Mark Rutte. ‘’Nous ne serons pas la garde de frontière des autres Etats’’ a dit le président tunisien avant l’arrivée du trio avant de le répéter dans un communiqué à l’issue de leur visite : ‘’la solution soutenue secrètement par certains d’accueillir les migrants en Tunisie en échange de sommes d’argent est inhumaine et inacceptable’’. La rencontre a lieu à l’écart de la presse, les journalistes ne sont pas admis et les déclarations à l’issue des trois leaders européens sont diffusées en streaming sans possibilité de poser de questions. C’est une décision explicite de la présidence tunisienne. Comme lors de la visite précédente, mardi dernier, Giorgia Meloni évite ensuite de rencontrer les journalistes à l’Ambassade d’Italie, peut-être pour éviter l’embarras avec les hôtes peu sensibles à la liberté de la presse. Giorgia Meloni annonce que ‘’Rome sera prête à organiser la conférence internationale sur l’immigration et le développement’’. Von der Leyen donne quelques précisions sur les négociations en cours ‘’La Commission européenne déterminera l’assistance macro financière dès que l’accord nécessaire aura été trouvé. Nous sommes prêts à mobiliser jusqu’à 900 millions d’euros, en plus du soutien au budget de l’Etat des 150 millions’’. Mark Rutte est le seul à soulever de façon nette la question des droits de l’homme. La droite se réjouit de cette mission, ‘’nouveau succès important pour la politique étrangère italienne’’. Un triomphalisme qui ne convainc pas l’opposition ‘’sur l’immigration il n’y a aucun changement majeur’’ dit le leader du M5S Giuseppe Conte. ‘’Aucune institution italienne ou européenne ne peut ignorer une telle violation des libertés démocratiques et des droits de l’homme’’ critique Laura Boldrini du Parti démocrate. »
COULISSES, La Stampa, « Le leader arabe fait encore monter le prix mais les pays du Nord s’y opposent » : « Face aux trois leaders arrivés d’Europe, le président tunisien s’est voulu clair ‘’vous venez ici pour les migrants. Mais la Tunisie ne sera pas votre garde de frontière’’. Le leader, connu pour sa rhétorique vive voire agressive, a relativement baissé le ton vis-à-vis de la délégation reçue hier. En privé, il s’est dit disponible au dialogue, notamment grâce au travail diplomatique mis en œuvre par l’Italie depuis plusieurs mois. Saied est un interlocuteur compliqué et sa conduite d’hier le montre. Après avoir reçu les trois dirigeants, il n’est pas présent lors des déclarations à l’issue de la rencontre puis remet les compteurs à zéro avec un communiqué refroidissant les attentes européennes. Saied ne cède rien sur les réformes demandées par le FMI, invoquant le risque de révoltes sociales ingérables, une analyse que la diplomatie italienne comprend et, de fait, partage. Si d’une part Saied s’adresse à l’opinion tunisienne en refusant brutalement l’offre de la délégation européenne, d’après Rome c’est aussi une manière de faire monter son prix. A ce stade, les fonds offerts par Bruxelles sont trop peu, ‘’c’est un habile négociateur’’ disent des sources proches du gouvernement. Le triomphalisme de la droite italienne vient du fait que la présence de von der Leyen et Rutte montre que la Tunisie n’est pas seulement le problème de l’Italie. Meloni pense qu’avec la visite d’hier elle a un atout en vue du Conseil européen de la fin du mois. Mais de lourdes inconnues persistent, à commencer par la réticence des pays du Nord à débourser près d’un milliard d’euros pour les caisses d’un président aussi controversé. Bien que dérisoire, Saied a apprécié la somme déjà mise sur la table, un signal clair y compris pour les Etats-Unis : pour l’UE il s’agit d’une région stratégique. Depuis 2023, après l’élection du gouvernement de droite, les arrivées clandestines en Italie en provenance de Tunisie ont bondi, dépassant largement les chiffres pour lesquels, sous Mario Draghi, Giorgia Meloni et Matteo Salvini demandaient la démission de l’ex-ministre de l’Intérieur Luciana Lamorgese. Il y a urgence donc. Antonio Tajani, vice-président du Conseil et ministre des Affaires étrangères revendique le mérite d’avoir rétabli le contact avec le chef d’Etat isolé. »
