07/04/2023
"Spéculations sur la bataille de succession à la tête de Forza Italia."
Italie. Revue de presse.
L’hospitalisation de Silvio Berlusconi, et les spéculations sur la bataille de succession à la tête de son parti, sont à la une de toute la presse. La visite en Chine du président de la République française et de la présidente de la Commission est aussi citée : « Un dialogue avec Xi mais de la défiance » (Repubblica) ; « L’Europe débarque à Moscou, pour l’appel à Zelensky, c’est non pour la Russie » (Il Giornale) « Ursula et Macron chez Xi, aucune trace de Meloni », Il Fatto Quotidiano). L’accord en Conseil des ministres pour 3000 nouveaux postes dans la fonction publique, et les retards dans les modifications du PNRR sont aussi en Une (Messaggero, Sole 24 Ore).
Sur Twitter, le hashtag #SilvioBerlusconi domine suite à l’hospitalisation de l’ancien président du Conseil et leader de Forza Italia, Silvio Berlusconi.
COULISSES, La Stampa, de F. Olivo, « Le spectre du congrès dans un parti sans règles » : « Au sein de Forza Italia, on se pose beaucoup de questions sur la direction du parti, si son actuel leader doit être absent pendant longtemps. Le risque serait que la question se résolve au tribunal, ou pire, lors d’un congrès. Forza Italia est divisée comme jamais et ne parvient pas à envisager son avenir. Pour trancher sur la direction du parti, il faudra peut-être organiser un congrès, ce qui serait une première dans son histoire et probablement aussi une dernière. Le désarroi règne au sein d’un mouvement politique où le chef désignait le moindre conseiller provincial. En revanche, Berlusconi n’a jamais voulu indiquer un quelconque successeur et n’a pas non plus doté sa ‘’créature’’, Forza Italia, des structures permettant de gérer de façon ordonnée cette nouvelle phase. Le statut, les cartes du parti, la direction… tout cela a été négligé depuis le début. Or il y a désormais un risque très concret que personne ne reconnaisse à celui qui la réclamera la légitimité nécessaire pour prendre la tête du parti. Forza Italia repose sur trois piliers : la famille (les enfants de Silvio Berlusconi) ; le parti, de plus en plus contrôlé par Antonio Tajani également ministre des Affaires étrangères et vice-président du Conseil ; et la cour qui gravite autour du ‘’Cavaliere’’ sur laquelle domine sans partage la compagne de Berlusconi, Marta Fascina. Des éléments très éloignés les uns des autres qui s’étaient pourtant retrouvés afin de laisser tomber la ligne critique vis-à-vis de Meloni qui avait marqué les premiers mois de la législature. Antonio Tajani se voulait d’ailleurs le garant de cette posture plus consensuelle. Mais l’équilibre reste très précaire, et il ne tenait que parce que ‘’Berlusconi avait décidé ainsi’’. En théorie, le successeur de Berlusconi est Antonio Tajani, vice-président et coordinateur national du parti. Toutefois, comme beaucoup le font remarquer, cette fonction n’existe pas dans les statuts et pourrait dont être contestée. Mais en réalité, il s’agirait dans tous les cas d’une régence limitée dans le temps car on sait que le véritable objectif de Tajani se trouve en Europe, où il entend parvenir à un accord entre le PPE et les Conservateurs dirigés par Meloni afin de déplacer un peu plus vers la droite le barycentre du gouvernement de l’Union. Les élections européennes se tiendront dans un an et le temps pourrait manquer pour sauver Forza Italia. La seule personne qui pourrait éviter la guerre civile et l’implosion du parti est la fille aînée de Berlusconi, Marina, mais il est peu probable qu’elle souhaite prendre la relève de son père. Enfin, Forza Italia a une dette d’environ 100 millions d’euros qui pèse encore sur ses comptes, et il semble que rien ne se fera sans le trésorier du parti, un proche et très fidèle de la famille Berlusconi. On en revient là encore aux enfants du président. