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26/01/2023

"Le navire Geo Barents de Médecins Sans Frontière défie le ministère de l’Intérieur." et ""Pas de protection des migrants gay'' : le coup de force de la Ligue met Meloni dans l’embarras."

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Italie. Revue de presse.

L’entretien téléphonique en format Quint entre les chefs d’Etat américain, français, britannique, allemand et italien sur le soutien logistique et militaire à l’Ukraine fait les gros titres de la plupart des quotidiens italiens. La presse met également en avant la décision italienne de livrer des missiles pour la défense des villes ukrainiennes. « Biden : nous sommes unis, nous livrerons plus d’armes à Kiev » - Biden appelle les alliés et remercie l’Italie. Meloni assure « une forte cohésion et une assistance à 360 degrés » (Corriere della Sera), « L’Italie garantit un bouclier anti-missile à Kiev » - Les Etats-Unis et l’Allemagne confirment l’envoi des chars en Ukraine. Rome envoie ses missiles anti-aériens (La Repubblica), « « Des armes tout de suite, autrement c’est Poutine qui l’emportera » » - Le ministre de la défense G. Crosetto (Frères d'Italie) annonce l’envoi de missiles anti-aériens. Biden appelle Meloni et les dirigeants européens : des actions uniquement défensives (La Stampa), « Kiev, galvanisé par les chars, annonce : nous pouvons frapper Moscou » - le risque d’une escalade se concrétise, une réunion des Grands de la planète : non à des actions offensives en Russie (Il Giornale), « Nous sommes en guerre (cette fois-ci ils le disent) » - La folie totale, Biden et Scholz envoient leurs chars et Kiev annonce : nous pouvons frapper le Kremlin (Fatto Quotidiano). La nomination du nouveau vice-président du CSM, le léguiste F. Pinelli, est aussi mentionnée. Le Messaggero titre en Une sur l’annonce par le gouvernement Meloni d’un décret simplifiant les appels d’offre publics et favorisant les projets durables « PNRR, le plan contre la bureaucratie » tandis que la Repubblica met en exergue les propositions du ministre de l’éducation pour financer les écoles par des fonds privés.

ARTICLE, La Repubblica, C. Sannino « CSM, le premier vice-président de droite, Pinelli est élu mais la réunion plénière se divise » : « Fabio Pinelli, le juge pénaliste indiqué par la Ligue, resserre la coalition et remporte l’élection avec un écart de seulement trois voix avec l’adversaire de gauche, Roberto Romboli. La réunion plénière se divise, donc, mais les premiers propos prononcés par le nouvel élu visent à l’unité : ‘’je serai le vice-président de tous’’. Le communiqué du Palais Chigi apparait pourtant un peu déplacé : ‘’je souhaite bon travail à Pinelli, certaine de sa collaboration loyale avec notre gouvernement afin d’améliorer la justice en Italie’’. En réalité, il s’agit d’une impolitesse institutionnelle involontaire, car le rôle de Pinelli veut que seul le Président de la République, qui préside le CSM, soit son interlocuteur. Le Palais Chigi fait savoir qu’il s’agit d’un message ‘’de détente“, voulant en même temps souligner le résultat de la ligne unitaire portée par Fratelli d’Italia, malgré le fait d’avoir dû renoncer dès le début à sa candidate Daniela Bianchini. Entretemps, FI et Azione relancent leur projet sur la séparation des carrières entre juges et procureurs, en déposant deux propositions de loi constitutionnelle auprès des commissions compétentes. »

