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22/08/2022

"Défier Poutine, pourquoi Dugina est morte."

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Italie. Revue de presse. 

Les élections législatives de septembre continuent de faire la une de la presse italienne, aujourd’hui étant la date limite de dépôt des listes électorales, ce qui suscite des débats au sein des partis devant faire les ultimes choix entre candidats :  « Les listes sont prêtes, tensions finales : à Forza Italia, mécontentement sur les collèges non sécurisés » (Il Corriere della Sera), « Chaos dans les listes, le retour du diktat des partis » (La Stampa), « Voici les listes : la droite  fait ses ultimes arbitrages, la colère des exclus.  Au centre gauche, le malaise des territoires » (Il Messaggero), « La farce électorale : l’instrumentalisation des investitures comme un écran de fumée, les listes ferment aujourd'hui » (Il Fatto Quotidiano). Sur le plan intérieur le débat sur le droit à la naturalisation pour les enfants d’immigrés est mentionné « Avec le Ius scholae nous construisons notre avenir » (La Repubblica). Sur le volet international les positions du Parti Démocrate sur Israël sont analysées, notamment après les propos polémiques tenus par un candidat du Parti démocrate qui lui a valu l’exclusion des investitures : « Les progressistes et le virus anti-israélien » (La Repubblica), « La gauche et l'antisionisme » (La Stampa). L’attentat en Russie ayant entraîné la mort de la fille de l’idéologue de Vladimir Poutine Alexandre Dougine occupe aussi les Unes de la presse italienne : « Les Russes accusent Kiev d'être responsable de l'attentat contre Douguine » (Il Corriere della Sera), « Une bombe pour Poutine, un signal politique pour le Tsar » (La Repubblica), « Défier Poutine, pourquoi Dugina est morte » (La Stampa), « Derrière l'attentat à la voiture piégée une taupe 007 » (Il Messaggero). Dans le même temps, plusieurs journaux s’interrogent sur les liens entre l’idéologue proche du Kremlin et certains partis en Italie : « Délires, théories et liens avec l'Italie » (Il Corriere della Sera), « La Ligue pro-russe et les complots de Moscou » (La Stampa).

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Alexandre et Daria Douguine, juste avant l'attentat

Les JT couvrent essentiellement les dernières tractations avant l’échéance pour le dépôt, ce soir, des listes électorales en vue des élections législatives fin septembre, l’explosion à Moscou de la voiture dans laquelle voyageait la fille d’Alexander Dougine et l’alerte météo maintenue en Calabre et en Sicile.

Sur Twitter, le hashtag #stupro (« viol ») domine, suite à la publication sur les réseaux sociaux par la dirigeante de Fratelli d’Italia Giorgia Meloni d’un post sur un viol à Piacenza.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « A Forza Italia, la colère des exclus. Des réunions à l’hôtel pour éviter d’être assaillis [par les prétendants à un siège] » par Paola Di Caro : « Les terribles choix à faire ce week-end au sein de Forza Italia se sont passés dans le silence presque total de la direction du parti : Tajani, Ronzulli, Bernini et Barelli se sont d'abord retrouvés pendant trois jours en Sardaigne chez Berlusconi, puis secrètement dans une chambre d'hôtel à Rome pour éviter d’être harcelés par les nombreux prétendants à l’investiture par le parti pour les élections. Antonio Tajani assure qu’une méthode guidait les choix : "Méritocratie, capacité de travail, engagement, paiement de la cotisation au parti et nombre de mandats". Et d'ajouter : "Il est toujours pénible de ne pas pouvoir satisfaire tout le monde, mais cette fois-ci, c'était encore plus difficile ". Et les mécontents sont nombreux au sein de FI, certains prêts à claquer la porte, d'autres déjà partis, ou ceux qui voient les choix comme un manque de respect, comme la présidente du Sénat Casellati qui s'attendait à se présenter dans sa circonscription de Vénétie, finalement confiée à Bernini sur ordre de Fratelli. D'autre part, ceux qui sont presque sûrs d'être réélus passent de 123 sortants à 50/70 selon les prévisions plus ou moins optimistes. Selon une source proche de la direction, « le groupe de personnalités les plus proches de Gianni Letta, ayant été ministre ou non, a été presque anéanti". Certaines exclusions font du bruit. C'est le cas de parlementaires historiques comme Simone Baldelli, Giuseppe Moles (évincé par Casellati dans sa région de Basilicate), Renata Polverini et Andrea Ruggeri. Et puis les « mal servis » : Annagrazia Calabria n'a obtenu qu'une circonscription au Sénat à Rome, ou Sestino Giacomoni, troisième place sur la liste dans le Latium à la représentation proportionnelle après Barelli et Maria Spena. Si Deborah Bergamini a obtenu la première place de la liste en Toscane, considérée comme sûre, Gregorio Fontana, forziste historique, devrait être tête de liste dans une circonscription de Vénétie, à moins que son collègue Flavio Tosi soit choisi. Pas d’investiture uninominale pour Valentino Valentini, conseiller politique étrangère et interprète historique de Berlusconi. Il sera peut-être candidat en Emilie-Romagne. » 

