19/01/2023
"Le projet de loi sur l’autonomie différenciée entre les Régions."
Italie. Revue de presse.
Les suites de l’arrestation du dernier chef de Cosa Nostra, Matteo Messina Denaro, continuent d’occuper les unes qui s’intéressent aujourd’hui aux révélations des perquisitions menées dans les « caches » découvertes, ainsi qu’au débat sur l’encadrement des écoutes, que le ministre de la justice veut restreindre, suscitant de fortes critiques dans la mesure où elles ont notamment permis l’arrestation de Messina Denaro : « La cache du chef et ses mystères » (Corriere della Sera), « La deuxième cache a été fouillée, mais les archives de Toto Riina n’y sont pas » (Il Giornale), « Le ministre de la justice Nordio porte un coup à l’antimafia » (Repubblica), « Les médecins et le réseau maçonnique qui ont couvert Messina Denaro » (Fatto Quotidiano). La réforme de l’autonomie régionale en Italie fait également la une des quotidiens Il Messaggero et Il Mattino, alors que le projet devrait être inscrit à l’un des prochains conseil des ministres : les journaux rappellent que la réforme devrait suivre « le processus parlementaire ordinaire » tandis que la Repubblica juge que le calendrier annoncé permet au gouvernement de ‘gagner du temps’ tout en satisfaisant une demande de longue date de la Ligue. Le crash d’un hélicoptère sur une école à Kiev, ayant entrainé la mort du ministre de l’intérieur ukrainien, fait la une de la plupart des quotidiens.
ARTICLE, La Repubblica, de L. Martinelli, « Migrants, Tajani (Forza Italia) et Piantedosi (Indépendant) en Tunisie. Davantage de fonds, mais stop aux bateaux » : « Davantage de soutien à l'économie tunisienne si le pays fait plus d’efforts sur la lutte contre la migration illégale. Depuis le début de l'année 2023 plus de 1800 migrants ont débarqué en Italie depuis la Tunisie. Le président tunisien Kais Said, de plus en plus impopulaire et en manque de soutien sur plan international, a accueilli A.Tajani à bras ouvert. 50 millions d'aide au développement ont été alloués à l’État tunisien et 50 millions également aux petites et moyennes entreprises. L'Italie en aussi en train de programmer 700 millions d'euros d’aides, sans compter la construction du Elmed, le câble sous-marin électrique entre la Tunisie et la Sicile, qui devrait etre opérationnel à partir de l'année prochaine et suppose un investissement de 850 millions au niveau européen. La Tunisie l'année dernière a intercepté en mer plus de 40 000 migrants, et c'est le pays vers lequel l'Italie réalise le plus de rapatriements. Mais elle demande à la Tunisie de faire plus d’efforts dans ce domaine. En échange, "nous serons prêts à offrir plus de possibilités pour les migrants tunisiens formés, qui arrivent de façon régulière", a déclaré Tajani. Le ministre des affaires étrangères, qui a aussi réalisé une visite en Turquie récemment, se rendra en fin de semaine en Égypte. "Nous voulons être présents en Italie et jouer un rôle de paix". Il a aussi rendu hommage à Bettino Craxi, mort à Hammamet le 19 janvier 2000, et a rappelé l'importance de sa stratégie méditerranéenne active. »
Le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, a reçu, ce mercredi 18 janvier 2023, à Carthage, le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Antonio Tajani et son homologue de l’Intérieur Matteo Piantedosi.
ARTICLE, Corriere della Sera, de P. Di Caro et M. Cremonesi, « Sur les réformes, une trêve au sein de la coalition de droite ; approbation imminente du projet sur l’autonomie des régions » : « La Présidence du Conseil parle d’un ‘’climat de grande harmonie’’ alors que la coalition de droite s’apprête à lancer une série de réformes annoncées. Le programme commun de la coalition prévoyait notamment celle sur l’autonomie différenciée entre les régions italiennes, sur le présidentialisme ou encore sur le statut de la capitale romaine. Giorgia Meloni et ses ministres Matteo Salvini (transports et VP du conseil, Ligue), Antonio Tajani (affaires étrangères et Vp du conseil, Forza Italia), Elisabetta Alberti Casellati (chargée des réformes, Forza Italia), Roberto Calderoli (chargé de l’autonomie, Ligue) et Raffaele Fitto (chargé des politiques de cohésion, Frères d'Italie) se sont réunis hier. Le chemin reste long et ne sera probablement pas sans embûches : les trois réformes devront faire face à des parcours parlementaires objectivement compliquées. ‘’La volonté politique a été affirmée, nous ferons toute les réformes inscrites dans notre programme, avec une autonomie équilibrée qui puisse convenir pour le Nord, pour le centre, et pour le sud’’ affirme Antonio Tajani. C’est le premier dossier auquel va s’attaquer la droite qui affirme dans un communiqué que le projet de loi sera approuvé prochainement en Conseil des ministres. Une réunion technique a déjà été convoquée pour mardi prochain sur la question des mécanismes de péréquation et des ‘’niveaux essentiels de prestations’’ entre les régions. Ainsi, l’approbation préliminaire devrait se faire le 1er février. ‘’Nous sommes