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14/03/2023

"Naufrage, la réponse choc de Rome, "Benghazi n’intervient pas ? Très bien, au revoir."" et "L’alerte lancée par Meloni : "Nous risquons l’invasion". Et on veut maintenant l’implication de l’ONU."

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Italie. Revue de presse.

La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), et la chute des bourses européennes, font les gros titres « SVB, les Bourses chutent » (Corriere della Sera), « Les Banques Centrales montrées du doigt » (La Repubblica), « Crise des banques, voici le bouclier de Biden » (La Stampa), « Crises des banques, l’Europe craint une contagion » (Sole 24 Ore). Le gouvernement italien accuse le groupe russe Wagner de favoriser les migrations illégales depuis l’Afrique « Migrants, la main des Russes » (Il Messaggero), « Crosetto (Frères d'Italie) et le groupe Wagner, querelle sur les migrants » (La Stampa). « Echange d’accusations entre Rome et Moscou sur l’hypothèse que le groupe Wagner soit impliqué dans la hausse des arrivées des migrants » (Corriere). « Cérémonie des Oscars 2023 : l’édition qui prime la nouveauté » (Corriere, Repubblica).

Sur Twitter, le hashtag #Wagner, en référence aux déclarations du gouvernement sur le rôle joué par le groupe Wagner dans l’augmentation des flux migratoires vers l’Italie, fait tendance.

PREMIER PLAN, La Repubblica, d’A. Ziniti, « Naufrage, la réponse choc de Rome, ‘’Benghazi n’intervient pas ? Très bien, au revoir’’ » : « L’embarcation de fortune est déjà en difficulté depuis 14 heures avec 47 personnes à bord quand Tripoli répond qu’ils n’ont ‘’aucun bateau aujourd’hui’’ pour les secourir. ‘’Merci, bye, bye’’ Rome coupe court et raccroche au nez des opérateurs de l’ONG Sea Watch qui tente depuis plusieurs heures d’appeler tous les centres de secours, en Libye, à Malte et en Italie. Plus tard, alors qu’ils demandaient de l’aide depuis 27 heures, 30 personnes disparaissent en mer. Voici comment on continue à mourir en Méditerranée, alors que les autorités maritimes ne répondent pas ou retardent l’envoi des secours. Sea Watch avance de très lourdes accusations contre le gouvernement italien : ‘’c’est un choix politique de l’Italie que de ne pas être intervenu pour secourir ces migrants […] parfaitement dans la lignée des déclarations de Giorgia Meloni à Crotone qui affirmait vouloir ‘’décourager ces personnes de partir’’ ; mais ils veulent les dissuader en les laissant mourir en mer’’. Il y a beaucoup d’amertume chez ceux qui ont suivi cette nouvelle tragédie. L’écoute des conversations de Sea Watch avec les opérateurs à Rome et à Tripoli est saisissante, ceux qui avaient été informés ont agi trop tard et la tragédie aurait pu être évitée. Le navire marchand qui s’apprêtait à intervenir après avoir été alerté par Sea Watch explique que Rome a donné le contre-ordre d’attendre les instructions de la Garde Côtière libyenne mais Tripoli n’a envoyé aucun moyen et lorsqu’elle annonce clairement qu’aucun bateau ne sera envoyé, Rome ne réagit pas et met fin à l’appel. La Garde côtière publie finalement un maigre communiqué dimanche matin indiquant que l’embarcation a cédé à l’aube alors que les migrants étaient secourus par un deuxième navire marchand, et accuse Malte et la Libye de ne pas être intervenues. Aucune information sur les contre-ordres, les indications pour dévier la trajectoire de plusieurs autres navires marchands qui n’ont pas porté secours et les fameux bateaux à moteur insubmersibles qui sont, cette fois encore, restés dans le port de Lampedusa. » 

COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni « L’alerte lancée par Meloni : « nous risquons l’invasion ». Et on veut maintenant l’implication de l’ONU » : « La pression sur l’Italie augmente, les chiffres des arrivées et des morts en mer secouent l’opinion publique et le dernier décret sur les flux, adopté sur fond de polémiques, n’arrive pas à contrer l’exode venant des côtes africaines. C’est dans ce cadre dramatique que Meloni a convoqué une réunion sur l’immigration et sur la sécurité, hier, avec les services de renseignements. Le niveau d’alerte est élevé, les chiffres des départs ayant été multipliés par trois par rapport aux premiers mois de 2022. La Présidente du Conseil est visiblement très inquiète ‘’avec la belle saison le phénomène ne peut qu’empirer et si l’Europe continue à nous laisser seuls, nous assisterons à une invasion, cet été’’. Le Ministre Tajani, explique ‘’les circonstances très graves’’ mettant en danger la sécurité de l’Italie : de la guerre en Ukraine au séisme en Syrie et Turquie, en passant par l’exode impliquant la zone subsaharienne de l’Afrique. Il invite ainsi Meloni à lever la voix à Bruxelles et à demander une réponse rapide. La responsable des renseignements pour les affaires intérieures (Aise), E. Belloni, met l’accent sur la crise économique et politique touchant la Tunisie. C’est la raison pour laquelle Meloni demande à Washington de ne pas bloquer le financement du FMI à Tunis. L’Aise fait pression sur les autorités locales pour recommencer à patrouiller la mer. Sont également présents à la réunion le secrétaire d’Etat Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale), les ministres Salvini (transports, Ligue), Piantedosi (Intérieur, Indépendant) et Crosetto (Défense, Frères d'Italie). La stratégie qui s’étoffe est celle de secouer l’immobilisme de l’UE et de rouvrir une discussion diplomatique avec la Libye ‘’il est temps d’impliquer l’ONU’’, rappellent les présents, persuadés qu’il faut avant tout ‘’détruire les bateaux avant qu’ils prennent le large’’. Les paroles de soutien de Charles Michel et de von der Leyen ‘’sont très importantes mais maintenant il faut des réponses concrètes’’. Meloni s’attend à ce que l’UE fasse sa part lors du Conseil européen des 23 et 24 mars. Il faudrait une opération de contrôle et de sauvetage à l’instar de l’opération « Sophia », entre 2015 et 2020. »

ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy, « Des flux migratoires légaux et en lien avec la demande des entreprises : c’est ainsi que nous déjouerons les trafiquants » : « Le dernier décret-flux mis au point par le gouvernement vise d’une part à lutter contre les flux migratoires illégaux et les réseaux de passeurs criminels, et d’autre part à simplifier les procédures d’accès, à travers un parcours légal, pour les migrants qualifiés. Nous sommes en train de faire le point sur les besoins et les compétences qui intéressent notre tissus entrepreneurial afin d’avoir une vision globale des besoins de notre pays et organiser la formation de ces personnes directement dans les pays d’origine. Nous aurons bientôt des chiffres précis. Le but étant d’adapter les flux migratoires légaux à la demande des entreprises et de nos secteurs de production en général. La programmation se fera en accord avec les pays d’origine avec un système pour favoriser ceux qui respectent davantage les règles. Le secteur des nouvelles technologies et des professions innovantes (intelligence artificielle, biotechnologies…) a particulièrement besoin de main-d’œuvre spécialisée mais également les activités plus traditionnelles comme les travailleurs saisonniers agricoles, dans le secteur du tourisme, ou encore le bâtiment. L’Italie et l’Europe ont besoin d’une véritable politique industrielle qui soit basée sur quatre piliers : l’augmentation de la production énergétique, l’autonomie sur les matières premières critiques, des ressources publiques conséquentes en soutien aux secteurs stratégiques et des mesures pour la relocalisation. Nous devons le faire avec – et non contre- les Etats-Unis pour répondre au grand défi systémique de la Chine. Sur ces dossiers aussi importants, l’Italie œuvre pour que l’Europe agisse unie et dans une logique atlantiste. J’ai apprécié l’initiative de la présidence suédoise qui fait preuve de leadership et a organisé hier une rencontre avec les ambassadeurs des pays européens en Italie. Ils veulent écouter notre position car ils reconnaissent la perspective stratégique que nous portons. D’ailleurs, sur de nombreux dossiers à commencer par l’automobile, nous avons indiqué la voie à suivre. Il faut davantage tenir compte des exigences productives et sociales. L’électrique n’est pas une religion mais une technologie au même titre que l’e-fuel, les biocarburants et l’hydrogène : nous devons avoir une vision de ‘’neutralité technologique’’. Sur le plan industriel, nous sommes en train de relancer plusieurs dossiers d’entreprises nationales comme Almavia, Ansaldo Energia, le site de Piombino auquel nous voulons donner un rôle significatif, ou encore Piaggio Aerospace pour laquelle nous promouvons une solution industrielle afin de relancer une entreprise stratégique pour notre pays, et différentes parties, nationales et internationales, ont manifesté leur intérêt. »