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Fabio Pinelli

SONDAGES, Corriere della Sera, N. Pagnoncelli « Latium, le candidat de droite Rocca devance de six points le candidat du PD D’Amato » : « Les électeurs du Latium et de Lombardie seront appelés les 12 et 13 février à élire leur nouveau Conseil régional et leur président. Pour plusieurs observateurs, bien qu’il s’agisse d’un rendez-vous local, cela représente le premier test pour le gouvernement Meloni après sa victoire aux élections législatives. La coalition de droite présente un candidat unique (A. Fontana pour la Lombardie et Francesco Rocca, ancien président de la Croix Rouge Italienne, pour le Latium). Les oppositions, en revanche, jouent un match différent. Pour la région lombarde, ce sera un candidat unique PD-M5S-Sinistra Italiana, Pierfrancesco Majorino, tandis que le Troisième pôle soutient Laetitia Moratti. Dans le Latium, le scénario est différent.  Le Pd soutient Alessio D’Amato (adjoint sortant à la Santé), crédité de 32,9% des intentions de vote, le M5S soutient Donatella Bianchi, créditée de 19,6%. Le candidat de droite, Rocca, est donné favori (41,2%). Toujours pour le Latium, FDI est le premier parti (29,5%), suivi du PD (21,2%), du M5S (15,7%), Azione-IV (6,5%), la Ligue (5,3%) et Forza Italia (5,2%). Le candidat de droite se présente avec un avantage considérable. Il faudra ensuite voir le niveau de popularité des candidats lors des deux dernières semaines, le taux de participation, et le vote dissocié [vote pour une liste qui peut être différent du vote pour le candidat, ndlr] qui, à ce stade, rend le résultat plus incertain. »

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Francesco Rocca, ancien président de la Croix-Rouge italienne

ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Flammeri, « Meloni, mission Libye : un accord à 8 milliards de dollars sur le gaz » : « Il n’y a pas de confirmation de la part du Palais Chigi, mais il est assez probable que Giorgia Meloni s’envole samedi pour la Libye, avec le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia) et le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant). L’Eni et la Noc devraient signer un nouvel et important accord à 8 milliards pour augmenter la livraison de gaz. Cette visite s’inscrit dans la stratégie du gouvernement de renforcer ses relations avec les pays méditerranéens, toujours plus stratégiques sur le plan énergétique. Hier, lors des questions au gouvernement à la Chambre des députés, Antonio Tajani a rappelé que pour l’exécutif "la stabilisation de la Libye est cruciale et est au centre de nos discussions avec tous les acteurs qui exercent une influence sur ce pays". Le ministre des Affaires étrangères a fait explicitement référence aux élections qui devraient se tenir cette année : "nous devons tout mettre en œuvre pour qu’elles aient lieu". La Libye a actuellement deux gouvernements : celui d’unité nationale d’Abdul Hamid Dbeibah, reconnu par la communauté internationale et très proche de la Turquie, et celui dirigé par Fathi Bashagha, premier ministre élu par la chambre des représentants de Tobrouk. Ce dernier s’est dit "étonné" de la visite de Meloni à Tripoli, et ses rencontres avec "un gouvernement dont le mandat a expiré" et qui n’a donc plus aucune légitimé. Un message qui confirme que la stabilité en Libye est loin d’être acquise. Mais il reste un objectif décisif pour l’Italie : le Greenstream, gazoduc sous-marin le plus long de Méditerranée, qui arrive à Gela, et peut garantir jusqu’à 8 milliards de mètres cubes de gaz à l’année. »

