23/03/2023
"Conte (M5S) à Meloni : vous nous poussez vers le conflit." et "Les nominations des DG des entreprises publiques créent la discorde, les ministres de la Ligue désertent l’audition de Meloni."
Italie. Revue de presse.
L’audition de Giorgia Meloni devant la Chambre des députés en vue du Conseil Européen fait les gros titres « Envoi d’armes à Kiev, tensions à la Chambre. Conte (M5S) à Meloni : vous nous poussez vers le conflit » (Corriere della Sera), « Meloni défie [l’agenda] européen : aujourd’hui je parlerai de migrations » (La Stampa). « Les nominations des DG des entreprises publiques créent la discorde, les ministres de la Ligue désertent l’audition de Meloni » (La Repubblica). « La Fed décide de relever ses taux mais moins que prévu » (Sole 24 Ore). « Hausse des factures énergétiques, voici le fonds pour les familles » (Il Messaggero). « Réforme des retraites en France, Macron annonce à la télévision vouloir aller de l’avant ; les Français descendent dans la rue (Corriere della Sera).
Sur Twitter, le hashtag #Nato (Otan), en référence aux munitions à uranium appauvri que Londres pourrait livrer à Kiev, fait tendance.
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Franco « Les tensions au sein de la majorité, et la division de l’opposition » : « Le gouvernement sort du débat sur l’Ukraine formellement uni mais les tensions qui ont émergé ne seront pas facilement surmontables. La façon qu’à la Ligue de se démarquer de la ligne de Giorgia Meloni sur les aides militaires à Kiev, l’absence des ministres de la Ligue aux côtés de Meloni et les craintes répétées sur une escalade de la guerre sont en contradiction avec l’atlantisme affiché par le Palais Chigi. Cela ne l’aide pas sur le plan international. En revanche les partis d’opposition, en évoquant une majorité en crise, font semblant de ne pas voir qu’ils sont aussi divisés. Le PD de Schlein et le M5S de Conte ne partagent pas la même ligne sur la politique étrangère. Ce qui surprend, c’est la proximité entre ce que déclarent à ce sujet le M5S et certains représentants de la Ligue : on insiste sur l’exigence d’une trêve qui manquerait en raison des responsabilités de l’Europe. Les critiques à la « pensée unique » sur la guerre, prononcées mardi par le léguiste Massimiliano Romeo, ont créé une blessure au sein de la majorité. Cela ressemble à une première étape, avant qu’ils n’adressent leurs critiques à l’UE et l’Otan, et la volonté de rejeter la responsabilité non pas sur Poutine mais sur l’Occident européen et américain. Cette image d’une Italie divisée sur la politique étrangère est inquiétante, notamment à la veille d’un Conseil Européen où le pays espère pourvoir jouer un rôle majeur. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La ligne de Meloni entre Kiev et l’Otan » : « D’une part il y a Giuseppe Conte (M5S) qui doit à tout prix trouver une thématique pour mettre en difficulté Elly Schlein (PD), d’autre part, la Ligue a décidé de se démarquer de la ligne de la Présidente du Conseil. Elle le fait de manière hypocrite avec des interventions parlementaires critiques et des absences dans les rangs du gouvernement, sans arriver toutefois à rejeter la résolution de la majorité, ce qui aurait provoqué une crise parlementaire. Entretemps, Berlusconi est resté dans l’ombre, comme cela était prévisible. L’opposition a présenté quatre motions différentes. La majorité, divisée dans la façon dont elle s’exprime sur la guerre, reste toutefois unie dans le vote. Meloni sort du débat parlementaire avec une position ferme sur l’Ukraine qu’elle pourra faire valoir à Bruxelles. A Washington, Meloni est considérée comme une partenaire fiable. La Pologne à l’Est et l’Italie au Sud représentent les piliers de l’Otan assurant le plein soutien à Kiev. Le soutien américain au leadership de Meloni est censé durer pendant des mois, peut-être même jusqu’aux élections européennes de 2024. Ce qui explique la détermination presque thatchérienne de Meloni. Toutefois, l’opinion publique italienne demeure très divisée sur le soutien à l’Ukraine. Ce n’est pas un hasard si la rhétorique russe trouve ici un terrain fertile. Les divisions parlementaires transmettent ainsi une impression de faiblesse sur une thématique cruciale : la fracture est à ce stade cachée par la ténacité melonienne mais sans toutefois donner des garanties sur l’avenir. Tout dépendra de la durée du conflit et des développements internationaux. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le Conseil Européen et l’heure des premiers bilans pour Meloni » : « La phase des premiers bilans pour le gouvernement commence maintenant. La question la plus fréquente sera « qu’avez-vous obtenu ? ». Si d’une part cela fait moins de six mois que le gouvernement est en place, d’autre part on s’éloigne de la période où il est encore possible de critiquer les erreurs du passé. On s’approche de cette phase où la responsabilité repose sur ceux qui gouvernent, pas tant du point de vue de l’agenda mais des faits qui s’enchainent. Ainsi, l’immigration devient-elle de plus en plus urgente après le drame de Cutro. Or, le Conseil Européen d’aujourd’hui et de demain apparait comme un rendez-vous de simple discussion sur le sujet, alors que Meloni est pressée. Et pas seulement sur les migrants : il y a les dossiers économiques, le Plan de Relance, la réforme du Pacte de stabilité, les voitures électriques et la réponse au plan de Biden. Certains soulignent qu’après l’appréciation pour l’approche européiste de Meloni sur le budget, les doutes à Bruxelles commencent à émerger. Le problème est que les projets du Plan de Relance national n’avancent pas comme ils le devraient. Ce n’est pas un hasard si le commissaire Gentiloni, pourtant toujours prudent, se soit exposé en rappelant que la mise en œuvre du PNRR est plus urgente que la flat tax ou le pont sur le détroit de Messine. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Le flop annoncé du Conseil européen sur les questions migratoires et économiques, la ligne de l’Italie ignorée » : « D’après la déclaration finale signée par les différents pays, le Conseil européen qui commence aujourd’hui expédiera en quelques phrases la question migratoire. Mais le plus grave c’est surtout que les rapports entre l’Italie et l’UE sont de plus en plus compliqués, et cela ne concerne pas seulement les sempiternelles divergences en matière de politique migratoire. Sur de nombreux dossiers des plus délicats, du Pacte de Stabilité à l’arrêt des moteurs thermiques, l’Italie n’obtient rien ou presque. Une situation complètement en décalage avec le discours de la majorité et notamment de Giorgia Meloni, mardi, face au Sénat. Sur la question migratoire, la discussion est renvoyée au sommet qui se tiendra en juin prochain. Une date cruciale car si aucune mesure concrète n’est prise à cette occasion, il ne se passera probablement rien avant fin 2024. En effet, à 6 mois de la fin de la législature européenne, il est probable qu’aucun des 26 partenaires ne prenne une telle responsabilité à l’approche des élections. Le rapport établi par Ursula von der Leyen sur la question migratoire est utilisé comme excuse mais il n’est pas assez détaillé et il ne s’agit en rien d’une proposition politique. Idem pour la compétitivité du système industriel aux prises avec la concurrence américaine. Là encore, on est en resté à l’assouplissement des règles européennes qui profite surtout à l’Allemagne et à la France. L’Italie n’a obtenu qu’une promesse d’assouplissement dans le recours aux fonds européens tels que le NextGenerationEU. Rien d’autre, pas même suite aux récentes crises financières. Le document ne fait allusion à aucun nouveau fonds, encore moins à un nouveau fonds souverain européen. Quant au Pacte de Stabilité, les pays frugaux ont déjà mis le holà à la proposition italienne, demandant davantage de garanties de la part de l’Italie. Le gouvernement italien demande déjà la possibilité d’exclure au moins certains postes de dépense de ce règlement strict, comme par exemple la défense, mais cela s’annonce compliqué. Sur le volet des moteurs thermiques enfin, la Commission est en train de passer un accord avec l’Allemagne : une dérogation à l’interdiction sera prévue pour les carburants synthétiques comme le demandait Berlin, mais pas pour les bio-carburants comme le demandait Rome. Pour l’instant, la Présidence du Conseil italien n’a obtenu que le report de la discussion sur le MES comme maigre consolation. »
Lucio Malan
Ciro Maschio
ARTICLE, Il Messaggero, C. Man, « Piantedosi (Indépendant), mission en Côte d’Ivoire : des postes frontières anti-trafiquants » : « Un accord de coopération pour la lutte contre l'immigration irrégulière et le terrorisme a été signé hier par le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi et son homologue ivoirien Vagondo Diomandè, à l'occasion de la visite de Piantedosi à Abidjan. Jugée très positive, cette rencontre ouvre une voie de coopération solide avec l'un des pays d'où provient le plus grand nombre d'immigrés. Le renouvellement de la relation de « grande amitié » a été souligné par Piantedosi, qui a également exprimé « la ferme volonté de développer d'autres initiatives pour rendre le partenariat stratégique encore plus efficace ». L'accord entre l'Italie et la Côte d'Ivoire prévoit l'échange d'informations et la mise en œuvre d'actions communes pour prévenir et combattre des phénomènes tels que le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogue et d'armes, les activités criminelles liées à l'immigration irrégulière ainsi que la cybercriminalité. Au cours de ces entretiens, le ministre italien a également souligné l'engagement de l'Italie dans le développement, tant au niveau bilatéral qu'au niveau européen, de politiques de soutien aux pays d'origine et de transit des flux migratoires. Cela se fera notamment en améliorant les voies d'entrée régulières ainsi que les processus de formation et de travail pour les jeunes. Hier matin, les deux ministres ont également assisté à la cérémonie de lancement du projet Civit-Oim, financé par l'Italie et qui sera mis en œuvre en collaboration avec l'Organisation internationale pour les migrations. Cette initiative prévoit la création de postes frontaliers et des formations spécialisés pour le contrôle des frontières, la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains. L’accord de coopération signé a été qualifié par Piantedosi de « pilier », sur lequel les forces de police italiennes pourront « construire une stratégie d'action solide ». La visite s'est achevée par un entretien entre Piantedosi et le Président de la République, Alassane Ouattara, qui avait expressément demandé à le rencontrer. Au cours de cette visite, Piantedosi a rappelé les « relations de grande amitié et de coopération fructueuse qui existent déjà entre les deux pays ». Il a également tenu à souligner l'intérêt commun d'agir ensemble pour relever les nombreux défis auxquels les deux pays sont confrontés, notamment dans le domaine de la sécurité. »
Matteo Piantedosi et son homologue ivoirien Vagondo Diomandé
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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