Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/06/2023

"Meloni fait l’éloge du système Saied mais le Raïs ne lui fait pas de concessions."

FI-AN.jpg

Italie. Revue de presse.

L’explosion sur le barrage de Kakhovka en Ukraine, provoquant l’évacuation de milliers d’habitants, fait la Une avec large couverture photographique « Un barrage en Ukraine a été détruit, 40 000 personnes en fuite » (Corriere della Sera), « Le barrage sur le Dniepr détruit, le risque de répéter le drame du Vajont » (Repubblica), « Sabotage du barrage, 16 000 personnes évacuées » (Il Messaggero). L’enquête sur des violences commises dans une caserne de Vérone est aussi citée « La caserne des horreurs : les frappes et les humiliations sur les migrants et les SDF » (Repubblica, Corriere). Le vote de confiance pour retirer à la Cour des Comptes le contrôle sur l’exécution du PNRR est encore mentionné « Bras de fer sur le PNRR, la motion passe à la Chambre » (Corriere). Enfin l’entretien de la Présidente du Parlement Européen Roberta Metsola fait la Une du Messaggero « L’UE doit donner des réponses sur la question migratoire ».  

Les JT couvrent la visite du Président Sergio Mattarella à Parisla visite de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni à Tunis et les inondations suite à l’explosion survenue sur le barrage de Kakhovka en Ukraine.

ANALYSE, Il Foglio, « L'axe Rome-Paris. La visite de M. Mattarella met fin à la querelle. "Les relations entre les deux pays sont de plus en plus fortes", affirme Spitz » par Mauro Zanon : «   Nicolas Barré, rédacteur en chef du plus important quotidien économique français, Les Echos, l'a surnommé "l'ambassadeur adjoint de l'Italie en France" pour son rôle prépondérant dans l'amélioration des relations entre Paris et Rome. Car Bernard Spitz, président de la commission Europe et International du Medef (la Confindustria française) et fin connaisseur du monde politique et économique italien, a en quelque sorte été le pionnier du traité du Quirinal ; en créant le Forum économique franco-italien en 2018. “Nous avons traité avec l'Italie comme avec l'Allemagne, en créant une rencontre économique annuelle avec des entrepreneurs et des politiques des deux pays. Sur le plan politique, cette convergence s'est traduite par le traité du Quirinal, un traité de coopération renforcée qui souligne l'importance du lien franco-italien" poursuit-il. « L’exposition Naples au Louvre est un grand événement culturel qui est une nouvelle occasion de souligner ce qui rapproche la France et l'Italie". "Sachant toutefois que sur le plan économique, les relations entre nos deux pays sont de plus en plus fortes". « Nous avons des intérêts communs sur le plan industriel, financier, technologique, énergétique, nous avons de grandes entreprises franco-italiennes comme Stellantis, STMicroelectronics, Essilor-Luxottica, mais je pense aussi au mariage entre Euronext et Borsa Italiana. Et les partenariats ne cessent de se multiplier. Ce sont des réussites franco-italiennes qui ont donné naissance à des leaders européens et même mondiaux. Ces derniers temps, la tendance s'est confirmée et améliorée. Il en va de même pour les petites et moyennes entreprises, sans oublier le luxe où il existe une grande complémentarité".  J'ai lu et aimé le livre de Stefano Montefiori, "Rendez-nous la Joconde !" qui est très pertinent sur le fait que les Français aiment les Italiens et qui raconte bien la proximité entre nos deux pays".. " Sur Meloni, je ne suis pas surpris par son comportement car j'ai suivi sa campagne de près. J'étais à Cernobbio quand elle est arrivée et elle a été claire dès le début sur les engagements occidentaux, le soutien à l'Ukraine et les garanties économiques en accord avec l'UE. Progressivement, le milieu économique a été rassuré et les perspectives de partenariat entre les entreprises des deux pays sont considérables, notamment dans les secteurs de la défense et de l'énergie".

