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09/02/2023

"Meloni exclue du dîner à l’Elysée."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre en Une sur le Conseil Européen, au lendemain de la visite du Président ukrainien V. Zelensky à Londres et à Paris à l’invitation du président Emmanuel Macron et en présence d’Olaf Scholz. Plusieurs quotidiens mettent en avant « l’absence » de l’Italie dans le format à trois qui s’est tenu à l’Elysée : « Une réunion sans l’Italie » - Mission du président ukrainien qui se rend à Londres puis à l’Elysée avec les alliés pour demander l’envoi d’avions de chasse. Notre présidente du Conseil le rencontrera uniquement aujourd’hui à Bruxelles en marge du Conseil Européen (La Repubblica), « Zelensky, tournée en Europe, « maintenant il faut accueillir l’Ukraine » - La première étape à Londres, puis le dîner à Paris avec Macron et Scholz mais sans l’Italie (La Stampa), « Zelensky à Londres et à Paris pour les avions de chasse. Aujourd’hui à Bruxelles il rencontrera Meloni (Il Messaggero). Le grand entretien de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni fait la Une du quotidien économique Sole 24 Ore : « Une révolution fiscale en 2023 » -« La présidente annonce sa réforme sur la fiscalité et sa stratégie énergétique ». Les propos polémiques de Matteo Salvini sur la présence du Président Mattarella au festival de la chanson de Sanremo est aussi citée en une : « Salvini-Amadeus, un festival à haute tension » - Selon le ministre, la Constitution n’aurait pas dû être défendue dans le contexte du festival. La réponse : « il peut regarder d’autres programmes » (Corriere della Sera), « Salvini ironise sur Mattarella, « c’est une erreur d’évoquer la Constitution au festival » » (La Repubblica), « Les résistants des chansonnettes » - La gauche exploite le monologue de Benigni sur la liberté pour dénoncer le « régime » de Meloni, à trois jours des élections régionales (Il Giornale). Enfin, la polémique sur les retards des secours en Turquie après le séisme est aussi mentionnée « Les secours et les polémiques, Erdogan bloque Twitter » (Corriere della Sera), « Turquie, dans le froid et sans secours » - Et Assad exploite l’apocalypse (La Stampa).

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Giorgia Meloni

Les JT couvrent essentiellement les secours en Turquie et Syrie, la visite du président ukrainien V. Zelensky, le déplacement de la présidente du Conseil G. Meloni a Bruxelles à l’occasion du Conseil Européen, les intempéries prévues dans le Nord et le Sud de l’Italie, et la deuxième soirée du Festival de chanson italienne de Sanremo

