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18/04/2023

"Le test au Sénat sur les migrants, à ce stade Salvini ne cède pas et va de l’avant."

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Italie. Revue de presse.

L’appel du Chef de l’Etat S. Mattarella en marge de sa visite en Pologne, invitant l’UE à revoir sa politique migratoire fait les gros titres « Mattarella : Migrants, il faut que l’UE modifie sa politique » (Corriere della SeraLa Repubblica), « Mattarella : une UE ”préhistorique“ » (La Stampa), « « L’UE a des règles préhistoriques sur la gestion des migrants »» (Il Messaggero). « Levée de l’interdiction d’exportation d’armes aux Emirats, le gouvernement Meloni redonne ses missiles au régime » (Fatto Quotidiano). « Elections municipales à Udine : l’alliance PD-M5S remporte le défi » (La Repubblica, La Stampa), « Arrestation de l’opposant russe Kara-Mourza, Moscou ferme l’Institut Sakharov, dernier bastion des dissidents » (La Repubblica).

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Le test au Sénat sur les migrants, à ce stade Salvini ne cède pas et va de l’avant » : « La révolte des maires et des présidents des régions dirigées par la gauche et les appels lancés par des dizaines d’ONG et d’associations, qui manifesteront aujourd’hui dans la rue, n’ont pas réussi à convaincre le gouvernement à faire marche arrière. G. Meloni et sa majorité vont de l’avant sur l’abolition de la protection spéciale et vers le retour, en partie, des décrets « sécurité » voulus en 2018 par Salvini. Le bras-de-fer avec les oppositions se poursuit depuis des jours et est destiné à exploser au Sénat, quand arrivera le texte du décret adopté après le drame de Cutro du 26 février. Les travaux en commission se sont prolongés jusqu’à tard, hier, et reprendront aujourd’hui, freinés par l’obstructionnisme des partis de l’opposition. Il est assez improbable que la Commission puisse terminer ses travaux aujourd’hui, ce qui veut dire qu’il faudra tout refaire au Sénat, amendement par amendement. Les 21 représentants de la Ligue tiennent la majorité en suspens, leur direction n’ayant pas envoyé l’ordre de retirer les propositions de modification voulant réintroduire les décrets de Salvini, très restrictifs en matière d’accueil. ‘’Les Léguistes veulent brandir leur bannière jusqu’au bout’’, se plaignent les alliés de Fratelli d’Italia. D’après le président des sénateurs de la Ligue M. Romeo, l’amendement de Gasparri (Forza Italia) réunit six propositions sur la protection spéciale mais en exclut 15 autres (notamment sur les Centre de permanence et pour les rapatriements). Salvini veut aller de l’avant et continuer sa bataille. Selon les amendements que le gouvernement voudra présenter, ‘’la Ligue évaluera ceux qu’elle présentera de son côté au Senat’’, assure Romeo. Ce qui pourrait provoquer de nouvelles tensions avec le Palais Chigi, puisque ce dernier à donner son feu vert à la médiation de Gasparri. »

EDITORIAL, Il Foglio, C. Cerasa « L’approche myope du gouvernement » : « La bataille parlementaire concernant la révision au rabais de la protection spéciale pour les immigrés défendue par la majorité gouvernementale nous dit quelque chose d’intéressant quant à l’approche myope décidée par l’exécutif pour gérer les politiques sur l’immigration. Le problème d’une loi visant à effacer un permis de séjour particulier (qui existe dans d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas) est un sujet qui devrait être abordé avec le prisme de l’utilité et de l’humanité. La coalition de droite a tendance à proposer des solutions destinées à aggraver le problème migratoire. Il n’est pas difficile de comprendre qu’une politique migratoire vouée exclusivement à transformer en clandestins une partie des migrants réguliers déjà présents en Italie soit destinée non pas à faire baisser les flux mais à augmenter le nombre d’irréguliers. Considérer les demandeurs d’asile comme la principale urgence n’est qu’une autre manière de fuir la réalité et de se lancer dans la propagande. En 2022, l’Italie a reçu 77 195 demandes d’asile (alors que l’Allemagne en a reçu 217 735, la France 135 505 et l’Espagne 116 140). Il faudrait plutôt modifier les accords de Dublin, chose impossible sans l’aide des pays alliés de Meloni en Europe. Le phénomène migratoire doit donc être abordé en Europe, comme nous l’a rappelé hier Mattarella. »