PREMIER PLAN, Il Messaggero, F. Malfetano, « Ces candidats qui sont déjà sûrs d’avoir gagné avant même le vote » : « Selon les simulations effectuées par les analystes et les sondeurs sur les listes proportionnelles, pour être compétitif en Calabre, il faut dépasser 10-15%, pour le Frioul, la Ligurie, les Marches et la Sardaigne entre 15 et 20%, et plus de 20% pour l'Ombrie et le Basilicate. À moins de performances inattendues dans la quasi-totalité de ces régions « particulières », le Mouvement 5 étoiles et le troisième pôle seront laissés de côté. La partie se jouerait donc exclusivement entre la coalition de centre-droit et la liste menée par le PD. Ainsi, par exemple (en prenant pour acquis les derniers noms confirmés), pour les trois sièges disponibles au Sénat dans la région des Marches, la confirmation du léghiste Mauro Lucentini, tête de liste dans la circonscription de Fermo, est pratiquement certaine. Le deuxième siège reviendrait au candidat de Fratelli d'Italia (pas encore confirmé), et le troisième au parti démocrate. En d'autres termes, le commissaire régional démocrate, Alberto Losacco, sera élu au Parlement. « Un schéma, celui de 2 sièges proportionnels au centre-droit et un au centre-gauche, qui est assez certain pour tous les territoires qui en élisent trois », explique Giovanni Forti, sondeur et analyste politique chez YouTrend : c'est-à-dire la Ligurie, le Frioul-Vénétie Julienne, la Sardaigne et les Abruzzes. Ainsi, pour les démocrates, il y aura Marco Meloni et Michele Fina, tandis que pour le centre-droit, Antonella Zedda et Marco Dreosto. « Il y a une inconnue liée à un éventuel bon résultat du Mouvement 5 Etoiles ou du troisième pôle dans les territoires où ils sont les plus forts », poursuit le sondeur. « Prenons la Sardaigne, si le M5S dépasse les 20%, il a une excellente chance d'arracher l'un des sièges proportionnels au Sénat ». Dans ce cas, les sièges sardes seraient donc répartis équitablement : un pour le centre-droit, un au PD et un au M5S. Idem pour les petites régions de la Basilicate et de l'Ombrie. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, « Les grands duels entre les poids lourds : De Zingaretti-Meloni à Sgarbi-Casini » par Adriana Logroscino : « A Rome, deux têtes d’affiche de Fratelli et du PD vont s’affronter, respectivement Giorgia Meloni et Nicola Zingaretti (ancien SG du PD et président de la région Latium) à la Chambre des députés. A Bologne, le centre-gauche, favori dans les sondages, présente à nouveau Pier Ferdinando Casini, comme il y a cinq ans, face au critique Vittorio Sgarbi et donne le ton : "Bienvenue à Sgarbi à Bologne. En plus de 40 ans de vie publique, je n'ai jamais insulté personne et j'ai toujours respecté tout le monde : ce que je ferai également à l'avenir ». À Milan, en revanche, c'est un affrontement entre deux lignes économiques : Carlo Cottarelli, l'homme de la révision des dépenses, tête de liste PD pour le Sénat, face à l'ancien ministre de Berlusconi, Giulio Tremonti (chambre, uninominal). Tous les leaders sont en compétition les uns avec les autres en Lombardie. Enrico Letta, Matteo Salvini et Giuseppe Conte, tous trois à la Chambre des députés, et Matteo Renzi et Silvio Berlusconi (également candidat dans la circonscription uninominale de Monza) au Sénat, sont candidats en tant que tête de liste pour leurs partis respectifs. Derrière Renzi, on retrouve Mariastella Gelmini, ministre sortante, pendant des années très proche de Berlusconi, qui a quitté Forza Italia pour Azione après la chute du gouvernement Draghi. À Sesto San Giovanni, en revanche, deux histoires, y compris familiales, se disputent l'électorat : Isabella Rauti de Fratelli, une vie à droite, depuis l'époque du MSI, parti dont son père, Pino, était secrétaire, et Emanuele Fiano, membre du PD, juif, fils de Nedo, qui a survécu à la déportation à Auschwitz. À Rome, un autre affrontement direct oppose d'anciens alliés : Carlo Calenda se présente pour remporter la circonscription (Sénat) pour laquelle la coalition de centre-gauche présente Emma Bonino, leader de +Europa. Naples et la Campanie connaissent également une importante brochette de leaders : de Conte (Liste pour la chambre) à Luigi Di Maio (circonscription de Naples centre), de Dario Franceschini (liste, Sénat) à Roberto Speranza (liste, chambre) et Mara Carfagna (liste, chambre). Dans le Basilicate, où l’actuelle présidente du Sénat Casellatti sera parachutée, deux anciens présidents de région s’affronteront : Vito De Filippo (PD) face à Marcello Pittella qui, ayant quitté ce parti, conduira la liste Azione. En Calabre, Maria Elena Boschi, cofondatrice d'Italia viva, est tête de liste pour la Chambre des députés, face à Nico Stumpo : lui aussi est un ancien PD, qui, toutefois, en réaction à Matteo Renzi, a viré à gauche et a fondé Articolo 1. »

