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21/03/2023

"L’entretien téléphonique entre Meloni et Scholz en vue du Conseil Européen."

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Italie. Revue de presse.

La visite du Président chinois Xi Jinping à Moscou fait les gros titres « Xi-Poutine, le coup de froid avec les Etats-Unis » (Corriere della Sera), « Xi rend visite à Poutine mais la paix reste lointaine » (La Stampa), « Poutine fait des concessions au plan de Xi mais Biden ordonne à Kiev de rejeter toute trêve » (Fatto Quotidiano). « Crédit Suisse, la gestion est remise en cause et les détenteurs d’actions menacent de faire un recours » (Sole 24 Ore). « Le Plan national de relance (PNRR) est une priorité pour le commissaire Gentiloni et la Banque d’Italie » (Repubblica), « L’Europe lance l’alerte sur les retards des projets du PNRR » (La Stampa). « Réforme des retraites en France, le gouvernement échappe [à la motion de censure], des manifestations et des violences éclatent dans les rues » (Corriere della Sera), « La réforme des retraites adoptée, la France en révolte » (La Stampa).

Les JT couvrent essentiellement la visite du président chinois à Moscoul’entretien téléphonique entre G. Meloni et le Chancelier allemand O. Scholz, les manifestions d’hier soir en France après l’adoption de la réforme des retraites et la journée nationale des victimes de la Mafia.

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Schlein et les manifestations, il y a un risque d’ambiguïté » : « Les rassemblements populaires pour les droits LGBT+ sont certainement très attrayants mais Elly Schlein ne peut penser que ses prochains mois en politique ressembleront à une fête populaire permanente pour la revendication de droits, pendant que le Mouvement 5 Etoiles s’efface en arrière-plan. La voie de la gestation pour autrui semble barrée mais ça ne date certainement pas d’aujourd’hui : la droite n’a eu besoin d’abolir aucune loi en la matière, puisqu’il n’en existait pas. Au contraire, il n’y a jamais eu de législation en la matière, pas même lorsque le centre-gauche avait la force parlementaire nécessaire – du moins sur le papier – pour le faire. Pour la bonne raison que seule une minorité [même à gauche] est favorable à la gestation pour autrui. Elly Schlein le sait bien. Et ces manifestations ne sont pas faciles à apprivoiser car les distinctions à établir sont très subtiles. L’enregistrement des actes de naissance des enfants nés à l’étranger par gestation pour autrui est un principe indiscutable mais peut tout de même ouvrir la voie à la légitimation de ce que l’on appelle ici ‘’l’utérus en location’’. Des questions éthiques très délicates et une nouveauté qu’une majorité d’Italiens rejette. Un refus qui rassemble, à gauche, les démocrates-chrétiens comme les communistes à l’ancienne. Et, pour une fois, ils ne reflètent pas des positions d’un autre temps. La plupart des électeurs du PD est perplexe et la nouvelle secrétaire démocrate, femme politique attentive, ne s’est jamais prononcée en faveur de la gestation pour autrui, mais jamais clairement contre non plus. Il semble que l’appel de la rue (il y a quelques temps à Florence au nom de l’antifascisme, maintenant à Milan pour les droits LGBT+) soit une tentative pour renforcer sa position vis-à-vis d’un parti qu’elle a l’impression de ne pas encore suffisamment contrôler. Attention toutefois à ne pas commettre d’erreur : si l’antifascisme est souvent un thème fédérateur, les questions éthiques sont susceptibles d’heurter des sensibilités variées. Le monde catholique qui se reconnait dans le centre-gauche est aujourd’hui perplexe face à cet élan radical. Il pourrait l’accepter s’il s’agissait d’être intransigeant sur les droits sociaux ou des travailleurs, mais on entre ici dans un terrain éthique inexploré et source d’anxiété. L’idée d’un marché impliquant d’une manière ou d’une autre les enfants va au-delà de l’acceptable aux yeux de beaucoup. Le problème d’Elly Schlein n’est donc pas seulement de contenir Conte et récupérer des voix de son côté, elle doit surtout trouver le moyen d’investir de nouveaux pans de la société, de conquérir un électorat beaucoup plus large. La voie sur laquelle elle s’est engagée peut provoquer l’effet inverse et effrayer non pas la droite – qui pourrait au contraire en tirer bénéfice – mais bien les nombreux indécis. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, de W. Galbiati, « Les sonnettes d’alarme » : « Le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, et le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni (Parti Démocrate), ont été assez directs : nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de perdre les investissements du PNRR. Déjà, fin 2022, l’actuel gouvernement était entré dans une véritable course afin de d’atteindre les objectifs annuels qui auraient dû valoir à l’Italie 19 milliards d’euros. En fait, la Commission européenne a suspendu le versement pour le moment car la nouvelle unité devant diriger le plan n’a pas encore été constituée à cause de luttes de pouvoir internes au gouvernement. Soixante personnes doivent être recrutées pour cette mission et le processus n’a toujours pas été lancé. Or ce retard dans le versement des fonds risque de compromettre la mise en œuvre de la suite du Plan et le versement de la tranche suivante pour 34 milliards d’euros. Les deux hommes ont rappelé l’importance cruciale de ces réformes et des investissements prévus par le PNRR. Le Plan de Relance doit en effet rester une priorité : ‘’en Italie on parle de pont sur le détroit de Messine et de flat tax mais il reste un problème extrêmement actuel : le PNRR’’. C’est la croissance italienne de 2023 qui est jeu, les prévisions oscillant actuellement entre 0,6 et 0,8% dans la meilleure des hypothèses, or on estime l’impact du Plan autour de 0,5%. C’est donc ce qui pourrait faire basculer l’Italie de la récession à la croissance et vice-versa. Les difficultés de l’Italie quant à la gestion de ces fonds européens sont bien connues. Visco explique que si les réformes avancent plutôt bien, c’est la capacité de dépense qui pose problème, mais surtout la programmation et la gestion des fonds au niveau local, avec d’importantes disparités géographiques. Pour Gentiloni, il faut faire beaucoup plus pour la mise en œuvre du PNRR, aussi bien à Rome qu’à Bruxelles et éviter que tout s’arrête une fois le financement obtenu. Gentiloni invite le gouvernement italien à négocier avec la Commission en cas de difficultés, sans préjugés, vu que d’autres pays ont déjà révisé leur plan, dont l’Allemagne. Le président de la première organisation des représentants du patronat, Carlo Bonomi, a demandé des dégrèvements fiscaux pour les entreprises qui investissent, écartant les allègements prévus pour les embauches. Il souligne lui aussi l’importance cruciale des 0,5% de croissance que pourraient générer les investissements du PNRR pour l’industrie italienne post-Covid. »

