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15/07/2022

"Négociation de la dernière chance : il faut l’accord de Salvini."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur la démission du Président du Conseil, Mario Draghi, à la suite de la décision des sénateurs 5 Etoiles de ne pas participer au vote de confiance sur le décret concernant les aides économiques contre la flambée des prix énergétiques. Les commentaires mettent en avant la « fin de l’unité nationale » (Stampa) d’une « politique souvent tentée par le suicide » (Corriere), tout en relevant que l’exécutif pourrait survivre grâce à la décision du Chef de l’Etat, S. Mattarella, de repousser la démission de M. Draghi en l’invitant à vérifier sa majorité devant les Chambres, mercredi prochain.  « La majorité s’effrite, Draghi jette l’éponge » - La rupture du M5S sur le décret pour les aides économiques provoque la réaction de Draghi « le pacte de confiance est révolu » ; Mattarella repousse sa démission. Le Président du Conseil s’exprimera mercredi devant les Chambres (Corriere della Sera), « La décision de choc de Draghi : je m’en vais » - Le Président du Conseil se rend au Quirinal après la décision du M5S de déserter le vote de confiance. Le Spread s’envole et les marchés tremblent. E. Letta : nous avons 5 jours pour le convaincre de rester, mais pour la Ligue les élections anticipées sont une option valable (La Repubblica), « Draghi démissionne, l’Italie plonge dans le chaos » (La Stampa), « Draghi démissionne, la Bourse s’effondre » (Sole 24 Ore), « Draghi s’en va, l’Italie vacille » - Le cauchemar des marchés, le Quirinal mise encore sur l’ancien banquier et l’hypothèse de nouvelles élections le 2 octobre prochain (Il Messaggero), « Le suicide de Draghi, qui a voté contre sa confiance » - Le gouvernement bénéficie toujours d’une majorité mais le Président du Conseil jette l’éponge. Conte veut aller jusqu’au bout : c’est nous qui décidons (Fatto Quotidiano). La disparition du fondateur du quotidien Repubblica, Eugenio Scalfari, est également citée en Une et dans les pages intérieures.

Les JT couvrent essentiellement la démission du Président du Conseil Mario Draghi qui a été rejetée par Sergio Mattarella et qui est donc renvoyée aux Chambres. En effet, sur le Décret « Aides économiques », le M5S n’a pas la confiance au gouvernement.  Les « rébus politiques » des différents chefs de partis sont mis en avant. Les nouveaux bombardements meurtriers sur les civils en Ukraine sont aussi couverts.

Sur Twitter, le hashtag #Conte, en référence à la décision du dirigeant du M5S de ne pas voter la confiance au Sénat sur le décret assurant les aides économiques, décision qui a provoqué la démission de Mario Draghi, domine.

EDITORIAL, Corriere della Sera, M. Franco « Le tort fait à l’Italie » : « La démission annoncée par Mario Draghi et « gelée » jusqu’à mercredi prochain sont le bouquet final d’une « législature populiste » et du triomphe des instincts suicidaires de la politique italienne. Giuseppe Conte, en jetant son masque de médiateur contraint de céder aux extrémistes, a montré hier son vrai visage. Avec des propos indignes d’un ancien président du Conseil, il a déversé toute responsabilité sur le Palais Chigi. Le populisme connaît bien l’art de ne pas assumer ses responsabilités et de les déverser sur les autres. En conséquence, Draghi est devenu le bouc émissaire idéal d’un Mouvement cherchant désespérément à récupérer quelques électeurs. Conte et le M5S ont préféré détruire la tentative de transition vers la stabilité et la normalité représentée par l’anomalie d’un exécutif d’unité nationale, dirigé par une personnalité des plus influentes, et mis en place par le Quirinal pour venir au secours d’un système de partis en voie de décomposition. Mattarella estime toujours que sans le bouclier de Draghi, l’Italie se montrera plus faible au niveau international et davantage exposée à la spéculation financière. Bientôt, les vainqueurs des élections de 2018 seront appelés à répondre de leur action : avoir fait tomber le gouvernement Draghi. Si tel est vraiment le cas, c’est un tort fait non seulement à l’Italie, mais aussi à l’Europe. »

