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22/07/2022

"Meloni prévient les alliés : "Rencontrons-nous, mais il y aura des règles.""

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Italie. Revue de presse.

La date des élections politiques fixée au 25 septembre 2022 par le Président Mattarella, à la suite de la démission de Mario Draghi et à la dissolution du Parlement, fait la Une des principaux quotidiens italiens. Corriere della Sera, La Stampa et Messaggero titrent « L’Italie aux urnes le 25 septembre » en soulignant l'appel du Président de la République aux partis politiques « Il y a des urgences, j’espère dans la contribution de tous » (Corriere) ; « Mattarella met en garde les partis » (Messaggero). Repubblica titre de son coté sur l' « Adieu du Pd à Conte », et se concentre sur les positions du secrétaire du Parti démocrate Enrico Letta qui « cherche un nouveau camp large sans le M5S et Renzi, il se tourne vers Di Maio et Sala » ainsi que sur la nouvelle défection de Forza Italia avec le départ du ministre Renato Brunetta. L'interview de Silvio Berlusconi fait la Une du Giornale : « La chute de Draghi ? Je n'ai aucune responsabilité », tandis que Corriere et Stampa soulignent dans leurs titres les déclarations du leader de FI où il affirme respectivement que « Le président a refusé le gouvernement bis » et que « Draghi s’est chassé tout seul ». Le quotidien économique Il Sole 24 Ore titre sur la hausse du « Spread à 241 » et sur « La décision de la BCE, après 11 ans, d’augmenter les taux de 0.50 % » qui est analysée du point de vue des « effets sur les prêts immobiliers » ·par le Corriere tandis que la Stampa souligne que « cette augmentation nous coûtera cher ». 

Les JT couvrent le discours du Président Mattarella qui, hier soir, a dissous le Parlement et fixé la date des élections au 25 septembre, en faisant appel à la responsabilité des partis politiques pour atteindre les objectifs économiques. L'adieu ému de Mario Draghi à la Chambre des Députés ; la décision de la BCE d'augmenter de 0.50 % les taux d'intérêts de la zone euro sont abondamment relayés. L'accord entre la Russie et l'Ukraine sur l'export de blé signé aujourd'hui à Istanbul, les incendies et la vague de chaleur en Italie font également l’objet de sujets.

Sur Twitter, le hashtag #elezioni domine suite à l'annonce de la date des prochaines élections législatives par le Président Mattarella.

ARTICLE, Il Corriere della Sera, P. Di Caro, « Draghi en a eu assez, nous ne sommes pas en faute. Ce seront les élus qui décideront qui sera le leader du centre-droit » : « Dans un entretien téléphonique, Berlusconi dédouane son parti de toute responsabilité quant aux événements récents : « Nous n’avons pas voté contre, nous nous sommes seulement abstenus ». Selon lui, le Président du Conseil n’avait pas la volonté de continuer et a saisi l’occasion qui lui était donnée de s’en aller. Au téléphone, il s’exprime avec froideur et distance : d’après Berlusconi, la question est politique, la crise est le fait de Draghi qui a décidé de partir alors que tous le priaient de rester, et le Mouvement 5 Etoiles est irresponsable. La proposition de résolution avancée par la droite était une main tendue selon lui : il s’agissait seulement de sortir le Mouvement 5 Etoiles du gouvernement. L’intransigeance de Draghi a provoqué sa chute. Berlusconi dément toute rumeur de pression de la part du leader de la Ligue, « je ne suis à la botte de personne », et affirme que les décisions avec la Ligue sont toujours prises en commun accord. Interrogé au sujet du départ de Gelmini et Brunetta, Berlusconi est tranchant : il les qualifie « d’ingrats » avant de déclarer « je ne suis pas habitué à commenter les décisions des traîtres ». Il se concentre sur le futur qu’il désire construire avec une droite unie. Il annonce un entretien prochain avec Giorgia Meloni pour décider d’un programme en vue des élections, et discuter de qui prendra la tête de la coalition. Berlusconi évoque la possibilité que le Président du Conseil soit élu, plutôt que désigné par le parti ayant recueilli le plus de voix. L’évocation de cette éventualité est inhabituelle pour Forza Italia, et cela pourrait conduire à modifier les équilibres entre les forces politiques. Il se montre optimiste sur les résultats que pourrait obtenir son parti, et laisse planer le doute sur sa propre candidature : « Nous verrons, nous verrons… ». L’objectif de Berlusconi : montrer que Forza Italia a encore un rôle central à jouer au sein de la coalition de centre-droit. »