EDITORIAL, A. Panebianco, Corriere, « Les migrants et l’Europe plus unie » : « Est-ce la fin de l'État-nation ? Il y a une raison en faveur de l'intégration européenne à laquelle ses partisans n'avaient pas pensé jusqu'à présent. On a toujours dit que l'unification se justifiait par le fait que les États-nations européens n'avaient plus la taille nécessaire pour faire face aux problèmes qui se profilaient. Mais il existe peut-être une autre raison, plus importante, en faveur de l'unification : la fin probable, dans quelques décennies, des États-nations européens. Il s'agit d'une question liée aux flux migratoires. Les projections démographiques ne laissent guère de doute à ce sujet. Au milliard et demi de personnes qui peuplent aujourd'hui l'Afrique, un autre milliard pourrait s'ajouter d'ici vingt ans. Des millions de personnes se déplaceront des zones de pauvreté vers les zones où se concentrent les richesses. Les conflits entre la gauche et la droite sur la question actuelle de l'immigration semblent occulter le phénomène. Ni la politique des ports fermés, ni le (chimérique ?) ’’gouvernement des flux’’ prôné par la droite, ni la politique d'accueil prônée par la gauche et l'Eglise ne semblent être à la hauteur du défi. Qui pourra gouverner une pression migratoire aussi imposante ? Les États-nations (nés en Europe) seront progressivement remplacés par des États multiethniques. Un processus lent et régulier d'accueil de nouveaux arrivants pourrait être régi : les immigrés pourraient être assimilés. Mais un processus rapide et massif comme celui qui s'annonce ne peut être contrôlé. L'homogénéité culturelle sera remplacée par l'hétérogénéité avec des conflits inévitables. Les écoles seront sans doute les premières touchées, partout en Europe, par les tensions et les conflits nés de la transition vers la multiethnicité. La France, on le sait, est déjà à l'avant-garde. Avec ses professeurs qui servent de paratonnerres face à des communautés (en l'occurrence islamiques) hostiles aux valeurs républicaines françaises traditionnelles. Progressivement, une nouvelle Europe s'ajoutera à l'ancienne de manière de plus en plus visible. Avec des problèmes croissants, dont il existe déjà mille signes. Les dynamiques électorales, les stratégies des partis, les programmes des gouvernements et des oppositions en seront conditionnés. Le fait qu'il soit rationnel de renforcer l'unité européenne en raison de la disparition imminente des États-nations ne garantit pas du tout que cette voie sera empruntée. Les résistances sont et seront puissantes. La principale, comme on le sait, est que si les gouvernements cèdent le pouvoir de décision à une instance supérieure (européenne), ils se privent d'outils précieux, nécessaires dans la compétition politique interne.  Nous ne savons pas si une démocratie à l'échelle continentale pourrait fonctionner. Jusqu'à présent, l'institution élective européenne, le Parlement, n'a pas donné beaucoup de preuves, ni de précédents éclatants. Mais son rôle pourrait changer dans un contexte différent, en présence d'un gouvernement européen légitimé par le vote populaire.  Cela ne concerne pas la politique ici et maintenant. Il s'agit simplement d'une mise en garde. L'idée est que, lorsqu'on parle de migration est que tôt ou tard, il faudra apprendre à regarder plus loin que le bout de son nez. »