COMMENTAIRE, Il Foglio, « Des relations oscillantes. Italiens et Français ont besoin les uns des autres, même s'ils semblent destinés à ne pas se comprendre » par Jean-Pierre Darnis : « La visite de Sergio Mattarella à Paris nous ramène quatre ans en arrière. En mai 2019, le président italien avait répondu positivement à l'invitation d'Emmanuel Macron à présider la cérémonie d'anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. Un déplacement qui était aussi un geste diplomatique pour faire baisser la tension entre Paris et Rome, après la grave crise entamée en 2018. Aujourd'hui encore, les relations entre les gouvernements français et italien se sont passablement détendues, et Sergio Mattarella retourne en France pour réparer les pots cassés.  Aujourd'hui comme hier, il le fait en prenant le prétexte d'un événement culturel, l'ouverture de l'exposition consacrée aux œuvres de Capodimonte au musée du Louvre. Mais derrière les célébrations artistiques, se cache une série de dimensions problématiques. Le dossier des échanges artistiques avec le musée du Louvre est loin d'être neutre. Récemment, le ministre italien de la culture a remis au directeur du Louvre une liste de deux cents œuvres qui auraient été enlevées à l'Italie d'avant l'unification par les troupes napoléoniennes, ce qui a laissé de nombreux experts perplexes. Les critiques à l'encontre des directeurs français d'institutions culturelles italiennes n'ont pas manqué, ce qui rend paradoxale la position de Sylvain Bellenger, à l'origine de la rénovation de Capodimonte. Certes, l'autorité de Sergio Mattarella, qui entretient d'excellentes relations avec Emmanuel Macron, contribuera à ramener les relations entre l'Italie et la France dans un cadre de cordialité souhaitable. Cependant, il ne faut pas penser que la capacité et la stature du président italien suffisent à soigner les relations bilatérales entre Rome et Paris. L'Italie et la France sont très intégrées, dans le secteur industriel mais pas seulement, avec une interpénétration très forte des secteurs scientifiques, technologiques et culturels. Cependant, le parallélisme des politiques nationales d'immigration rend les choses difficiles : en France, comme en Italie, la quesiton de l’immigration illégale pèse dans le débat. Mais en France, si le président est attaché à défaire la montée de Le Pen, la stratégie italienne au niveau européen oppose Macron et Meloni. De manière pragmatique, l'Italie et la France auraient tout intérêt à renforcer leur dialogue, y compris en utilisant les outils utiles fournis par le Traité du Quirinal désormais en vigueur, un dispositif toujours soutenu par le Président Sergio Mattarella. Italiens et Français ont besoin les uns des autres, même s'ils semblent destinés à ne pas se comprendre. Viser une relation réduite au minimum, mais toujours soutenue par le traité bilatéral, pourrait s'avérer efficace. Mais cela ne peut se faire en l'absence d'une forme d'alliance explicite entre Meloni et Macron, qui est loin d'être évidente. »

PREMIER PLAN, La Stampa, de G. Legato, « Cutro, les mensonges de la Garde des Finances » : « Une enquête est en cours concernant le naufrage de l’embarcation de migrants dans la nuit du 25 au 26 février dernier ayant échoué sur les côtés de Calabre. Il émerge que la nature de l’embarcation ne faisait aucun doute : ‘’événement migratoire’’ avait indiqué la Garde côtière. Cela va donc contre l’affirmation selon laquelle la présence de personnes, et notamment de migrants, sur le bateau n’était pas certaine. De plus, la Garde des Finances a indiqué que l’embarcation n’avait pas été enregistrée par les radars alors que la perquisition a permis d’établir qu’elle avait été repérée dès 3h34 du matin alors qu’elle était encore à 6 km de la côte. Pourtant, vers 4h du matin, dans la conversation enregistrée, l’agent de la garde des finances affirme au collègue de la Garde côtière que le radar ne relève aucune trace du bateau alors qu’il était en réalité suivi depuis près de 25 minutes. »

