26/04/2023
"Mattarella : "L’Italie est antifasciste.""
Italie. Revue de presse.
Les commémorations à l'occasion de la Fête de la Libération, et notamment l’allocution du Chef de l’Etat rappelant le caractère antifasciste de la Constitution, font les gros titres « [Mattarella :] « nous sommes les fils de la Résistance » » (Corriere della Sera, La Repubblica), « [Mattarella :] « L’Italie est antifasciste » » (La Stampa), « « La Constitution est le fruit du 25 avril » » (Il Messaggero). « Joe Biden annonce sa candidature à la Maison Blanche « je dois terminer le travail » et défie D. Trump » (Corriere, Repubblica, Messaggero), « Réforme de l’autonomie régionale : un modèle s'inspirant de l’Espagne avec des pouvoirs en matière de fiscalité » (Il Messaggero). « Réforme du Pacte de stabilité : le « faucon » Lindner appelle à plus de rigueur » (Repubblica).
Les JT couvrent les commémorations à l'occasion de la Fête de la Libération, l’ouverture à Rome de la conférence pour la reconstruction de l’Ukraine, l’annonce de la candidature de Joe Biden à la Maison Blanche et le décès du chanteur et militant des droits civiques Henry Belafonte.
Sur Twitter, le hashtag #25aprile, en référence aux commémorations à l'occasion de la Fête de la Libération, fait tendance.
Larussa, Meloni, Mattarella, Crosetto
LETTRE OUVERTE, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil Italien, Corriere della Sera [extraits] : "Qu'aujourd'hui soit le jour de la liberté » : « Pour mon premier 25 avril en tant que Premier ministre, je confie aux colonnes du Corriere quelques réflexions qui, je l'espère, pourront contribuer à faire de cet anniversaire un moment de concorde nationale retrouvée, où la célébration de notre liberté retrouvée nous aide à comprendre et à renforcer le rôle de l'Italie dans le monde en tant que rempart indispensable de la démocratie. Et je le fais avec la sérénité de celle qui a vu ces réflexions mûrir pleinement dans les rangs de son parti politique il y a 30 ans, sans jamais s'en éloigner au cours des longues années d'engagement politique et institutionnel. Depuis de nombreuses années en effet, et comme le reconnaît tout observateur honnête, les partis représentant la droite au Parlement ont déclaré leur incompatibilité avec toute nostalgie du fascisme. Le 25 avril 1945 marque clairement un tournant pour l'Italie : la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'occupation nazie, les vingt années de fascisme, les persécutions antijuives, les bombardements et bien d'autres deuils et privations qui ont longtemps frappé notre communauté nationale. Malheureusement, cette même date n'a pas marqué la fin de la sanglante guerre civile qui a déchiré le peuple italien et qui, dans certains territoires, s'est poursuivie et a même divisé des familles, touchées par une spirale de haine qui a conduit à des exécutions sommaires, même plusieurs mois après la fin du conflit. De même qu'il est juste de rappeler que, si des millions d'Italiens sont rentrés ce jour-là pour goûter à la liberté, pour des centaines de milliers de nos compatriotes d'Istrie, de Fiume et de Dalmatie, une deuxième vague de massacres et le drame de l'exode de leurs terres ont commencé à la place. Mais le fruit fondamental du 25 avril a été, et reste sans aucun doute, l'affirmation des valeurs démocratiques, que le fascisme avait concoctées et que nous retrouvons gravées dans la Constitution républicaine. (…) En gérant cette transition difficile, qui avait déjà connu un passage significatif avec l'amnistie voulue par le ministre de la Justice de l'époque, Togliatti, les constituants ont donc confié à la force même de la démocratie et à sa réalisation au fil des années la tâche d'inclure dans le nouveau cadre même ceux qui avaient combattu parmi les vaincus et cette majorité d'Italiens qui avaient eu une attitude "passive" à l'égard du fascisme. En particulier, ceux qui avaient été exclus du processus constituant pour des raisons historiques évidentes, ont entrepris de faire entrer des millions d'Italiens dans la nouvelle république