Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/03/2023

"Meloni rencontre Macron, c’est le dégel sur les migrants."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

Italie. Revue de presse.

Le Conseil Européen, et notamment les questions de migrations, moteurs thermiques, guerre en Ukraine, ainsi que la rencontre entre Giorgia Meloni et le Président de la République Emmanuel Macron, fait les gros titres : « Migrants, l’Europe avance sur son plan ; Meloni se dit satisfaite. Le dégel après la rencontre avec Macron » (Corriere della Sera), « Meloni revient les mains vides, le communiqué final ne contient que des références floues » (La Repubblica), « Meloni : si la Tunisie implose, nous verrons arriver 900 000 réfugiés » (La Stampa), « Meloni rencontre Macron, c’est le dégel sur les migrants » (Il Messaggero), « Accord à Bruxelles pour réduire les émissions des navires » (Sole 24 Ore). « Projet de loi sur les mères détenues en prison : bras-de-fer entre le PD et la droite » (Corriere della Sera, La Repubblica) « Le PD sauve les mères qui font du vol à la tire et torpille la loi qui aurait durci les peines » (Il Giornale).

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Giorgia se retrouve isolée sur le front migratoire et demande de l’aide à ‘’l’ennemi’’ Macron » : « ‘’Mais que souhaite réellement l’Italie ?’’ C’est la question qu’on se posait hier à Bruxelles face aux positions oscillantes du gouvernement italien entre mots d’ordre souverainistes et populistes, et respect des règles européennes. L’échange hier soir avec le Président français est le dernier changement de cap du Palais Chigi en date. La Présidente du Conseil italien avait fait prendre à la dispute avec Paris des proportions presque extrêmes. Les difficultés rencontrées au cours de ces derniers, notamment à cause des incompréhensions avec l’Elysée, ont toutefois contraint Meloni à opérer un nouveau virage. Du reste, le face-à-face d’hier soir a été organisé à l’initiative du président français et c’est Macron qui a défini les termes de l’échange, qui n’était pas un moment de réconciliation mais une rencontre ‘’ordinaire’’ avec l’un des 26 alliés. Rien sur la nécessité de dépasser l’incompréhension d’il y a un mois et demi lors du dîner à l’Elysée avec le Président Zelensky. ‘’Pour nous il n’y a eu aucun malentendu. Nous évoquons donc tous les sujets à l’ordre du jour au Conseil européen’’ résume l’Elysée. Pour Meloni en revanche il est nécessaire d’essayer de sortir d’un isolement de plus en plus évident et cela passe notamment par ce tête-à-tête. En effet, [lors du Conseil européen] la discussion sur la question migratoire, pourtant présentée comme un moment crucial et décisif, n’aura apporté aucun résultat. Au sein de l’UE en effet il est difficile de conquérir quelque résultat sans la France et l’Allemagne. Giorgia Meloni attire pourtant l’attention sur les dimensions et la gravité que pourrait atteindre le phénomène en soulignant la situation particulièrement critique en Tunisie. Elle a demandé de l’aide sur ce volet directement au Président français, le discours s’étendant également aux tensions au Sahel. Giorgia Meloni comprend que pour faire face aux principales crises qui traversent l’Italie et l’UE il est difficile de se passer du soutien des alliés historiques français et allemand. Evidemment, l’appui de la France n’est pas gratuit et Macron cherche un appui sur deux dossiers. Le nucléaire, qu’il veut faire insérer dans le récent ‘’zero instrial act’’ de la Commission européenne pour promouvoir le développement des technologies vertes stratégiques, et la compétitivité sur le plan industriel pour faire face à la concurrence américaine. Paris souhaite un appui de l’Italie car les aides d’Etat autorisées par Bruxelles favorisent avant tout l’Allemagne, or la France, même si en elle profite largement, entend tout de même mettre des barrières à la superpuissance allemande. A Meloni de voir si elle veut maintenir le dialogue avec les ‘’grands’’ de l’UE ou si elle sera reléguée parmi les ‘’petits’’ pays et les souverainistes. »