ARTICLE, Corriere della Sera, « Navires et avions militaires à destination de la Colombie. Enquête sur D'Alema et Profumo » par Fulvio Bufi : « Le nom de l'ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères Massimo D'Alema figure dans l'enquête du parquet de Naples sur un pot-de-vin présumé de 40 millions d'euros promis à des membres du gouvernement et du sénat colombien pour faciliter l'attribution d'un contrat d'une valeur de plus de quatre milliards d'euros. Avec D'Alema, un autre suspect : l'ancien PDG de Leonardo, Alessandro Profumo. Et pas seulement. Il y a aussi Giuseppe Giordo, jusqu'en mai 2022 chez Fincantieri, où il occupait le poste de directeur général de la division des navires militaires. Tous ont été perquisitionnés hier matin par les Digos de Naples, qui ont acquis des documents et du matériel informatique. La vente des avions et des navires n'a jamais été finalisée, mais selon l'enquête, l'opération comprenait une commission de quatre-vingts millions pour la médiation, et la moitié de cette somme aurait été promise à certaines autorités colombiennes, dont l'ancienne vice-présidente Marta Lucia Ramirez, qui a nié toute implication. Selon les magistrats napolitains, l'absence de vente, et donc le non-paiement de la commission et du pot-de-vin présumé, n'exclut pas la possibilité que le délit de corruption internationale puisse avoir été commis, simplement parce qu'il a été planifié. »

ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo « Meloni fait l’éloge du système Saied mais le Raïs ne lui fait pas de concessions » : « Meloni n’est pas satisfaite quand elle remonte dans l’avion qui l’avait déposée quatre heures plus tôt à Tunis. Une heure et quarante minutes d’entretien avec le Président Kais Saied ont bien un sens, comme on souhaite le souligner au Palais Chigi (‘’le feeling était là’’), mais n’ont toutefois pas servi à convaincre un dirigeant qui se fait de plus en plus autocrate, fait arrêter les opposants, les journalistes et verrouille le Parlement. On comprend que l’échange n’est pas allé dans la direction souhaitée. Saied dit non au ‘’diktat du FMI’’, il dit non aux réformes que l’organisation internationale demande afin de débloquer le financement à hauteur de 1,9 milliards, pourtant vital pour Tunis. Meloni est inquiète et ne le cache pas. Elle explique à Saied que l’Italie est en train de faire tout son possible afin d’adoucir les alliés en Europe et au G7. Elle rappelle l’approche pragmatique de son vice-président Tajani pour échelonner les financements rendant ainsi plus progressif le parcours des réformes. Mais Saied secoue la tête, et considère les propositions du FMI come des ‘choix imposés’, avec une position méprisante qui sera reprise dans son communiqué de presse. Meloni fait l’éloge du travail fait par Saied sur les migrants et accueille la proposition tunisienne d’une conférence internationale sur la thématique en offrant Rome comme siège. Tout en avouant ses craintes que l’afflux de migrants puisse augmenter avec la saison estivale. La stabilisation de la Tunisie est fondamentale. »

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco et L. Martinelli « Giorgia parle seule au point de presse sans journalistes » : « Tunis. A l’issue des rencontres institutionnelles avec les principales personnalités du gouvernement nord-africain, Giorgia Meloni prend la parole, dans un contexte apparemment normal prévoyant un pupitre et un micro, même si la qualité de l’audio fait comprendre que la vidéo a été prise par un portable et non par une caméra. Or, en face à la Présidente du Conseil, il n’y a personne. C’est donc un message vidéo comme ceux qu’elle diffuse dans ses ‘’notes de Giorgia’’ après les conseils des ministres, mais conçu cette fois-ci à l’instar d’un point de presse. Cela après que le Palais Chigi a annulé la rencontre avec la presse à l’ambassade car l’entretien institutionnel s’était prolongé. Elle parle pendant 9 minutes et choisit de le faire seule. Tout se fait de manière plus simple : des déclarations sans questions, sans interruptions et sans la présence des journalistes. Cela serait, fait savoir le gouvernement, le format habituel que les Tunisiens demandent aux invités. Pourtant, les questions étaient nombreuses, notamment pour comprendre si les efforts de Meloni aboutiront à quelque chose. »