Entretien de Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères et leader de ‘Insieme per il futuro’, Corriere della Sera : « L’agenda de gouvernement sera notre programme. Je suis du côté des responsables et la partie reste ouverte » : « Le parti de Conte et le parti de Salvini sont en crise dans les sondages. Ils ont fait passer leur intérêt avant celui du pays. Ils payeront un prix politique, cela est évident. En Italie, pour beaucoup de forces politiques, l’instabilité est une boussole. Conte, parce qu’il a initié la crise, a une grande responsabilité. Dans le passé, avec le M5S, nous avions créé, et non pas saboté, des gouvernements. Ils se sont isolés et ils ont fini par se saboter tous seuls. Maintenant, l’Agenda Draghi ne doit pas disparaître et nous nous en chargeront. Il faut quelque chose de nouveau. Je ne peux pas rester avec ceux qui, par souverainisme, populisme, et opportunisme, ont fait tomber le gouvernement. L’Italie a encore besoin de Mario Draghi. La crise a de nouveau chamboulé les équilibres politiques, et une nouvelle catégorie est née : celle des irresponsables. Moi, je serai de l’autre côté, avec responsabilité, pour faire les réformes qui doivent changer le pays. C’est un moment historique sans précédent, comme à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Agenda Draghi n’est pas seulement constitué de mesures pour faire face à l’urgence, mais il dessine également une nouvelle ère sociale, économique et politique. Le centre-droit devait gagner les élections il y a 5 ans, mais je les ai battus. Les sondages sont faits pour être démentis. Les Russes qui prennent publiquement des positions sur les élections futures en Italie commettent une ingérence. Les partis qui ont voulu la crise sont les mêmes que ceux font de l’œil à Poutine. Y compris Forza Italia, qui se définissait comme une force politique modérée. Nous, au contraire, nous serons toujours européistes et atlantistes ». 

PREMIER PLAN, La Repubblica, S. Capellini, « Ni le Mouvement 5 Etoiles ni Renzi : les idées de Letta sur la nouvelle coalition pour défier la droite » : « La fin de l'alliance avec Conte est certaine et une alliance avec Italia Viva ferait perdre plus de voix qu'elle n'en apporterait ». Letta dit « oui à Sala et à Di Maio », mais ça ne sera pas une coalition centriste. « Retrouver l'alliance avec le Mouvement 5 Etoiles serait incompréhensible et mauvais ». Enrico Letta ne semble pas avoir de doutes, même s'il y a encore des personnes au sein du Parti Démocrate qui poussent en faveur de l’étude d’une forme d'accord. En effet, il y a une limite à la décence politique et à l'opportunisme tactique que le PD a souvent franchie dans son histoire et surtout dans sa relation avec le Mouvement 5 Etoiles. Letta ne veut pas non plus courir le risque que le parti soit écrasé par une alliance centriste. La coalition doit rester « large » et représenter toute l'aile gauche du gouvernement. Sans le Mouvement 5 Etoiles, elle sera plus homogène et plus crédible. D’autre part, les conditions d'un accord avec Italia viva ne sont pas réunies. Les raisons sont multiples, la plus récente étant l'omniprésence politique de Matteo Renzi ces dernières années et son soutien affiché au centre-droit. Letta est cependant prêt à inclure Calenda. Au sein du Parti Démocrate, l'éventuelle exclusion de Renzi rencontrera sans doute une forte opposition interne. La grande coalition autour du Parti Démocrate pourrait réunir à sa gauche Articolo 1 et les Verts, à sa droite Azione et +Europa, s'ils se présentent et le nouvel espace libéral-écologiste sur lequel travaillent le maire de Milan, Beppe Sala et le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio. Ainsi, Di Maio, leader autrefois le plus hostile aux démocrates, est-il le seul survivant du Mouvement 5 Etoiles dans le nouveau centre-gauche. »

