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26/10/2022

"Le melonisme est né."

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Italie. Revue de presse.

Le discours de politique générale de la Présidente du Conseil G. Meloni à la Chambre, obtenant la confiance des députés (235 voix favorables, 154 contre et 5 abstenus), domine les gros titres de la presse italienne. En attendant de voir le vote de confiance prévu aujourd’hui au Sénat, les observateurs analysent le contenu du discours, relevant notamment l’ancrage euro-atlantique du nouvel exécutif. Toutefois, les commentaires sont partagés : le Corriere, le Sole et le Messaggero soulignant un discours très politique, Repubblica et La Stampa mettant en avant une allocution souvent rhétorique voire populiste, les quotidiens marqués à droite (Giornale, Libero, Verità) proposant des analyses plutôt enthousiastes, et enfin le Fatto Quotidiano déplorant ouvertement les critiques de G. Meloni à l’encontre du revenu de citoyenneté : « Fiscalité et réformes, Meloni encaisse la confiance » - La Chambre vote la confiance, le PD et le M5S jugent le discours marqué à l’extrême-droite (Corriere della Sera), « Meloni l’équilibriste » - La Présidente du Conseil se présente avec un discours se voulant rassurant sans renoncer toutefois au souverainisme. Conte promet une opposition dure, le Troisième pôle fait des concessions sur l’enquête de la gestion de la pandémie (La Repubblica), « L’Italie selon Meloni », « Meloni annonce les aides économiques pour la loi de finances » (Sole 24 Ore),« Meloni : voici mon plan pour l’Italie » (Il Messaggero), « Giorgia change de vitesse » (Il Giornale), « A droite toute » (Libero), « La droite libre de Giorgia » (la Verità), « Un discours contre les pauvres » - Contre le revenu de citoyenneté, des propos très identitaires sans parler de paix (Fatto Quotidiano

Les JT couvrent essentiellement le vote de confiance de la Chambre des Députés au gouvernement de Giorgia Meloni; l’entretien téléphonique de la Présidente du Conseil avec le président américain, Joe Biden ; la directive du nouveau ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, prévoyant la possibilité d’interdiction de l’accès dans les eaux territoriales italiennes des navires des Ong qui opèrent en Méditerranée, le soutien financier de l’UE à l’Ukraine annoncé par Ursula von Der Leyen et la situation sur le terrain de l’invasion russe en Ukraine.

EDITORIAL, La Stampa, M. Sorgi « Le melonisme est né : plus d’Etat et idéologie » : « C’est un discours politique qui inaugure le retour d’un gouvernement politique et d’une compétition politique comme on n’en voyait plus depuis la fin du siècle dernier. Contrairement à son allié, elle n’a aucun intérêt à se lancer dans un bras-de-fer idéologique avec ce que Berlusconi appelait « communisme », pour la simple raison qu’elle est convaincue que la droite en Italie a désormais une base sociale large, qui n’est pas caractérisée par quelques nostalgiques d’une saison qui ne se répétera pas, mais d’une large majorité de la population qui veut la réouverture des parcours horizontaux, soit l’ « ascenseur social ». C’est ce message qui a accompagné tout son discours allant de la politique étrangère à la guerre en Ukraine, de l’économie à la flambée des factures, de l’emploi aux réformes constitutionnelles, de la révision du revenu de citoyenneté à l’immigration, en passant par la condition des femmes. Fini donc l’ère berlusconienne du « soleil dans les poches » des rêves irréalisables, avec en revanche l’arrivée d’une droite conservatrice, avec la primauté de l’Etat tout en assurant la liberté d’entreprise, européiste mais dans le sens d’une Europe des Nations, et le retour de l’idéologie, aujourd’hui ancrée au pilier des traditions pour tenter de répondre à l’incertitude des citoyens touchés d’abord par la pandémie, puis par la guerre, et en cherche d’un guide les faisant sortir du cauchemar de ces trois dernières années. Il s’agit donc d’un tournant fort et marqué. C’est le début du melonisme et on ne voit pas, à ce stade, une alternative pouvant le contraster avec force. »

