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11/04/2023

"Le pacte entre Meloni et Tajani, six mois pour décider de l’avenir de Forza Italia et déjouer la tentative de Salvini."

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Italie. Revue de presse.

Les manœuvres militaires chinoises près de Taïwan et la fuite de documents américains classifiés et liés à l’Ukraine, font les gros titres « Chine, test de guerre à Taïwan » (Corriere della Sera), « [Fuites de documents classifiés liés à l’Ukraine,] le Pentagone sous échec » (La Repubblica). Interview du président Emmanuel Macron dans Politico : « Macron : l’Europe ne doit être le vassal de personne » (Corriere) « Macron prévient Biden sur Taïwan : Il ne faut pas que l’Amérique entraine  l’UE dans le conflit » (Il Messaggero). « Nominations des DG des entreprises publiques, Meloni s’assure la part du lion » (La Stampa), « Question migratoire, le gouvernement s’apprête à déclarer l’état d’urgence » (Libero), « Chaos sur les migrants, la bombe de Pâques : deux mille arrivées en quelques heures » (Giornale).

Les JT couvrent le Conseil des ministres, qui se tient aujourd’hui, le refus du Kremlin d’un cessez-le-feu en Ukraine, ainsi que la fuite de documents américains classifiés et le retour en Italie du corps de la victime italienne de l’attentat terroriste de Tel Aviv de samedi dernier.

Sur Twitter, le hashtag #DalaiLama (273 000 tweets), en référence à une vidéo devenue virale, domine.