ENTRETIEN, La Stampa, de Renato Brunetta, ministre de l’Administration Publique, démissionnaire de FI « De la part de Forza Italia, un sabotage qui renie notre histoire. Silvio a désormais perdu la lucidité » : « Ce n’est pas moi qui quitte Forza Italia, ou ce qui en reste, c’est le parti qui s’est quitté lui-même et qui a renié son histoire. En ne votant pas la confiance à Mario Draghi, mon parti s’est éloigné de ses valeurs fondatrices. Je ne peux croire qu’il puisse avoir subi une telle mutation génétique. Je suis navré pour le malentendu dans lequel est tombé mon ami Manfred Weber. Cher Manfred, ce qu’il s’est passé en Italie t’a été rapporté de manière inexacte et de façon instrumentalisée : ce n’est pas seulement le M5S, mais également FI et la Ligue qui ont saboté un libéral comme Draghi, à travers des jeux de pouvoirs égoïstes et dangereux, réalisés au détriment des gens, des Italiens, des Européens. Ceux qui n’ont pas voté la confiance à Mario Draghi sont des irresponsables. Les dirigeants de Forza Italia se sont pliés au pire populisme souverainiste. La décision d’hier, qui a été prise sans aucun débat interne comme ça a été trop souvent le cas ces derniers temps, condamne ce qui reste du parti à cette dérive. Je possède la carte de membre n.2 du parti reconstitué en 2013 et, en tant qu’élu de Forza Italia, je suis au service des institutions depuis 1999. Je me battrai pour que la culture et les valeurs libérales, modérées et européistes ne soient pas perdues. Pour l’Italie, c’est une phase dramatique qui s’ouvre et qui aura, également, des répercussions au niveau international. La chute du gouvernement Draghi risque d’être vue, de l’extérieur, comme la preuve que notre système politique n’a pas les anticorps nécessaires pour s’émanciper des populismes et des extrémismes. Cette perception risque de nous exposer à une tempête financière et géopolitique, qui risque d’affaiblir également l’alliance occidentale qui apporte son soutien à l’Ukraine. Ceux qui croient encore dans les valeurs fondatrices de FI, les libéraux, les populaires, et les réformistes qui ont à cœur de poursuivre l’agenda de Draghi, peuvent se rassembler dans une union républicaine, fortement attachée à l’euro-atlantisme.  PS. Dans ses déclarations, Berlusconi nous attaque [Mariastella Gelimini et Renato Brunetta, ministres, maintenant anciens membres de FI, ndt] d’un point de vue strictement personnel et ne tient pas compte de nos raisons politiques. Malheureusement, je pense qu’il a perdu en lucidité et en humanité. Cher Berlusconi, tu as perdu l’occasion de laisser un noble héritage à l’Italie. » 

ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Les heures les plus longues de Giorgetti. Les doutes persistent mais la démission est refusée. « Je ne renierai jamais Draghi » » : « Giancarlo Giorgetti ne quitte pas la Ligue mais déclare ne pas vouloir prendre de décisions en ce qui concerne son futur. Alors qu’il avait remis sa démission suite au vote de mercredi, faisant le choix de se retirer de la scène politique, le Président du Conseil lui a demandé de rester s’occuper des affaires courantes au Quirinal pendant la période de transition. Le ministre du Développement économique a, en effet, trop de dossiers d’importance à traiter. Si Giorgetti a accepté, son amertume concernant la chute du gouvernement demeure. Pour Giorgetti, Berlusconi et Salvini ont fait une grossière erreur. Il ne commente pas la décision de Salvini de se rendre aux urnes, cependant ses actions parlent pour lui : à la suite du discours de Draghi au Sénat, il lui témoigne son soutien à plusieurs reprises par des sourires, des applaudissements et une embrassade. Des gestes qui lui valent des accusations d’hypocrisie de la part du Parti Démocrate mais aussi de son propre parti. Sa réponse est claire : « J’applaudis qui le mérite ». Il affirme ne pas souhaiter critiquer Salvini, mais ne pas pouvoir être en première ligne de la campagne électorale si cela signifie renier Draghi. S’il ne quittait pas le parti, il pourrait ne pas souhaiter être sur les listes d’une campagne qu’il aurait préféré éviter. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, de V. Piccolillo, « Meloni prévient les alliés ‘’Rencontrons-nous mais il y aura des règles’’ » : « Giorgia Meloni invite à ce que les rencontres avec ses alliés de la coalition de centre-droit soient moins des occasions de convivialité que des rendez-vous opérationnels. Le jour de la démission de Draghi, Meloni invite ses alliés à ‘’passer aux décisions’’, préférant les réunions à la Chambre ou au Sénat avec un ordre du jour précis. ‘’Je pense que nous devons nous rencontrer rapidement, mais il faut que nous définissions des règles’’ annonce-t-elle. La leader de Fratelli d’Italia revendique, avec force, la cohérence de son parti qui est resté en marge, dans l’opposition, des trois derniers gouvernements. Elle ignore les propos d’Antonio Tajani (Forza Italia) affirmant que ‘’tant qu’il n’y a pas eu d’élections, le centre-droit n’a pas de visage’’, il n’a pas un unique représentant. Pourtant, les sondages donnent désormais FDI en tête entre 21,8% et 22,8% des intentions de vote, contre la Ligue qui recule à 16,8% et Forza Italia à 5,8%. ‘’Je demanderai un véritable engagement pour éviter les alliances hasardeuses. Lorsque l’on gagne ensemble, on gouverne ensemble, mais si l’on perd, on reste dans l’opposition’’. Fratelli d’Italia a soutenu, dès hier, la proposition de voter immédiatement en faveur de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN et se concentre sur l’identification des mesures urgentes du PNRR. Giorgia Meloni remercie les Etats-Unis pour leur communiqué ‘’évitant l’ingérence’’, contrairement à d’autres leaders européens qui se sont prononcés contre la crise de gouvernement. Enfin, elle a réitéré son soutien à l’Ukraine. Quant à Mario Draghi, elle dit continuer à ne pas comprendre la manière dont il a affronté la crise. »

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Giorgia Meloni : "En avant patriotes. Nous sommes prêts."

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"La parole aux Italiens."

PREMIER PLAN, La Repubblica, E. Capelli, « Les sondages placent le centre-droit en favori mais le taux de participation risque de chuter » : « Sur les prochaines élections pèsent les inconnues liées à un « parti Draghi » toujours inexistant et aux nouvelles reconfigurations centristes. De l'effet sur les électeurs de la fin traumatisante du gouvernement Draghi à l'abstention, les incertitudes subsistent. « Si le centre-droit obtient 45% des voix, ce que les sondages lui attribuent aujourd'hui, il n'a pas la majorité absolue à la proportionnelle, car cela se traduit par 60 sièges à la Chambre et 115 au Sénat », explique le directeur de l'Instituto Cattaneo, Salavatore Vassallo, « mais s'il gagne dans 60% des circonscriptions uninominales, il obtient la majorité ». Le scénario général est donc favorable au centre-droit, mais les élections générales de septembre, avec la campagne en août et après une fin de législature aussi abrupte, pourraient voir une baisse de la participation. « Si le taux de participation baisse, le centre-gauche peut avoir un avantage », déclare Pergliasco de Youtrend. « Une nouvelle coalition qui réussirait à rassembler les centristes de gauche, de Luigi di Maio à Carlo Calenda et Giovanni Toti n'aurait pas des pourcentages plus élevés que le centre-droit, mais il y aurait une différence de 6-10 points, affirme Antoni Noto directeur de l'institut de sondage Noto Sondaggi. Tout peut arriver “s'il y avait un parti Draghi, il serait très fort, surtout si le Président du Conseil décidait d’aller lui-même sur le terrain”.»

