Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/12/2022

"Meloni et l’agenda post-populiste."

FI-AN.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

La presse titre largement sur la finalisation de la loi de finances et notamment sur le débat autour du seuil minimum pour l'obligation des commerces d'accepter les paiements par carte bancaire : « Meloni fait marche arrière sur le seuil à 60 euros pour le paiement par carte »  - Les partis font pression [pour prolonger] le bonus pour la rénovation énergétique des bâtiments (Corriere della Sera), « Paiement par carte, Meloni fait marche-arrière » - L’Europe fait part de ses doutes sur la hausse du seuil jusqu'auquel les commerces peuvent imposer le paiement en liquide, qui peut compromettre la lutte contre l’évasion fiscale. Meloni rassure et promet que le seuil sera abaissé (La Repubblica), « Les italiens préfèrent payer avec la carte » - Selon Euromedia Research, 56% des sondés n’apprécient pas la décision du gouvernement. La majorité se divise sur les retraites et le moratoire sut les anciens avis d'imposition impayés (La Stampa), « Les mesures sur le télétravail seront prolongées » - La majorité trouve une entente pour prolonger la loi pour les personnes fragiles et les parents d'enfants de moins de 14 ans (Il Messagero). L'annonce par Téhéran de l’abolition de la police des mœurs à la suite des manifestations est aussi citée avec couverture photographique en Une : « L’Iran dans le chaos, le procureur annonce l’abolition de la police des mœurs » (Corriere), « Iran, premières failles pour le régime des ayatollahs » (La Repubblica).

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Retards dans le Plan de Relance et accusations contre Draghi ; au sein du gouvernement, une fronde qui monte contre la ligne ‘’soft’’ de Meloni » : « Au sein du gouvernement italien, le groupe des ‘’faucons’’ du PNRR prend de l’ampleur, bien décidés à attaquer Mario Draghi et son travail sur le plan de relance. Giorgia Meloni a, depuis le début, été attentive à ne pas s’en prendre directement à son prédécesseur et a fait en sorte de limiter cette tendance. Mais ces derniers temps, le groupe s’est élargi, laissant les ‘’colombes’’ en minorité et faisant pression sur la Présidente du Conseil. Ils demandent une prise de distance nette vis-à-vis de l’ancien banquier afin de se défendre face à l’Europe contre d’éventuels manquements. Francesco Lollobrigida, ministre le plus proche de Giorgia Meloni et chargé de l’agriculture, a formulé des attaques sur un ton tout à fait nouveau : ‘’Le PNRR est un plan qui a été mis sur pied dans la précipitation pour dépenser et pas toujours pour bien dépenser. Dans tous les ministères, nous nous avons affaire à des mesures pour employer les fonds, mais pas de manière adaptée’’. D’où la fameuse requête ‘’nous demandons à l’UE de pouvoir revoir les ressources et les délais’’. Giorgia Meloni et Mario Draghi continuent à s’entretenir de temps en temps, c’est surtout elle qui le contacte et l’informe, et lui qui écoute. Mais le flux continue d’attaques de ses ministres commence à peser sur la relation et pourrait finir par rompre ces contacts. Il y a deux semaines, Giorgia Meloni avaient réuni les principaux ministres chargés des grandes dépenses dans le cadre du Plan de Relance (Infrastructures, agriculture, etc). Cela a donné lieu à une pluie de plaintes de la part de certains contre les retards causés par leurs prédécesseurs. Giancarlo Giorgetti, ministre de l’Economie, et Rafaelle Fitto, chargé des relations européennes et de la bonne mise en œuvre du Plan de Relance, ont tenté de freiner leurs collègues et de renvoyer un message rassurant à l’Europe. ‘’J’ai demandé à tout le monde d’éviter ce genre d’attaques’’ affirme Giorgia Meloni à Mario Draghi, avant de déclarer à La Repubblica, ‘’je ne critiquerai jamais ceux qui ont occupé cette fonction jusqu’à il y a quelques semaines. Mais c’est un fait, sur 55 objectifs à atteindre d’ici la fin de l’année, nous en avons hérité de 30. […] Raffaele Fitto fait bien de rappeler les objectifs à tous les ministères concernés mais si certains n’étaient pas atteints, ça ne sera pas de notre faute’’. Fitto est justement celui qui évite toute accusation publique et parle avec la Commission européenne. S’il se prépare à renvoyer certains objectifs, il défendra son travail jusqu’au bout. Il prépare une opération de transparence, avec des tableaux de chiffres et de suivi du travail accompli. »

SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, « Les trois oppositions distantes les unes des autres et inconciliables ; le consensus en faveur de Giorgia Meloni en provenance des électeurs du Troisième Pôle », Demos&Pi : « Le parcours du gouvernement n’est pas sans difficultés, notamment à cause des relations internationales et en Europe. Surtout à cause des relations avec l’UE, à vrai dire. Toutefois, la coalition de droite peut compter sur l’importance de l’Italie et le rôle géopolitique qu’elle occupe. Pas seulement en Europe, mais en Occident. Par ailleurs, le gouvernement de Meloni a un autre allié ‘’involontaire’’. En effet, les partis de centre-gauche sont en compétition entre eux et leurs divisions profitent au gouvernement de droite. Le Parti démocrate ne parvient pas à rassembler les autres forces politiques de centre-gauche. Pourtant, les électeurs du PD seraient ouverts à une alliance plus large : 50% se dit ouvert à toute entente possible. Les électeurs du M5S sont davantage favorables à un accord bilatéral avec les démocrates, plutôt qu’à une coalition de toutes les forces de centre-gauche. Les anciens alliés sont au coude-à-coude d’après ce sondage, chacun autour de 17%, mais le PD suit une tendance descendante contre la tendance ascendante du M5S. Le Troisième Pôle, à 7,6%, apparait tout de même influent dans un contexte aussi incertain. Chacune de ces forces à une approche différente de la majorité, mais le Troisième pôle se distingue pour la confiance que son électorat accorde au gouvernement en place, atteignant 63%, soit plus que la moyenne de l’électorat national à 55%. »

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Panarari « Meloni et l’agenda post-populiste » : « Après l’agenda Draghi, voici l’agenda Meloni, du moins dans sa version papier. Et après le gouvernement « technique » par définition, voici celui de la Présidente du Conseil (peut-être) post-populiste. G. Meloni met en place une stratégie basée sur le principe de la désintermédiation, qui représente l’un des piliers de la politique néo-populiste. Dans une vidéo, Meloni tient dans ses mains un agenda et lance une sorte de rubrique hebdomadaire sur Facebook intitulée « les notes de Giorgia ». Cet acte de communication sur réseaux sociaux veut représenter dans l’imaginaire collectif des Italiens une sorte de substitut de conférence de presse hebdomadaire. Un rendez-vous fixe avec l’opinion publique à la différence près que cela lui permettra de dire tout ce qu’elle voudra en toute liberté. La désintermédiation veut construire une relation directe avec le public des sympathisants (tout comme des citoyens-électeurs en général) en contournant la médiation informative et l’approche critique qui la caractérise. Une certaine intolérance à l’égard des questions des journalistes a déjà été remarquée chez Meloni, notamment pendant les conférences de presse. L’approche de la désintermédiation est un caractère typique des dirigeants néo-populistes, une sorte d’ « appel direct au peuple » en cohérence avec la tradition plébiscitaire de la droite extrême. Meloni possède une grande capacité de communication (amplifiée par son importante machine de propagande et de relations publiques) souvent marquée par le message « je suis comme vous ». Elle est aussi très présente sur les réseaux sociaux. Chaque fois qu’elle fait des déclarations ou des affirmations, elle donne une grande importance à la construction d’un climat d’attente et en créant une attention grandissante sur ce qu’elle dira par la suite, une sorte de « rendez-vous au prochain épisode » qui fonctionne un peu comme des débuts pérennes. L’agenda de Giorgia s’est présenté comme une liste des courses des mesures adoptées par le gouvernement de droite. Cette performance d’actes de communication transforme le « dire » en quelque chose de « déjà fait ». La Présidente du Conseil pourra ainsi ouvrir physiquement son agenda à l’opinion publique, revendiquant cette transparence intégrale (mais seulement apparente) sans trop de questions gênantes et en contournant l’échange avec les médias par le biais d’un monologue en ligne. »

