17/04/2023
"Durcissement des règles concernant le dispositif d’accueil des migrants."
Italie. Revue de presse.
Le durcissement des règles concernant le dispositif d’accueil des migrants, et notamment des conditions pour obtenir la protection spéciale, qui suscite l’opposition des régions et des grandes villes dirigées par le centre-gauche, fait les gros titres : « Sur les migrants, l’opposition frontale » (Corriere della Sera), « Les maires demandent à Meloni de revenir sur sa décision » (La Repubblica), « Migrants, les régions et les communes se révoltent » (La Stampa), « Mesures sur les migrants, l’opposition des régions » (Il Messaggero), « Les régions de gauche choisissent l’invasion » (Il Giornale). « Les frappes russes sur les églises ukrainiennes en pleine Pâque orthodoxe » (Repubblica, Stampa). « Augmentation des aides sociales pour les familles et les personnes âgées » (Il Messaggero), « Vieillissement de la population, le gouvernement revoit les aides sociales en faveur des personnes âgées » (Sole 24 Ore).
Les JT couvrent la visite d’Etat en Pologne du Président de la République Sergio Mattarella, les frappes russes sur les églises de Zaporijjia et Sviatohirsk, la visite du ministre chinois de la défense au Kremlin, la situation au Soudan et la saisie de deux tonnes de cocaïne récupérées au large de la Sicile.
ARTICLE, La Repubblica, V. Giannoli « C’est le bras-de-fer sur les migrants : les deux refus de la part des communes et des régions » : « Il y a d’abord le ‘’non’’ à l’abolition de la protection spéciale et le ‘’non’’ à la nomination de Valerio Valenti comme commissaire pour l’urgence migratoire. De Rome à Milan, de Bologne à Turin, en passant par Florence et Naples, les maires du Parti démocrate – avec le soutien d’Elly Schlein – ont adressé une lettre conjointe [au Palais Chigi] pour exprimer leur ‘’vive préoccupation’’ pour les propositions de modification du ‘’seul dispositif d’accueil des migrants réellement public, structuré et non soumis à l’urgence existant en Italie’’. Les maires de gauche (Gualtieri, Sala, Manfredi, Lo Russo, Lepore, Nardella) demandent à l’exécutif de mettre un frein sur le décret sécurité « Cutro » dont les travaux reprennent aujourd’hui en Commission et qui arrivera demain au Sénat, où la majorité a annoncé vouloir serrer les rangs. Leur demande est d’arrêter la restriction drastique de la protection spéciale qui ‘’existe aussi dans presque la totalité des pays de l’Europe occidentale’’, désavouant ainsi Matteo Salvini qui déclarait qu’elle restait minoritaire en Europe. Pour eux, cette disparition provoquerait ‘’une violation constante des droits individuels’’ et ‘’de nombreuses difficultés’’, condamnant de fait des milliers de personnes à l’illégalité. L’autre front ouvert par le PD est celui des présidents des régions, car la nomination de Valerio Valenti est devenue une affaire politique. Les régions d’Emilie-Romagne, de Toscane, de Campanie, des Pouilles et du Val d’Aoste refusent l’ordonnance du chef de la protection civile Fabrizio Curcio qui, en déclarant l’état d’urgence pour ‘’l’augmentation exceptionnelle des flux migratoires depuis la Méditerranée’’ a nommé l’ancien préfet de Trapani comme ‘’responsable du contrôle de l’immigration’’. Le Commissaire pourra gérer à la fois le premier et le second accueil, en coordonnant l’élargissement du réseau des hotspots et du centre SAI (Service accueil des immigrés), l’envoi de migrants vers des structures provisoires et le transfert successif dans les 15 régions (exception faite pour les 5 gouvernées par la gauche, qui ont de gros problèmes de gestion). L’Emilie-Romagne est la région avec le plus grand nombre de migrants présents dans les centres, suivie de la Lombardie. La Ligue déplore ‘’un refus idéologique de la part des régions de gauche’’, tandis que le conseiller pour les affaires sociales de la Région Emilie-Romagne Igor Taruffi revendique leur position, déplorant ‘’l’absence de dialogue de la part de l’Exécutif depuis des mois’’. Le président de la région Toscane, Eugenio Giani, explique pour sa part ‘’nous continuerons comme nous l’avons fait jusque-là’’, sans procédures d’urgence, ‘’ayant déjà montré que nous y arrivons’’, car ‘’une entente signifie avant tout le dialogue, or le plan nous a été communiqué que la veille pour le lendemain. Il manque par ailleurs un programme unifiant l’accueil et l’intégration’’. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Manfred Weber, président du PPE, « "Il faut remercier l’Italie, et d'autres pays doivent l’aider. Nous sommes prêts à construire des murs » par Francesca Basso, correspondante : « Le président du PPE, M. Weber, estime que les frontières de l'UE doivent être protégées. “Nous avons besoin d'un plan européen pour la Méditerranée, en commençant par la Tunisie ». "En matière de migration, nous avons besoin de mesures concrètes de solidarité envers l'Italie de la part des autres pays de l'UE. C'est pourquoi le groupe PPE a demandé un débat dédié au Parlement européen cette semaine pour qu’il y ait plus de solidarité avec l'Italie". Manfred Weber, président et chef de groupe du Parti populaire européen au Parlement européen, se dépense beaucoup depuis des mois en faveur de l'alliance [PPE-ECR] voulue par Giorgia Meloni. Rome a déclaré l'état d'urgence [sur les migrations]. Comment l'UE peut-elle aider l'Italie ? Nous sommes confrontés à une nouvelle grande crise migratoire en Europe. C'est pourquoi le PPE soutient pleinement le gouvernement italien dans la priorité qu'il accorde à cette question au niveau européen. Nous avons besoin d'actions communes et nous regrettons beaucoup que la Commission et les Etats membres de l'UE ne soient pas vraiment sensibles à cette question, n'écoutent pas et n'agissent pas face à ce problème grave". Pensez-vous que le plan présenté par Mme von der Leyen en février n'est pas suffisant ? "Le plan est bon, mais nous sommes en retard dans sa mise en œuvre. La gestion conjointe du phénomène avec les pays d'Afrique du Nord ne doit pas être seulement perçue comme un effort italien pour empêcher le départ des bateaux. Il faut mettre en place tout de suite des accords de réadmission clairs avec les pays d'origine. Cela fait des années que la Commission les promet, elle doit accélérer. Si un migrant n'a pas droit à une protection, il doit rentrer chez lui". Rome a-t-elle été laissée seule ? "Au niveau de l'UE, la solidarité ne fonctionne pas. Je remercie le gouvernement italien pour la manière dont il accueille les migrants et tente de les secourir et de les aider. Lorsque le nombre d'arrivées est si élevé et que le gouvernement italien essaie de gérer les choses sérieusement, d'autres pays comme l'Allemagne et la France doivent apporter leur aide. Les gouvernements allemand et français, mais aussi les autres, ne peuvent pas rester les bras croisés, ils doivent prendre volontairement sur leur territoire les migrants qui ont droit à l'asile". Mercredi, le PPE présentera un amendement au budget de l'UE pour 2024 afin de financer la construction de murs aux frontières extérieures de l'UE. Pourquoi ? "Les murs devraient être une exception, la dernière réponse, mais si l'immigration illégale ne peut être stoppée d'aucune autre manière, alors nous devons également être prêts à construire des clôtures. Tous les pays ayant une frontière extérieure en érigent : la Grèce avec la Turquie, la Pologne et la Lituanie avec la Biélorussie, la Finlande avec la Russie lorsque le gouvernement était encore socialiste, l'Espagne à Ceuta et Melilla. Le PPE estime que l'UE devrait financer ces clôtures car il ne s'agit pas de protéger les frontières nationales mais les frontières européennes. Comment aider l'Italie ? "La frontière maritime est extrêmement compliquée car la priorité en mer est de sauver des vies et c'est ce que font les autorités italiennes et les garde-côtes. Je les en remercie. Ensemble, nous devons stabiliser la route de la Méditerranée. Nous avons besoin d'un plan européen, la Commission européenne et les États membres doivent présenter une proposition concrète pour la Tunisie lors du prochain Conseil européen. Nous l'avons déjà fait il y a plusieurs années avec le plan de l'UE pour la Turquie, pour lequel nous avons dépensé environ 6 milliards d'euros. Nous devons faire un effort similaire avec nos partenaires nord-africains". La Commission européenne a-t-elle tort de ne pas vouloir financer la construction de murs ? "Il n'y a pas de problème juridique, je partage l'avis du président Michel, c'est une question politique et c'est pourquoi nous en discuterons et voterons au Parlement européen. Je pense que les autres partis, comme les libéraux, les socialistes et les Verts, doivent expliquer pourquoi ils construisent des murs au niveau national, mais au Parlement européen, ils votent contre, ce qui, pour moi, n'est pas sérieux. Demain, la présidente von der Leyen s'exprimera en séance plénière sur les relations entre l'UE et la Chine. Y a-t-il un problème d'unité au sein de l'UE ? L'interview de Macron a été un désastre, elle a mis en évidence le grand fossé qui existe au sein de l'UE dans la définition d'un plan stratégique commun vis-à-vis de Pékin. Lors du prochain Conseil européen en juin, les dirigeants devront en discuter et trouver un accord". Êtes-vous d'accord avec la position de M. Macron sur l'autonomie stratégique de l'UE ? D'un côté, il est vrai qu'une plus grande indépendance est nécessaire, mais d'un autre côté, les exportations sont essentielles pour l'UE. Au-delà de l'autonomie stratégique, nous devons avoir la volonté de conclure des accords de libre-échange avec le monde libre". L'UE doit-elle marquer ses distances à l’égard des tensions sino-américaines sur Taïwan, comme le dit Macron ? "L'UE doit avoir une voix forte définie par l'intérêt européen. Mais à l'heure où des navires de guerre chinois se trouvent sur les côtes de Taïwan, les propos d'équidistance de Macron ont été un désastre et ont affaibli l'UE. Désormais, les pays de l'Est seront plus alignés sur Washington que sur Paris ou Berlin". »