ARTICLE, Corriere della Sera, « Nominations, Meloni a le dernier mot. Et elle mécontente aussi ses ministres » par Monica Guerzoni : « Le grand jeu des nominations à la tête d'Eni, Enel, Poste, Leonardo et Terna est sur le point de s'achever, non sans tensions. Giorgia Meloni est à son premier test sur ce dossier délicat. Giorgetti (Ligue) et Salvini (Ligue), qui craignent de se retrouver avec des miettes dans leur assiette, se sont parlé en direct et visent à avoir leur mot à dire au moins sur la présidence d'Eni. Au sommet de la liste se trouve Claudio Descalzi, inamovible PDG d'Eni. Parmi les noms surlignés en jaune figure celui de la première femme destinée à être à la tête d'une entreprise publique cotée en bourse. Un objectif que Meloni s'est fixé comme le "grand défi de l'égalité". L'honneur et la charge de devenir la première "femme CEO", en l’occurrence pour la direction de Terna - pourraient revenir à Giuseppina Di Foggia, CEO de Nokia Italia. Les alliés souffrent, comme en témoignent les discussions entre Salvini et Gianni Letta (Forza Italia). Meloni réclame de la "compétence", exige le dernier mot sur tous les profils de managers et vise à choisir tous les noms, cinq sur cinq, malgré les souhaits de la Ligue. “Descalzi à l'Eni ne doit pas être touché et Matteo Del Fante reste à la Poste", a-t-elle prévenu. Des sources gouvernementales confirment que "Giorgia est inflexible, elle n'écoute même pas les ministres de Fratelli d'Italia". Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), qui n'a pas réussi à imposer Maurizio Ferrante à la Poste, en sait quelque chose. Et Guido Crosetto (Frères d’Italie) en sait plus qu'un peu. Le cofondateur de FdI pensait l’avoir convaincue de nommer à Leonardo Lorenzo Mariani, PDG de Mbda Italia. Au lieu de cela, il semble que le ministre de la Défense ait dû renoncer et qu'il ne soit pas du tout content. Meloni a choisi Roberto Cingolani (Indépendant), un ancien ministre du gouvernement Draghi, pour remplacer le PDG Alessandro Profumo. En temps de guerre, Leonardo est crucial et le président doit également être apprécié par Meloni, le Quirinal et les services. Enel est un cas à part, pour des raisons politiques et autres. A la place de Francesco Starace, Meloni est déterminé à promouvoir Stefano Donnarumma, aujourd'hui à Terna, au poste de CEO, malgré l'opposition initiale de Salvini et Giorgetti, qui auraient préféré une personnalité plus expérimentée. La deuxième raison pour laquelle les projecteurs sont braqués sur Enel est l'opportunité de confier le rôle de président à Paolo Scaroni. Le manager qui a dirigé Eni pendant neuf ans est l'homme pour lequel Silvio Berlusconi, avant son hospitalisation, a fortement plaidé par l'intermédiaire de Gianni Letta (Forza Italia) et d'Antonio Tajani (Forza Italia). Mais Meloni est consciente des fortes résistances et envisage également la candidature de Luciano Carta, aujourd'hui à Leonardo, à la présidence. Elle fait partie de ceux qui reprochent à Scaroni l'accord avec Gazprom et les relations passées avec Poutine et pourrait proposer un poste moins visible au président milanais. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Le pacte entre Meloni et Tajani, six mois pour décider de l’avenir de Forza Italia et déjouer la tentative de Salvini » : « Antonio Tajani et Giorgia Meloni se sont fixés une échéance de six mois pour décider ce que deviendra Forza Italia, avec la bénédiction de Marina Berlusconi [fille aînée de Silvio Berlusconi]. Les termes de l’accord sont simples : il faut éviter toute annonce et tout changement majeur jusqu’à l’automne prochain et ils verront ensuite quoi faire en vue des élections européennes. La Présidente du Conseil est convaincue qu’en évitant toute turbulence pouvant compromettre la stabilité du gouvernement (comme le serait par exemple un échec de la mise en œuvre du Plan de Relance), il n’y a aucune nécessité pour le moment d’absorber formellement le parti de Berlusconi avant les élections européennes de 2024. En effet, avec le système proportionnel, l’option des listes uniques n’est pas très indiquée. L’important est donc de s’assurer la loyauté du parti pour en faire une force satellite. Il faut pour cela déjouer l’offensive de Matteo Salvini lancée sur Forza Italia. Giorgia Meloni et Antonio Tajani travaillent donc à la construction d’une entente de plus en plus structurelle entre Fratelli d’Italia et Forza Italia, avec l’appui de l’héritière de Silvio Berlusconi, Marina Berlusconi, avec qui ils sont en contact quotidiennement. Entre Meloni et Tajani aussi, les contacts sont étroits, elle le consulte presque plus que ses propres dirigeants. Elle lui reconnait notamment le succès récent de la substitution du chef de groupe Forza Italia à la Chambre en faveur de Paolo Barelli, ami de Tajani et de la Présidente du Conseil. Elle veut aussi tendre la main aux membres moins conciliants de Forza italia dans le sud de l’Italie. La Présidence du Conseil entend consolider les projets et les investissements en Calabre et en Sicile, des régions gouvernées par Forza Italia fonctionnant un peu comme des microcosmes autonomes et qui pourraient aussi être attirées par l’aile centriste de Matteo Renzi. Autant de raisons qui expliquent l’inquiétude et l’agacement de Matteo Salivini : les deux alliés entendent déjouer ses ambitions vis-à-vis de Forza Italia. Depuis des années, le chef de la Ligue tente de capter l’héritage politique et le vivier électoral de Berlusconi. Il comptait notamment sur cette carte de visite pour se repositionner en Europe et sortir de l’isolement qu’il s’était infligé en s’alliant avec des forces extrêmes telles que l’AfD allemande. Mais Giorgia Meloni semble au contraire lui avoir grillé la priorité en cherchant à le marginaliser davantage. Le léghiste ne renonce pas pour autant et passe la consigne à ses dirigeants de ne pas se résigner, comptant sur ‘’l’usure’’ naturelle de la cheffe de l’exécutif qui pourrait finir par renverser les rapports de force. »

 

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Antonio Tajani et Giorgia Meloni

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy, « Sur les matières premières et les puces électroniques nous devons être indépendants afin de répondre à la Chine » : « Le nouveau règlement européen sur les matières premières stratégiques prévoit une augmentation de la production interne de 34 matières pour faire face au boom attendu de la demande ; le traitement de ces matières premières directement au sein de l’UE ; un meilleur recyclage de ces ressources afin de couvrir jusqu’à 15% de la consommation ; et la réduction de la dépendance vis-à-vis d’un pays tiers jusqu’à 65% des besoins pour chaque matière première. Avec le ministre de la transition écologique, Gilberto Pichetto Fratin, nous étudions la contribution potentielle de l’Italie en termes de production. D’après les premières estimations, nous disposons de 15 des 34 matières premières identifiées comme stratégiques, mais le potentiel est encore plus grand. Nous entendons relancer les mines en Italie, après 30 ans d’arrêt du secteur. Nous dialoguerons avec tout le monde, régions, collectivités locales, syndicats, entreprises… et nous ne renoncerons pas à nos standards environnementaux et sociaux. Nous anticipons déjà les protestations, la transition écologique n’est pas une partie de plaisir mais une véritable révolution industrielle qui suppose des objectifs ambitieux si l’on veut respecter l’échéance de 2030. Et il faut aussi faire preuve d’honnêteté intellectuelle, les matières que nous importions d’autres pays n’étaient pas produites dans le respect des normes environnementales et des droits des travailleurs que nous nous proposons. Pour maintenir nos modes de vie, nous avons délégué le problème. C’est donc un choix écologique, industriel mais également de souveraineté. C’est notre liberté et notre souveraineté qui est en jeu. Nous avons compris combien il était dangereux de compter sur les ressources de pays tiers comme la Russie. Les Etats-Unis ont déjà réagi à travers plus de 100 milliards de dollars d’investissement, l’Europe doit donc le faire. Nous, nous avons les fonds du Plan de Relance, le Repower EU et plusieurs fonds structurels, mais nous devons accélérer sur le Fonds souverain européen. Il pourrait notamment servir à l’acquisition de gisements hors UE et à financer des projets de reconversion numérique et écologique pour les entreprises européennes. »