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EDITORIAL, La Repubblica, M. Molinani « La défavorisée du souverainisme » : « La première Présidente du Conseil de l’histoire républicaine a pris ses fonctions avec un programme souverainiste qui vise à conquérir le leadership permanent des classes « défavorisées » mais le prix qu’elle paie est le fait de ne pas exprimer une vision claire du rôle de l’Italie sur le terrain des nouveaux droits et sur la scène globale du XXIe siècle. C’est là la plus grosse différence avec son prédécesseur Mario Draghi. Elle s’est elle-même qualifiée de « underdog », soit une défavorisée. C’est sur la base de ce concept que s’est développé son discours, soit le projet politique de donner voix, de protéger et de représenter tous ceux qui se sentent défavorisés : les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les personnes âgées. Le terme « défavorisé » ressemble beaucoup au peuple des « oubliés » de Trump, notamment pour la référence qu’elle a fait sur les jeunes qui s’auto-excluent du circuit de formation et du travail, générant une ‘’urgence croissante des déviances faites de drogue, d’alcoolisme et de criminalité’’. L’autre convergence avec Trump est son aversion aux mesures restrictives qui pourtant nous ont protégés de la pandémie quand les vaccins n’étaient pas disponibles. Voici donc la réponse de la droite souverainiste à la plaie des inégalités. Le but est de séduire l’électorat de ceux qui se sentent victimes de la globalisation grâce auquel elle peut compter de se faire réélire. Enfin sur le fascisme, qu’elle a dénoncé en le liant aux lois raciales, elle a évité d’élargir cette critique à la période allant de 1922 à 1938. C’est là une occasion manquée pour une droite voulant être interprète de l’esprit républicain et protagoniste de la Constitution qui est née de l’antifascisme. »

EDITORIAL, Il Giornale, A. Minzolini « La conscience et la détermination » : « Il y a un élément qui a été perçu lors des débuts au Parlement de Giorgia Meloni : la conscience de la gravité de la situation. C’est là un fait qui conditionnera sa politique et sa posture au niveau international. Il y a aussi la nécessité d’agir en équipe, d’où les références au Président de la République Mattarella, qui s’est tant investi pour la rencontre avec Macron, et les efforts de Draghi qui l’a accréditée en Europe. Voilà pourquoi le vrai défi du nouveau gouvernement est celui d’affronter l’urgence dans une logique qui agisse en continuité avec l’exécutif de Draghi, sans oublier les caractéristiques propres des politiques libérales de la droite