ARTICLE, Il Messaggero, Francesco Bisozzi : « Factures, crèches et subventions pour le secteur automobile. Les aides pour faire face à la hausse du coût de la vie » : « Dans l’attente de comprendre les prochaines actions de l’Ue, le gouvernement réfléchit à un nouveau plan d’aide pour les familles. Le ‘bonus social’ pour les familles avec un revenu inférieur à 15 000 euros, pourrait être prolongé jusqu’à Noel tandis que la réduction de la TVA de 5% sur le gaz ainsi que les crédits d’impôts sur l’énergie et le gaz sont déjà confirmés jusqu’au mois de juin. A partir du mois d’octobre, un nouveau système automatique autorisera les réductions sur le prix du gaz uniquement si celui-ci dépasse les 45 euros au MWh. Le gouvernement serait aussi en train de réfléchir à une nouvelle aide pour soutenir l’achat de voitures avec des moteurs à émissions réduites et a mis en place des bonus pour les Italiens qui décident de remplacer le moteur thermique de leur véhicule par un moteur électrique. Les aides à l’achat de véhicules électriques sont toujours en place. »
ARTICLE, La Stampa, « La faute de Nordio » (Frères d'Italie), Federico Capurso : « Le cas d'Artem Uss, l'homme d'affaires russe qui a réussi à fuir l’Italie après que la cour d'appel de Milan a donné son feu vert à son extradition vers les États-Unis, n'est pas traité comme n'importe quelle affaire politique par la majorité. Trop délicat, trop d'éléments encore à éclaircir, et donc entre la Ligue et Forza Italia, ainsi qu'au sein du parti de Giorgia Meloni, le dénominateur commun est la prudence. Pour les mêmes raisons, ce sont les oppositions qui font monter la pression sur le gouvernement, l'invitant à porter la question devant le Parlement. Aux yeux du PD et des cinq étoiles, l'audition du premier ministre au Copasir la semaine dernière n'est pas suffisante. Selon des personnes présentes, la question n'a été traitée qu'à titre préliminaire, en attendant l'obtention de documents supplémentaires. L'engagement pris par Meloni, après sa conversation avec le garde des sceaux Carlo Nordio, de faire la lumière sur les "anomalies" apparues au fil des jours dans les communications entre la cour d'appel de Milan, le ministère américain de la Justice et le ministère italien de la Justice n'est pas non plus considéré comme suffisant. Le Mouvement cinq étoiles demande que Nordio s’explique devant le parlement, "et s’il a commis des erreurs, le Premier ministre doit prendre ses responsabilités et agir sans jouer au jeu des reproches, une pratique qui est devenue une habitude depuis des mois". Ce qui enflamme les oppositions, c'est surtout le courrier que le ministère américain de la Justice a envoyée au ministère dirigé par Nordio, l'avertissant de la nécessité de renvoyer Uss en prison jusqu'à son extradition. Un courrier que le tribunal ne recevra jamais de la part du garde des sceaux. Et face à ce court-circuit, "la responsabilité évidente d'un ministre qui avait le devoir de donner des indications claires est en cause", déclarent les chefs du PD de la Chambre et du Sénat, rejoints par +Europa et Verts Gauche italienne. “Nous avons déjà présenté une demande de question parlementaire sur le sujet", rappelle Benedetto Della Vedova, député de +Europa, "que Meloni envoie Nordio, Piantedosi ou qu'il vienne directement expliquer cette affaire qui nous a exposés au ridicule public". Parallèlement, les travaux du Copasir, le comité parlementaire pour la sécurité, se poursuivent et il pourrait décider de convoquer Nordio pour une audition dès cette semaine. D'autre part, comme le souligne le député Pd Enrico Borghi, membre du Copasir, "il y a un transfert de compétences entre le ministère de la Justice et le tribunal de Milan qui fait émerger des éléments problématiques". Ce qui est également préoccupant, c'est le risque de "laisser libre cours à l'idée que les détenus de ce niveau peuvent être traités de manière superficielle, puis de rejeter comme d’habitude la faute sur les autres". Ce qui est en jeu, souligne M. Borghi, c'est "la crédibilité de notre pays. Nous risquons maintenant une très forte rechute. C'est pourquoi, poursuit-il, nous devons reconstituer la chaîne de commandement et comprendre qui n'a pas fait preuve de la vigilance nécessaire après la décision d'assigner l'Uss à résidence. Et ce n'est pas tout. "Je crois que Nordio doit expliquer pourquoi son ministère est allé jusqu’à écrire que le ministère américain de la justice ne s’est jamais inquiété de cette affaire".
