02/08/2022
"Entre présidentialisme et autonomie : les nouvelles convergences parallèles."
Italie. Revue de presse.
Les discussions entre partis du centre et le Parti démocrate en vue d’un accord sur les candidatures aux prochaines législatives font toujours la une de la presse italienne. Les journaux suivent de près le refus du parti centriste Azione de sceller pour le moment un accord avec le PD, en réclamant notamment l’exclusion de certaines investitures et une entente sur le programme : « Un délai supplémentaire : aujourd’hui aura lieu une rencontre décisive entre Letta, Calenda et Della Vedova de +Europa. On parle des investitures et de l’agenda Draghi. Selon le sondeur Ghisleri, la droite n’a pas encore gagné, il faut faire une entente. Salvini se positionne pour le ministère de l’intérieur et s’en prend aux migrants » (Repubblica). « Letta-Calenda, l’ultime essai. Selon le secrétaire du PD, il n’y a pas de ligne rouge, et aujourd’hui la rencontre aura lieu. Pour Salvini, sa nomination au Viminal se fera « si les Italiens le veulent“ (Corriere della Sera). « Letta : le dernier défi lancé à Calenda : nous avions un accord, et c’est toi qui l’a fait sauter » (La Stampa).
PREMIER PLAN, Il Messaggero, M. Pigna, « A quoi ressemblerait le Parlement avec accord ou sans accord ? Dans les deux cas, une majorité pour le centre-droit » : « Le dernier sondage Quorum/YouTrend réalisé pour Sky TG24 prend en considération les deux scénarios : aussi bien celui d'un compromis à gauche entre Letta et Calenda (bien que sans M5S), et celui où il n’y a pas d’accord. Dans la première hypothèse, Fratelli d'Italia prendrait la première place avec 23,9%. Et derrière, à droite, la Ligue, à 13,3%, et Forza Italia, à 7,1%. S'y ajouteraient également les 1,7% de Noi con l'Italia - Udc, pour un total de coalition de droite à 46%. Le Parti Démocrate représenterait 22,6 % des 33,2 % du centre-gauche, suivi par la fédération Azione/+ Europa, à hauteur de 4,4 %. Outre les 5,7% de Sinistra Italiana et Europa Verde, il faut ajouter voix pour la nouvelle formation de Luigi Di Maio, Impegno Civico qui représenterait 1,8%. Dans cette première hypothèse, le Mouvement 5 Etoiles atteint 10,9%, tandis qu’Italia Viva cumulerait 2,2%, dépassé par l'ItalExit de Paragone à 2,8%. Dans le cas où il n’y aurait pas d’accord entre Letta et Calenda, le centre-droit atteindrait 47,6%, sur lesquels Fratelli d’Italia représenteraient 24,8%, avec toutefois une légère baisse de la Ligue à 12,8%. Forza Italia resterait stable à 7,1%, plus 2,9% pour Noi con l'Italia -Udc. Au centre-gauche, le Parti démocrate emporterait 23% des voix, Impegno civico 0,7% et de Sinistra Italiana/Europa verde 4,5%, ce qui ne suffirait pas à dépasser le seuil des 30% avec un total de 28,2%. Si pour les partis non coalisés, même dans le premier scénario, il n'y a pas de grandes différences, il n'en va pas de même pour le Centre. Si Azione se présentait seule, elle pourrait affronter la droite à la proportionnelle mais nuirait au score de la gauche. Dans les deux scénarios, le nombre d'abstentionnistes et d'indécis pèse lourd, avec respectivement 36,3% et 34,6%. »
ARTICLE, La Repubblica, « Sans l'alliance, le centre-gauche risque de perdre 16 sièges », par Giovanna Casadio : « Sans accord avec Azione de Carlo Calenda et +Europa d'Emma Bonino, le centre-gauche perdrait certainement 16 circonscriptions supplémentaires dans les scrutins uninominaux, permettant ainsi à la ligne opposée de Meloni-Salvini et Berlusconi de dépasser les 120 sièges au Sénat et les 250 à la Chambre, se rapprochant pratiquement de la majorité des deux tiers nécessaire pour changer la Constitution. La dernière projection de You-Trend- a été réalisée sur la base de la moyenne des sondages nationaux et des sondages locaux déjà effectués par le même institut. Par conséquent, si le Pd ne devait rester allié qu'à la gauche écologiste de Nicola Fratoianni et Angelo Bonelli ainsi qu'à "Impegno civico", la nouvelle formation de Luigi Di Maio et Bruno Tabacci, on envisage une perte sèche de 12 circonscriptions à la Chambre et de 4 au Sénat. En bref, si Azione et +Europa se détachent du PD, 15 autres circonscriptions se retrouveraient avec le centre-droit et une, celle d'Acerra en Campanie, avec le M5S. Même si Renzi fait valoir que les partis centristes se présentant seuls auraient plus à gagner, les projections montrent l’inverse. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, « Il est temps de faire preuve de leadership » par Claudio Tito : « En l’absence de compromis, le coût final à payer n'est pas seulement une défaite électorale mais un nouveau changement structurel du pays. En 1994, c'est précisément ce qui s'est passé. Le PDS d'alors et le PPI nouvellement formé (émanant de la DC) se retranchent derrière leurs propres spécificités. Le résultat n'est pas seulement la victoire de Silvio Berlusconi. C'est la porte ouverte à la montée du berlusconisme. À une transformation génétique de l'Italie, d'une société qui considérait le succès comme le fruit d’un travail acharné ou d’un parcours universitaire, vers une nouvelle ère, où on pensait désormais qu’il était facile et sans sueur. La première forme de populisme est entrée dans les ganglions du système, qui a ensuite donné naissance aux formes ultérieures incarnées par le M5S et la Ligue. Il est clair que le PD ne peut renoncer à son rôle de leader dans cette éventuelle coalition. Il ne s'agit pas d'un droit divin mais du produit des élections les plus récentes, comme les dernières élections locales. Calenda, fort de son poids récent, demande au PD de renoncer à sa gauche et ce qui reste des Cinq étoiles dans le front progressiste. Mais est-ce la clé pour vaincre la droite ? Ensuite, sur le fond : ce n'est qu'en respectant les engagements pris par Draghi que le futur gouvernement sera alors en mesure de négocier avec ses alliés européens la révision du pacte de stabilité et donc des règles dépassées en matière de dette et de déficit. Nous en avons plus besoin que les 26 autres alliés de l'UE. Parce que notre dette est de loin la plus élevée et que nous sommes donc plus exposés à la spéculation financière. Penser, cependant, à venir à la table des négociations avec les méthodes de Salvini ou avec le style Orban de Giorgia Meloni, c'est ne pas vraiment comprendre à qui l'on a affaire. Cela revient à ne rien obtenir. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, « Une négociation teintée de semi-vérités » par Stefano Folli : « La négociation entre Calenda et le PD est sur le point de se terminer, comme il semble probable, avec l'adieu d'Azione/+Europe à la "coalition Letta" et l'avènement d'un "troisième pôle" libéral-démocratique dont les contours restent à définir. Cependant, hier soir, une lueur d’espoir subsistait pour trouver un compromis de dernière minute, ce qui n'est pas facile à justifier auprès de l'opinion publique si ce n'est avec l'argument que "nous devons tous être unis contre la droite" : ce qui est sans doute une raison valable, mais alors il faut aussi expliquer pourquoi - si nous sommes à une telle urgence démocratique - l'alliance n'a pas été étendue à ce qui reste du M5S de Conte. Après tout, les sondages continuent de les créditer de 9 à 10 %, un chiffre qui les rend attractifs s'il s'agit de faire la somme arithmétique de tous les votes utiles pour construire la digue anti-Meloni. Cependant, Letta, non sans courage, a exclu les 5S de tout accord pour avoir été les premiers saboteurs du gouvernement Draghi (puis Salvini et Berlusconi sont arrivés en courant, détruisant la majorité). Ce n'est pas un hasard si le secrétaire du PD cite souvent " l'agenda Draghi ", que beaucoup feignent aujourd'hui de ne pas connaître, mais qui concerne en fait des engagements liés aux fonds européens (le PNRR) et des réformes tout aussi nécessaires à la modernisation du pays. C'est, selon Letta, la base du gouvernement post-électoral, si le centre-gauche finit par l'emporter. Mais il est entendu que ce fameux " agenda Draghi ", qui sert avant tout de sceau de sérieux, doit aussi devenir le terrain de confrontation et d'affrontement électoral avec la droite. Si tel n'était pas le cas, il n'aurait