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli, « Mario Draghi laisse une ligne politique au parti démocrate » : « Une opportunité se présente au Parti Démocratique de Letta et à l'archipel centriste, à condition qu’ils sachent la saisir. Étant donné que tous les sondages donnent la coalition de droite Fratelli d’Italia-Lega-Forza Italia en tête, de sorte que le PD fait face à une course dans laquelle il part avec un désavantage considérable et ne peut que progresser. L'élément positif est avant tout le fait que la droite sorte radicalisée du drame de mercredi. L'image modérée du « berlusconisme » est en lambeaux, à tel point que trois ministres, Brunetta, Gelmini et Carfagna, et un sénateur, Cangini, ont déjà quitté Forza Italia. En outre, la dérive imposée par un Salvini à la recherche des voix perdues ouvre des espaces inattendus au Parti Démocrate. En effet, ceux qui apprécient le « programme de Draghi » ont peut-être soutenu par le passé le « centre » dans l'une de ses diverses expressions, sans exclure le soutien à une certaine aile du Parti Démocrate. Aujourd'hui, à deux mois des élections anticipées, la question est de savoir s'il existe un ou plusieurs acteurs politiques capables de reprendre l'héritage de Draghi et de le transformer en programme crédible. Ce ne peut être le centre-droit, pour des raisons évidentes. Enrico Letta a tenu des propos clairs : « La grande coalition n'existe plus ». Une déclaration irréprochable, si elle résiste à l'épreuve du temps. Dimanche, par exemple, les primaires en Sicile se dérouleront sur la base de l'accord avec le Mouvement 5 Etoiles. Et des voix s'élèvent déjà au sein du Parti démocrate pour distinguer l'alliance électorale « tactique » qui inclurait les 5 Etoiles et la formation du gouvernement de coalition qui exclurait les 5 Etoiles. »

Crise gouvernementale vue de l’étrangerPREMIER PLAN, La Repubblica, C. Ttito, « La stupeur de l'Europe face à la chute du Président du Conseil » : « Macron désigne dans un communiqué de presse Draghi comme un « grand homme d'État ». L'Europe prend position pour soutenir le Président du Conseil démissionnaire. Bruxelles et les chancelleries de l'UE regardent avec étonnement et inquiétude ce qui s'est passé en Italie et ce qui pourrait se passer ensuite. Macron déclare : « Le travail effectué par Draghi constitue une base très solide sur laquelle l'Italie peut compter dans les mois et les années à venir ». En effet, le Président français avait construit une entente particulière avec l'ancien Président de la BCE, qui a abouti au Traité du Quirinal. Les affaires de l'Union ont été guidées au cours des 18 derniers mois par le « triangle Rome-Paris-Berlin ».  Macron souligne « le soutien indéfectible » de Draghi « pour apporter des réponses européennes à nos défis communs, notamment face à l'agression de la Russie contre l'Ukraine ». Toutefois, les louanges adressées au Président du Conseil italien s'accompagnent d'une inquiétude quant à ce qui se passera dans les mois à venir. Selon la Secrétaire d'État française aux affaires européennes, Laurence Boone, « l'Italie va maintenant entrer dans une période un peu moins stable que la précédente ». L'affrontement sur les élections anticipées en Italie fait également rage au Parlement européen. Le chef du groupe PPE, l'allemand Manfred Weber, a déclaré : « Après le vote des 5-Etoiles contre le gouvernement, il est impossible de continuer avec eux. L'Europe, a besoin d'un gouvernement stable de centre-droit à Rome. Forza Italia sera pro-européen et le PPE sera à ses côtés ». Le Secrétaire du Parti Démocrate, Enrico Letta, a répondu : “Weber, vous n'êtes pas informé. L'un des principaux tueurs de Draghi était « Forza Italia”. » 