parlementaire, façonnant ainsi la droite démocratique. Une famille qui, au fil des ans, a pu s'élargir, en intégrant dans ses rangs également des représentants de cultures politiques, comme les catholiques ou les libéraux, qui s'étaient opposés au régime fasciste. (…) C'est pourquoi je ne comprends pas les raisons pour lesquelles, en Italie, parmi ceux qui se considèrent comme les gardiens de cette conquête, il y en a qui en nient en même temps l'efficacité, en racontant une sorte de division imaginaire entre les Italiens pleinement démocratiques et les autres - probablement la majorité à en juger par les résultats des élections - qui, sans le déclarer, rêveraient secrètement d'un retour à ce passé d'absence de liberté. Je vois cependant l'objectif de ceux qui, en préparation de cette journée et de ses cérémonies, établissent une liste de ceux qui peuvent et ne peuvent pas y participer, selon des critères qui n'ont rien à voir avec l'histoire mais beaucoup à voir avec la politique. Il s'agit d'utiliser la catégorie du fascisme comme un outil pour délégitimer tout opposant politique : une sorte d'arme d'exclusion massive, comme l'a enseigné Augusto Del Noce, qui a permis pendant des décennies d'évincer des personnes, des associations et des partis de toute discussion ou de simple écoute. (…) Je me demande si ces personnes se rendent compte à quel point, ce faisant, elles affaiblissent les valeurs qu'elles disent vouloir défendre. C'est probablement cette conscience qui a poussé Luciano Violante à identifier - dans son mémorable discours inaugural en tant que président de la Chambre des députés il y a presque trente ans - précisément dans une certaine "conception propriétaire" de la lutte de libération l'un des facteurs qui l'empêchent de devenir un patrimoine partagé par tous les Italiens. » (..) Le 25 avril a été déclaré en 2009 la "Journée de la liberté", afin de surmonter les lacérations du passé. Un souhait que non seulement je partage mais que je souhaite renouveler aujourd'hui, précisément parce que 78 ans plus tard, l'amour de la démocratie et de la liberté reste le seul véritable antidote contre tous les totalitarismes. En Italie comme en Europe. Une conscience qui a conduit le Parlement européen à condamner sans équivoque et définitivement tous les régimes du XXe siècle, sans exception, avec une résolution de septembre 2019 dans laquelle je me reconnais totalement et que le groupe Fratelli d'Italia, avec toute la famille des conservateurs européens et tout le centre-droit, a votée sans aucune hésitation (contrairement, malheureusement, à d'autres). Une résolution qui prend encore plus de valeur dans le contexte actuel, compte tenu de la résistance héroïque du peuple ukrainien pour défendre sa liberté et son indépendance face à l'invasion russe. (…) »
COULISSES, Corriere della Sera, « Le Quirinal apprécie les paroles de la Première ministre » par Monica Guerzoni : « Une journée "belle, détendue, positive". Et très longue, comme la lettre que Giorgia Meloni a adressée au Corriere le jour de la Libération, pour rappeler que les partis de droite ont depuis longtemps "déclaré leur incompatibilité avec toute nostalgie du fascisme". Des mots que le Premier ministre considère clairs, nets et peut-être même définitifs sur le "tournant" que le 25 avril 1945 marque pour l'Italie. Des mots destinés à être lus et relus à la loupe de l'histoire et de la politique, par ceux qui pensent que Meloni a fait un pas en avant et par ceux qui déplorent que, même à cette occasion, le président n'ait pas prononcé le mot d’"antifascisme". Les présidents du Sénat et de la Chambre, le ministre de la Défense et la Première ministre ont accompagné le président de la République au moment le plus important et le plus solennel des célébrations. Dans une atmosphère d'harmonie bipartisane, le président de la République aurait dit à Meloni qu’il a apprécié son intervention dans le Corriere avant de partir pour Cuneo, où il a prononcé son neuvième discours du 25 avril, la Résistance et la "République fondée sur la Constitution, fille de la lutte antifasciste" »