eu aucun sens de rompre avec Conte, l'opposant numéro un au cadre programmatique dans lequel le Premier ministre a évolué jusqu'au jour de sa démission, avec une détermination dont témoigne son dernier discours au Sénat. Qu'est-ce qui a donc empêché jusqu'à présent un accord avec Action/+Europe, un groupe qui partage l'estime et l'appréciation de Draghi pour son gouvernement, ainsi que la vision d'une politique étrangère atlantique et pro-Ukraine ? La négociation est devenue incompréhensible pour le citoyen qui se méfie déjà des rituels de la politique et risque ici de perdre le fil. Letta maintient une marge d'ambiguïté parce qu'il ne peut et ne veut pas avoir de problèmes avec son aile gauche. Il est conscient que Calenda, comme Renzi, ne jouit pas d'une sympathie excessive parmi les cadres et les électeurs du PD. Le leader de Azione tire la corde sans ménagement parce qu'il poursuit la voie du "troisième pôle", où il aurait la possibilité de jouer un rôle de premier plan. En arrière-plan, il y a aussi - ne disons pas surtout - la question non résolue des sièges. Ceux d'où proviennent Fratoianni et Bonelli - les gauchistes les plus déclarés - et ceux à obtenir pour Action/+Europe avec les négociations serrées et incertaines des dernières heures. Il est certain que l'image de confusion et d'incertitude que le centre-gauche véhicule ces jours-ci, presque avec une volupté autodestructrice, augmente les doutes sur la stratégie électorale. Où il prouve qu'il ne suffit pas de s'agréger d'une manière ou d'une autre contre la droite si alors le message aux électeurs est maladroit et contradictoire. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Entre présidentialisme et autonomie : les nouvelles convergences parallèles » de Mario Cremonesi : « Les autonomies régionales revendiquées par la Ligue iront de pair avec le présidentialisme voulu par les Fratelli. Ce sont deux des trois points soulignés à l'issue de la "réunion de concertation sur le programme" entre alliés de droite. La troisième question qui, sur le papier, aurait pu susciter des frictions, à savoir la "posture" vis-à-vis de l'Ukraine, semble avoir été surmontée en un clin d'œil. Un communiqué indique qu'il y aurait "un accord total pour réaffirmer le plein respect par l'Italie de ses engagements internationaux, y compris en ce qui concerne la guerre en Ukraine, la réforme présidentielle et l'autonomie". La concertation devient ainsi "permanente" et se réunira à nouveau demain à 14 heures. "En gros, explique Alessandro Cattaneo de Forza Italia, nous avons fixé des points que chaque parti devra remplir avec du contenu". De son côté, Giovanbattista Fazzolari, de Fratelli d'Italia, s'est exprimé en ces termes : "En quelques heures de travail, nous nous sommes dotés d'une méthode de travail efficace. Il s'agit maintenant de comprendre quel type de programme présenter. Nous sommes pour un programme-cadre, sans entrer trop dans les détails, et en renvoyant ensuite aux programmes des différents partis". Une approche "compatible avec le système électoral dans lequel, dans les circonscriptions uninominales, l'ensemble de la coalition se présente, tandis que dans les autres, chaque parti suit sa propre voie". Évidemment, les travaux sur le programme, comme ceux de la table de répartition des circonscriptions uninominales entre les partis (qui se réunit aujourd'hui), devront ensuite passer par la validation finale des leaders de la coalition. Qui, en fait, ne se rencontreront pas de sitôt. Très probablement, pas avant le retour de Matteo Salvini de Lampedusa, où il sera les 4 et 5 août, mais probablement encore plus tard, afin de soumettre aux dirigeants l'hypothèse d'un accord avancé. Salvini a déjà fait savoir que "à la réunion sur les programmes, la Ligue demandera aux alliés de signer certains accords pour être au diapason après une éventuelle victoire". »
ARTICLE, La Stampa, « A Odessa, le premier navire céréalier prend la mer. Pour Zelensky, c’est une "grande victoire" »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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