TRIBUNE, La Stampa, M. Giannini « Les fascistes de Predappio et les menaces contre La Stampa » : « Lors d’une des étapes de l’enquête lancée par notre journal dans les lieux symboliques de notre pays, Niccolo Zancan s’est arrêté à Predappio, où repose la dépouille de Benito Mussolini. Chroniqueur objectif, il a raconté tout ce qu’il a vu et entendu, à savoir le nombre important de personnes qui, chaque jour, arrive de toute l’Italie pour voir le tombeau du Duce et pleure, exprime sa gratitude, s’agenouille. Zancan, sans caricatures ni exagérations, a livré une description du musée « Ô Rome, ô mort, à un siècle de la Marche » qui a pour responsable l’avocat Francesco Minutillo, ancien secrétaire départemental de Fratelli d’Italia, qui avait donné sa démission, il y a deux ans, après avoir publié sur Facebook un post dans lequel il appelait à de « nouvelles lois raciales contre les islamistes et les noirs » et maudissait notre « Constitution dégoûtante écrite par ces porcs de Résistants ». Zancan a parlé avec le gardien du musée, Hermes Fantuzzi, qui lui a fait lire le livre d’or signé par les visiteurs : « Honneur à Mussolini », « Dux », « A nous ». Il a parlé à nombre d’entre eux qui lui ont répété « C’est enfin à notre tour », « Cette fois, on remportera les élections haut la main, ce sera un triomphe pour Giorgia ». Le reportage a été publié hier. Tout de suite après, Zancan a reçu le coup de téléphone « sympathique » d’une personne qui, en hurlant et en le menaçant, lui a dit : « Je voulais te remercier, ne t’inquiète pas, reste tranquille, je vais venir t’embrasser en personne, on se voit très vite… » Que cela soit dit : ces intimidations ne nous effraient pas et ne nous arrêtent pas. Cet épisode, cependant, confirme une fois de plus qu’il existe, en Italie, un « fascisme éternel » (U. Eco) qui se sent maintenant légitimé et destiné à guider le pays. Nous ne demandons pas à Meloni de faire montre de solidarité mais seulement d’avoir le courage de dire aux Italiens ce qu’elle pense, hic et nunc, du fascisme et des néo-fascistes. » 