ENTRETIEN, Sole 24 Ore, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil, « Il est temps de révolutionner l’administration fiscale et les contribuables ; la réforme doit être menée à bien » : « Le pouvoir est une moyen, pas une fin en soi. Et, pour nous, c’est notre moyen de restituer à l’Italie la confiance en elle et de libérer ses meilleures ressources. Jusqu’à présent, l’un des moments les plus touchants a été le voyage à Palerme, après l’arrestation de Matteo Messina Denaro, pour dire aux magistrats que l’Etat sera toujours à leurs côtés dans la lutte contre le crime organisé. Depuis l’assassinat des juges Falcone et Borsellino, nous avons un devoir envers les générations futures. S’il y a une erreur que je ne pourrais pas me pardonner, ce serait d’arriver au terme de cette expérience et de me rendre compte que je n’ai pas donné tout ce que je pouvais pour offrir aux Italiens une Nation meilleure. Faire ce qui est juste pour ton peuple et la Nation est l’unique boussole à suivre. [Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement] le principe de réalité a désintégré d’un seul coup les artifices idéologiques construits par la gauche et par une certaine presse mainstream et fait comprendre que nous étions des personnes sérieuses et à l’action concrète. L’Italie a changé de posture au niveau international et est en train de redécouvrir son poids et son rôle central. Le monde a envie d’Italie et nous sommes prêts à répondre à cette demande. Sur le plan politique, nous avons introduit une rupture par rapport au gouvernement Draghi, les mesures prises jusqu’à présent le démontrent, notamment sur la révision du revenu de citoyenneté, ou les avancées décisives en matière d’indépendance énergétique et le déblocage de la production nationale de gaz. Ce gouvernement porte la plus grande attention à la question de la dette publique. Une Nation avec une dette aussi élevée que la nôtre ne doit pas perdre de vue la soutenabilité des finances publiques. Pour le moment, la situation est sous contrôle, et ce malgré les taux en hausse fixés par la BCE. Avec le ministre Giancarlo Giorgetti, nous voulons agir au plus tôt et mettre à l’abri notre dette en vue de possibles chocs financiers. Nous voulons réduire notre dépendance vis-à-vis des créanciers étrangers en augmentant le nombre d’Italiens et de résidents en Italie détenant une part de notre dette. Mais l’unique voie possible est celle de la croissance économique, pas de l’austérité aveugle observée ces dernières années. Soutenir l’Ukraine est la seule façon d’assurer l’équilibre des forces engagées, condition indispensable pour contraindre la Russie à négocier pour la paix. La lutte contre l’évasion fiscale doit devenir une priorité au niveau international. Il faut davantage d’accord que de coopération extra-UE et travailler pour rendre les instruments existants plus flexibles et plus efficaces. La question démographique est pour nous une autre priorité absolue, nous ferons tout notre possible pour inverser la tendance de ‘’l’hiver démographique’’. Un milliard et demi d’aides ont été alloués pour les familles et la natalité (renforcement du congé parental, réduction de la TVA sur les produits de la petite enfance, aides à l’achat immobilier pour les jeunes de moins de 36 ans…). Il faut soutenir l’emploi des femmes et investir dans tous les instruments utiles à conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Concernant la fraude fiscale, ce gouvernement s’emploie à révolutionner les rapports entre l’administration fiscale et le contribuable et à combattre l’évasion avant qu’elle ne se réalise. Pour les multinationales et les grandes entreprises en revanche il faut encourager la ‘’cooperative compliance’’. La loi que nous préparons comprendra également des mesures spécifiques pour les employés et les retraités. Concernant le crime organisé, nous avons empêché la suppression du régime pénitentiaire strict en cas de délit mafieux et nous avons lancé un plan d’embauche de 11 000 nouvelles unités des forces de l’ordre. Sur le plan économique, la priorité est de produire rapidement une réponse européenne afin de renforcer la compétitivité de nos entreprises. L’objectif n’est pas de créer un Inflation Reduction Act européen, il faut plutôt miser sur le dialogue transatlantique pour une meilleure coordination de nos politiques économiques. La réponse ne peut se limiter à un assouplissement de la réglementation sur les aides d’Etat qui pourrait avoir pour effet d’affaiblir encore plus la position européenne. La parité de conditions doit être assurée entre les Etats à travers un Fonds souverain européen. En attendant, la plus grande flexibilité doit être accordée aux Etats membre dans l’utilisation des fonds déjà à disposition. Dans le secteur automobile, je partage l’inquiétude des acteurs quant à la fin des moteurs à combustion d’ici 2035 qui mettrait en grave difficulté l’industrie européenne, notamment parce que les règles sont moins strictes à l’échelle mondiale. La transition doit être graduelle. Il y a un consensus en Italie sur la question et je la poserai lors des réunions européennes. Pour contrer la carence en main-d’œuvre qualifiée, il faut promouvoir les formations dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, ainsi que dans les secteurs d’excellence de la manufacture italienne. Le revenu de citoyenneté est une mesure qui n’a rempli aucun de ses objectifs : il n’a pas aboli la pauvreté ni créer d’emploi. Nous le remplacerons par des mesures concrètes de lutte contre la pauvreté et nous renforcerons les politiques actives pour l’emploi. Concernant la vague de nouvelles nominations à la tête d’entreprises publiques, je suis pour la méritocratie et la récompenses des compétences. Je ne fais pas de favoritisme et n’apprécie pas qui tente d’en bénéficier. 2023 doit être l’année des grandes réformes que l’Italie attend depuis des années mais que personne n’a eu le courage de mener : réforme fiscale, réforme de la bureaucratie, réforme de la justice. Sans oublier le vaste plan de réforme pour moderniser l’administration ainsi que le présidentialisme et l’autonomie. »