ARTICLE, La Repubblica, d’A. Ziniti, « Migrants, la majorité désavoue la Ligue et freine son offensive pour un retour aux ‘’décrets Salvini’’ » : « La tentative offensive de la Ligue pour rétablir le ‘’décret sécurité’’ de Matteo Salvini a échoué et elle se retrouve, encore une fois, isolée. C’était une de leurs promesses de campagne et ils ont tenté ce coup de force au risque de scinder la coalition de droite. Les deux membres de Forza Italia et Fratelli d’Italia et présidents de la commission chargée de transformer en loi le décret immigration de Matteo Piantedosi ont en effet déclaré, en bloc, inadmissibles les 16 amendements présentés par la Ligue. Matteo Salvini et le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, le léghiste Nicola Molteni, gardent le silence mais Igor Iezzi, chef de groupe en commission Affaires institutionnelles, éructe et dénonce une attitude ‘’gravissime’’. Il annonce une bataille sur le sujet tout en sachant qu’il est très peu probable que les présidents de commissions et alliés fassent un pas en arrière et que, naturellement, l’opposition est compacte. ‘’La Ligue a tenté une offensive pour réécrire la réglementation sur les permis de séjour, la protection spéciale, les séjours dans les centres pour le rapatriement et d’autres sujets encore qui sont totalement étrangers au décret qui porte sur le sauvetage en mer. C’est une tentative évidente d’exhumer les anciens ‘’décrets Salvini’’ [en matière d’immigration, datant du premier gouvernement Conte]’’ explique un député de l’opposition. Forza Italia et Fratelli d’Italia tentent de calmer la colère de leur allié en démentant avoir cédé aux pressions de l’opposition. Forza Italia explique que c’est un verdict technique et non politique mais juge également que le ‘’décret examiné concerne exclusivement la question du secours en mer’’ et que les amendements de la Ligue, qui concernent la première phase d’accueil et le rapatriement, sont par conséquent ‘’hors-sujets’’. A noter toutefois que les alliés ont aussi diffusé l’hypothèse d’un futur décret ad hoc afin de revoir certains points concernant l’accueil des personnes secourues une fois sur terre et tenant à cœur à Salvini. Ce ne sera toutefois pas sous la forme du premier ‘’décret sécurité’’ qui avait déjà été modifié avec la bénédiction de Sergio Mattarella – Forza Italia et Fratelli d’Italia font mur face à l’insistance de la Ligue. »

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Igor Iezzi

ARTICLE, La Repubblica, d’A. Ziniti, « Missions de secours multiples, le navire Geo Barents de Médecins Sans Frontière défie le ministère de l’Intérieur » : « Hier matin, le navire Geo Barents de l’ONG Médecins Sans Frontière a été le premier navire humanitaire à ne pas respecter le nouveau décret italien interdisant les secours multiples à moins que la nouvelle embarcation en difficulté se trouve déjà sur sa trajectoire vers le port attribué. En effet, alors qu’elle se dirigeant vers La Spezia, le port le plus au nord jamais attribué à une ONG situé à trois jours de navigation, la Geo Barents a changé de cap pour secourir une autre embarcation en difficulté. Or le nouveau décret immigration du ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, ne le permet pas et MSF risque une amende pouvant aller de 10 000 à 50 000€. ‘’Ce sont le préfet et les autorités de police qui jugeront de la conduite du navire une fois qu’il sera arrivé à la Spezia’’ explique le ministre qui ironise et parle de ‘’coïncidence astrale’’ : ‘’la présence des navires d’ONG conjuguée aux conditions climatiques font repartir les embarcations de fortune en provenance de Libye. Nous nous plaignons de ce phénomène et les ONG se plaignent du long chemin à parcourir. C’est un fait avéré, la présence des ONG relance statistiquement les départs des pneumatiques, pas des embarcations plus solides’’. Si la Geo Barents a ainsi pu secourir trois embarcations en difficulté transportant plusieurs personnes dont des mineurs et des bébés, hier l’énième naufrage au large de la Libye a fait 8 morts et les 92 survivants ont été ramenés dans les camps libyens. »