 

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Adolfo Urso

ENTRETIEN, Il Messaggero, Daniela Santanchè (Frères d'Italie), ministre du tourisme « Il faut limiter le tourisme de masse dans les villes » « Le tourisme décolle, mais il y a un manque de personnel. Le travail dans l'hôtellerie et la restauration doit devenir plus attractif, les rémunérations doivent être plus élevées pour ceux qui travaillent de nuit ou les jours fériés. Cependant, nous ne pouvons pas mettre les entreprises en difficulté, la solution passe par des allègements fiscaux », déclare la ministre du tourisme, Daniela Santanchè. « Le problème du manque de personnel a deux origines. Durant la période du Covid, beaucoup de gens ont trouvé du travail dans d'autres secteurs, dénués du fardeau de devoir travailler la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés. Et maintenant, ils n'y retournent plus. En outre, le revenu de citoyenneté a eu une grande influence. Certains postulent peut-être pour un emploi de serveur, mais ils ne veulent pas perdre leur revenu de citoyenneté et demandent à travailler au noir. Avec la ministre du travail, Marina Calderone (Indépendante), nous cherchons un moyen d'intervenir avec une mesure d'allègement fiscal qui couvre les nuits et les jours fériés. Cela pourrait convaincre de nombreux jeunes. De plus, nous devons donner un statut aux travailleurs de la restauration et à ceux qui occupent d'autres postes dans l'industrie du tourisme. Le nombre d'arrivées dépassant celui de 2019 laisse également présager un effet secondaire : le surtourisme, c'est-à-dire l'impact d'un grand nombre de touristes. C'est un problème mondial : le nombre de personnes qui se déplacent augmente de façon exponentielle. Aujourd'hui il faut penser à la dépense moyenne de chaque visiteur : sur ce point, nos chiffres sont inférieurs à ceux des autres pays européens. C'est pourquoi je pense qu'il faut élever le niveau et la qualité des services. Une solution pourrait être de faire payer des tickets d’entrée dans certaines zones qui étaient gratuites auparavant. Le ministre Sangiuliano (Indépendant, ex-MSI) augmente les prix de certains biens culturels et musées, et c’est à juste titre car il n'est pas possible que la Tour de Pise coûte moins cher que la Tour Eiffel ou que les Offices coûtent moins cher que le Louvre. Autre effet secondaire de l'augmentation du tourisme : la généralisation des locations de courte durée. Elles sont importantes et utiles, mais pas lorsqu'elles échappent à tout contrôle. À l'étranger, il existe des règles plus strictes mais en Italie les quelques règles existantes ne sont pas appliquées et nous avons besoin d'une vraie réglementation. Nous attendons aussi celle que l'Europe va élaborer. En attendant, nous devons dénombrer les locations de courte durée et savoir où elles se trouvent. Nous devons établir une cartographie, et lorsque nous aurons une vue d'ensemble, nous interviendrons. Concernant la candidature à l'Expo 2030, nous devons travailler patiemment. Le ministre Tajani le fait, je le fais. Je suis optimiste. L'Italie a une très bonne réputation, même si certains stéréotypes négatifs nous pénalisent parfois. Par exemple, dans l'imagerie des séries télévisées. Paris a connu « Emily in Paris » mais l'Italie n'a pas toujours une image aussi brillante. Nous travaillons beaucoup avec des productions cinématographiques internationales. » 