EDITORIAL, Il Foglio, C. Cerasa « La belle surprise du souverainisme en loden » : « Elle évite d’offrir des arguments à l'opposition, elle tente de rassurer sur les fondamentaux, elle n'utilise pas de termes contre la mondialisation, elle ne se pose pas en alternative à la saison Draghi, elle marque une discontinuité avec le passé de la droite nationaliste et tente de construire une dialectique avec la gauche plus sur l'agenda des devoirs que sur celui des droits. Le premier discours de Giorgia Meloni en tant que Présidente du Conseil a été incroyablement décevant pour tous ceux qui, comme nous, attendaient que les mots de la première ministre confirment une fois de plus leurs jugements et leurs préjugés sur la nature programmatique du nationalisme souverain. Mais de façon surprenante, le discours du leader de Fratelli d'Italia a pris de court l'opposition, et peut-être même une partie de la majorité, et a introduit dans le débat public une créature politique sans précédent que l'on pourrait très vite rebaptiser comme une sorte de « souverainisme en loden ». Le discours de Giorgia Meloni n'était donc pas un discours de division, ce n'était pas un discours identitaire, ce n'était pas un discours trumpien, ce n'était pas un discours anti-Draghi, ce n'était pas un discours nationaliste, ce n'était pas un discours populiste, et c'était un discours tellement peu anti-européen qu'elle a mis au centre de son programme la nécessité explicite de vouloir même plus d'Europe pour essayer de résoudre certains problèmes majeurs concernant l'avenir de l'Italie. Concernant la thématique de l’immigration, pour laquelle la tentative de maquillage appliqué au visage du populisme a souvent fait défaut, elle a fait allusion à une solution pour tenter de freiner celle illégale : l’opération de l’UE « Sophia » ‘’récupérer la proposition originale dont la troisième phase prévoyant le blocage des navires partant du Nord de l’Afrique’’. Cela signifie de considérer l’Europe non pas comme un ennemi (contrairement à ce que fait Marine Le Pen) mais comme un allié qu’il faut stimuler pour tenter de gouverner avec plus d’efficacité les flux migratoires. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Un début conditionné par la contingence pour Meloni » : « Le passage le plus concret du discours a été celui où Meloni a expliqué que l'urgence énergétique "va nous obliger à reporter certaines mesures". Il est donc difficile de porter un jugement sur le vaste discours prononcé hier dans l'hémicycle, car les "faits" vont glisser vers l'avant et de nombreux points programmatiques de la droite vont glisser vers l'année prochaine ou plus probablement vers les prochaines années. Ce qui nous attend prochainement, c'est essentiellement une loi de finances déjà fixée car liée à l'urgence des projets de loi, la reconduction de certaines mesures comme la réduction du coin fiscal du gouvernement Draghi ou l'indexation des retraites sous le poids de l'inflation. Les points forts du programme commun de la droite, de la flat tax au quotient familial en passant par la réduction de 5 points du coin fiscal et la réforme des retraites « quota 41 » qui est la réforme-phare de la Ligue - restent en arrière-plan. Cela laisse des points d'interrogation ou au moins des points de suspension en attendant de voir comment son modèle sera incarné. Oui, parce que même une phrase telle que "notre devise sera "ne pas déranger ceux qui veulent faire"" implique en fait une série de réformes structurelles qui n'ont pas été faites jusqu'à présent. Cela signifie s'enfoncer davantage dans la bureaucratie et le système judiciaire, s'attaquer au nœud fiscal et à la question de l'énergie qui constituait un désavantage concurrentiel pour l'Italie même lorsque la guerre en Ukraine n'avait pas encore éclaté. Sur l'Europe, son intention de rassurer, et non de saboter, était très claire, mais il n'y avait pas plus de détails quant à savoir quels seront nos alliés de référence, que ce soit la France ou la Hongrie, tandis que l'attaque contre l'Allemagne et son intérêt national était très claire.  »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Entre primauté et l’ambition de réécrire l’histoire de ces dernières années » : « Cela pourrait être juste une impression mais la manière avec laquelle le gouvernement s’est présenté au Parlement a marqué non seulement le rôle de protagoniste mais aussi la primauté de G. Meloni sur sa majorité. Elle a été claire dans la défense de l’Ukraine et en condamnant le fascisme, elle a adressé des critiques pas toujours justes sur la campagne contre la pandémie et elle a avancé des hypothèses plutôt critiquables sur comment freiner l’immigration. Toutefois, il est clair que l’exécutif né des élections du 25 septembre repose sur la dirigeante de Fratelli d’Italia. »

ANALYSE, Repubblica, U. Gentiloni : « La ‘non-sympathie’ pour le fascisme est une abjuration trop légère. Meloni doit se confronter à l’histoire » : « Il est étonnant de constater que l’architecture politique du nouveau gouvernement, revendiqué dans le premier discours de la mandature, puisse mettre ensemble le profil d’une droite reconnaissable et gagnante et la référence rapide à l’antipathie, entendu comme prise de distance et différentiation, un siècle après la Marche sur Rome du 28 octobre 1922. La confrontation avec le passé ne se résout pas avec des déclarations d’intentions ou par la revendication d’états d’âme. L’espace de la République et de la Constitution est soutenu et renforcé par l’antifascisme en tant que projet commun et fondement pour la construction d’une responsabilité individuelle et collective face aux tragédies que le régime a produit et consolidé. Effacer cette dimension historique risque d’effacer aussi les traces et l’héritage de l’antifascisme de la République. Comme si l’on pouvait survoler sur l’importance que l’antifascisme a eu dans la définition du système politique, des formes de la participation populaire, de l’éducation à la démocratie. Aujourd’hui, la dialectique démocratique peut avoir un périmètre reconnu et partagé car la défaite du fascisme a mené à la reconnaissance du pluralisme des idées, des libertés individuelles et collectives, des devoirs et des droits. »

ENTRETIEN, Repubblica, de Carlo Calenda, dirigeant de Azione : « Une équipe modeste et Meloni n’est pas prête à gouverner. Le Pd reste un problème » : « ‘’ Giorgia Meloni a fait une liste des courses infinies de tous les problèmes de l’Italie, mais il n’y a pas de traces de comment elle va les résoudre. Il n’y a aucun choix, ni une vision pour le pays. C’est du blablabla. La seule chose que j’ai appréciée est la prise de position très nette sur l’atlantisme et sur le fascisme. Son abjuration n’est pas fausse, les populistes et les souverainistes utilisent toujours l’extrémisme verbal pour chercher le consensus, mais une fois au pouvoir ils se transforment tous en Mario Monti. Nous ferons une opposition ferme, mais pas idéologique ; nous évaluerons dans le fond ses propositions, car le risque n’est pas celui d’un retour du fascisme mais l’immobilité du pays. Letta doit se réveiller, il ne peut continuer à garder son silence : cela fait un mois que j’essaye de m’entretenir avec lui sur les élections régionales et l’énergie, mais il ne répond pas, il est vexé.»