TRIBUNE, La Stampa, de Antonio Tajani (Forza Italia) et Manfred Weber (CSU), « L’UE doit reprendre le contrôle de la Méditerranée, les égoïsmes nationaux créent de l’insécurité » : « L’Europe se dirige tout droit vers une nouvelle crise migratoire. Au cours des quatre premiers mois de 2023, 80 000 personnes ont illégalement traversé les frontières de l’UE. Les centres pour les réfugiés sont surpeuplés, les contrôles aux frontières internes augmentent, de plus en plus de personnes risquent leur vie pour tenter de gagner l’Europe. L’UE doit urgemment revoir sa politique migratoire avec une attention particulière pour la Méditerranée centrale où, contrairement à ailleurs, les flux illégaux augmentent. Il faut pour cela l’unité de tous les pays membres et des solutions partagées. Nous n’y arriverons jamais si nous continuons à fermer les frontières nationales et à nous disputer sur qui devrait accueillir les derniers migrants arrivés sur nos côtes, si les égoïsmes nationaux prévalent sur la solidarité européenne. La solution est basée sur deux piliers : le renforcement des frontières externes et une solidarité européenne accrue vers les personnes dans le besoin, par exemple fuyant des guerres. En accueillant plus de 4 millions de réfugiés ukrainiens, nos collectivités locales ont déjà fait preuve d’une extraordinaire solidarité. Nos concitoyens demandent par ailleurs des solutions pragmatiques pour lutter contre l’immigration clandestine. Être naïf c’est être irresponsable et certains partis ont trop longtemps négligé l’aspect sécuritaire de l’immigration. Au Parlement européen, les Verts ont systématiquement tenté de bloquer toute initiative pour améliorer les conditions d’ordre aux frontières externes. Et la gauche utilise en Europe la crise migratoire de façon démagogique contre une droite qui ne respecterait pas les droits fondamentaux des personnes, confondant immigration légale et illégale. Pour plus de sécurité dans l’UE, nous devons prendre des mesures plus efficaces contre les organisations criminelles et les Etats étrangers qui exploitent les migrants. Nos frontières externes doivent être plus sûres, ce sont les Etats membres qui doivent décider qui entre en Europe, pas les trafiquants qui appartiennent à des réseaux illégaux multimilliardaires. L’Europe doit agir avec conviction en Méditerranée. L’UE devrait également établir un code de conduite pour les ONG faisant des secours en mer, afin de garantir le contrôle démocratique et protéger notre sécurité commune. Pour mettre fin à cette tragédie humaine il faut collaborer avec les pays de transit et créer des centres d’accueil et d’enregistrement y compris hors d’Europe, qui soient aussi des plateformes de débarquement pour les patrouilles et les missions de secours. A notre garde frontalière et notre garde côtière il faut confier une nouvelle mission de patrouille en Méditerranée. Il faut empêcher que tant de personnes entreprennent ce voyage désespéré, en créant au contraire des voies légales et des corridors humanitaires. La coopération avec les pays de la rive sud est fondamentale pour contrôler les flux migratoires. La Tunisie a remplacé la Libye comme premier pays de transit : sur 45 000 migrants arrivés en Italie en un an, plus de la moitié sont partis de ports tunisiens. Un accord avec la Tunisie comme celui de 2016 avec la Turquie est primordial pour reprendre le contrôle. Nous devons aussi continuer à travailler étroitement avec nos partenaires d’Afrique subsaharienne pour affronter les causes profondes de la migration. Il faut investir dans l’agriculture, l’énergie, la technologie dans ces pays afin d’offrir des opportunités concrètes dans leur propre pays à ces hommes, femmes et enfants. Ne commettons par les mêmes erreurs qu’en 2015, unissons-nous et trouvons des solutions communes pour protéger les citoyens européens et aider ceux qui en ont besoin, et montrer le meilleur de la solidarité européenne. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

M 2.jpg

Giorgia Meloni et le président tunisien Kaïs Saïed

Les commentaires sont fermés.