Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/07/2022

"Jeu tactique parallèle entre le M5S et la Ligue."

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

La presse italienne titre largement sur la visite du Président du Conseil Mario Draghi à Ankara. Dans l’ensemble, les commentaires soulignent l’importance des accords stratégiques signés entre l’Italie et la Turquie, notamment dans le domaine énergétique et de la défense, et une convergence dans le souhait de favoriser le déblocage du blé en Ukraine et le retour de la stabilité en Libye. Les déclarations du chef de gouvernement sur la question migratoire pendant la conférence de presse sont aussi citées : « Draghi-Erdogan, le pacte du blé » - Un sommet s’est tenu à Ankara pour trouver des solutions à la guerre en Ukraine. (La Repubblica), « Draghi : l’Italie est ouverte aux migrants mais nous avons atteint la limite » (La Stampa), « Le pacte Italie-Turquie sur le blé » - Une entente a été trouvée entre Draghi et Erdogan sur les corridors alimentaires : une réponse de Moscou est attendue d’ici dix jours. Une entente a été trouvée également pour stabiliser la Libye (Il Messaggero), « Erdogan, un dictateur gentil » - Draghi fait l’éloge d’Erdogan au détriment des Kurdes (Fatto Quotidiano). Les tensions au sein de la majorité sur l’adoption du décret pour les aides économiques contre la hausse des prix énergétiques, dont la discussion a été suspendue, sont aussi citées : « La bataille des vétos » - C’est le bras-de-fer sur le décret devant allouer 15 milliards d’aides. Conte demande un renforcement du fonds pour la rénovation des bâtiments, les 5 Etoiles menacent sinon de sortir de la majorité. Le gouvernement reporte à aujourd’hui la décision d’une motion de confiance au vu des oppositions croisées (La Repubblica), « La majorité se divise sur le décrets pour les aides économiques » - Draghi fait des ouvertures au M5S : trouvez une entente et je ne demanderai pas le vote de confiance. Salvini déplore une attitude trop conciliante et menace à son tour de quitter le gouvernement (La Stampa). 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « Gaz, frontières, Ukraine, mais l’objectif d’Ankara reste l’accord de défense sur [Samp-t]» : « Lors du Sommet italo-turc, la question du gaz et notamment de la coopération entre l’Italie et la Turquie sur le gisement de Sakarya a largement été évoquée de même que d’autres projets communs. Pourtant, malgré les efforts de discussion des deux délégations, des questions épineuses persistent notamment sur les frontières maritimes entre Chypre, la Turquie et la Grèce. Pour le moment les tensions et les incertitudes sont encore trop grandes pour que l’hypothèse de faire transiter le gaz du grand gisement israélien par la Turquie avant de le convoyer vers l’Europe ne se concrétise. La sensation est que les relations et les consultations seront plus étroites suite à ce sommet et que la Turquie continue à vouloir jouer un rôle stabilisateur, notamment pour ce qui est de l’énergie. Mais les querelles entre les trois pays ralentissent et bloquent le secteur. La perspective d’adhésion de la Turquie à l’UE, gelée depuis des années, a également été évoquée lors de ces rencontres et Mario Draghi admet avoir fait pression sur Erdogan concernant le respect des droits de l’homme. Une série d’accords ont toutefois été signés par la délégation italienne constituée des ministres de l’Intérieur, Luciana Lamorgese (Indépendanre), des Affaires étrangères, Luigi Di Maio (M5S), de la Transition écologique, Roberto Cingolani (Indépendant), du Développement économique Giancarlo Giorgetti (Ligue) et de la Défense, Lorenzo Guerini (APrti Démocrate). Un de ces accords porte justement sur la protection des informations classées dans le domaine de l’industrie de la défense. L’Italie protège son savoir-faire et élabore un système de sécurité pour les échanges de secrets militaires car l’entrée de la Turquie dans le périmètre du projet franco-italien Samp-t accélère. Dotée de l’une des artilleries les plus modernes au monde, l’hypothèse est qu’Ankara viennent ajouter son industrie à celle de la France et de l’Italie. Erdogan déclare en avoir déjà parlé avec Macron lors du sommet de l’OTAN à Madrid. Les diplomates italiens soulignent toutefois un point sensible, la Turquie serait encore plus liée aux systèmes de l’OTAN et de l’Europe mais cela implique aussi de lui demander de renoncer aux systèmes anti-missiles qu’elle achète à Moscou, une anomalie absolue pour un pays appartenant à l’OTAN. »