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « Le tête-à-tête dans la nuit à l’hôtel ; les dossiers du nucléaire et des arrivées de migrants à l’ordre du jour de la discussion » : « La nouvelle dans un premier temps était celle d’une rencontre pour un « dégel » [de la relation entre Macron et Meloni] puis la perspective a évolué vers un strict tête-à-tête, sans leurs conseillers, qui aura duré plus d’une heure et demie. C’est Macron qui est à l’initiative de la rencontre, après un long froid de cinq mois, fait d’incompréhensions, d’accusations réciproques, de mots vexants. Macron s’est rendu à Bruxelles laissant derrière lui un pays déchiré, avec des milliers de manifestants dans les rues. Pourtant, il a choisi d’être là, au Conseil européen et avec la Présidente italienne du Conseil. Pour elle, c’est tout de suite le symbole médiatique de sa première journée à Bruxelles et il en faut peut pour conférer une dimension exceptionnelle à l’événement. La première et unique rencontre, alors qu’elle n’avait pas encore reçu la confiance des Chambres, ne s’était pas très bien passée, comme on avait pu le voir peu après avec l’affrontement diplomatique sans précédent autour de l’Ocean Viking. Depuis lors, les deux équipes diplomatiques ont travaillé en silence en vue d’un rapprochement. La Présidence de la République italienne était également intervenue dans ce sens. Finalement les deux leaders avaient recommencé à échanger par textos même si un nouveau moment de friction avait marqué les relations lorsque Macron avait invité Zelensky à l’Elysée, ainsi que le chancelier allemand, en excluant l’Italie. Pourtant, rapidement, l’importance des intérêts communs, économiques et politiques entre les deux pays et les objectifs partagés sur plusieurs dossiers stratégiques (aérospatial, défense, intégration des deux économies, intérêts géopolitiques convergents) avaient rétabli le dialogue entre les deux leaders. Lors de la rencontre, Paris a formulé sa requête sur le nucléaire, jugée essentielle et sur laquelle l’Italie peut aider. En échange Paris pourra aider sur la situation explosive de la Tunisie et plus généralement sur le dossier migratoire. On parle également d’une action coordonnée des deux pays pour la stabilisation de la Libye et de réforme du Pacte de Stabilité (Paris peut aider à assouplir la position de Berlin). Mais on prend surtout acte du fait qu’aucun des deux pays ne peut se passer pour le moment d’une communication fluide, constante et personnelle entre ses leaders. »