COMMENTAIRE, La Repubblica, « 25 avril, à qui s'adresse la Première ministre » de Stefano Folli : « En Italie il y a un double 25 avril. Le premier est celui des institutions, avec les cérémonies officielles qui célèbrent le jour de la libération. Le second est celui de la politique, fait d'âpres polémiques et d'affrontements où vibrent d'anciennes passions. La ligne institutionnelle est évidemment interprétée par le Président de la République, qui s'en tient à la signification profonde du 25 avril : la libération de l'envahisseur allemand, le retour à la paix et à la démocratie, l'espoir de retrouver la concorde nationale après la tragédie. La lettre du Premier ministre cherche à se placer dans le sillon ouvert par le chef de l'État. C'est le ton qui sied à celui qui dirige le gouvernement, alors que sa formation politique n’a jamais célébré cette date auparavant, et l'a même considérée comme un jour de deuil. Le changement de générations a progressivement dilué cette bizarrerie, mais il était opportun que la première ministre issue de cette tradition s’exprime. Il s'ensuit que sur le plan institutionnel, Giorgia Meloni a dit ce qu'il fallait dire : une adhésion sans réserve à la méthode démocratique et aux valeurs de liberté et de tolérance ; la reconnaissance de la Constitution faite "pour unir et non pour diviser" ; la confirmation indirecte du choix occidental et atlantique, qui se traduit aujourd'hui par un soutien à la résistance ukrainienne face à l'attaque russe. Le passage le plus significatif est peut-être l'assurance que ce gouvernement de droite se reconnaît aujourd'hui dans le "patriotisme constitutionnel", la formule qui souligne la valeur du patriotisme mais le place dans le cadre de la Constitution, que les ancêtres de l'actuel premier ministre n'ont pas signée dans les années constitutives de l'immédiat après-guerre. La prise de position de Meloni semble s'adresser avant tout au Quirinal, comme pour souligner son entente avec celui-ci. Mais aussi aux populaires allemands, et tous ceux qui, en Europe, se méfient de la droite italienne. Il y a aussi un message aux électeurs de Fratelli avec la référence à la brigade Osoppo, composée de catholiques, de laïques et de libéraux, massacrée à Porzûs par les partisans communistes. Et c'est là que nous arrivons au deuxième niveau du 25 avril, le niveau politique. Cette sortie de Meloni n'a pas éteint la polémique, elle l'a même attisée. A commencer par l'absence d'une déclaration explicite d'antifascisme. Et à gauche, c'est évident, on n'a pas l'intention de faire des concessions : l'enjeu est trop important. »
ANALYSE, La Stampa, U. Magri « Avec des mots forts, une « opération vérité » a été lancée contre les nostalgiques de « l’autre » patrie » : « La Constitution est antifasciste, point à la ligne. L’intransigeance montrée à Cuneo par Sergio Mattarella ne doit pas surprendre : le caractère « résistant » de son allocution au Théâtre Toselli ne peut prendre de court que ceux qui avaient cru voir dans sa politesse de la faiblesse, dans son esprit constructif de la complaisance, ou dans son respect des règles une quelconque crainte. Cela fait huit ans que le Président célèbre la Fête de la Liberté et jamais ses mots n’avaient retenti aussi fort. Il est vrai aussi que jamais un Président du Sénat, Ignazio La Russa, n’avait remis en cause les racines de notre démocratie, comme si la République était née toute seule, au lieu d’être le fruit de la lutte pour la libération. Mattarella a donc dû faire une mise au point pour rappeler surtout aux jeunes ce qu’avait été réellement le fascisme, les responsabilités de Mussolini et sa complicité avec Hitler jusqu’aux actions les plus inhumaines. L’autre mystification que le Président de la République a voulu démonter concernait les résistants et ce qui les a poussés à se battre. Plusieurs d’entre eux, selon le Président La Russa, auraient voulu une dictature communiste. Meloni pense aussi que ceux qui voulaient une démocratie libérale n’étaient ‘’pas toutes les personnalités de