ARTICLE, Messaggero, « Sur les migrants, un accord avec Scholz : des fonds de l'UE pour les pays africains » par Francesco Malfetano : « En prévision du Conseil européen, l'objectif de Meloni est d'éviter que l'inscription de la route méditerranéenne dans les conclusions du dernier Conseil ne reste (encore) qu'un effet d'annonce. Un engagement qui s'est traduit hier par un appel téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz qui, selon des sources proches du premier ministre, sera suivi d'entretiens avec les gouvernements les plus concernés par l'urgence. En premier lieu, le gouvernement grec de Kyriakos Mtsotaks. L’échange bilatéral avec Pedro Sanchez et Emmanuel Macron, en revanche, n’est pas confirmé. "À Paris, ils semblent avoir d'autres chats à fouetter", murmure-t-on au Palais Chigi, non sans quelques sourires, en référence à la "quasi défiance" subie hier. L'objectif, comme pour Scholz, est d'obtenir un soutien "effectif" - et donc au moins un passage dans les conclusions du sommet - lorsque Meloni demandera aux Vingt-sept d'accélérer à la fois les accords et les financements avec les pays de départ et un plus grand engagement dans les opérations de contrôle, de sauvetage et de rapatriement. Ce sera toutefois difficile vu que la question des migrants ne figure pas à l'ordre du jour. Mais dans une lettre envoyée hier aux dirigeants de l'UE, Ursula von der Leyen a non seulement fait le point sur ce qui a été accompli depuis le 9 février, mais elle semble également avoir pris en compte - selon des sources gouvernementales - les initiatives de Rome en faveur d'une réforme globale sur la question des migrants et d'une réforme plus large sur l'aide financière. A tel point que, citant le "terrible naufrage de Cutro", elle appelle à "une solution juste et durable", " possible seulement à travers une approche européenne et équilibrée". En effet, le texte prévoit un engagement de dépenses supplémentaires qui s'ajoutent aux 500 millions d'euros déjà prévus pour les pays de départ. En effet, 110 millions "s'ajouteront aux 208 déjà engagés pour la coopération en matière de lutte contre la traite des êtres humains". Lors de l’échange avec Scholz, il a également été question du pacte de stabilité. En effet, Berlin est l'une des chancelleries à être convaincue que sans flexibilité dans l'utilisation des fonds européens et avec le feu vert pour les aides d'Etat, cela conduirait à une guerre des subventions qui, tout en favorisant ceux qui ont le plus de marges fiscales (comme l'Allemagne), ferait sombrer la zone euro. Les négociations sont compliquées, mais l'Italie n'exclut pas d'utiliser la ratification du MES comme un "levier" dans les négociations, bénéficiant de la position forte d'être le seul parmi les Vingt-sept à ne pas l'avoir fait jusqu'à présent. »