ARTICLE, La Repubblica, I. Scaramuzzi « De l’Ukraine aux migrants, l’écart entre la présidente du Conseil et le Vatican se creuse » : « C’est au siège de la revue catholique jésuite Civiltà Cattolica que Giorgia Meloni rencontre pour la première fois publiquement le Secrétaire d’Etat du Vatican, le Cardinal Pietro Parolin, à l’occasion du 10e anniversaire de l’élection du Pape François. Des sourires, des mains qui se serrent et des remerciements réciproques. La cicatrice du drame de Cutro est encore ouverte. Le Cardinal Parolin cite le Pape et rappelle qu’il faut ‘’des projets à moyen et long terme, allant au-delà de l’urgence’’. Meloni répond ‘’plusieurs Africains m’ont dit qu’ils ne veulent pas venir en Europe, mais qu’ils veulent tenter de vivre dans leurs maisons. Je crois que c’est là l’approche la plus humaine et miséricordieuse’’. Ce serait, d’après elle, une ‘’coopération non prédatrice’’. Meloni ne cite jamais les morts en mer, ni les politiques d’accueil pourtant chères à François. Le Cardinal souligne ‘’les politiques sont souvent d’endiguement, de rigueur, de répulsion. Il faudrait peut-être passer à une politique plus ouverte à l’accueil’’. Ce sont des paroles courtoises mais qui marquent une certaine distance, que l’on constatera sur d’autres sujets. C’est notamment sur l’Ukraine que la distance est frappante. Le directeur de la revue, le Père Spataro, explique ‘’il ne faut pas confondre la victoire avec la paix’’. Meloni rétorque ‘’il ne faut non plus confondre la paix avec l’invasion’’. Parolin souligne pour sa part ‘’il faut dialoguer aussi dans les situations les plus difficiles car […] la paix est la grande absente’’ dans le vacarme des armes. C’est une terminologie qui révèle une approche géopolitique différente entre le Palais Chigi et le Palais Apostolique : Meloni utilise souvent le terme ‘’nation’’, alors que le Cardinal Parolin souligne ‘’le multilatéralisme’’ qui s’oppose à ce que le Pape appelle ‘’les nationalismes fermés’’. »

ARTICLE, La Repubblica, C. Tito, « l’UE insiste : « L’Italie doit approuver le MES (Mécanisme européen de stabilité ) ». Impasse sur le nouveau Pacte de Stabilité » : « De la réunion de l’Eurogroupe, est arrivé un message très clair au gouvernement italien, qui est désormais le seul à ne pas avoir encore donné son feu vert à la réforme du Mécanisme Européen de Stabilité (MES). L’appel à ratifier le dispositif européen a été lancé dans le contexte d’un nouveau risque financier. Pascal Donohe, président irlandais de l’Eurogroupe déclare « cela serait avantageux pour tous, même si nous reconnaissons la sensibilité de la question pour le Parlement Italien et que nous continuerons certainement à travailler avec le gouvernement italien pour faire des progrès ». Le directeur exécutif du MES, Pierre Gramegna, a également tendu la main à Rome : « Nous chercherons à faire de notre mieux pour convaincre le Gouvernement italien de ratifier ». Pour autant, la rencontre entre les 27 ministres des finances a surtout abouti au freinage de là ralentir la réforme du pacte de stabilité, notamment de la part de l’Allemagne qui fait part de ses réticences. Christian Lindner, Ministre des Finances allemand a mis en garde : « pour nous, la communication de la Commission Européenne sur la révision de la gouvernance économique est un point de départ. Indéniablement, cependant, il y a encore beaucoup de questions sans réponses dont nous auront l’occasion de parler ». En l’absence d’un accord, l’Allemagne souhaiterait revenir à la mise en œuvre des "anciennes règles" du Pacte de stabilité, mise entre parenthèses depuis la crise liée au Covid-19 et la guerre en Ukraine. La France a une posture plus souple. En effet, Bruno Le Maire a indiqué que les mesures actuelles n’étaient pas satisfaisantes et appropriées. Il a déclaré : « on a besoin de nouvelles règles, et plus tôt elles seront mises en place, plus la zone euro sera en sécurité ». De son côté, la Commission italienne a fait savoir, à travers Paolo Gentiloni, que « les discussions sur la gouvernance économique sont menées de manière très constructives ». Ce dernier déclare : « Aujourd’hui, nous en avons eu une discussion très consensuelle sur les aspects spécifiques de la zone euro. Demain, au Conseil ECOFIN, nous discuterons des conclusions sur les aspects plus généraux de la réforme, ce qui devrait ouvrir la voie à une adoption de la part de la Commission, de ses proposition législatives dans les prochaines semaines ». Le ministre de l’économie, Giancarlo Giorgetti, s’est également rangé du côté de l’exécutif européen : « L’Italie soutient la suggestion de la Commission d’avancer vers une proposition législative pour une nouvelle gouvernance économique européenne. Le souhait est d’arriver, dans l’année, à de nouvelles règles pour se doter de principes crédibles, réalistes et cohérents avec la situation actuelle et complexe post Covid » ».