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria, “Sans l’aile modérée [de la majorité], Meloni se retrouve encore plus seule ; le défi avec Salvini » : « Silvio Berlusconi a rassuré le gouvernement en téléphonant à ses alliés Giorgia Meloni et Matteo Salvini en plein Conseil des ministres. Le fondateur du ‘’centre-droit’’ italien reste un totem pour les principaux ténors de l’exécutif et l’état de santé du ‘’Cavaliere’’ suscite l’inquiétude tout particulièrement du côté de la Présidence du Conseil. Il est vrai que Berlusconi aura donné du fil à retordre à Giorgia Meloni, avant et après la campagne électorale (avec ses déclarations pro-Poutine ou les notes photographiées en séance où il la qualifiait de noms peu amènes) mais l’implosion de Forza Italia provoquerait une situation d’instabilité qui pourrait se répercuter sur l’ensemble de la majorité. L’entourage de Meloni songe aux conséquences d’une crise de l’aile modérée et sur le fait qu’une coalition menée presque exclusivement par deux forces de droite, Fratelli d’Italia et la Ligue, rencontrerait des difficultés. Les relations avec Bruxelles notamment, qui ne sont déjà pas évidentes, empireraient. L’espoir est que Forza Italia survive à Berlusconi et pour cela Meloni mise tout sur Antonio Tajani et sur sa capacité à endosser l’héritage du Roi Silvio. Du reste, Tajani, avec Marina Berlusconi et Marta Fascina, sont la clef de voute qui sous-tend le pacte ayant récemment ramené Forza italia vers une ligne plus proche du gouvernement. Plus qu’une fuite de ses membres vers son parti, Meloni souhaite la survie d’un allié modéré mais fortement lié à Fratelli d’Italia, afin d’éviter de déséquilibrer l’exécutif. Elle pourrait craindre une fuite des centristes vers l’opposition. Mais, vu les récents résultats électoraux, on ne croit pas beaucoup à l’attractivité du Troisième Pôle pour des anciens de Forza Italia. Les députés de Fratelli d’Italia ont évoqué leurs soupçons sur un rapprochement entre la chef de groupe Forza Italia au Sénat et Matteo Salvini. Voire même à un transfert de députés vers le groupe léghiste ou vers la branche « dissidente » Ronzulli. Si cela se produisait, cela contribuerait à un rééquilibrage des forces, en tous cas au Sénat, qui alimenterait les tensions notamment en vue des élections européennes. Cela compliquerait le projet d’alliance entre le PPE et les Conservateurs. Or, si la Ligue confirme que les rapports sont excellents entre Salvini et Licia Ronzulli, elle dément toute négociation de ce type. Du côté de Forza Italia aussi, on répète sans cesse le même refrain : pour l’instant personne ne bouge. Pourtant on a bien l’impression que les choses se tendent entre Fratelli d’Italia et la Ligue qui se sont affrontés hier en Conseil des ministres sur plusieurs des mesures examinées, et que l’incertitude dans laquelle se trouvent les leaders n’y est pas pour rien. »
ARTICLE, Il Messaggero, de F. Bechis, “Migrants, le tour de vis sur la protection spéciale, les mesures incitatives à destination des pays tiers » : « Il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre, entre le regard attentif de la Présidence de la République et les pressions de Matteo Salvini. Giorgia Meloni semble toutefois bien déterminée à opérer son tour de vis sur la protection spéciale de certains migrants et à rendre plus sévère la réglementation assouplie sous le deuxième gouvernement Conte puis sous Draghi en matière d’accord de permis de séjour. Un amendement de l’exécutif sur le récent décret Cutro permet de faire la synthèse entre les différentes requêtes de la majorité. Alors que le décret est en cours d’examen au Sénat, la Présidence du Conseil et le ministère de l’Intérieur envisagent même de nouvelles retouches. Notamment une réduction drastique des cas permettant d’obtenir la protection spéciale, régime que peuvent demander les migrants qui ne sont pas éligibles au statut de réfugié. Seuls quelques rares cas devraient être maintenus (catastrophe naturelle empêchant le retour dans le pays d’origine, maladie grave,…) et la procédure sera rendue plus