largement le premier parti en Lombardie et, nous aussi, nous représentons les Lombards’’ remarque non sans malice un député de Fratelli d’Italia [la Lombardie étant un fief historique de la Ligue, ndlr]. Quant aux deux autres réformes, dont celle sur le présidentialisme, il s’agit de réformes constitutionnelles qui requièrent donc un parcours plus articulé. La ministre Casellati a lancé une consultation au sein des différents partis au gouvernement et a aussi échangé avec Noi moderati. L’idée revendiquée est de mener ces réformes en dialoguant avec l’opposition, en travaillant par exemple conjointement avec les commissions Affaires constitutionnelles de la Chambre et du Sénat. La Ligue devrait être satisfaite : la réforme sur l’autonomie sera positive pour la campagne électorale en Lombardie. Mais dans le Latium, la région de Rome, il y a moins d’enthousiasme, le candidat de droite s’y veut plus prudent. Les oppositions s’apprêtent à mener la bataille en dénonçant une ‘’fracture de l’Italie en deux’’ et une ‘’condamnation du Sud à vivre toujours avec un train de retard sur des questions de droit universel’’. »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, A. Bassi : « Fonds, coûts et fiscalité : tous les pièges de la proposition de Calderoli » : « Le projet de loi sur l’autonomie différenciée entre les Régions présente de nombreuses contradictions. Sur différents points, le texte semblerait tenir compte des demandes des régions du Centre et du Sud, comme par exemple, sur les niveaux essentiels des prestations sanitaires, mais qui seront seulement ‘identifiés’ et non pas ‘garantis’. La réalité est que le projet de loi sur l’autonomie différenciée reste ancré aux requêtes très exigeantes qui avaient été formalisées par les régions de Vénétie et de Lombardie en 2019 et qui avaient été rebaptisées comme la ‘sécession des riches’. Voici donc le réel péché originel de la loi Calderoli. Tout d’abord l’article 11 qui, non seulement ne renie pas les vieux accords, mais au contraire les légitime à nouveau. Et les articles 4 et 6, qui font référence aux transferts de fonds et de personnel de l’Etat aux Régions, qui constituent le corps central des requêtes du Nord du pays. Le calcul des ressources qui seront transférées sera fait sur la base des coûts dans le passé, et historiquement l’Etat a dépensé plus dans le Nord. En outre, toute nouvelle loi sur les fonds ne pourra contredire ce qui a été établi dans les accords de 2019, ce qui pourrait conduire à ce que la Vénétie et la Lombardie récupèrent une fiscalité résiduelle, comme elles l’avaient demandé lors des référendums régionaux. »
Roberto Calderoli
ARTICLE, La Repubblica, C. Sannino, « Le piège di Nordio sur les écoutes : "Nous ne vacillerons pas" » : « Le mot-clé est "abusif". Et le ministre de la Justice Carlo Nordio (Frères d'Italie) le brandit à nouveau lors de son audition au Sénat hier, trois jours après la capture de Matteo Messina Denaro. Il attaque le système des écoutes, qu’il entend conserver seulement pour les "crimes très graves, de mafia et de terrorisme". Et donc tant pis pour les délits, de la fraude à la corruption, qui peuvent porter directement aux bandes mafieuses à col blanc. Le Garde des Sceaux insiste : il faut une "révolution copernicienne" du système des écoutes, qui fait ressortir dans les journaux les conversations de personnes totalement étrangères aux enquêtes. Il n’est pas certain que la première ministre adhère totalement. Et il est vrai que Nordio lance cette bataille au moment même où le procureur à la tête de la Direction nationale antimafia et antiterroriste, interviewé hier par la Repubblica, a rappelé avec fermeté que les écoutes sont "fondamentales", et que leur soustraction porterait "un coup sérieux à la lutte contre la mafia". C’est aussi le cas du trojan, type de logiciel espion utilisé par l’État italien pour espionner certaines conversations, et bête noire de Nordio. Le ministre met en avant la distinction entre les écoutes qui visent à chercher une preuve, et celles qui constituent une preuve en elles-mêmes. Un passage suscite de vives contestations : "croît-on vraiment que la mafia parle au téléphone ?" ; mais deux téléphones portables ont été saisis lors de la capture de Messina Denaro. Le Garde des Sceaux corrige précipitamment ses propos. Outre les écoutes, le ministre doit affronter de nombreux autres défis : les abus de pouvoir, les suicides en prison, les concours de la magistrature où pas assez de magistrats parviennent à être recrutés. Le vote intervenu à la suite du discours se clôt avec 95 voix pour, 55 contre et 7 abstentions. L’opposition se divise. Si le Terzo Polo applaudit, le PD et M5S sont sur les barricades. Le député Roberto Scarpinato du M5S critique la mise en parallèle des fonds destinés aux écoutes et le manque de fonds pour les prisons et l’augmentation de suicides carcéraux : "Monsieur le ministre, c’est immoral". »
Carlo Nordio
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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