M 1.jpg

M 2.jpg

L'agenda de Giorgia Meloni

ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Une conférence des Balkans, le plan italien pour contrôler les frontières » - L’objectif du gouvernement est de jouer à nouveau un rôle majeur à l’Est pour lutter contre les routes de l’immigration : « Une grande conférence à Rome, des missions politiques et des forums économiques : le gouvernement mise sur les Balkans, il n’y a pas que la Méditerranée qui pose problème. La route de l’Est sera à nouveau centrale, et c’est aussi la raison pour laquelle l’Italie veut renforcer son rôle dans la région. Et pour concrétiser cette stratégie, une conférence des Balkans occidentaux sera organisée à Rome. Devenir le défenseur des pays qui demandent à ne pas être oubliés par l’Europe donnerait plus de pouvoir à l’Italie et faciliterait un contrôle plus rigide sur les frontières. La stabilité de la région, l’autre objectif de la Farnesina, est la condition préalable pour le contrôle des frontières. Demain, G. Meloni se rendra à Tirana avec les autres chefs d’Etat et de gouvernement, pour la réunion entre l’UE et les Balkans occidentaux, avec au cœur la question épineuse de l’élargissement européen qui est un processus riche en obstacles. La stratégie de l’exécutif contre la migration illégale, après une première phase de confusion caractérisée par des frictions (avec la France et l’Allemagne), due à une certaine dose d’improvisation, a enfin trouvé son pivot dans la politique étrangère. Le gouvernement de droite a décidé d’insérer la question migratoire dans tous les aspects de son action, et la politique étrangère ne fera donc pas exception. Quand Tajani a dit que ‘’l’immigration n’est pas un problème lié à un seul navire’’ il veut souligner le fait que le gouvernement veut agir sur un périmètre plus large, du point de vue géographique, par rapport à l’actuel. Il y a les accords avec les pays de l’Afrique du nord, à commencer par la Libye, et l’engagement réaffirmé ces derniers jours dans le Sahel, certes, mais le périmètre sera élargi. La future conférence à Rome a été évoquée le 22 novembre dernier, lors de la visite des ministres Tajani et Crosetto en Kosovo. Une mission-éclair qui avait comme but de faire passer un message aux pays de la région : l’Italie sera présente non seulement du point de vue militaire (avec la mission Kfor) mais aussi politique. Rome estime avoir un avantage sur les autres alliés : la France est historiquement proche de la Serbie (qui n’a pas totalement interrompu ses liens avec la Russie) et l’Allemagne, dans la perception des gouvernements de la région, a trop d’intérêts économiques pour pouvoir être considérée comme un pays neutre. L’Italie, au contraire, selon la Farnesina, peut exploiter son équidistance entre les pays des Balkans. Rome pourrait utiliser l’exercice trilatéral Italie-Serbie-Albanie. La date n’a pas encore été fixée mais la Farnesina souhaite que ce sommet trilatéral se tienne d’ici trois mois en exploitant ainsi le climat d’attente venant du sommet de demain à Tirana. »

ARTICLE, La Stampa, F. Grignetti « Le plan migrants » : « Le problème de l’immigration est visiblement prioritaire dans l’agenda du gouvernement Meloni et se structure en un véritable plan. Le ministre des Affaires étrangères expliquait hier dans les pages de ce quotidien que ‘’l’urgence sur la question migratoire a toujours existé mais il y a maintenant une série de facteurs qui convergent de manière dangereuse : le terrorisme, le réchauffement climatique, la crise économique, la guerre. L’hiver montrera clairement qu’il sera inévitable de faire face aux flux migratoires’’. Il est donc inévitable que l’UE joue son rôle. Le gouvernement italien regarde avec une certaine dose de gêne ce que l’Europe devrait faire. Hier, le ministre délégué aux politiques de la mer, Nello Musumeci, a réalimenté la polémique avec Bruxelles : ‘’cela fait plus de vingt ans que l’UE n’a plus de politique sérieuse sur la Méditerranée. Entretemps, l’Afrique est devenue une terre de conquête des puissances économiques russe et chinoise’’. Par ailleurs, les économies déprimées alimentent les migrations de masse, comme l’a dit G. Meloni au Med Dialogues. Le gouvernement italien se porte candidat pour jouer un rôle plus important dans la région du Sud, avec l’ambition d’entraîner l’Europe, comme l’a expliqué Musumeci, ‘’en liant le développement et les migrations. L’Italie veut être un point de repère pour les pays européens et ceux de la rive Sud, qui veulent construire une saison de paix et de coopération mais aussi de solidarité à commencer par le drame des migrants. Nous devons libérer ces personnes des mains de la mafia des passeurs’’. »

Nello Musumeci.jpg

Nello Musumeci

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.