COULISSES, La Repubblica, E. Lauria « Meloni paie le prix des maux de ventre au sein de la majorité. Forza Italia embarrassé par l’atlantisme modéré de la cheffe du gouvernement » : « Quand G. Meloni s’envole pour Bruxelles pour le Conseil Européen, le dîner entre E. Macron, O. Scholz et V. Zelensky, commence à Paris. La présidente du Conseil n’a pas été invitée, ni avait été informée de cela par le président Macron lors de leur entretien téléphonique de lundi dernier. Au sein du gouvernement on minimise, on dit à voix basse que la réunion à Paris montre juste un désir de Macron de retrouver un rôle de premier plan car il est aux prises avec des problèmes internes, avec les protestations contre sa réforme des retraites. Toutefois, les partis d’opposition ne peuvent ne pas remarquer l’impolitesse diplomatique subie, et immédiatement insérée dans le cadre des rapports avec Paris qui demeurent avec des hauts et des bas. Par ailleurs, une visite à Paris reste toujours inexistante dans l’agenda de Meloni, ce qui représente une rupture de la tradition qui veut que le chef de gouvernement italien se rende à l’Elysée au tout début de son mandat. L’affaire demeure ainsi ouverte, même si le chef de la diplomatie A. Tajani (Forza Italia) a dit sur la chaine RaiTre que cela ne représentait pas ‘’une exclusion de l’Italie’’. Quant à la polémique sur le message vidéo de Zelensky, qui aurait dû être transmis au Festival de Sanremo, un des dirigeants de la coalition de droite, Maurizio Lupi, a déclaré ‘’il faudrait avoir plus de courage, les hésitations sur l’invitation de Zelensky n’aident pas l’Italie sur la scène internationale’’. Un représentant de Forza Italia n’hésite pas à définir l’Italie de Meloni d’‘’atlantiste mais avec le frein à main tiré’’ ».

COULISSES, La Stampa, I. Lombardo « Meloni exclue du dîner à l’Elysée. Une « énième indélicatesse » de Macron » : « C’est Macron qui décide qui inviter au dîner en honneur du président ukrainien V. Zelensky, et parmi les invités, Meloni n’y figurait pas. Au Palais Chigi on ne tente même pas de cacher la stupeur et l’amertume, et on laisse filtrer le commentaire du secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, G. Fazzolari. Selon ce dernier, le président français aurait voulu « prendre le premier rôle » pour faire oublier ses problèmes internes. C’est donc ce que laisse filtrer l’entourage de Meloni. Pourtant, selon des sources diplomatiques, le choix du président français serait le fruit de plusieurs mois de « froideur » entre les deux dirigeants. Les plaies sont encore ouvertes et de l’autre côté des Alpes on fait savoir que la présidente du Conseil n’est pas en train de faire de grands efforts pour favoriser un rapprochement. Pour commencer, elle n’a pas encore répondu à l’invitation de l’Elysée ni indiqué une date pour sa visite à Paris. Entretemps, l’entente franco-allemande donne preuve de sa solidité à l’occasion du voyage de ses ministres de l’Economie aux Etats-Unis. Encore une fois, la grande absente était l’Italie. Meloni a aussi frappé à la porte de Pedro Sanchez, mais pour l’Espagnol l’idée d’un fonds européens basé sur l’endettement commun est un projet prématuré. Au Palais Chigi on a dû mal à cacher un sens d’isolement du gouvernement italien en Europe. Ceux qui ont l’habitude de fréquenter la diplomatie, dans les palais du gouvernement, ont dressé une liste d’impolitesses à l’égard des Ukrainiens, à commencer par le report du décret pour l’envoi d’armes et l’imbroglio du message vidéo du Président Zelensky à Sanremo. Selon des sources diplomatiques, les indécisions sur le départ de la Présidente du Conseil à Kiev ont été trop nombreuses. Reporter la date, initialement prévue pour janvier, n’a pas aidé. »

ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Meloni à bout de souffle » : « Hier soir, au Palais Chigi, on minimisait ou bien on voulait dissimuler en assurant qu’il n’y avait ‘’aucune irritation’’ pour la réunion à l’Elysée entre Macron, Scholz et Zelensky à laquelle Meloni n’a pas été invitée. Et on ne fait pas un drame si les ministres français et allemands se sont rendus seuls à Washington pour mitiger les effets de la loi IRA en vigueur aux Etats-Unis. Même à cette occasion, l’Italie, le deuxième pays manufacturier européen, n’était pas incluse. Dans ce contexte, qui ne la voit pas particulièrement importante, la présidente du Conseil est arrivée hier soir à Bruxelles en vue d’un Conseil Européen dont les augures ne sont pas bien propices pour le « gouvernement de la nation ». Il est facile d’imaginer que Meloni misera tout sur la puissance d’une photo avec Zelensky pour repousser les fantasmes d’une Europe qui continue à ne pas la voir comme un acteur de premier plan. Si la visite à Berlin n’a pas donné de grands fruits sur les aides d’Etat, il n’est pas dit que le Conseil Européen sera plus généreux avec l’Italie sur le dossier des migrants. Mais l’Italie pourrait marquer un point sur la défense des frontières externes, même si les doutes allemands et français demeurent sur les aspects concernant les sanctions à l’export des pays africains qui ne voudront pas collaborer sur le contrôle des départs, et sur l’attitude montrée par Rome à l’égard des ONG, contestée par l’Allemagne et par le Conseil d’Europe. Autant alors se lier à Zelensky, malgré l’imbroglio de Sanremo et l’invitation manquée à l’Elysée. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, A. Bonanni « Si le gouvernement rate le train » : « Il y a juste huit mois – mais cela semble une éternité – Draghi, Macron et Scholz arrivaient dans la gare de Kiev pour témoigner de la solidarité européenne à l’Ukraine. Ce train, G. Meloni l’a raté et il n’y en aura pas d’autres. Elle, qui avait promis de se rendre à Kiev avant l’anniversaire de l’invasion russe, le rencontrera pendant quelques minutes dans une petite salle. Cela ressemble à un scénario écrit exprès pour souligner la solitude du nouveau gouvernement italien dans les palais du pouvoir à Bruxelles. La question ne concerne pas uniquement la crise ukrainienne. Meloni n’a pas été exclue de la réunion avec Zelensky en raison du grand nombre d’amis de Poutine qui sont pourtant présents dans son gouvernement. Macron et Scholz ne l’ont pas exclue pour des raisons politiques spécifiques mais parce que cette Italie n’est plus solidement ancrée au projet européen, elle n’est plus fonctionnelle à sa réalisation. Au contraire, en quelques mois, elle est redevenue un fardeau, comme du temps de Berlusconi. Macron et Scholz avaient besoin de Draghi, mais se passeraient bien volontiers de Meloni et de son gouvernement. Il y a huit mois, à Kiev, nous étions dans le premier wagon. Aujourd’hui, nous trainons derrière le train européen en négociant quelques concessions afin de ne pas être laissés à terre. »

PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de L. Serafini, « ‘’Pouvoir utiliser les fonds européens nous garantira des ressources immédiates’’ explique Fitto (Frères d'Italie) » : « Afin de compenser sa moindre capacité à mobiliser des fonds propres pour soutenir la compétitivité de ses entreprises dans la transition écologique, l’Italie entend miser sur les ressources européennes déjà existantes mais en redéfinissant leur usage. Il s’agit notamment du Plan de Relance, du mécanisme RepowerEU et des fonds pour la cohésion. Cette stratégie sera défendue aujourd’hui par les représentants de l’Italie à Bruxelles. Le gouvernement italien entend donc non seulement redéfinir la destination de ces fonds mais les utiliser pour soutenir les entreprises et les secteurs nationaux, notamment à travers des avantages fiscaux, en réponse au plan massif américain d’aide à son industrie. Le ministre des Affaires européennes, Raffaele Fitto, a expliqué cette position en soulignant que la flexibilité permet l’emploi de ressources immédiatement disponibles alors que la mise en place d’un nouveau fonds souverain est plus complexe. La ligne du gouvernement italien a été affinée notamment à travers une série de rencontres bilatérales, dont celles avec la Suède et l’Allemagne. La proposition sera examinée aujourd’hui. Si la France et l’Allemagne auront la possibilité de s’appuyer sur leurs propres capacités budgétaires pour répondre au plan américain, l’Italie doit pouvoir puiser dans les fonds européens déjà attribués, sans ‘’générer une dette supplémentaire’’. Une approche qui semble plutôt pragmatique : mieux vaut contourner l’obstacle et en tirer profit au maximum plutôt que de se heurter à l’alliance retrouvée entre l’Allemagne et la France pour dicter la ligne européenne. L’Italie reste contraire à l’assouplissement des règles sur les aides publiques mais se prépare donc à plaider pour l’assouplissement de l’usage des fonds déjà alloués le cas échéant. Le ministre Fitto souligne également la forte pression de la Commission européenne pour la mise en place du fonds souverain d’ici l’été. La proposition initiale renvoyait à la Banque européenne d’investissement et non pas au budget européen et ‘’l’Italie la soutiendra’’ affirme le ministre qui insiste toutefois sur l’importance du dialogue entre l’UE et les Etats-Unis. »

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Raffaele Fitto

ARTICLE, Corriere, F. Fubini, Le Ministre Giorgetti (Ligue) : « Si les contraintes sur les aides d’État disparaissent, il faut libérer ces dépenses des règles sur les comptes publics » : « Le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti n’a pas apprécié que ses collègues français et allemand soient allés discuter de politique industrielle à Washington, presque comme si c’était à eux de représenter l’Europe. "C’est une initiative de deux pays, pas une initiative européenne. Nous n’avons pas été informés, et la chose ne nous offense pas : elle nous surprend. Si c’était l’Italie qui l’avait fait, ce gouvernement aurait été accusé d’être souverainiste et anti-européen." Le ministre est surtout opposé à l’idée que Paris et Berlin obtiennent un assouplissement des contraintes sur les aides d’État sans mesures de rééquilibrage. Il a une proposition : lier la libéralisation des subsides à des règles moins rigides aussi dans le calcul des finances publiques. "Si le relâchement des contraintes sur les aides d’État se poursuit, mais qu’à la fin de l’année les règles du Pacte de stabilité rentrent en vigueur, […] alors je ne pourrais pas fournir d’aides, même en utilisant les fonds du PNRR, parce que je devrais tout de même respecter les règles budgétaires". Donc "ce serait une avancée énorme si dans le Pacte de stabilité ces dépenses d’investissement avaient un traitement différent des dépenses courantes, qui concernent le personnel ou les retraites". Et "nous en avons assez d’accepter qu’il y ait des pays de série A et des pays de série C". Toutefois, le gouvernement de Giorgia Meloni reste attentif à ne pas donner l’impression d’être une nouvelle version du gouvernement M5S-Ligue, qui s’était opposé aux marchés et ensuite à Bruxelles en 2018. "L’Italie ne se soustrait pas à la responsabilité d’avoir des finances publiques responsables et prudentes. Nous sommes conscients que nous avons une dette publique élevée, nous sommes convaincus que nous pouvons la gérer, et nous avons le devoir de ne pas créer de problèmes pour les autres. Je crois que le dernier budget l’a démontré." Giorgetti évoque aussi le PNRR. "Durant la première année nous avons été confrontés aux conséquences de la guerre en Ukraine, et donc peut-être qu’il fait sens de revoir l’échéance, 2026, d’au moins un an". Et il y a surtout le problème de la qualité de certains projets, et des appels d’offre non alloués, comme ceux sur les stations de ravitaillement en hydrogène. Le ministre évoque aussi le projet de faire de l’Italie le hub énergétique de l’Europe, "grâce au soleil et au vent de la Méditerranée, et grâce à l’Afrique". Pour l’instant l’Italie ne demandera pas d’autres prêts, en raison des cent milliards encore disponibles à Bruxelles. Pas avant d’avoir la certitude de pouvoir bien dépenser les fonds déjà disponibles, et (éventuellement) de pouvoir dépenser de manière productive les nouveaux. »