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto, co-fondateur de Fratelli d’Italia et nouveau ministre de la Défense, « Nous avons un horizon sur 10 ans devant nous ; le Parlement est uni sur la question de la livraison d’armes à Kiev » : « La perspective ébauchée par la nouvelle Présidente du Conseil s’étend sur 10 années, à travers un discours témoignant d’une grande compétence. Nous ne devons pas nécessairement bloquer tout ce qu’a fait Draghi mais nous abandonnerons les choses qui ne nous semblent pas bonnes. Concernant l’aide à Kiev et les systèmes de défense anti-aériens, il est encore trop tôt pour répondre. Giorgia Meloni s’entretiendra avec les autres dirigeants européens et ils décideront ensemble de la ligne à adopter pour les prochains mois. Quant au refus annoncé par Conte de ne pas voter de nouveau décret dans ce sens, c’est un problème, il vaudrait mieux que le Parlement soit uni sur ces questions. L’engagement sur 5 ans pour l’investissement de 2% du PIB pour les dépenses militaires sera maintenu. La majorité est unie sur le soutien à l’Ukraine. La Présidente sait parfaitement qu’elle doit dialoguer avec toutes les nations européennes et construire un axe avec chacune d’elles afin d’atteindre ses objectifs. Nous en atteindrons certains seuls, et d’autres seulement si nous faisons front uni en Europe. Avec Macron, elle a commencé à construire un rapport basé sur la considération et la confiance et elle fera de même prochainement avec les autres leaders. Fratelli d’Italia n’a jamais été avec Le Pen ou Orban, ils ne font pas partie du groupe des conservateurs européens. Politiquement, Giorgia Meloni n’est pas leur alliée, le programme de FDI n’est pas celui de Le Pen en France. Sur la réforme de la Constitution, Giorgia Meloni a trop de respect pour le Parlement pour ne pas impliquer tout le monde. Elle veut partir du semi-présidentialisme français, mais elle est ouverte à d’autres propositions. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Riccardo Ricciardi, vice-président du M5S, « Nous nous attendions à ce que le revenu de citoyenneté soit attaqué, nous le défendrons » : « Cela fait des années que Giorgia Meloni s’en prend au revenu de citoyenneté, cette attaque frontale n’est donc pas une surprise. Nous ferons tout ce qui est possible pour le défendre, au Parlement et en-dehors. Elle oublie de dire que beaucoup de personnes percevant le revenu travaillent, mais que les salaires sont trop bas. Il faudrait donc introduire un salaire minimum mais Meloni n’en a jamais parlé. En vue de la Loi de Finances, nous déclinerons des propositions afin d’améliorer la corrélation entre l’offre et la demande. Elle n’a jamais parlé de précarité, et lors de son discours de politique générale, j’ai été frappé qu’elle ne parle pas une seule fois de ‘’paix’’. Elle a aussi évité l’hommage à la Résistance, qui devrait faire partie du patrimoine commun, mais tous les nostalgiques du passé se trouvent dans son parti, elle ne peut pas se permettre une position nette et claire à ce sujet. Elle s’inscrit dans le sillage de Draghi dont l’agenda a été soutenu par le PD : il est évident que nous représentons la vraie et authentique opposition. »