ARTICLE, Corriere della Sera, Dates, « Affaire Uss : le timing, les maladresses et (trop) de questions embarrassantes. Voici comment cela s'est passé » par Luigi Ferrarella : « L’évasion le 22 mars 2023 de l'homme d'affaires russe Artem Uss de sa résidence surveillée sous bracelet électronique constitue un véritable embarras politique à gérer pour Meloni et Nordio. Uss a été arrêté le 17 octobre à Malpensa pour associations de malfaiteurs, fraude et blanchiment d'argent, et le lendemain (en attendant que la demande d'extradition arrive des Etats-Unis), les juges ont validé sa détention en prison, épousant la thèse américaine d'Uss cherchant à s’enfuir de New York, et ne faisant que passer par Malpensa. Le 11 novembre, la demande d'extradition arrive des Etats-Unis, à laquelle Uss ne donne pas son consentement, de sorte que le processus judiciaire normal commence. Il prévoit que la Cour d'appel se prononce (ce qu’elle fera le 21 mars 2023) sur les bases légales accordant l'extradition, puis la Cour de Cassation (qui dans les prochaines semaines devra statuer sur l'appel formé par la défense d'Uss). La décision d’extradition passe aussi par le gouvernement, qui peut la refuser même si les juges l'ont jugée recevable. Jusqu'à présent, on savait déjà qu'après l'arrestation d'Uss, la Russie elle-même avait paradoxalement demandé son extradition pour sa propre enquête sur des malversations, ce qui semblait pour beaucoup un prétexte pour tenter de sauver le fils d'un gouverneur d'une région sibérienne chère à Poutine. Mais ce qui n'a pas été pris en compte jusqu'à présent, c'est que les Russes ont grillé la politesse aux Américains à temps et ont demandé l'extradition 48 heures plus tôt, le 9 novembre. Uss a bien sûr immédiatement donné son accord : et lorsqu'il y a accord, les juges n'ont aucun rôle dans l'extradition, mais c'est seulement le gouvernement à ce moment-là qui doit décider. Cela signifie qu'à partir du 9 novembre, et ensuite pendant plus de quatre mois, le gouvernement Meloni-Nordio a préféré ne pas prendre cette décision. »
SONDAGES, La Repubblica, I. Diamanti « Les Italiens et la guerre : oui aux sanctions mais ils sont divisés sur l’envoi d’armes » : « Depuis le début, les Italiens ont suivi l’invasion russe en Ukraine avec attention et inquiétude, s’agissant d’un fait dramatique et géographiquement proche, mais aussi pour des raisons politiques et économiques. La Russie représente un point de référence important pour notre économie, tout comme pour nos partis. Au fil des mois, il n’y a pas eu de changement significatif dans l’opinion publique italienne. Toutefois, la position sur l’Ukraine divise en deux le pays, qui est davantage favorables au maintien des limitations au commerce avec la Russie et donc des sanctions (61% pour, 36% contre et 3% ne se prononcent pas) qu’à l’envoi d’armes à l’Ukraine (48% pour, 50% contre, 2% ne se prononcent pas). Il est utile aussi de classifier les sondés selon leur appartenance politique, car les pourcentages varient sensiblement. Sur le maintien des sanctions contre la Russie, voici par ordre décroissant l’avis favorable des électeurs : Azione-Italia Viva (90%), Parti Démocrate (80%), Fratelli d’Italia (66%), Ligue (60%), Mouvement 5 Etoiles (58%) et Forza Italia (50%). Concernant l’envoi aides militaires, voici par ordre décroissant l’avis favorable des électeurs de : Azione-Italia Viva (73%), Parti Démocrate (67%), Ligue (65%), Forza Italia (56%), Fratelli d’Italia (53%) et Mouvement 5 Etoiles (36%). Le sondage a été réalisé par Demos &PI pour Repubblica du 20 au 22 février 2023 avec une marge d’erreur de 3,1%. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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