08/05/2023
"Débat politique sur la réforme des institutions, visant notamment à renforcer les fonctions du premier ministre ou à aller vers un système semi-présidentiel."
Italie. Revue de presse.
Le débat politique sur la réforme des institutions, visant notamment à renforcer les fonctions du premier ministre ou à aller vers un système semi-présidentiel, alors que les consultations commenceront mardi entre G. Meloni et les partis d’opposition, fait les gros titres « Le bras-de-fer sur les réformes » (Corriere della Sera), « Les réformes sans l’opposition. Tajani (Forza Italia) fait savoir que la majorité proposera sa réforme même sans accord avec les autres partis » (La Repubblica), « Forza Italia propose le renforcement du statut du Premier ministre » (Il Giornale). « Le rapport Istat sur l’emploi : travail, l’Italie n’est pas un pays pour les jeunes. L’écart salarial entre générations multiplié par deux en 40 ans » (Il Messaggero), « Les jeunes et la crise : quelles aides économiques pour les moins de 35 ans » (Sole 24 Ore). Des faits divers sont également cités « Le sacrifice de Gessica, tuée par son père alors qu’elle voulait protéger sa mère » (Corriere della Sera, Messaggero).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni et A. Logroscino « Le bras-de-fer sur les réformes : les conditions posées par le PD et le M5S. Tajani : nous ferons avancer la réforme même sans vous » : « L’heure des réformes a sonné et à partir de demain, la discussion politique va s’ouvrir. A la Chambre, à partir de midi, Meloni rencontrera tous les représentants des partis politiques d’opposition. Il s’agit d’une première étape. Le PD et le M5S ont déjà formulé leurs conditions : non à l’élection directe du Président de la République ou du Président du Conseil, oui à l’hypothèse de renforcer l’exécutif en s’inspirant du modèle allemand de chancelier. Le vice-président de Forza Italia, Antonio Tajani, fait savoir pour sa part que ‘’si l’opposition fait de l’obstruction, nous avancerons quand même [sur les réformes] et puis il y aura un référendum [constitutionnel]’’. Du côté de l’opposition, du moins sur les réformes, Giuseppe Conte confirme l’alliance avec Le PD. Le dirigeant 5 Etoiles estime qu’‘’avec un chef du gouvernement élu directement, le Chef de l’Etat verrait son rôle cantonné aux cérémonies’’. Le Président du Sénat, I. La Russa, veut proposer une rencontre avec les chefs de groupe afin de débattre des réformes également au Sénat. Le sentiment de méfiance semble toutefois généralisé. Carlo Calenda, représentant du Troisième pôle, semble davantage ouvert au dialogue et confirme que le monocaméralisme et le statut renforcé du Premier ministre sont des objectifs de son programme. L’opposition à la réforme de l’autonomie régionale différenciée réunit le PD et le M5S sur les mêmes positions. Meloni devra aussi tenir compte des avertissements lancés par le léguiste Massimiliano Fedriga : le Président de la région Frioul-Vénétie-Julienne rappelle qu’il est indispensable d’associer à la discussion sur les réformes les présidents des régions. Quant à la Ligue, ‘’demander un système de gouvernement sur le modèle du chancelier allemand signifie ne pas vouloir dialoguer’’. »
EDITORIAL, Il Messaggero, A. Campi « Un chemin qui s’annonce difficile pour parvenir à des réformes partagées » : « Le présidentialisme, soit le renforcement du pouvoir exécutif et de la volonté populaire, faisait partie du programme électoral de FDI. Cette réforme n’est donc pas un moyen de propagande pour distraire l’opinion publique ni un passage en force politique. Il est juste que le sujet soit évoqué maintenant, les réformes ayant besoin d’un délai assez long pour être réalisées. Toutefois, sans une proposition claire et bien conçue du point de vue technique, la querelle entre partis sera inévitable, tout comme l’échec du parcours de réformes. Par ailleurs, on fait également face à un risque de congestion parlementaire, les institutions parlementaires et les structures ministérielles étant occupées par la mise en œuvre et la réalisation du Plan de Relance. »
ENTRETIEN, Libero, de Maria Elena Boschi (Italia Viva) « Italia Viva est favorable aux réformes, même sans le PD et le M5S » : « Nous avons une Constitution qui est le fruit de la Résistance contre le fascisme et c’est très bien. Toutefois, avoir peur d’un exécutif solide, 80 ans après la chute de Mussolini, est un anachronisme. Il est important de réaliser les réformes car cela est utile à l’Italie et pas uniquement à une partie de la classe politique. Italia Viva est donc prêt à dialoguer sur les réformes constitutionnelles. Nous montrons notre cohérence, sans oublier qu’en 2016 les partis de droite avaient voté contre notre proposition pour faire tomber le gouvernement Renzi. Nous sommes donc responsables, tout en restant dans l’opposition. [Sur les réformes,] il n’existe pas de droit de véto, cela vaut pour Schlein et pour Conte. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria, « Forza Italia est comme une poudrière, la trêve de Berlusconi ne freine pas la fronde contre Tajani » : « L’intervention vidéo de Silvio Berlusconi a eu l’effet d’un placebo sur Forza Italia, en mettant entre parenthèses les divergences sous-jacentes qui avaient animé le parti ces dernières semaines – Tajani contre Cattaneo – imposant, de fait, une trêve. A la direction du parti, tous se sont empressés de commenter avec émotion ce retour – bien que virtuel – du Cavaliere. Berlusconi n’a eu aucun mot pour le coordinateur du parti et régent en son absence, Antonio Tajani, et n’a désigné personne [pour lui succéder]. Cela met toutefois en évidence une fragilité du parti que soulignent certains députés, d’autant plus que le chef reste hospitalisé. Les chefs de la coalition de gouvernement seront aujourd’hui à Ancone et, aux côtés de Meloni et Salvini, c’est Tajani qui représentera le parti. Lors de la convention de Forza Italia en fin de semaine dernière à Milan, l’aile critique [vis-à-vis de Tajani], représentée par Cattaneo, Mulé, Ronzulli,… n’a pas manqué de s’exprimer à plusieurs reprises. Marta Fascina, la compagne de Silvio Berlusconi était absente tout le long. Le plus important foyer de mécontentement contre Tajani et contre le gouvernement se retrouve au Sud avec le président de la région Sicile, Renato Schifani, qui s’en est fait le porte-parole. Ses propos, critiques, lors de la Convention, ne sont pas passés inaperçus, relayant le mal-être des grands bassins électoraux du Sud de l’Italie et réclamant ‘’l’attention’’ correspondant à la contribution offerte en termes de voix. Les représailles pourraient se manifester sur l’autonomie différenciée, Schifani avertissant que le oui de leur part n’était pas acquis. Un signal fort lancé à Tajani par un membre historique du parti qui a rassemblé à Palerme il y a deux semaines pas moins de fidèles de Forza Italia qu’à la Convention de Milan. Pour Schifani, seule la fille du Cavaliere, Marina Berlusconi, pourra assurer la continuité du parti. En attendant, il entend faire front commun au Sud, avec à ses côté le président calabrais Roberto Occhiuto. »
SONDAGES, Corriere della Sera, de N. Pagnoncelli, « Le 25 avril et le 2 juin divisent ; seuls 58% des Italiens se sentent concernés » : « Un paradoxe émerge de l’étude menée auprès des Italiens : les festivités qui devraient représenter un trait identitaire et un moment d’unité du pays divisent en fait la population. Seuls 58% disent se sentir concernés par la Fête de la République et la Fête de la Libération du nazisme et du fascisme (contre 42% peu ou pas du tout intéressés), 53% suit la Fête du Travail et seulement 44% disent s’intéresser à la Fête de l’unité nationale et des Forces Armées en novembre. Au fil des années, le 2 juin est de plus en plus considéré comme la véritable fête nationale italienne, devant le 25 avril mais il y a des différences selon l’orientation politique. Les électeurs de droite sont davantage attachés à la Fête de la République alors que ceux de gauche privilégient la Fête de la Libération. Parmi les citoyens qui s’abstiennent, 28% ne savent pas choisir entre l’une de ces deux dates. Les polémiques ayant émergé à l’occasion de ce 25 avril 2023 montrent que l’opposition entre fascisme et antifascisme est une question encore irrésolue en Italie. Une majorité relative de personnes interrogées (45%) considère que l’antifascisme est une valeur intrinsèque à la République italienne alors qu’un quart n’a pas d’opinion sur le sujet. Sur cette question, la polarisation politique est forte : 89% des électeurs du PD estiment l’antifascisme comme une valeur fondamentale contre 60% de l’électorat de Fratelli d’Italia jugeant que la question est historiquement dépassée. 38% des sondés expriment un avis positif sur la posture de la Présidente du Conseil à l’occasion de ce 25 avril, contre 33% exprimant un avis négatif. Quant à sa lettre ouverte au quotidien Corriere della Sera, 33% y voient un pas en avant important et définitif de la droite italienne contre 34% qui y voient une occasion perdue. La résolution des fractures internes au pays reste donc un vrai enjeu et passera par la reconnaissance des évidences historiques comme cela a eu lieu en Allemagne, en Espagne ou encore au Portugal. En outre, un lien peut être établi en abstentionnisme et désintérêt pour la sphère publique, et une sous-estimation de l’importance de la connaissance de l’l’histoire. »
ARTICLE, La Stampa, G. Longo « L’étau se resserre sur les flux migratoires » : « A partir du moment où le problème doit être affronté en amont, l’Intérieur a préparé deux cercles de négociation afin d’accélérer en vue de la belle saison où les flux migratoires ne pourront qu’augmenter. Samedi dernier, le ministre Piantedosi (Indépendant) a reçu le général Khalifa Haftar et le 15 mai il se rendra à Tunis pour mettre au point un plan spécifique. Il ne s’agit donc pas uniquement d’avoir une stratégie pour gérer les arrivées des migrants sur les côtes italiennes mais d’entamer également une collaboration avec la Libye et la Tunisie afin de freiner les flux. La rencontre avec Haftar s’est tenue à huis clos. Toutefois, l’Intérieur a fait savoir qu’un accord avait été signé, prévoyant une surveillance renforcée [du côté d’Haftar] contre la fuite de migrants depuis la Cyrénaïque en échange d’un soutien du gouvernement italien en faveur du secteur de l’agriculture. L’homme fort de la Cyrénaïque s’est dit disposé à freiner la vague migratoire grâce aux moyens fournis par l’Italie, à savoir 5 patrouilleurs et des camions mais aussi des instruments de contrôle des déplacements comme des radars et des drones. L’Intérieur reconnait que le général Haftar n’est pas une personnalité facile [à gérer] et qu’il ne faut pas oublier qu’il est soutenu par les Egyptiens et par les milices mercenaires russes de Wagner. Si ce dernier aspect pourrait représenter un problème pour l’Italie, l’influence égyptienne l’est beaucoup moins – malgré le dossier encore ouvert de l’affaire Regeni –, les relations avec Le Caire étant encore bonnes. L’autre interlocuteur important pour le « dossier migrants » est la Tunisie. Le ministère de l’Intérieur a confirmé la mission de Piantedosi le 15 mai prochain. L’Italie confirmera la fourniture de moyens de transport et d’instruments technologiques afin de renforcer le contrôle des côtes tunisiennes. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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