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COULISSES, La Stampa, d’I. Lombardo, « ''Pas de protection des migrants gay'' : le coup de force de la Ligue met Meloni dans l’embarras » : « L’amendement n. 1014 signé par le léghiste Igor Iezzi propose de ‘’supprimer toute référence à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre parmi les motifs de persécutions pour lesquels un migrant ne peut être expulsé ou refoulé’’. Il fait partie de la série d’amendements à travers laquelle hier, à la Chambre, la Ligue a tenté de restaurer les anciens ‘’décrets sécurité’’ de Matteo Salvini provoquant la stupeur des alliés et les protestations de l’opposition lors d’une réunion conjointe entre les Commissions Affaires constitutionnelles et Transports. La Ligue a déposé un recours et dont on connaitra l’issue aujourd’hui. Les amendements portent un peu sur tout, y compris sur des propositions qui avaient déjà été écartées pour risque d’inconstitutionnalité lors de l’examen du décret par la Présidence de la République. Parmi les droits qui avaient faits l’objet d’une garantie spéciale il y a trois ans figure celui pour les migrants LGBT fuyant les persécutions dans leur pays. Les chiffres indiquent que cela concerne plusieurs milliers de personnes se réfugiant en partie en Italie. Mais pour la Ligue ces chiffres ne semblent pas compter et ils sont convaincus que ces persécutions ‘’ne sont qu’une excuse’’ pour obtenir l’asile et éviter d’être expulsé. Cela va beaucoup trop loin, même pour leurs alliés et notamment les deux présidents des commissions, issus des rangs de Forza Italia et de Fratelli d’Italia. Pour freiner la Ligue, ils se limitent à déclarer ‘’non conforme au règlement’’ la quinzaine d’amendements. Giorgia Meloni est informée, elle veut éviter de donner lieu à un face-à-face trop ostentatoire mais n’apprécie pas que la Ligue cherche à faire passer en force ‘’seulement pour obtenir quelque chose avant les élections’’ en Lombardie les 12 et 13 février. Des sources de FDI expliquent que, en accord avec la Présidence de la République, le décret avait été remanié afin de se concentrer exclusivement sur la question des ONG. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, A. Bio., « Telecom, soutien à Vivendi en Cassation. Une liste française pour le conseil d’administration est possible » : « Les juges rejettent le recours de la Consob : il n’y a pas d’éléments qui stabilisent le "contrôle de fait" de Vivendi sur Tim, donc le groupe français n’est pas obligé de consolider le bilan déficitaire de l’entreprise de télécommunication. Le conseil d’administration de Tim n’a toujours pas de représentants français après les démissions de Cadoret et de de Puyfontaine. Le devenir du réseau a atteint un nœud critique. Là où la Caisse des dépôts et des prêts italienne souhaite l’acquérir directement, Vivendi voudrait une scission proportionnelle en deux sociétés cotées. Une réunion technique est prévue aujourd’hui, mais on n’attend pas de résolution. Le ministre Adolfo Urso a répété son engagement pour que "le réseau national passe sous contrôle public, et donc sous la direction de la Caisse des dépôts et des prêts" ». 