EDITORIAL, Repubblica, S. Folli « Une double difficulté : les migrants et l’affaire Artem Uss » : « L'attention reste focalisée sur le gouvernement et les difficultés quotidiennes que rencontre Giorgia Meloni. Les répercussions internationales de certaines mesures, parfois imprévues, doivent être évaluées. L'affaire de l'espion russe en fuite semble destinée à laisser des traces. Le rôle joué par les services secrets reste à décrypter. ‘’Aucune information émanant d'un service de renseignement étranger’’ n'est-elle vraiment arrivée, comme l'a dit Meloni ? Il ne s'agit pas d'un incident mineur, mais d'une affaire qui touche à la sécurité nationale et donc, même si on préfère ne pas le souligner, aux relations entre Rome et Washington. Meloni a réussi à se forger le profil d'une alliée loyale et de confiance. Avec la guerre aux frontières de l'Europe, son ‘’atlantisme’’ a été de fer. L'Italie de Meloni est à la Méditerranée ce que la Pologne est à l'Est. Pourtant, tout n'est pas clair. On le sait depuis des mois, au sein de la coalition, les velléités pro-russes de la Ligue et de Berlusconi lui-même posent question aux yeux des Américains et restreignent le crédit que la Première ministre s'est forgée outre-Atlantique. Peut-être s'agit-il d'une coïncidence ou d'un problème de timing, mais la visite à Washington tant annoncée ne s'est pas encore concrétisée. Et l'affaire Artem Uss, avec tous les doutes qu'elle soulève, était la dernière chose dont l'exécutif avait besoin et la présidente du Conseil devra clarifier les zones d'ombre. L'autre aspect concerne l'Europe. La question des migrants s'intensifie, tant en raison de l'augmentation des débarquements que de l'intention du gouvernement de supprimer ou de limiter la ’’protection sociale’’, avec les désaccords évidents que cela génère. L'Union a-t-elle l'intention d'aider l'Italie par une coordination plus efficace ou va-t-elle plutôt procéder au coup par coup, comme elle l'a fait jusqu'à présent ? La question demeure. Pour l'Italie, le risque de semi-isolement est sérieux, et les élections européennes qui se tiendront dans un an prennent de plus en plus d'importance. La majorité qui détient le Parlement de Strasbourg et, par conséquent, la Commission, pourrait changer. Le jeu politique en cours est complexe mais c'est la meilleure carte que Giorgia Meloni puisse mettre sur la table. Hier encore, l'Allemand Weber, un homme de la Csu, a plaidé en faveur de la présidente du Conseil : en Allemagne, certains ont donc le même intérêt stratégique que Meloni. Mais le chemin est semé d'embûches. » 

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Giorgia Meloni

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Le double message de Mattarella lancé au gouvernement et à Bruxelles » : « Depuis la Pologne, le Président de la République a lancé deux messages, adressés à la fois à l’Europe et à l’Italie. Quand il dit, en accord avec le président Duda, que l’on continuera à ‘’donner un soutien à l’Ukraine tant que cela sera nécessaire’’, il rassure les interlocuteurs internationaux et tend la main à la présidente du Conseil Meloni, alors que certains au sein de sa majorité ont manifesté des doutes sur le sujet de l’envoi d’armes à Kiev. La fermeté de ses paroles s’explique probablement par l’exigence d’empêcher que le front occidental ne se fissure face ‘’à l’agression brutale de la Russie’’ ou à la sensation souterraine de certains que ce conflit soit quelque chose d’étranger à l’Italie comme à l’Europe. C’est la raison pour laquelle il a ajouté ‘’si l’Ukraine était abandonnée, d’autres agressions suivraient’’. L’autre appel a été lancé cette fois-ci à l’UE sur un sujet clivant et sensible comme celui de la gestion migratoire venant des pays extra-européens. L’opinion générale est que, jusque-là, l’Europe n’a pas fait grand-chose pour aider l’Italie. La pression pour qu’elle change de registre augmente. Le leader de la Ligue critique l’attitude de l’UE et l’égoïsme des autres pays pouvant éloigner progressivement l’opinion publique et l’Europe. Le Chef de l’Etat veut éviter un tel scénario et a donc souligné l’exigence de surmonter une législation désormais dépassée. Il partage notamment l’opinion transversale d’un changement profond, notamment en matière de demande d’asile, dont les lois datent désormais d’une dizaine d’années. Le message de Mattarella est un appel à regarder de l’avant et à changer, au lieu de se diviser sur le présent et sur le passé. »   