la Résistance’’. Pourtant, dans son discours, Mattarella a rendu hommage aux différentes âmes de la Résistance, allant des catholiques aux libéraux, des socialistes aux républicains. Parmi les héros de la Résistance cités par le Chef de l’Etat, seulement un [Concetto Marchesi] était communiste. Il montre aussi que plusieurs cultures, différentes entre elles, ont contribué à la Résistance. Pour Mattarella, l’objectif partagé qui unissait ces différentes âmes était ‘’la reconquête de la Patrie’’. La Résistance a été notamment ‘’une révolte morale de patriotes contre le fascisme, pour le rachat national’’. Patrie, rachat, nation, des termes souvent exploités par la droite. »
EDITORIAL, La Repubblica, d’Ezio Mauro, « La distance entre les deux Présidents” : “Cette année, les célébrations du 25 avril, jour de la Libération en Italie, n’avaient rien de rituel. Au contraire, c’est comme si le Président de la République avait éprouvé l’urgence et le besoin de sortir de la liturgie habituelle afin de redéfinir le sens de cette journée célébrant la République constitutionnelle fondée sur la liberté reconquise. Voilà donc où nous étions tombés à force d’ambiguïtés politiques, de confusions historiques, mais aussi de provocations et de falsifications de la mémoire nationale qui ont contraint le Chef de l’Etat à revenir sur certains fondamentaux de notre pays. Giorgia Meloni avait décidé de rester un pas en arrière, surtout s’agissant de la reconnaissance des valeurs de la lutte partisane et donc de l’antifascisme comme fondement du nouveau patriotisme constitutionnel de la République. Elle fait preuve d’un embarras équivoque et une réticence face à certaines dates capitales de l’histoire nationale, et son silence avait été explicite à l’occasion du centième anniversaire de la marche sur Rome. Mattarella, dans le Nord-Est de la Péninsule, bastion de la résistance, a déclaré : ‘’C’est ici, sur ces montagnes, dans ces vallées, que la République célèbre aujourd’hui ses racines avec la Fête de la Libération’’. L’origine de la République démocratique se trouve dans la rébellion morale de la jeunesse contre l’occupation allemande, ‘’contre le régime fasciste, jusqu’à la victoire du peuple italien qui se rebelle contre la tyrannie mussolinienne’’. ‘’La Constitution est la fille de la lutte antifasciste et de la Résistance’’ a souligné Mattarella. On ne retrouve pas le même esprit dans le discours de Giorgia Meloni, comme si les deux Présidents s’adressaient à deux pays distincts. Pourtant, il n’y a qu’une seule histoire. D’après la Présidente du Conseil, la droite semble avoir déjà opéré un tournant, il n’y a plus rien à dire. Mais si tout avait réellement déjà été dit, pourquoi la droite retombe-t-elle sans cesse dans ses travers de provocation, de falsification, d’ambiguïté à travers des hommes politiques que cette même droite a portés au sommet des institutions ? C’est cette lecture instrumentalisée de l’histoire qui empêche de prononcer le mot ‘’antifascisme’’ et qui rend impossible la concorde nationale que la Présidente du Conseil appelle de ses vœux. »
EDITORIAL, Il Foglio, de Claudio Cerasa, « Une Italie divisée après le 25 avril : vraiment ? » : « Les célébrations du 25 avril ont contribué à renforcer une image de l'Italie bien différente de celle que l'on voit souvent dans les talk-shows, une Italie qui, face à ses valeurs non négociables, tend plus à unir qu'à diviser. Les cérémonies du 25 avril ont montré que la présence d'une droite démocratique au gouvernement est l'une des plus importantes victoires de l'antifascisme italien, et les paroles claires prononcées hier par la Première ministre sur le fascisme montrent que, sur certaines questions, il y a un esprit d'unité nationale qui ne se manifeste pas seulement lorsque l'on demande à la majorité gouvernementale de montrer à l'opinion publique des gages d'antifascisme. L'Italie qui, magiquement et incroyablement, se retrouve unie lorsqu'elle discute de certaines valeurs non négociables, est une Italie au sein de laquelle le populisme n'est pas mort, bien