ARTICLE, Repubblica, G. Di Feo, « Meloni exclue quelques heures de la réunion avec les autres leaders. C’est ainsi que Rome paye son retard » : « Hier, Joe Biden avait prévu d’appeler Olaf Scholz, Rishi Sunak et Emmanuel Macron pour continuer leur coordination étroite dans les efforts pour soutenir l’Ukraine. Pour la première fois depuis dix mois, l’Italie était exclue de la salle de contrôle des aides à la résistance de Kiev. L’intervention de la diplomatie obtient que la première ministre soit finalement conviée à la réunion téléphonique. Joe Biden avait probablement choisi de ne s’entretenir qu’avec les fournisseurs de chars, le thème qui domine la scène politique internationale. Il veut éviter d’autres décisions non coordonnés, comme dans le cas des Britanniques, qui en reprenant les demandes polonaises, ont obligé Berlin et Washington à livrer leurs tanks. Un choix obligatoire pour éviter une rupture du front de l’OTAN qui a pourtant contraint l’administration américaine à un revirement significatif. L’Italie n’est jamais entrée dans ce débat, parce qu’elle ne dispose pas de chars modernes à offrir : seulement 200 chars Ariete, dont seulement un peu plus de la moitié en service, et qui n’ont pas été mis à jour depuis vingt ans. Si bien que le général Pietro Serino, chef d’Etat-major de l’Armée, a évoqué dans une interview à Rid la possibilité d’un achat de cent chars Leopard 2 à l’Allemagne. Mais durant les longues discussions au sujet de l’Ukraine, personne à Rome n’a songé à proposer des alternatives, par exemple les blindés de reconnaissance Centaure semblables à ceux que la France vient de livrer. Après la rencontre hier, le président américain a loué les fournitures italiennes d’artillerie, arrivées à Kiev grâce aux derniers accords signés par Mario Draghi. L’audition du ministre Guido Crosetto par le Comité parlementaire pour la sécurité de la République a validé l’envoi de missiles terre-air Aspide, vieux mais encore utiles pour protéger les villes ukrainiennes, et les batteries très modernes Samp-T, quand un accord sera trouvé avec Paris. Les observateurs internationaux analysent avec attention les déclarations des ministres-clés. Il y a deux jours, Crosetto a dit : "nous évaluons ce qui sert le plus, non seulement des armes mais des aides de tous types pour surmonter la période hivernale, comme les générateurs". Et pendant que le reste de l’OTAN discutait des chars, Antonio Tajani déclarait à la Stampa : "nous sommes en train de nous concentrer sur le soutien humanitaire". Les choix relatifs à l’Ukraine ont toujours été entourés d’un secret qui n’a pas d’équivalent dans le reste de l’Europe. Et il existe un mouvement transversal inquiet du risque que l’envoi des systèmes de haute technologie peu nombreux comme le Samp-T dégarnisse les forces armées en ces temps incertains. D’autres motifs émergent pourtant, comme ceux écrits par Gionandrea Gaiani, directeur d’"Analyse Défense" et ancien conseiller de Matteo Salvini : "la guerre en Ukraine continue à porter atteinte aux intérêts d’une Europe toujours plus faible, plus pauvre, moins compétitive et toujours moins armée, destinée à être un allié toujours plus docile des Etats-Unis". Des signaux qui finissent par laisser entrevoir une moindre détermination de la majorité sur l’Ukraine, qui n’échappe pas non plus à Moscou. D’où chaque jour sont lancés des messages destinés à l’Italie qui insistent dans l’évocation du climat d’amitié créé par Silvio Berlusconi : "c’est une surprise de voir l’Italie devenir l’un des leaders du front antirusse" ».