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ENTRETIEN Corriere, de Mateusz Morawiecki, Premier ministre polonais « Pour la Pologne comme pour l’Europe vaincre Poutine est une raison d’Etat » : « Si tous les pays avaient réagi avec la même rapidité et détermination que la Pologne, aujourd’hui nous serions bien plus proches d’une victoire de l’Ukraine. L’Allemagne a enfin donné son feu vert à la fourniture des Léopard 2 à l’Ukraine. Mieux vaut tard que jamais. J’apprécie l’aide de l’Allemagne, mais Berlin déclare plus qu’elle ne livre. Et même si l’Allemagne fournissait à l’Ukraine tout ce qu’elle annonce, ce ne serait qu’une goutte dans l’océan. Retarder l’envoi des armes va contre les intérêts de l’Europe et rend le Kremlin plus sûr de soi. Mais pas au point d’attaquer l’OTAN. La Russie sait très bien qu’elle n’aurait aucune chance. Croyez-vous qu’il faudra fournir à Kiev des chasseurs F-16 ? Le chancelier Scholz et le président Biden s’y sont dits opposés. La décision relève de l’OTAN. Pour le moment il n’y a pas d’accord sur ce sujet. Mais comme l’a dit le président de la conférence pour la Sécurité, Wolfgang Ischinger, nous ne devrions rien exclure, autrement nous renforçons Moscou. Vaincre la Russie est une raison d’État aussi bien polonaise qu’européenne. Pourquoi êtes-vous opposés à l’idée de négociations avec le Kremlin ? Tôt ou tard, c’est avec l’ennemi qu’il faut négocier pour mettre fin à la guerre. On ne négocie pas avec les terroristes. Et aujourd’hui la Russie est devenue un État terroriste. Vous avez dit que votre gouvernement et celui dirigé par Giorgia Meloni partageaient la même position en Europe : tous deux contre les diktats de la bureaucratie européenne et en faveur d’une Europe des patries. Et pourtant, les premières décisions du gouvernement Meloni semblent plutôt suivre la ligne italienne traditionnelle de l’intégration et de la solidarité. Vous y attendiez-vous ? Ni moi, ni la président du Conseil Meloni ne sommes anti-européens. L’Europe a entrepris un parcours de séparation de ses propres traditions, qui ne l’emmène nulle part. Le Brexit doit nous faire réfléchir. L’UE n’est pas la propriété des bureaucrates de Bruxelles. L’UE appartient aux nations qui la composent. Et nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que les citoyens aient davantage de poids dans la décision. C’est seulement ainsi que nous la protégerons de la désintégration. »

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Mateusz Morawiecki

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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