ARTICLE, Il Foglio, M. Valentini « La conférence pour la reconstruction de l’Ukraine à Rome se dégonfle » : « La Farnesina tient à souligner l’importance encore intacte de l’événement. Ce qui est normal, mais ce sont surtout les attentes qui risquent d’être déçues, semaine après semaine, avec les ambitions peut-être velléitaires du gouvernement italien de pouvoir jouer un rôle majeur sur le front géopolitique. C’est dans le silence des négociations que la conférence pour la reconstruction de l’Ukraine, prévue à Rome les 26 et 27 avril, s’est enlisée dans les méandres de la dicussion diplomatique et s’est dégonflée comme un gâteau raté. Après plusieurs tentatives italiennes d’élargir l’horizon de la réunion, les conseillers de Zelensky ont décidé de considérer l’événement de fin avril comme une simple rencontre bilatérale. Certes, ce n’est pas rien. Mais cela représente toutefois un format moins prestigieux par rapport à celui espéré par Meloni. L’idée initiale était celle d’une rencontre ayant au moins une envergure européenne. La Présidente du Conseil l’avait annoncé à l’issue de sa rencontre à Kiev avec le président ukrainien, le 21 février dernier. En accord avec le ministre Tajani […] la Farnesina a contacté d’autres chancelleries pour tenter d’obtenir une sorte de parrainage européen. L’idée de Meloni était de pouvoir montrer ses bonnes relations avec le président ukrainien et de s’attribuer la paternité d’une négociation – celle de la reconstruction de l’Ukraine – qui sera au cœur des initiatives européennes dans les prochaines années. Peut-être aussi pour ressentir le ‘’frisson patriotique’’ lui permettant de prendre de court le président Macron qui nourrit les mêmes aspirations et qui avait exclu Meloni du dîner tenu à l’Elysée avec Zelensky et le Chancelier Scholz. D’où une série de contacts via nos ambassades en Europe : un activisme souterrain qui a fini par provoquer un court-circuit à Bruxelles, comme cela a été déploré par nos représentants sur place. A Kiev on s’interrogera sur tous ces efforts pour s’assurer la paternité d’une telle initiative puisque la prochaine conférence internationale se tiendra à Londres, au grand dam des manœuvres de Rome, Paris ou Berlin. Le Palais Chigi souligne toutefois que l’important est de ‘’se réunir autour d’une table, que ce soit une conférence européenne ou pas, car il ne s’agit pas d’une compétition’’. Seront présents le Premier ministre ukrainien, et peut-être son ministre des infrastructures, si la guerre le permet. Quant au caractère international de la rencontre, il y aura la Banque européenne pour la Reconstruction, représentée par une française, Odile Renaud-Basso. Cette dernière avait été nommée au Trésor quand Macron était titulaire de l’Economie. Il faut juste espérer que cela ne représente pas un problème pour nos patriotes italiens. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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