ARTICLE, Il Messaggero, F. Malfetano, « Meloni échange avec Macron : dégel sur le dossier Afrique » : « Sur une initiative française, Meloni et Macron ont eu une discussion immédiatement après la fin du Conseil européen. Malgré les tensions qui ont parfois séparé et divisé les deux dirigeants, tous deux sont conscients de l’évidence du « destin » franco-italien. Ils pointent désormais leur regard vers la Méditerranée et la nécessité de « sécuriser le front sud de l’Europe ». Cette initiative ne vise cependant pas seulement la Tunisie en ébullition, mais pourrait également aboutir à sceller un accord de paix entre les gouvernements de Tripoli et de Benghazi en Libye, en réduisant le rôle de Poutine. Pour autant, leur regard n’est pas seulement tourné vers la Méditerranée. Exactement cent cinquante et un jours après la rencontre informelle à Rome qui s’était transformée en un affrontement diplomatique sans précédent à propos du port d’accueil d'un navire d’ONG, Meloni et Macron se retrouvent presque « forcés » de redevenir amis, notamment à cause de l'habituelle triangulation à géométrie variable avec Berlin. En d'autres termes, cet isolement partiel de l'Allemagne s'est avéré utile à plusieurs reprises et, à ce stade, pourrait conduire à une réforme du pacte de stabilité « anti-austérité » ainsi qu’à un accord sur l'équilibre entre la croissance et l'inflation à présenter au Sommet de la zone euro d'aujourd'hui (auquel participera Christine Lagarde), en particulier en ce qui concerne la croissance des taux d'intérêt. Cela pourrait également aboutir à la création d'un nouveau fonds souverain européen. Cette convergence ne peut se solder par un résultat nul, d’autant que les Français ont l'intention de demander le soutien de l'Italie pour la labellisation des technologies nucléaires parmi celles compatibles avec l'hydrogène vert. Un enjeu essentiel pour Paris et qui pourrait être très utile à Rome pour rattraper le retard pris dans la transition énergétique des voitures (en particulier les biocarburants) pendant la période de transition entre les gouvernements de Mario Draghi et de Meloni. Cela ferait aussi partie intégrante de ce traité du Quirinal qui n'a jamais été pleinement mis en œuvre. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco, « Pourquoi les marges de négociation en Europe sont réduites » : « Il est difficile d'échapper au sentiment que ce qui se passe à Bruxelles est conditionné par l'invasion russe de l'Ukraine. Cela rend chaque discussion non concluante, reléguée à être revue et corrigée ultérieurement. Le début du dégel, ou peut-être simplement la fin du gel, entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron est un bon signe, mais doit cependant être replacé dans le cadre qui limite les comportements et les marges de manœuvre respectives de chacun. L'insistance avec laquelle, tant Meloni que Salvini nient toute division en matière de politique étrangère le confirme : personne ne peut s'affranchir des barrières idéologiques préexistantes. Pour le reste, on procède à tâtons. Notamment dans le domaine de la politique migratoire, pour lequel l’Italie n’a aucune garantie concernant l'attitude des autres pays. À tâtons aussi pour la transition écologique, comme on peut le voir dans les tentatives italiennes de se ménager des espaces d'autonomie par rapport aux règles européennes. Cela vaut également pour le Plan de relance : hier, le ministre des Affaires européennes, Raffaele Fitto, en a de nouveau discuté avec le commissaire aux Affaires économiques, Paolo Gentiloni. On devine des retards alors que le troisième versement de fonds du PNRR est pour le moment bloqué. La nouvelle secrétaire du PD, Elly Schlein se dit « préoccupée », mais personne ne peut plus tirer sur la corde. La Ligue, qui a déserté avec ses ministres le discours de Meloni au Parlement sur l'Ukraine, fait maintenant profil bas. Par ailleurs, la coalition de droite a finalement voté de manière unie. Il n'aurait pas pu en être autrement car, sauf exception, l'exécutif est convaincu ou contraint de soutenir les initiatives de l'UE et de l'OTAN contre l'agression militaire russe. Malgré des signaux parfois maladroits, les léghistes votent également avec le gouvernement car ils savent que le contraire les précipiterait du même côté que le Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Conte et de Beppe Grillo. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, A. Bonanni « L’invitée qui semble ne pas trouver sa place » : « A Bruxelles, Giorgia Meloni semble toujours ne pas trouver sa place, comme ces invités lors d’une réception élégante qui ne savent pas où aller s’assoir. Elle voudrait porter au Conseil Européen le dossier migration pour obtenir un résultat que l’on ignore. Pourtant, les morts devant les côtes calabraises semblent ne pas dissiper les vétos mis par ses alliés nationalistes polonais et hongrois, qui s’opposent à toute forme de solidarité. Et quand elle demande un soutien au couple franco-allemand, elle a comme réponse que l’Italie devrait d’abord contrôler les migrants irréguliers et les rapatrier alors que nos forces de l’ordre les laissent partir vers le Nord de l’Europe. La réforme des accords de Dublin, que l’Italie réclame fortement, tout en ne pas respectant pas ceux en vigueur, est repoussée d’un Conseil Européen à l’autre. Sur la fin des moteurs thermiques, l’Italie s’oppose à la directive communautaire, en suivant l’Allemagne, et en constatant après que Berlin négocie directement avec Bruxelles pour obtenir des résultats que Rome qualifie de ‘’non satisfaisants’’. Bref, un autre échec. La liste des insuccès de ce gouvernement pourrait continuer : la question de l’assouplissement des règles sur les aides d’Etat ou la réforme du Pacte de Stabilité. Il ne s’agit pas uniquement d’erreurs de négociation ou d’erreurs diplomatiques (qui ont pourtant eu lieu) : le gouvernement Meloni a un problème identitaire. Il ne parvient pas à donner à Bruxelles une image cohérente de soi. Sur la guerre en Ukraine, par exemple, les bonnes intentions de Meloni sont systématiquement remises en cause par ses alliés, avec le résultat que l’Italie apparait comme un acteur secondaire dans l’effort européen de soutenir Kiev. Par ailleurs, à la question identitaire s’ajoute la question idéologique. Quand son gouvernement s’adresse à l’Europe, il montre trois âmes : l’âme théoriquement européenne de Forza Italia, l’âme prorusse et anti-européenne de la Ligue et l’âme ambiguë de Fratelli d’Italia, qui tente de trouver un équilibre entre la nature eurosceptique du parti et la nécessité de garder de bonnes relations avec Bruxelles, qui détient les clés de notre budget. Il n’est pas possible de se rendre en Europe en présentant uniquement des urgences non résolues, des propositions vides et une ambiguïté idéologique comme le gouvernement italien est en train de faire. Tant qu’il continue dans cette direction, Meloni ne trouvera pas sa place en Europe. Et l’Italie paiera le prix fort en raison de son absence d’identité. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Francesco Lollobrigida (Frères d'Italie), ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire « Un nouveau pacte pour l’Afrique. Le salut passe par l’agriculture » : « ‘’Je veux préciser que notre recette demeure toujours la même : moins de départs signifie moins de morts. A Bruxelles nous avons été conditionnés par des intérêts pas toujours homogènes mais maintenant l’Italie peut à nouveau jouer un rôle déterminant comme celui d’un pays-clé dans la Méditerranée. Les choses sont en train de changer. La Méditerranée est désormais un problème qui concerne tous les pays en Europe. Le but est de mettre les Africains en condition de ne pas être contraints d’émigrer. Le premier frein doit être appliqué à l’immigration clandestine. L’Europe doit s’engager à reconstituer en Afrique un tissu productif alimentaire et des biens primaires qui manquent. En Egypte, comme au Sahel, il y a de grands espaces pouvant être utilisés. Nous devons envoyer nos experts, nos agriculteurs, pour augmenter les productions et créer de l’emploi et de la richesse. Ces récoltes peuvent devenir une valeur ajoutée pour tous et créer de l’emploi et de la croissance en Afrique et en Europe. Et s’ils décident de ne pas rester en Afrique, il faut alors assurer une immigration légale et en sécurité, mais surtout une formation et des notions de langue permettant l’intégration et donc la possibilité de travailler dans des secteurs où il y a un manque de main d’œuvre locale’’. »