ENTRETIEN, La Stampa, de Guido Crosetto (Frères d'Italie), ministre de la Défense « Poutine est sur le point de lancer l’attaque ultime, il faut l’arrêter et le pousser à la négociation » : « Q. Un entretien téléphonique a eu lieu entre Biden, Macron, Scholz, Sunak et Meloni : quelles sont les exigences des Ukrainiens envers l'Italie ? Ils n'ont pas changé par rapport au passé : ils ont besoin de matériel de défense aérienne, pour se défendre contre les missiles qui frappent l'Ukraine. Q. Dans le sixième décret que vous préparez, y a-t-il aussi des armes d'artillerie et des véhicules terrestres ? Ce sont des choses que je lis dans les journaux, mais dans le décret que nous sommes en train de rédiger, il n'y a aucune trace de ces choses-là. Q. Joe Biden a pourtant remercié l'Italie d'avoir envoyé de l'artillerie. Je ne peux pas parler du contenu des décrets adoptés par le gouvernement précédent. Dans celui qui sera approuvé par celui-ci, il n'y a pas d'armes d'artillerie. Q. Y aura-t-il le système de défense anti-aérien, Samp-T ? Je ne peux pas donner de détails, mais le Parlement, par le biais du Copasir, sera toujours tenu informé, comme l'exige la loi. Q. Avant de donner le feu vert, les Allemands ont beaucoup hésité, pourquoi ? La pression internationale qu’a subie l'Allemagne est absurde. Contrairement à ce que font certains politiciens avec l'Italie, je ne ferai pas d’ingérences dans le débat interne des autres pays. Mais il ne peut échapper au fait que le gouvernement allemand est formé par une coalition de partis qui, pendant la campagne électorale, avaient proposé une forte réduction des dépenses militaires. Q. Sommes-nous dans une phase différente du conflit ? Oui, parce que la Russie a changé d'attitude. Une lourde campagne sur le terrain s'annonce et la Russie forme 300 000 soldats pour les envoyer au front. L'Ukraine doit compenser la différence numérique des forces sur le terrain. C'est pourquoi leurs demandes de soutien militaire ont augmenté. Q. Certains observateurs disent : la seule façon pour l'Ukraine de gagner la guerre est une intervention militaire de l'OTAN. Est-ce une hypothèse sur la table ? Il ne s'agit pas de gagner la guerre, mais de faire comprendre à Poutine qu'il ne peut pas la gagner et de le forcer à s'asseoir à la table de la paix, car il n'y a pas d'alternative aux négociations diplomatiques. Je voudrais également souligner qu'il est important de se rappeler que l'OTAN, officiellement, est restée en dehors de la guerre précisément parce qu'elle ne voulait pas autoriser le récit "OTAN contre Russie". Le groupe qui se réunit périodiquement à Ramstein, par exemple, comprend des pays de l'OTAN, de l'UE et des pays non membres de l'OTAN soutenant l'Ukraine. Et ce n'est pas une coïncidence si les Russes cherchent à défier, nation par nation, ceux qui soutiennent l'Ukraine, l'Italie en premier. Q. Comment les Russes provoquent-ils l'Italie ? Avec de la désinformation que la Russie et aussi l'ambassade de Russie en Italie font circuler. Comme le mensonge selon lequel l'Italie exporte et vendrait des mines antipersonnel dans les zones de conflit. Or l'Italie n’en produit plus depuis une trentaine d'années. Q. Etes-vous pessimiste quant à l'évolution du conflit ? Je fais preuve de bon sens et je suis donc inquiet car je vois s'éloigner la perspective d'une paix qui ne soit pas une de façade. Au contraire, on creuse des sillons de haine qui créent des phénomènes d'intoxication médiatique et diplomatique impliquant de plus en plus de nations. Y a-t-il un risque que, à force de remettre des armes à l'Ukraine, l'Italie soit laissée sans protection d'un point de vue militaire ? Je suis le ministre de la défense et ma tâche est de défendre le pays, donc je peux dire que nous ne dépasserons jamais un seuil de risque pouvant mettre en danger notre capacité de défendre l’Italie. Q. Pourquoi le gouvernement Meloni se concentre-t-il sur la Méditerranée uniquement pour arrêter les départs de migrants ? Non, il y a une stratégie plus large. Si nous sommes seuls nous perdons, je ne le dis pas seulement à l'égard de l'Europe, mais aussi à l'égard de l'autre côté de la Méditerranée. Notre sécurité, notre capacité à nous développer économiquement, notre capacité à compter dans le monde en dépend. Nous avons joué un rôle central lorsque nous avons prouvé que nous étions un pont avec l'Afrique et précisément parce que nous sommes acceptés par ces peuples et ces États comme un pays amical, crédible et respectueux. Q. La présence russe et chinoise en Afrique est-elle aussi un danger pour l'Europe ? La pénétration russe et chinoise est un suicide collectif de notre Continent. La survie de l'Afrique est la condition préalable à la survie de l'Europe. Si nous n'intervenons pas, la pauvreté de l'Afrique conduira à la destruction de l'Europe. [Concernant l’Egypte] notre gouvernement a demandé avec fermeté que des avancées soient faites dans l’affaire Giulio Regeni. En même temps, nous savons bien que l’Italie doit entretenir des relations avec l’Egypte. Pour l’homicide Regeni, il s’agit de certains délinquants qui appartiennent aux forces de sécurité égyptiennes. Le Caire doit faire comme Rome pour l’affaire Cucchi [jeune romain décédé à la suite de d’un événement impliquant des Carabiniers ; ndlr.] et briser ce mur du silence.’’ »

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Guido Crosetto

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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