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Breda « Les pressions du Chef de l’Etat pour que le Président du Conseil revienne sur ses pas » : « Il est presque l’heure du dîner quand Draghi communique sa décision au Quirinal. Hier, au Sénat, il a obtenu la confiance mais le parti de majorité relative n’a pas voté. Il s’agit là d’une plaie politiquement incurable. ‘’Il n’y a pas de sens à ce que j’insiste à me faire épuiser comme cela’’ aurait-il dit à Mattarella. Le Chef de l’Etat écoute en silence Président du Conseil, puis intervient : ‘’Je comprends parfaitement les difficultés et toutes les raisons que tu m’as données. La décision relève exclusivement de toi mais je t’invite à y réfléchir encore un peu. Somme toute, on ne t’a pas enlevé la confiance. Mettons de côté ta démission jusqu’à mercredi. Réfléchis bien, puis rends-toi devant le Parlement et évalue la situation’’. C’est donc une parenthèse de cinq jours qui s’ouvre, pendant lesquels le Quirinal espère que Draghi puisse revenir sur sa décision, même si cela sera, compte tenu de ses propos, très difficile. Draghi pourrait se limiter à fournir de simples « communications » et abandonner l’Hémicycle sans que celui-ci ne puisse s’exprimer par une motion, (alors qu’un débat serait inévitable) et se rendre à nouveau au Quirinal pour formaliser définitivement la crise. Ou bien, il pourrait changer d’avis et accepter de recommencer, dans l’éventualité où la feuille de route esquissée par Mattarella, pour porter la crise devant le Parlement et mettre les partis devant leurs responsabilités, viendrait à porter ses fruits. Mais c’est là une possibilité à laquelle presque personne ne croit plus. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Verderami « Une situation qui nous conduit vers des élections anticipées même si la moitié de la majorité est en train de chercher une solution » : « Malgré toute une série d’appels venant des bancs du Sénat et arrivés jusqu’aux institutions de Quirinal, afin d’éviter la crise, Draghi a fini par présenter sa démission. Nous assistons désormais à l’existence de deux grands blocs au sein du Parlement : l’un qui veut prolonger la mandature, et l’un qui fait pression, en revanche, en faveur d’élections anticipées. Quoi qu’il en soit, la solution se trouve dans les mains de Draghi. Tout dépend de ce qu’il dira devant le Parlement. Les partis sont déjà en train de faire leurs comptes sans lui car, sauf un coup de théâtre, Draghi ne sera plus là. Déjà hier matin, un ministre expliquait que ‘’la date de dissolution des Chambres sera fixée pour le 20 juillet. Grâce à ce décret, il sera possible d’aller voter dès le 25 septembre et ce, afin d’assurer au prochain exécutif la possibilité de rédiger la loi de Finances’’. Sauf si les partis parviennent à s’entendre pour donner leur feu vert à un gouvernement technique, dirigé par Daniele Franco, jusqu’à l’adoption du budget, pour ensuite aller aux urnes en février. L’hypothèse d’un gouvernement Franco ne déplairait ni à Forza Italia ni à la Ligue. Reste à voir ce qu’en pensent Berlusconi et Salvini. »

COULISSES, Il Messaggero : « Les marges de manœuvres du Quirinal sont limitées, ''Il n'y a pas d'autres noms'' : l'hypothèse du vote en octobre » : « ''Il n'existe plus d'alternatives.'' Selon le Quirinal aucune autre majorité gouvernementale n'est possible. Soit Mario Draghi reste au Palais Chigi, soit les élections anticipées seront inévitables. L’idée qu'un nouveau Président du Conseil de haut niveau puisse arriver au Palais Chigi pour guider le gouvernement jusqu'à la fin de la législature n'est tout simplement pas prise en considération par le Quirinal. C’est une position que le président Mattarella aurait partagé directement avec Draghi lors de leurs échanges d'hier. Le fait de ne pas avoir accepté la démission de Draghi ne doit pas être interprété comme un signal mais comme '’un devoir de démocratie et de transparence’’. Une date commence à circuler pour les élections : celle du 2 octobre. Cela permettrait au nouveau gouvernement de rédiger la loi de Finances ». 

COULISSES, La Repubblica, S. Cappellini « Négociation de la dernière chance : il faut l’accord de Salvini » : « Mario Draghi peut-il encore être convaincu ? « Oui », laisse filtrer le Palais Chigi, à condition que tous les partis le lui demandent et que ce nouveau départ se fasse sur des bases claires et déterminées. C’est, au fond, une situation analogue à celle de la réélection de Mattarella : cela semblait très difficile, mais cela a fini par se produire. Les partis demanderont-ils à Draghi de rempiler ? C’est possible. Parmi les forces principales, le PD et Italia Viva lui ont déjà demandé de continuer. Forza Italia tend à en faire autant, tout comme le M5S, après avoir déclenché la crise. Reste la Ligue. Ou, plutôt, les Ligues. Matteo Salvini mais aussi les gouverneurs et Giorgetti, convaincu que la crise puisse se résoudre « aux temps additionnels ». Salvini est pris entre Berlusconi qui veut continuer avec Draghi et la détermination de Meloni à demander des élections. La prudence lui suggère de ne pas perdre son alliance avec Berlusconi alors que se lancer dans une campagne électorale ne lui accorderait que le rôle de vassal dans la chevauchée de Meloni vers le Palais Chigi. Le parcours construit par Mattarella pour porter la crise devant le Parlement a un clair sous-entendu : ou bien un accord est trouvé pour repartir ou bien un nouveau vote sera indispensable. Il s’agit d’inviter les partis à regarder la réalité en face : dans une législature qui a déjà expérimenté toutes les formules politiques possibles, on ne voit pas bien comment des forces incapables de se regrouper autour de Draghi puissent trouver, en peu de jours, la détermination pour le faire autour d’une solution alternative. Les partis sont dos au mur : qui se défile doit savoir quelles en seront les conséquences. »