COULISSES, La Stampa, A. Simoni « Les Etats-Unis craignent une Italie prête à basculer et atlantiste “en apparence seulement” » : « A Washington, personne ne doute de la ligne atlantiste de l’Italie, la posture internationale – veut-on croire – ne subira pas de secousses, aucun retour aux tendances pro-russes de prévu. Ou du moins, pas de manière explicite. Cependant, même « un gouvernement qui se déclare atlantiste (…) peut tout à fait interférer avec les actions américaines ». Cela signifie que la ligne de conduite commune, adoptée sur toute une série de sujets (Ukraine, Chine, Méditerranée), pourrait vaciller au nom d’une définition différente des intérêts nationaux. L’Italie pourrait abandonner son rôle de premier plan vis-à-vis de l’Ukraine : après trois envois d’armes votés au Parlement, d’ici quelques mois, les aides pourraient passer des armes « à un soutien économique et à une assistance humanitaire ». Ce serait un signal de changement de direction politique évident. Devant une population fatiguée par une inflation galopante, les pressions en faveur d’une sorte de « désengagement progressif » pourraient s’intensifier : c’est, sur le long terme, la préoccupation principale des Etats-Unis. »

ANALYSE, Corriere della Sera, de F. Fubini, « La décision de Christine Lagarde et les conditions de Francfort pour défendre la dette italienne » : « Seul le provincialisme d’une partie de la classe politique italienne a pu laisser penser cette dernière que ce qui se passait à Rome restait à Rome et l’empêcher de voir que la capitale italienne est liée par un rapport d’influence réciproque à Bruxelles et à Francfort. Entre l’Italie et les centres névralgiques de l’UE, un équilibre harmonieux peut être atteint ou alors, au contraire, des difficultés et des frustrations peuvent surgir des deux côtés, lorsque la bêtise et l’incompréhension dominent. La décision de faire tomber le gouvernement Draghi a été lue comme la négation de ce rapport de réciprocité. Pourtant, plusieurs thèmes pèseront inévitablement et lourdement sur la campagne et sur le prochain gouvernement. L’inflation inquiète la BCE qui continuera à augmenter les taux. La Présidente Christine Lagarde a parlé d’une ombre ‘’noire’’ sur l’économie. Pour l’instant nous sommes entrés dans une phase de rigueur monétaire qui augmentera le coût de la dette italienne. Lagarde a présenté hier un ‘’instrument’’ de protection permettant l’achat des titres d’Etat en cas de grave déstabilisation. Cet instrument a été pensé précisément pour l’Italie. Il ne sera utilisé qu’à certaines conditions. Quel que soit le gouvernement qui verra le jour à l’automne, le respect de ces conditions devra être au cœur de son agenda. D’abord, il faudra contenir le déficit et chercher à le réduire et ce, bien que le Pacte de stabilité soit à ce jour encore suspendu. Cela fait des mois que la Commission européenne demande à l’Italie – et à Mario Draghi – de réduire les dépenses publiques et elle pourrait engager une procédure. Nous ne sommes pas à l’abri de tensions avec Bruxelles et Francfort qui déstabiliseraient financièrement l’Italie. L’obligation budgétaire fait son retour et marque la fin de la pluie de bonus et d’autres miracles. Le paiement des intérêts de la dette occupera une part budgétaire de plus en plus importante. Par ailleurs, l’Italie doit faire attention à ne pas donner l’impression qu’elle ne respectera pas les règles et les conditions, autrement les autres pays pourraient réagir en demandant des contraintes encore plus sévères. Enfin, les pays qui prétendent bénéficier du bouclier de la BCE doivent mettre en œuvre de façon ponctuelle les réformes du PNRR. Le Parlement italien devra notamment approuver la loi sur la Concurrence d’ici la fin de l’été. Le pays risque de perdre les 19 milliards prévus par le Recovery Fund. »

ARTICLE, Il Sole 24 Ore, « Erdogan : aujourd’hui, accord sur le blé ukrainien. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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Ligue : "Le dimanche 25 septembre [2022], la parole aux Italiens. C'est ton tour !"

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