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Daniela Santanché

ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro « Le réajustement budgétaire prévisionnel revoit à la hausse le PIB (+1%) et repère un fonds à hauteur de trois milliards » : « Le réajustement budgétaire prévoit une croissance un peu plus importante que prévue (+1% du PIB par rapport aux +0,6% estimés en novembre). Cependant, le gouvernement demeure prudent face au contexte international incertain et revoit à la baisse les prévisions de croissance pour 2024 : +1,4% par rapport aux +1,9% prévus. Ainsi, la politique économique sera marquée par une approche prudente. Le ministère de l’Economie fait savoir que les ressources disponibles pour cette année s’élèvent à 3 milliards et seront utilisées en une seule fois, que ce soit pour contrer la hausse des prix énergétiques ou pour donner un signal sur la baisse de la dette publique, front pour lequel l’Italie demeure exposée sur les marchés au moment où l’UE s’apprête à réformer le pacte de Stabilité. L’Allemagne et d’autres pays font pression pour rétablir les règles d’avant la pandémie. C’est donc un chemin étroit qui se confirme pour les politiques budgétaires de l’année 2024. La dette publique programmée sera supérieure à +3% mais inférieure aux +3,7% prévu en novembre dernier. Quant à la réforme de la fiscalité (qui devrait voir le jour l’année prochaine), si les couvertures ne sont pas disponibles, il faudra les trouver dans la réforme elle-même (par exemple avec la coupe des ‘’tax expenditures’’), au risque d’amoindrir les objectifs d’un fort allègement fiscal. En revanche, la dette publique, dont la baisse est confirmée par la Banque d’Italie, atteindra 140,9% du PIB en 2025. »

ARTICLE, Corriere della Sera, V. Piccolillo, « Boom des arrivées clandestines : vers la mise en place de l’état d’urgence et des centres de rapatriement tout de suite » : « Un bateau de pêche avec 800 migrants secourus au sud-est de Lampedusa. 400 autres migrants naufragés ont été interceptés et secourus par les garde-côtes au sud-est de Capo Passero. Mais les tragédies se poursuivent : 38 victimes ont été recensées et 18 sont portées disparues. Rien qu'entre vendredi et le lundi de Pâques, plus de 2 000 personnes sont arrivés clandestinement en Italie, soit 300% de plus qu'en 2022. Face à cette situation, le gouvernement accélère et pourrait dès aujourd'hui envisager de déclarer l'état d'urgence. Une mesure à laquelle le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant) est favorable, car elle permettrait d'alléger une série de procédures, notamment en ce qui concerne l'accueil des personnes éligibles au titre de séjour et l'identification de celles qui devront être rapatriées. Des contre-mesures à la situation critique dans laquelle se trouvent les structures d'accueil sont en train d'être élaborées en ce moment même. Le gouvernement étudie la possibilité de déclarer l'état d'urgence uniquement pour les territoires de débarquement, c'est-à-dire la Calabre et la Sicile. Le plus urgent est de renforcer le réseau des centres d’accueil permettant aussi les rapatriements. 90% des naufragés n'ont pas le droit de rester, c’est pourquoi le ministre Piantedosi voudrait qu'il y ait un centre dans chaque région. C'est l'une des mesures prévues par le décret. La majorité est d’accord, mais le temps presse. L'état d'urgence permettrait des procédures « rapides ». La répartition des migrants se fera de manière capillaire, des directives en ce sens ont été émises par le gouvernement aux préfets. Il n'y aura pas de camps de tentes, de logements temporaires dans des casernes ou dans des bâtiments privés réquisitionnés. Les migrants seront répartis sur le territoire dans chaque région, avec un maximum de 10 à 15 par commune. La mission européenne conjointe en Tunisie est en cours de préparation. La délégation devrait comprendre, outre Mme Piantedosi, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, ainsi que le ministre français de l'intérieur, Gérald Darmanin. Des tentatives sont également faites pour impliquer l’Allemagne. La commission des affaires constitutionnelles se réunira au Sénat mardi pour évaluer le décret Cutro. La majorité est unie pour réduire la possibilité d’un recours à la protection spéciale. L'accent est mis sur les amendements annoncés par le sous-secrétaire à l’intérieur, Nicola Molteni (Ligue) : « Nous les présenterons pour aborder d'autres questions qui ont surgi après le décret, en tenant compte de la pertinence particulière des flux migratoires actuels". L'opposition est prête à se battre avec une centaine d’amendements. »

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Nicola Molteni et Matteo Salvini

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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