ENTRETIEN, Quotidiano Nazionale, de Adofo Urso (Frères d'Italie), ministre des entreprises et du Made in Italy « Sur les biocarburants, il faut éviter qu’un « non » idéologique s’impose » : « ‘’Nous l'avons dit clairement dans la lettre adressée au Commissaire Timmermans, signée par Salvini, Pichetto Fratin et moi-même : si la Commission n'accepte pas nos propositions sur les biocarburants et l'hydrogène, nous voterons contre. Cependant, je suis convaincu que la raison finira par l'emporter, et nous sommes du côté de la raison : l'électricité n'est pas une religion, mais une technologie. Pour atteindre les mêmes objectifs, d'autres technologies peuvent être utilisées : les carburants synthétiques, comme le demande l'Allemagne, mais aussi les biocarburants ou l'hydrogène, comme nous le préconisons. Nous avons besoin d'une vision de neutralité technologique. Il n'y a qu'en Union soviétique que l'on a soumis la science à l'idéologie. Si les moteurs endothermiques sont exclus en Europe, l'impact sur l'industrie automobile italienne retombera sur au moins 80 000 emplois. Nous sommes en faveur des objectifs écologiques [fixés par l’UE], pour cette raison, nous sommes favorables à l'utilisation de toutes les technologies pouvant nous permettre de les atteindre. Mais nous voulons y arriver sans désertifier l'industrie européenne et sans appauvrir nos citoyens.’’ »

PREMIER PLAN, La Stampa, de F. Grignetti, « ‘’Les voleuses enceintes en prison’’ le tour de vis de la Ligue, le Parti démocrate retire la loi » : « Hier au Parlement le Parti démocrate et la Ligue se sont opposés très durement sur la question des droits des femmes enceintes incarcérées. La cheffe de groupe démocrate à la Chambre, Debora Serracchiani, dénonce une ‘’inhumanité et une incivilité incroyable’’ mais la Ligue affirme qu’elle ‘’poursuivra sur sa lancée’’. La proposition de loi de Serracchiani devait empêcher que des enfants naissent en prison où y passent les premières années de leur vie. Il y a deux jours la droite est intervenue sur le texte à travers un amendement qui transforme du tout au tout le sens de la proposition de loi. La Ligue a souhaité introduire une dérogation pour les cas de récidive ou de casier judiciaire lourd. ‘’Maintien de la détention pour les pickpockets enceintes, non à l’exploitation de la grossesse’’ a résumé Matteo Salvini. Le Parti démocrate a alors retiré sa proposition de loi, désormais dénaturée. ‘’Ils ont tenté d’introduire la prison pour les femmes enceintes à partir d’une loi qui tentait d’extraire les enfants de prison’’ s’indigne le PD alors que le Troisième Pôle attire l’attention sur le silence gêné du Garde des Sceaux, ‘’encore une fois ce gouvernement cherche un bouc émissaire pour s’en prendre aux droits et aux mesures qui les garantissent. Mais que dit le ministre Nordio ?’’. Salvini s’emporte ‘’le PD veut libérer les pickpockets rom qui exploitent les enfants et la grossesse pour éviter la prison et rester dans la délinquance’’. La Ligue présente alors son propre projet de loi visant à supprimer le ‘’report automatique de la peine pour les femmes enceintes’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.