TRIBUNE, La Stampa, A. Neumann Dayan : « Faire sa campagne électorale sur le dos d’une femme qui vient d’être violée » : « Hier, à six heures du matin, une femme ukrainienne de 55 ans a été violée, en plein jour, en plein centre de Piacenza, par un demandeur d’asile en provenance de Guinée. Un homme qui habitait au même endroit a entendu des hurlements et immédiatement appelé la police qui a arrêté l’homme. Le viol a été filmé par téléphone depuis une fenêtre. Outre le viol de cette femme, quelque chose d’autre s’est produit : Matteo Salvini a publié, hier, sur son profil Instagram une photographie floue du viol, reprise d’un article de journal. Il a mis pour légende : « ‘’Demandeur d’asile’’ et violeur. Assez ! Défendre les frontières et les Italiens sera pour moi un devoir, non pas un droit. Je me rendrai bientôt à Piacenza afin de réitérer l’engagement de la Ligue à restaurer la sécurité dans notre pays : 10 000 policiers et gendarmes de plus en 2023, plus de caméras et le blocus des embarcations clandestines. Vouloir, c’est pouvoir ». Un quotidien, hier, a décidé de publier la vidéo du viol sur son site en la floutant. Giorgia Meloni, en soirée, décide de la republier sur Twitter : « Il est impossible de rester silencieux face à épisode atroce de violence sexuelle subi par une femme ukrainienne et infligé, de jour, à Piacenza, par un demandeur d’asile. Une accolade à cette femme. Je ferai tout mon possible pour restaurer la sécurité de nos rues ». C’est vrai : on ne peut ni on ne doit se taire, tout comme on ne peut ni on ne doit publier la vidéo d’un viol pour récupérer deux voix et quelques approbations. »

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Daria Douguine

COULISSES, La Repubblica, R. Castelletti « Ligue, anti-vax et complotistes : la galaxie italienne pro-Dugin » : « Néofascistes, complotistes, anti-vax et souverainistes : c’est une véritable galaxie de désinformation et complotisme qui s’inspire, en Italie, d’Aleksandr Dugin. Elle va d’Alessandro Fiore, fils du leader historique de Forza Nuova, Roberto Fiore, à Gianluca Savoini, ancien collaborateur de Matteo Salvini. La thèse d’une Russie tête de proue de l’Eurasie et de la rançon de l’Europe a trouvé, en Italie, un terrain particulièrement favorable. Si, en France, Dugin mise sur le Rassemblement national de Marine Le Pen, en Italie, il investit sur Matteo Salvini qu’il a interviewé dans ses studios de Tsargrad TV. Sa connexion avec Salvini passe par Savoini, fondateur de l’association de Lombardia-Russia, qui fait aujourd’hui d’une enquête du parquet de Milan pour corruption internationale. Il aurait, en effet, discuté avec trois Russes, le 18 octobre 2018, à l’Hôtel Metropol de Moscou, d’un financement de 65 millions de dollars destiné à Ligue. L’éminence grise de cette opération aurait été Dugin lui-même. Après la fin du gouvernement M5S-Ligue qu’il soutenait, Dugin a porté son attention sur Giorgia Meloni en raison de ses « critiques sur les mesures anti-Covid » et de sa « prise de distance des politiques délétères du globaliste et libéral Draghi » : « J’ai un pressentiment, elle a de l’avenir », a déclaré l’idéologue en mai dernier. Bien que Dugin professe une « Quatrième théorie politique », ni de droite, ni de gauche et qu’il ait fondé, dans le passé, avec l’écrivain Eduard Limonov, le Parti national-bolchévique, ses sympathisants italiens sont beaucoup plus du côté du fascisme que du communisme. On relève, en effet, feu Carlo Terracciano, le néofasciste milanais Maurizio Murelli et Rainaldo Graziano. Sa tournée promue par REuropa, groupe néofasciste, en 2019 en a fait un pilier du souverainisme italien : étaient présents à ses côtés, Murelli, Graziani, Savoini, Diego Fusaro, l’acteur Edoardo Sylos Labini (ancien gendre de Paolo Berlusconi) ainsi que l’avocat Francesco Maria Toscano, créateur du canal complotiste Visione TV et du parti Ancora Italia. Toscano se présente aux élections législatives au sein de l’alliance Italia Sovrana Popolare, soutenue, il y a peu, par Daria Dugina sur le site United World International. »       

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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