PREMIER PLAN, Il Messaggero, de F. Bechis, « Blocus naval en Libye, ‘’c’est prévu par l’Europe’’, [le nouveau ministre de l’Intérieur, Matteo] Piantedosi arrête les ONG » : « Intervenir à la base. Bloquer dès leur départ ‘’les voyages de l’espoir’’ qui n’apportent aucun espoir mais seulement la douleur et la mort. Giorgia Meloni entend tourner la page dans la gestion des flux migratoires. ‘’En Italie, comme dans n’importe quel Etat sérieux, on n’entre pas illégalement, mais seulement à travers les ‘décrets-flux’ ‘’ et ‘’Notre objectif est de conjurer à la base les causes qui poussent les migrants, surtout les plus jeunes, à abandonner leur terre’’ a-t-elle déclaré hier à la Chambre lors du vote de confiance. Les arrivées de migrants sur les côtes italiennes sont en hausse : 78 000 cette année contre 52 000 en 2021. ‘’Il y a des missions que les Etats seuls, sans l’Europe, ne peuvent accomplir’’ a souligné Giorgia Meloni. Hier au Parlement elle a reformulé le « blocus naval » sous un angle plus européen. Elle invite à relancer un ‘’modèle vertueux de collaboration et de croissance entre l’Union européenne et les nations africaines, notamment pour endiguer l’inquiétante propagation du radicalisme islamiste’’ en faisant référence au fondateur de la société ENI, Enrico Mattei. Elle s’est par ailleurs engagée a relancer l’opération navale de l’UE ‘’Sophia’’ dont la ‘’troisième phase, bien que jamais appliquée, prévoit le blocage des embarcations clandestines à leur départ depuis l’Afrique du Nord’’. Elle entend créer des ‘’hotspots sur les territoires africains gérés par des organisations internationales pour traiter les demandes d’asile’’. L’opération « Sophia » est réalisable mais ce n’est pas simple. Egalement connue sous le nom d’EunavForMed, l’opération née en 2015 a été remplacée par « Irini » en 2018 pour se concentrer sur l’embargo d’armes à la Libye, sur demande notamment de Matteo Salvini. Le plan de la nouvelle Présidente du Conseil est aujourd’hui ‘’plus ambitieux et veut aller plus loin que les ‘décrets-sécurité’ de l’ancien ministre de l’Intérieur cantonnés aux arrivées clandestines et aux rapatriements’’ explique Fratelli d’Italia. En attendant, le nouveau gouvernement est déjà soumis aux premiers tests sur la question migratoire. Le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi a mis en garde les navires de deux ONG, Ocean Viking et SOS Humanity actuellement en Méditerranée avec un total de 326 migrants secourus à bord. Une interdiction d’entrée dans les eaux territoriales italiennes est envisagée. Une fermeté qui a plus à Salvini ‘’ce gouvernement a bien l’intention de faire respecter les règles et les frontières’’. »

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Matteo Piantedosi

PROPOS, La Stampa, de Matteo Piantedosi, nouveau ministre de l’Intérieur, « Si les migrants se trouvent sur des navires étrangers, il est possible d’interdire leur débarquement en Italie » : « Il est inacceptable que le pays ne contrôle pas les flux de ceux qui entrent [sur le territoire]. Les deux navires d’ONG se trouvant entre la Libye et Malte sont hors-la-loi, j’envisage d’introduire une interdiction. J’ai voulu faire preuve de fermeté pour réaffirmer un principe : la responsabilité des Etats dont les navires portent le drapeau. L’Ocean Viking (drapeau allemand) et l’Humanity 1 (drapeau norvégien), ne suivent pas l’esprit des normes européennes et italiennes en matière de sécurité et de contrôle des frontières et de lutte contre l’immigration illégale’’. Et ce parce que les opérations de secours ont été systématiquement menées dans la zone SAR entre la Libye et Malte qui n’ont été informées qu’une fois les opérations conclues. Même si les arrivées clandestines ne dépendent pas seulement des ONG toutefois, même si elles le nient, ces navires humanitaires sont un facteur d’attraction pour les migrants. Dans le but de freiner l’immigration illégale, nous organiserons dans la semaine un Comité pour la sécurité impliquant les agences de renseignements. Je veux comprendre quelle est la situation réelle en Libye et ce que nous pourrions faire. Je crois beaucoup aux corridors humanitaires de Sant’Egidio. Freiner les départs c’est aussi limiter les décès en mer, qui me répugnent alors qu’ils passent presque inaperçus désormais. Lorsque j’étais préfet de Rome, j’ai vu des gens qui étaient arrivés illégalement il y a 2, 3 ou 4 ans, ayant fait une demande d’asile et vivant désormais dans la rue, désespérés. Ceux qui parlent d’intégration, du rôle des communes et de l’Etat, ne savent pas de quoi ils parlent. Comment ? Qui ? Avec quel argent ? Il ne faut pas opposer les aspects humanitaires d’un côté et le contrôle des flux et le respect des règles de l’autre, en réalité les deux se recoupent. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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