sûr, mais a été considérablement réduit, grâce aussi à d'importantes marches arrière réalisées par la droite gouvernementale au cours de ses six premiers mois à la tête de l'Italie (sur l'antifascisme, la lettre d'hier de Meloni est claire et forte, malgré le ton peut-être inutilement polémique de certains passages, plus en tant que leader de l'opposition qu'en tant que chef de gouvernement). Le raisonnement est bien sûr valable pour les questions que nous venons d'évoquer, mais il l'est encore plus si l'on considère d'autres éléments cruciaux de notre vie publique. Il vaut pour les questions d'antifascisme (lorsque les positions de Fratelli d'Italia sont apparues timides ces derniers jours, c'est la Ligue qui a fait des reproches au parti de Giorgia Meloni). Elle vaut pour le soutien de l'Italie à la résistance ukrainienne (le seul parti qui s'oppose à l'envoi d'armes est le M5 qui, pourtant, lorsqu'il était au gouvernement, a envoyé des armes aux Ukrainiens). Elle vaut pour l'émancipation de l'Italie de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie (l'agenda de Draghi est aujourd'hui plus un atout de droite que de gauche). C'est vrai pour l'absence, dans le débat politique, d'éléments grandiloquents de pur anti-européanisme (lors des élections européennes d'il y a cinq ans, on parlait de la manière de sortir de l'euro, en Italie, on parle aujourd'hui de la manière de rendre l'Europe plus forte).»
ARTICLE, La Stampa, A. Barbera « Plan de relance national, les objectifs de juin sont déjà en danger » : « Aujourd’hui le ministre Fitto (Frères d’Italie), en charge du PNRR, prendra la parole devant le Parlement pour faire le point sur l’avancée des projets. Attendant de recevoir la tranche du deuxième trimestre, le gouvernement travaille aux 27 objectifs qu’il faut atteindre d’ici le 30 juin. Parmi lesquels certains ne pourront pas être réalisés : à commencer par le plan sur les crèches qui prévoyait la création de 260 000 emplois d’ici 2025. Il y a ensuite la construction de bornes pour les voitures à hydrogène. Le ministre Fitto a entamé son opération transparence, qui reconnait les erreurs et les retards. Aujourd’hui, il reconnaitra publiquement la difficulté de pouvoir atteindre les objectifs de juin. Une affaire délicate, puisque le gouvernement, après avoir promis la révision du Plan d’ici le 30 avril, a maintenant décidé de prendre son temps jusqu’à la date butoir du 31 août. Selon une source, ‘’nous avons eu la possibilité de revoir certains objectifs mais, ayant pris notre temps sur l’ensemble [de la gouvernance] du PNRR, maintenant il faut respecter les échéances intermédiaires’’. Cette phrase synthétise les difficultés du gouvernement Meloni à gérer tous les problèmes dont seulement certains sont imputables à la nouvelle majorité. La faute au trop-plein d’ambition, aux retards de la bureaucratie, mais aussi à la réforme de la gouvernance du PNRR. ‘’En réalité, le gouvernement n’a pas tout à fait compris la complexité administrative du PNRR. L’activisme de Fitto est appréciable, dialoguer avec le commissaire compétent [Gentiloni] est toujours utile mais il faut aussi la capacité technocratique de répondre aux objections des différents fonctionnaires de Bruxelles’’, souligne cette même source. Pour accélérer sur les crèches, les ministres Fitto et Valditara (Instruction) ont demandé l’aide des structures du Trésor déployées dans les provinces. D’ici un mois, il sera possible d’avoir un cadre défini et de voir à qui imputer la responsabilité du ralentissement de la mise à terre du PNRR. Le ministre Fitto tient à souligner ‘’nous sommes au pouvoir depuis octobre, il faut être de mauvaise foi pour dire que tout est de notre faute’’. Ce qui n’est pas faux. »