ENTRETIEN, Il Messaggero, de Paolo Gentiloni, Commissaire européen à l’Économie « Il faut de la cohésion, il est essentiel de continuer avec le PNRR » : « La Commission Européenne observe avec ‘’un étonnement inquiet’’ la crise politique qui s'est ouverte en Italie et qui a porté à la démission de Mario Draghi. Nous naviguons dans des eaux agitées avec la guerre, les tensions géopolitiques, l'inflation record et la crise énergétique. Grâce à un PIB à un niveau acceptable, nous ne traversons pas encore la tempête, mais cette navigation demande une cohésion importante et un fort leadership, deux éléments qui ont caractérisé le gouvernement de Mario Draghi. En considérant le cycle 2021-2023, l'économie italienne est en ligne avec celle des autres grands États membres et fait même un peu mieux de l’Allemagne ; Rome est en train de revenir au niveau d'avant la pandémie. La Commission évalue la possibilité de prévoir une limite maximum au prix du gaz en cas d'urgence et de dégradation de la situation, mais cela ne sera pas objet de discussions cette semaine.  Après l’été, nous présenterons notre proposition de révision du Pacte de stabilité, les contrastes entre les Etats sont moins forts qu'auparavant, cela pourra nous aider à trouver un accord. »

PREMIER PLAN, La Stampa, A.Barbera, « Tempête sur les marchés » : « Le contre-coup de la crise politique qui a éclaté à Rome aura lieu jeudi prochain, lorsque les dix-neuf gouverneurs de la zone euro se réuniront à Francfort. Deux questions intéresseront principalement l'Italie : la décision de relever les taux d'intérêt, pour la première fois depuis des années, et les moyens à mettre en œuvre afin d'empêcher une chute des rendements sur les obligations les plus faibles sur les marchés. La Banque Centrale Européenne possède désormais un quart de la dette italienne, ce qui permettra d'éviter de graves conséquences financières, du moins à court terme, même en cas d'élections anticipées. Cependant, la sortie des Cinq Étoiles de la majorité gouvernementale n'aurait pas pu se produire à un pire moment : juste avant une réunion cruciale des banquiers européens, en plein arrêt des livraisons de gaz russe et, sur le plan des réformes, en plein milieu des travaux. Les investisseurs ne sont toujours pas convaincus que le gong final ait sonné pour Draghi. Filippo Taddei responsable de la recherche pour l'Europe du Sud chez Goldman Sachs a écrit dans une note « le risque d'élections anticipées reste faible, il est plus envisageable que le gouvernement tienne jusqu'au printemps ». Un investisseur a déclaré « s'il n'y a pas de gouvernement la semaine prochaine, la résistance allemande à un instrument anti-spéculatif augmentera sans doute ».  La conséquence la plus grave d’un retour aux urnes serait l'arrêt du plan de relance. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, G. Riotta : « Après Johnson, Draghi : Kiev se sent plus isolée et craint de devoir faire des concessions aux Russes » : « Selon un conseiller militaire européen, qui a voulu garder l’anonymat : “[Après] la sortie de scène de Johnson, la défaite du Président français aux élections législatives, avec la gauche de Mélenchon, beaucoup moins hostile à Moscou, la crise italienne des Cinq-Etoiles contre Draghi est mal accueillie ici. Zelensky craint de perdre des amis de confiance. Un gouvernement italien fait de ministres qui demandent moins de sanctions contre le Kremlin, qui craignent l’augmentation des prix du gaz plus que la fin de la démocratie à Kiev, ferait vite regretter aussi bien Draghi que les ministres Di Maio et Guerini, toujours pro-occidentaux.” Un conseiller diplomatique américain analyse, quant à lui : “Si le Président Biden venait à perdre les élections de novembre et à ne plus contrôler le Congrès, il est possible que les 4 milliards d’aides alloués jusqu’ici ne soient pas renouvelés ou soient retardés jusqu’à 2023. Avec la flambée de l’inflation, la récession qui s’approche, la parité du dollar et de l’euro, les 6.2 milliards d’aides à verser à Kiev d’ici septembre seront-ils approuvés ? Le Congrès préférera-t-il rester neutre ?”. Un diplomate ukrainien, à la tête d’un groupe de travail au ministère des Affaires étrangères, conclut, inquiet : “Zelensky vient de remplacer l’ambassadeur ukrainien à Berlin, qui déplaisait aux Allemands. Opération de routine, a-t-on dit, mais c’est en réalité un geste de détente. Nous savons que beaucoup d’amis de Poutine gravitent autour de Scholz et, surtout, autour du Président Steinmeier. Les cercles liés à Poutine et à l’ancien chancelier Schroeder sont actifs en Allemagne. L’Italie est un point d’équilibre, le perdre serait une mauvaise chose.” » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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Frères d'Italie de Giorgia Meloni réclame des élections tout de suite.

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