COULISSES, La Repubblica, C. Tito « A Bruxelles tout est bloqué, le Nord et les pays de Visegrad s’opposent à la révision des règles migratoires » : « ‘’Jusqu’à l’été 2024, rien ne sera abordé’’ : le message est clair et ce sont surtout les pays du Nord d’Europe qui le répètent sans cesse. Les règles sur les migrants, à ce stade, ne peuvent pas être modifiées. C’est la « realpolitik » qui pousse à reporter le tout. Notamment maintenant que la présidence tournante est assurée par la Suède avec son nouveau gouvernement ancré à droite qui vient de s’installer. L’ensemble des égoïsmes nationaux empêchera donc l’adoption d’une mesure concrète avant les élections de mai 2024. L’analyse ou la révision des accords de Dublin, comme demandé hier par le Président Mattarella, apparait plutôt improbable en ce moment. Car elle nécessite une adoption à l’unanimité. La paralysie est confirmée aussi par le gel du nouveau pacte sur l’asile et les migrants, approuvé par la Commission en 2020 et laissé aux oubliettes. La droite italienne a toujours rejeté ce pacte, le considérant comme insuffisant. Pourtant, si adopté, il aurait pu permettre des pas en avant, comme une plus grande coordination ou des solutions plus opérationnelles sur les relocalisations et sur les rapatriements. Il y a aussi un argument que l’Italie avance systématiquement et qui est critiqué par ses alliés : le caractère d’urgence du phénomène migratoire. Depuis dix ans, le nombre d’étrangers – réguliers ou irréguliers – présents en Italie n’a pas changé : ils sont environs 5 millions. Ce qui ne représente pas vraiment une invasion. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, Le dernier leader dans le désert par Carmelo Lopapa : « C'est la voix de l'Europe qui résonne depuis Varsovie. Sergio Mattarella, l'un des rares, voire le seul véritable leader qui reste sur l'échiquier de l'Union, s'adresse aux institutions de Bruxelles avec la même conviction. L'ère Merkel est terminée. Le Royaume-Uni a quitté l’UE. Et Il est difficile de dissocier les interventions de Macron des intérêts d'une France qui espère redevenir grande et qui joue son propre jeu, de l'Afrique à Pékin.  Ainsi, du cœur du Vieux Continent, les mots du président de la République résonnent comme un avertissement sévère mais nécessaire. Il s’en prend aux "exaspérations nationalistes", s'exprimant aux côtés du président polonais Duda, qui n'a certainement jamais excellé dans l'européisme. C'est Sergio Mattarella qui monte en chaire pour interpeller l'Europe sur les politiques migratoires et secouer les consciences. Bien sûr, une action coordonnée est nécessaire pour surmonter le traité de Dublin, “les vieilles règles qui sont aujourd'hui de la préhistoire". Un message qui, cela va sans dire, a été pratiquement approuvé par le Premier ministre Meloni et applaudi par les actionnaires de sa majorité, Salvini en tête. Mais le Quirinal n'a pas rompu sa tradition pour se ranger finalement du côté du Palazzo Chigi contre les égoïstes de Bruxelles, coupables d'abandonner l'Italie à son sort frontalier. Il parle depuis Varsovie, chez un gouvernement considéré comme ami de la droite italienne, et qui s’est prononcé contre les modifications du traité en question. Le Président de la République intervient après des mois d'inaction, d'inaboutissement et de mauvais résultats obtenus par ce gouvernement après ses six premiers mois de diplomatie européenne boiteuse. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, « Concessions balnéaires et commerce ambulant, le gouvernement coincé entre les avertissements de Bruxelles et les nouvelles réglementations » de Carmine Fotina et Beda Romano : « La question ancienne des concessions balnéaires revient et l'Italie n'arrive pas à la résoudre avec Bruxelles, même si des gouvernements de sensibilités différentes se sont succédé. La Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction en 2020, réprimandant le pays pour avoir fermé le secteur des activités balnéaires à la libre concurrence. Elle étudie actuellement la possibilité d'envoyer à Rome un avis motivé, avec lequel elle pourrait formuler une demande formelle de mise en conformité avec le droit européen. Au départ, la rumeur voulait qu'une telle décision soit prise dès cette semaine, mais d'après les informations recueillies hier à Bruxelles, cela semble peu probable à l'heure actuelle. Le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, a rencontré la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, à Rome la semaine dernière. La teneur exacte des discussions n'est pas connue, mais la Commission européenne aurait décidé de temporiser en attendant que Rome mette sur le papier de nouvelles propositions, promises très rapidement. Parallèlement, la Cour de justice de l’UE devrait prendre position sur la question jeudi. L'affaire concerne l'appel du tribunal administratif régional des Pouilles, qui a posé à la justice européenne plusieurs questions préliminaires sur l'application du droit communautaire après que l'autorité antitrust italienne a reproché à la municipalité de Ginosa (Tarente) d'avoir prolongé des concessions de plage sans appel d'offres public. La dernière intervention du gouvernement a été le décret "milleproroghe", qui a prolongé la validité des concessions actuelles jusqu'au 31 décembre 2024, une date limite qui peut être reportée d'une année supplémentaire en cas de litiges ou d'obstacles pour les municipalités qui doivent clôturer les procédures d'appel d'offres. En ce qui concerne une éventuelle intervention corrective, à la lumière de la pression de l'UE, un décret-loi spécifique semble gagner du terrain. Avec l'incertitude, cependant, des critères de récompense à assurer aux concessionnaires actuels, un aspect qui serait pris en compte par le ministre de l'UE, du PNRR et du Sud, Raffaele Fitto, appelé à négocier directement avec Bruxelles. Sur ce point précis, il convient toutefois de rappeler qu'en janvier, la Commission a envoyé un avis motivé au Portugal, précisément pour contester ce type de prévisions. Hier, le ministre des Infrastructures et des Transports, Matteo Salvini, a déclaré que "personnellement, il travaille" sur la cartographie des plages tant attendue, qui devrait être préparée pour les appels d'offres. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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