ENCADRE, La Stampa, « ‘’Les fonds seront conditionnés aux réformes’’ la négociation de Tajani (Forza Italia) à Washington » : « La proposition italienne sur la crise en Tunisie de verser une première tranche de financements du FMI maintenant et de conditionner la suivante à la réalisation des réformes, sera au cœur de la visite de trois jours d’Antonio Tajani aux Etats-Unis. Il rencontrera le secrétaire d’Etat Antony Blinken et la directrice du FMI. L’Italie avance selon deux axes : convaincre Saied de mener les réformes nécessaires pour moderniser son pays, et assouplir la rigide position du FMI et des Etats-Unis qui demandent des garanties sur le plan des droits humains. Ce dialogue s’insère dans le cadre plus large de la stratégie pour consolider la coordination avec les alliés américains sur les principaux dossiers internationaux. L’Afrique et la Méditerranée donc, mais aussi l’Ukraine et le Moyen-Orient, la Chine et l’Indopacifique. »
ANALYSE, La Repubblica, C. Tito « Le voyage en Tunisie de von der Leyen inquiète les Pays du Nord, notamment sur le respect des droits » : « Le message de la Présidente de la Commission à la veille de sa mission à Tunis était très simple ‘’ce sera juste une courte rencontre’’, afin de relativiser son importance. L’objectif était notamment d’apaiser le mécontentement de plusieurs gouvernements de l’Union, notamment des pays du Nord, car les méthodes du dirigeant tunisien Saïed ne plaisent à personnes et sont même inacceptables pour certaines chancelleries européennes. Certains ont déploré un ‘’double jeu d’Ursula’’. En effet, la campagne électorale a commencé aussi pour von der Leyen, qui brigue un second mandat. A ce stade, la Présidente de la Commission ne veut contrarier personne, pas même l’Italie de Meloni. On reproche alors à von der Leyen d’offrir la visibilité réclamée par Giorgia Meloni. La présence du Premier ministre hollandais Mark Rutte – qui représentait aussi un peu l’Allemagne du social-démocratique Scholz – s’explique aussi par la volonté veiller à ce qu’il n’y ait pas de concessions disproportionnées en reconnaissant la légitimité démocratique de Saïed. Si le FMI réclame des garanties sur les réformes économiques pour le versement de ses fonds, l’Europe demande pour sa part des garanties sur le respect de l’Etat de droit. A moins d’un an des élections européennes, le dossier migratoire s’invite dans la compétition politique. L’enjeu concerne les plus hautes charges institutionnelles de l’Union Européenne et personne ne souhaite contribuer à la campagne du gouvernement de droite de Giorgia Meloni. »
ENTRETIEN, il Messaggero, Guido Crosetto (Frères d’Italie), ministre de la Défense, « Les États-Unis doivent débloquer des fonds, l’Europe joue son avenir » : « L’Europe doit aider la Tunisie et l’Afrique ou elle n’aura pas d’avenir. Elle ne peut pas seulement se préoccuper de l’augmentation du nombre de débarquements sur ses côtes, elle doit aussi penser au destin d’un Continent qui, d’ici 15-20 ans, comptera 2 milliards d’habitants. Si l’Europe n’agit pas, elle abandonnera l’Afrique aux influences de la Russie et de la Chine, qui veulent l’exploiter comme le faisaient les colonialistes européens du siècle dernier. Le manque d’aides de la part de l’Occident ne met pas seulement la Tunisie en difficulté, mais l’Occident lui-même d’ici quelques années. En Afrique, la préoccupation première de l’OTAN est la déstabilisation du Sahel par le terrorisme et l’ingérence de puissances étrangères. L’immigration clandestine contrôlée par les organisations criminelles est un effet collatéral et nous en avons saisi la potentielle gravité parce que nous sommes la nation la plus proche.’’ »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, F. Lollobrigida (Frères d’Italie), ministre de l’Agriculture, « Vis-à -is de l’UE, notre rôle est stratégique. Nous devons être pragmatiques avec la Tunisie » : « Aujourd’hui, l’Europe passe par l’Italie pour traiter avec l’Afrique et l’Afrique passe par l’Italie pour traiter avec l’Europe. Le gouvernement italien occupe un rôle stratégique dans la région méditerranéenne, et l’Europe lui en est reconnaissante. La mission de von der Leyen et Rutte, avec la médiation de Meloni, donne ainsi à l’Italie une position centrale dans les dynamiques européennes. Avec cet accord entre l’UE et la Tunisie, cette dernière peut enfin entrevoir de bonnes perspectives d’avenir. C’est une relation bilatérale permettant aux deux membres d’en tirer des avantages : le développement économique pour la Tunisie est un frein à l’immigration illégale pour nous. Le gouvernement italien a réussi à impliquer la Commission européenne sur le thème de l’immigration, une harmonie que nous ne connaissions pas depuis une dizaine d’année. Nous devons être pragmatiques avec la Tunisie, nous avons le devoir d’interagir avec un gouvernement reconnu et nous devons prendre compte le fait que les pays africains ont confiance en l’Italie. Si G. Meloni a refusé de s’exprimer devant des journalistes, cela ne l’empêche pas de donner des réponses dans les faits, avec transparence et sans fuir le débat. Le gouvernement a commencé à planifier des décrets-flux migratoires pour répondre aux exigences des entreprises, notamment en matière d’immigration légale. Avec l’Ambassadeur du Bangladesh, nous prévoyons l’instauration de flux d’immigrants qui viendront travailler en Italie avec en échange une facilitation des rapatriements des criminels ou de migrants clandestins. Concernant les missions de promotion des produits agroalimentaires italiens à l’étranger, nous travaillons beaucoup avec l’Afrique et notamment avec l’Algérie. Le continent possède 60 % des terres cultivables de la planète mais n’a pas les connaissances pour les rendre productives ».
SONDAGES, Repubblica, I. Diamanti « Le consensus pour l’envoi d’armes à Kiev augmente, les électeurs de Fratelli d’Italia sont parmi les plus réticents » : « La guerre en Ukraine dure depuis presque un an et demi et le débat politique en Italie reste tendu, y compris au sein des différents partis. Comme au PD avec la nomination du nouveau vice-chef de groupe à la Chambre Paolo Ciani, qui a affirmé que ‘’sur les armes à Kiev il est possible de changer d’avis’’, soulevant des critiques à l’intérieur et à l’extérieur du parti. Par ailleurs, l’opinion publique en Italie s’est montrée depuis le début incertaine et divisée. Un récent sondage IPSOS nous dit qu’en général, 50% des sondés se disent favorables à l’envoi d’aides militaires à l’Ukraine, avec une hausse d’un point par rapport à février dernier. En revanche, le maintien des sanctions contre Moscou connait une petite baisse, de 61 à 60%. 31% des sondés se disent contraires à toute forme de pression, militaire (à travers l’envoi d’armes) ou en faisant appel aux sanctions. Le sondage Ipsos met également en lumière l’orientation des sondés selon l’appartenance politique. Parmi les électeurs de Fratelli d’Italia, le soutien pour des aides militaires à Kiev est plutôt tiède (48%) alors qu’il est plus élevé chez les électeurs de Forza Italia (84%) et de la Ligue (53%). Concernant le maintien des sanctions contre la Russie, là aussi il y a des différences importantes : 53% pour les électeurs de Fdi, 65% pour les électeurs de Forza Italia et 66% pour les électeurs de la Ligue. Concernant les partis d’opposition, 60% des électeurs du PD sont favorables aux aides militaires et 80% se disent pour le maintien des sanctions, alors que pour le M5S les chiffres sont plus bas, respectivement 37% et 60%. Désormais, la guerre en Ukraine apparait moins proche qu’au début du conflit et il est de moins en moins au centre du débat politique. »
ENTRETIEN, La Repubblica, du Cardinal Matteo Zuppi, émissaire du Pape en Ukraine « Notre initiative de paix pour chercher une paix qui soit juste. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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