ARTICLE, Il Messaggero, F. Malfetano « Les corridors Draghi-Erdogan pour le blé.  Sur les migrants, pour Draghi l'Italie est au bord du gouffre ». « De la défense à la police de lutte contre l’immigration, deux accords, cinq protocoles et une série d'ententes techniques ouvrent un axe de plus en plus solide entre Rome et Ankara.  Les ministres de l'Intérieur italiens et turcs ont également l'intention d'intensifier leurs efforts sur le front de la gestion des routes migratoires avec la naissance d'un Joint Security Strategic Cooperation Committee (JSSCC). Il vise un échange fonctionnel pour partager des informations et stratégies. « Il y aura une plus grande présence de policiers turcs en Italie et italiens en Turquie », résume une source diplomatique. Il y a également une ouverture sur le projet commun de missiles avec la France, qui avait été suspendu. L'accord signé par Guerini pour la protection mutuelle des informations classifiées dans l'industrie de la défense semble être la réponse exacte aux exigences d'Erdogan sur le développement du système de missiles Stamp-t. Rome, forte de ce nouvel accord, pourrait désormais servir de médiateur entre Ankara et Paris, avec qui les relations restent tendues en raison à la fois des revendications chypriotes soutenues par les Français et de la vente d'avions Rafale à la Grèce. Le sentiment est que le sommet a une fois de plus légitimé le rôle des deux dirigeants. Celle d'Erdogan en tant qu'interlocuteur crédible non seulement pour l'Italie, mais aussi pour l'Europe, et celle de Draghi en tant que leader clé pour la médiation. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La médiation est compliquée par des poussées extrémistes » : « Les dernières heures nous proposent à nouveau le paradoxe des deux populismes obsédés par le déclin et qui déversent sur Draghi leur propres tensions internes. Il y a comme un jeu tactique parallèle entre le M5S et la Ligue, visant à faire plier Draghi vers une médiation. C’est dans ce climat que se déroulera la rencontre entre G. Conte et le Président du Conseil. Il n’est pas clair, en raison des multiples avant-derniers ultimatums, si le chef du M5S a déclenché une dérive extrémiste qu’il n’arrive plus à contrôler et qui pourrait le pousser à présenter une liste de requêtes irrecevables. La prise de distance du M5S est le fruit d’une série de défaites et veut faire passer sur un deuxième plan les craintes d’une récession et de la guerre russe en Ukraine. Les marges de manœuvre sont bien étroites pour Draghi : il sait qu’il peut faire quelques concessions aux 5 Etoiles sachant que la Ligue peut à son tour en demander. Les propos du chef de groupe de la Ligue au Sénat « nous sommes responsables mais pas bêtes » ressemblent beaucoup aux avertissements des 5 Etoiles à l’encontre du Palais Chigi. Nous assistons à des calculs électoraux qui vont au-delà de l’intérêt national. Tout comme l’intérêt de ceux qui font vaciller le gouvernement. Cette situation n’est pas destinée à accroitre la crédibilité italienne en Europe. Cela pourrait porter de l’eau au moulin de Giorgia Meloni. Et cela ne peut faire que plaisir à V. Poutine qui voit en Draghi un obstacle à sa tentative de diviser l’Europe. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, C. Dominelli « Selon Giorgetti (Ligue), le futur n’est pas exclusivement électrique » : « Le message lancé est très clair : la transition décidée par l’Europe, et qui vise à interrompre la production de moteurs thermiques à partir de 2035 pour avancer sur l’électrique, met en danger l’industrie européenne, y compris la filière automobile italienne. Ce sont environ 30% des industries concernant les composants qui seront impactées et environ 70 000 employés. Des conséquences très lourdes que le ministre du développement économique, Giancarlo Giorgetti (Ligue), a expliquées lors de l’assemblée de l’UNEM (Union pour la mobilité). Le ministre est persuadé que ‘’nous ne devons pas lier le futur des transports à la technologie électrique’’, ouvrant à d’autres solutions pouvant réduire immédiatement l’émission de gaz carbonique, comme les biocarburants, et qu’il est ‘’nécessaire de proposer à la Commission Européenne une révision du paquet « Fit for 55 » qui prévoyait l’application du principe de la neutralité technologique.’’ » 

ARTICLE, Corriere della Sera, d’A. Logroscino, « Covid, les contaminations sont au même niveau qu’en février ; les hospitalisations sont en hausse, y compris en soins intensifs. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Basso « Les couteaux sont tirés au Parlement Européen contre la candidature d’un Italien » : « Les couteaux sont tirés au Parlement Européen et la cible serait un Italien : Alessandro Ciocchetti, chef de cabinet de la Présidente Roberta Metsola. Ciocchetti pourrait devenir le prochain Secrétaire Général, ce qui représente un siège de prestige car il dirige toute la machine administrative. Un Italien à ce poste représenterait un exploit important pour l’Italie, car cela signifie aussi maintenir la charge pendant environ dix ans. Or, à Strasbourg, ce n’est pas un mystère que d’autres personnalités sont fortement intéressées : le socialiste Markus Minkler, qui n’a guère de chances, l’Espagnol Jaume Duch (Ppe), qui n’a pas le soutien de tout son groupe, la Polonaise Agnieszka Walter-Drop et la Finlandaise Leena Linnus. Les négociations sont encore en cours mais Ciocchetti aurait déjà le soutien du PPE, des Libéraux, de la gauche GUE, des conservateurs du ECR et probablement aussi des Verts. Mais c’est son passé qui le rattrape : comme l’explique le site politico.eu, Ciocchetti avait été l’assistant de Marcello dell’Utri, le politicien proche de Berlusconi qui a été condamné à 7 ans de prison pour ses rapports étroit avec la mafia sicilienne. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.