ARTICLE, Il Messaggero, A. Bassi « Réforme de l’autonomie régionale, l’enjeu est revu à la hausse avec le modèle espagnol » : « Si le titre est anodin ‘’Autonomie différenciée et garantie des niveaux essentiels des prestations’’, le contenu dévoile néanmoins un choix politique clair. Notre quotidien a pu avoir accès au contenu du document que le ministère des affaires régionales du léguiste Calderoli a remis à la « task force » dirigée par la présidente du Conseil Giorgia Meloni et qui devra définir les prestations de base des régions. Après avoir adressé un questionnaire aux différentes ambassades italiennes déployées dans des pays ayant un système décentralisé, les experts de Calderoli ont choisi le modèle espagnol. Tout d’abord car il ne s’agit pas d’un Etat fédéral et que la décentralisation est asymétrique. Ensuite, les communautés locales peuvent garder des quotas importants de taxes relevant de l’Etat. Il serait possible de leur conférer un plus grand pouvoir de décision et de gestion de la fiscalité. Il est évident qu’avec ce système, les régions les plus riches peuvent réduire la pression fiscale pour leurs résidents, provoquant ainsi une compétition fiscale. Toutefois, aboutir à un modèle assurant un équilibre dans lequel toutes les Régions auraient des avantages apparait comme une promesse sur le sable. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Macron et Meloni ensemble dans l’alliance des « colombes » mais l’UE veut réduire les déficits » : « La Commission européenne avance plusieurs propositions pour une médiation dans la réforme du Pacte de Stabilité, et notamment la réduction de 0,5% par an des déficits excessifs. Des propositions formulées in extremis pour convaincre l’Allemagne et ses alliés avant la présentation du texte aujourd’hui, car la bataille entre les ‘’faucons’’ et les ‘’colombes’’ n’est pas terminée. Tout se joue sur les nouvelles règles budgétaires qui entreront en vigueur l’année prochaine. La Commission tente de trouver une formule ne pesant pas sur la relance et la croissance économique avec des indicateurs plus souples, d’où la révision du paramètre sur la réduction annuelle de la dette qui imposait un effort monstrueux pour des pays très exposés comme l’Italie mais aussi pour la France qui atteint les 110%. L’idée de la Commission serait désormais de fixer un objectif et une trajectoire personnalisés pour chaque pays, sur quatre ans, avec la possibilité de prolonger de trois ans supplémentaires. L’Allemagne et les Pays-Bas désapprouvent cette méthode qui ne garantirait aucun résultat, Scholz proposant plutôt une réduction annuelle de 1% pour les pays les plus endettés comme l’Italie, la Grèce et désormais la France (0,5% pour les autres pays). Pour Ursula von der Leyen, le risque de freiner la relance était trop fort. La Commission pourrait également prévoir que les pays ne respectant pas la trajectoire définie ne seraient pas autorisés à mettre en œuvre de réforme fiscale [accommodante], outre les habituelles procédures d’infraction pour dépassement du seul de déficit à 3%. Cette fois, le bras de fer entre faucons et colombes est marqué par une alliance inédite entre la France et l’Italie, inédite du moins pour ce qui est du gouvernement Meloni, mais qui nait d’une convergence d’intérêts involontaire. Paris se trouve en effet désormais dans la liste des ‘’mauvais’’ pays endettés. Une alliance sur laquelle s’appuie la Commission, notamment Paolo Gentiloni et Ursula von der Leyen dont le mandat touche à sa fin et qui veut le conclure avec une mesure qui laissera sa trace, peut-être en vue d’une candidature à sa propre succession. En tous cas, la proposition de médiation est un pas en avant pour l’Italie, même si elle risque plus que les autres pays d’être immédiatement sous surveillance à cause de son déficit et de se retrouver sous la tutelle de Bruxelles. L’obligation de maintenir la croissance des dépenses courantes inférieure à celle du PIB pourrait en particulier s’avérer compliquée. Il y a aussi un risque de suspension des fonds européens, alors que l’Italie est déjà en difficulté avec son Plan de Relance. Si la proposition allemande est désastreuse économiquement pour l’Italie, la proposition de la Commission pourrait être aussi dangereuse politiquement pour la coalition de droite. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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