stricte, comme par exemple dans les cas de regroupement familial, ou de persécution. Voici, à un mois de la tragédie de Cutro, la réponse du gouvernement face à la Ligue qui proposait tout bonnement d’abolir la protection spéciale au lendemain du drame et de durcir les règles sur l’expulsion, avant d’être arrêtée par Fratelli d’Italia. Le parti de la Présidence du Conseil a d’ailleurs décidé de reprendre les rênes sur ce dossier comme sur les relations diplomatiques avec la Tunisie. La majorité est observée de près par la Présidence de la République, mais aussi par le Vatican, l’UE et la CEDH. C’est Alfredo Mantovano qui assure la médiation, de plus en plus attentif aux politiques migratoires du gouvernement. Pas de frondes, de pressions ou de coups d’éclat, la ligne doit être définie ensemble, insiste le Palais Chigi. Giorgia Meloni elle-même est sceptique quant à la protection spéciale qui avait élargie par l’ancienne ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, jusqu’à offrir un escamotage à une grande partie des migrants arrivant sur les côtes italiennes et ne pouvaient alors plus être expulsés. ‘’L’Italie ne fera que s’aligner sur la réglementation des autres pays européens ‘’ souligne Fratelli d’Italia. Au-delà de ces restrictions, les ouvertures ne manquent pas. Lors d’une chaotique séance hier au Sénat, un amendement demandé notamment par le PD demande l’introduction d’un quota spécifique pour les apatrides et les réfugiés reconnus par l’ONU dans le prochain ‘’décret flux’’. Mais entre la majorité et l’opposition l’écart demeure : le secrétaire d’Etat léghiste Nicola Molteni souhaite ajouter un mécanisme récompensant seulement les pays d’origine collaborant sur les rapatriements. »
ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro, « L'Italie va croître davantage, vers 1%. Trois mille embauches en vue. » : « Le gouvernement revoit à la hausse ses estimations de croissance pour 2023. Selon des sources du ministère de l’Économie, le PIB de cette année devrait augmenter de 0,9 %. Hier encore, l'Office parlementaire du budget soulignait le fait que, même si l'économie montre des signes de reprise modérée au premier trimestre 2023, « les risques de baisse continuent de prévaloir à moyen terme ». Le centre d'études Confindustria a également récemment estimé la croissance du PIB de 2023 à 0,4 %. Le décret approuvé hier par le Conseil des ministres, qui autorise plus de trois mille recrutements, est indispensable pour soutenir la croissance et le PNR. Dans les ministères, y compris les services du Premier ministre, 1 057 employés, fonctionnaires et gestionnaires seront recrutés. Les autorités locales auront également la possibilité de garantir, d'ici à 2026, des contrats stables pour les agents ayant accompli au moins 36 mois de service au cours des huit dernières années. Une règle, selon le ministre de l'administration, Paolo Zangrillo, "très importante, qui rend l'administration plus attrayante ». Parmi les nouveautés, il y a également la possibilité pour les administrations de recourir à des travailleurs temporaires. Le ministre de l'Éducation, Giuseppe Valditara, annonce pour l'année scolaire 2023-2024 un plan de recrutement d'enseignants, en attendant l'organisation des concours prévus par le PNRR. Salvini a déclaré : « Certains postes de dépenses dont nous avons hérité sur le Pnrr peuvent certainement être recalibrés », mais selon la vice-présidente des députés du PD, Simona Bonafè, « le clivage au sein de la majorité sur la possibilité de ne pas dépenser toutes les ressources du Pnrr est en train de créer le chaos ». Hier, le Conseil des ministres a une nouvelle fois examiné mais n'a pas approuvé le projet de loi sur la concurrence, qui figure également parmi les objectifs du PNRR. Enfin, le Conseil des ministres a approuvé le décret-loi visant à contrer les effets de la sécheresse. Un comité de pilotage interministériel sera mis en place, présidé par le Premier ministre ou le ministre des