ARTICLE, La Stampa, « Meloni se prépare au Conseil européen : "Von der Leyen doit maintenant nous proposer des mesures beaucoup plus concrètes" par Ilario Lombardo et Francesco Olivo : « Pour la première ministre, le prochain Conseil européen sera le moment où, en théorie, elle devrait obtenir quelque chose de plus sur l'immigration et le pacte de stabilité. Elle risque d'être déçue. C'est l'impression que l'on a en observant l'accent mis par la Commission et le Conseil sur le soutien à l'Ukraine qui sera réitéré avec force, ce que justifie l’actualité récente de la visite de Poutine à Marioupol et la visite de Xi à Moscou. Pour l’Italie, la priorité ressort du communiqué suite à l’échange avec Scholz et de sa présetation au parlement cet après-midi. Meloni semble persuadée que c'est la Commission qui bloque, dans la tentative compliquée de trouver un équilibre entre les besoins des différents pays. L'objectif de Meloni sera désormais d'accroître la pression sur la présidente Ursula von der Leyen, avec le raisonnement suivant : "Les demandes de l'Allemagne en matière d'aides d'État ont été acceptées, c'est maintenant notre tour en ce qui concerne l'immigration. Des mesures concrètes sont nécessaires". Dans la lettre envoyée par von der Leyen, il y a un peu de tout, dont des passages qui plaisent au gouvernement italien, comme le soutien économique de 200 millions pour l'accueil - qui n'est certainement pas un investissement décisif -, "l'augmentation de la capacité près des frontières extérieures" et "l'accélération de la mise en œuvre du mécanisme de solidarité volontaire pour la relocalisation des migrants", bien que Fratelli d'Italia se soit déjà opposée à la redistribution. A Bruxelles, Meloni insistera encore sur la défense des frontières extérieures de l'Union pour intervenir sur les mouvements primaires et secondaires. Mais Charles Michel a préparé la réunion en accordant une large place aux questions de politique étrangère, l'Ukraine, et de politique économique, la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, sur laquelle un sommet à 27 dirigeants est prévu à l'issue du Conseil. L’enjeu est aussi celui de la confiance accordée à la Tunisie. Sur ce point, le soutien des Etats-Unis sera important. Et ce n'est pas un hasard si M. Tajani est actuellement en contact avec le secrétaire d'État Antony Blinken, convaincu que les Américains seront décisifs pour débloquer les fonds du FMI pour Tunis. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, « L’entretien téléphonique entre Meloni et Scholz en vue du Conseil Européen » : « Giorgia Meloni est en train de renforcer sa stratégie sur le dossier migrants en vue du Conseil Européen de jeudi et vendredi, où elle défendra la cause d’une gestion « enfin européenne ». Entretemps, Bruxelles a adressé une lettre à tous les dirigeants européens, dont le contenu a été salué par l’Italie, en raison de la concession pour une réforme générale  ‘’plus équilibrée’’ et au renforcement du fonds à hauteur de 500 millions d’euros déjà alloué pour faire arriver 50 000 personnes par le biais de corridors humanitaires. Hier, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères européens, A. Tajani a demandé des aides ‘’dans de courts délais’’ de la part de l’UE et du FMI à l’adresse de la Tunisie, où il se rendra avec le commissaire P. Gentiloni. Le Haut-Représentant pour la politique étrangère Borrell a reconnu ‘ : ’en cas d’implosion politique et sociale du pays, nous nous retrouverions avec de nouveaux flux de migrants en Europe’’.  »

ARTICLE, Il Foglio V. Valentini « Meloni joue son va-tout avec Scholz mais prend des risques » : « C’est vrai, l’Allemagne a été le pays le plus explicite (voire le seul) dans le soutien au « plan Mattei » de Rome. Meloni s’en est aperçue en parlant également avec les responsables des grandes entreprises à participation publique : le projet SNAM pour la production d’hydrogène en Tunisie pour le redistribuer à l’Europe du Nord a été accueilli favorablement par l’Allemagne et l’Autriche. Cependant, sur l’immigration, Meloni n’obtiendra pas grand-chose. Les engagements flous insérés dans les conclusions du Conseil Européen de février, exhibés comme un grand succès, se révèlent aujourd’hui pour ce qu’ils sont en réalité : pas grand-chose ou rien. Le scepticisme du Chancelier Scholz à l’égard de la politique brutale du gouvernement italien face à l’immigration clandestine se fait sentir. Ce n’est pas un hasard si hier la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a relancé l’idée d’une mission navale européenne et d’un pacte sur les relocalisations des migrants, cette fois-ci pas sur une base volontaire. C’est un signal pour mettre fin à la politique folle des ports fermés. Ceux qui ont pu écouter les commentaires au palais Chigi au sujet des propos de la ministre allemande (‘’qu’elle les accueille chez elle’’) savent bien à quel point les distances sur le dossier entre Rome et Berlin sont encore importantes. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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