Infrastructures, et un « commissaire extraordinaire » sera nommé pour la pénurie d'eau. Le décret prévoit des procédures accélérées pour les interventions visant à améliorer les infrastructures hydrauliques et le dragage des réservoirs, auxquelles des ressources supplémentaires sont allouées. Le commissaire extraordinaire réglementera également les débits d'eau des réservoirs et pourra fixer des délais aux exploitants d'aqueducs pour réduire les pertes et améliorer la capacité des réservoirs. En cas de non-respect, il pourra révoquer les concessions. Les procédures relatives aux usines de dessalement sont également simplifiées. »
ARTICLE, Corriere della Sera, P. Conti « Identité, langue maternelle (et Gramsci). La droite dans la bataille de la culture » : « Parmi le réseau gouvernemental de droite (personnalités du milieu cinématographique, du théâtre, de l'édition, de la télévision, et du patrimoine culturel) appelé à se mettre en réseau lors de la conférence « Penser l'imaginaire italien/États généraux de la culture nationale », l'étoile d'Antonio Gramsci se détache. Face à ce dernier, des ouvrages marquent un contrepoint spectaculaire : « Fronte della Gioventù / La destra che sognava la rivoluzione. La storia mai raccontata » d'Alessandro Amorese (Eclettica) et "Almirante, l'italiano d'Italia" de Gigi Montonato. Puis Benedetto Croce, Vincenzo Gioberti, Giuseppe Prezzolini, Umberto Boccioni et même Alessandro Sallusti. La salle est comble pour le discours le plus attendu, celui de Sangiuliano : « L'imaginaire italien est la revendication de notre identité, de notre passé mais aussi la construction de l'avenir, une sorte d'ADN de la nation. Nous construisons les briques de l'imaginaire italien en faisant revenir dans le giron de l’Etat, la Casa Balla à Rome, grâce à Alessandro Giuli désormais président du Maxxi, en doublant la surface du Musée archéologique de Naples avec l'Albergo dei Poveri. En juin il y aura une exposition sur l'avant-garde du début du XXe siècle ». Et il recite Gramsci : « La beauté ne suffit pas : il faut un contenu humain et moral qui soit l'expression élaborée et accomplie des aspirations du public ». Il rappelle ensuite que ce sont « de solides conservateurs comme Soffici, Prezzolini et Papini qui ont anticipé et organisé la première exposition des impressionnistes français à Florence en 1910, faisant connaître Manet, Degas et Cézanne en Italie ». Federico Mollicone (FdI), président de la commission culture de la Chambre, cite également Gramsci : « Il est juste de viser l'hégémonie culturelle, mais à condition de ne pas perdre l'hégémonie politique, erreur de la gauche. Notre révolution sera douce, une synthèse et non une hégémonie, nous faisons tous partie de la communauté italienne ». Il lance un message clair au monde du spectacle lié à la gauche : « Le Fonds unique pour le spectacle n'existe plus, il y a maintenant le Fonds national pour le spectacle : nouvelles règles et nouvelles commissions d’évaluation ». Fabio Rampelli revendique sa proposition de loi sur la langue italienne : « La langue n'est ni de droite ni de gauche, c'est la langue maternelle, en Europe elle est défendue par 18 pays sur 27, personne ne veut infliger d'amende à ceux qui utilisent l’anglais". Peu de temps auparavant, Lorenzo Maggi, de "Lodi Liberale", avait été clair : « L'anglais ne devrait pas être puni ou interdit, mais étudié davantage par les jeunes ». La myriade de discours révèle également de la rancœur. Le directeur Luciano Cannito s'en prend à « la gouvernance des grands opéras italiens, tous occupés par des directeurs étrangers, un cas unique de colonialisme en Europe ». Le secrétaire d’Etat à la culture, chargé des arts du spectacle, Gianmarco Mazzi, déplore : « Une réalité qui ne répond pas à notre intérêt national, comme s'il n'y avait pas de professionnels italiens capables de remplir ces rôles ». »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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