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28/06/2022

"Le règlement de comptes au sein du centre droit."

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Italie. Revue de presse. 

La presse italienne titre largement sur le débat politique au lendemain des élections municipales marquées notamment par la défaite de la coalition de centre droit ayant perdu plusieurs bastions historiques comme Parme et Vérone : « Centre droit, c’est le règlement des comptes » - Meloni critique Salvini pour le revers à Vérone et demande une réunion en vue des élections législatives. Le PD exprime des craintes pour la survie du M5S. Grillo s’est rendu à Rome pour voir les siens et affirmer le soutien au gouvernement Draghi (Corriere della Sera), « Le règlement de comptes au sein du centre droit » - Un dur échange a eu lieu entre les dirigeants après le désastre électoral. Meloni demande une réunion, Berlusconi rappelle l’importance de choisir des candidats modérés, Salvini offre un pacte avec le courant de la Ligue fidèle à Draghi (La Repubblica), « Enrico Letta : une nouvelle alliance de gauche pour freiner le populisme » - Entretien du dirigeant du PD qui plaide pour la hausse des salaires, la baisse des charges sur les salaires et le droit de citoyenneté pour les étrangers ayant fait leurs études en Italie (La Stampa), « Les maires gagnants sont ceux qui sont loin des partis » - Le PD se félicite mais les électeurs ont plutôt élu des candidats indépendants (Fatto Quotidiano), « Le PD se réjouit sans gagner » - Le paradoxe des démocrates qui perdent 4 maires alors que le centre droit a tout gâché (Il Giornale). 

ANALYSE, Corriere della Sera, « Le sentiment d’insécurité et les soupçons qui minent le centre-droit », par Massimo Franco : « Le retour encombrant de Silvio Berlusconi sur le devant de la scène est un mauvais signe pour le centre-droit. Que le fondateur du parti qui a remporté les élections en 1994 réapparaisse sous la forme d'un médiateur entre Fratelli d'Italia et la Ligue, souligne le chaos et les tensions entre alliés. Selon Berlusconi, ces résultats font de ses alliés des "extrémistes" à modérer. La fébrilité est manifeste en Lombardie, la Ligue cherchant à empêcher l’avancée de Fratelli dans son fief. Les accusations de Meloni à Salvini pour le ‘manque de soutien’ à son candidat à Vérone est le signe de la fragilité de cette coalition. Et le problème ne se limite plus à la compétition entre Meloni et Salvini pour le leadership, mais il s’agit désormais de la survie d'une coalition divisée, dont la Ligue est en train de devenir l'un des maillons les plus faibles. »

ANALYSE, La Repubblica, « Un centre-droit à refonder », par Stefano Folli : « Le vote de dimanche montre au centre-droit que rien n’est acquis. Bien sûr, il y avait eu les succès de Palerme et de Gênes. Et aujourd'hui encore, le sentiment moyen du pays tend vers le centre-droit, comme le rappelle Roberto D'Alimonte. Mais alors ? Seul un entêté incurable pourrait croire que l'étrange alliance Meloni-Salvini-Berlusconi n'a pas besoin d'être refondue. Il ne s'agit pas de dire "arrêtez de vous battre", comme s'il s'agissait d'une classe de vilains garçons. Ça aussi, sans doute. Mais le problème concerne l'absence totale de projet pour le pays, le refus obstiné d'exprimer une vision de l'avenir. Peut-il y avoir une droite dans l'Italie d'aujourd'hui qui ne soit pas au moins partiellement libérale ? Qui ne sait pas s'adresser, sinon par des slogans, au monde productif, aux professions libérales ? Qui n'a pas une idée novatrice de la relation entre l'État et le citoyen ? On dira que cette critique est excessive car en réalité le centre-droit est crédité de 48 à 50 % des intentions de vote, avec Giorgia Meloni en tête. Mais c'est une illusion, comme l'ont montré les élections municipales. Sans un leadership clair et reconnu, sans un thème fort à proposer à l'électorat, et disons même sans une classe politique crédible, les sondages sont comme une drogue subtile : ils donnent par moments un sentiment d'euphorie et le lendemain matin on se réveille avec la gueule de bois. Et cela signifie s'inspirer des penseurs libéraux-démocrates européens, qui veulent répondre à la crise de la démocratie par une idée positive de l'Europe, sans retomber dans le nationalisme. Après tout, en temps de guerre aux frontières orientales de l'Union, la première mesure d'une droite au pouvoir devrait être de rechercher la cohérence dans la politique étrangère et militaire. »

ARTICLE, La Repubblica, « Pourquoi le centre-droit divisé a perdu sa domination dans les villes » par Ilvo Diamanti : « Si nous voulons utiliser le concept de "champ large", inventé par Enrico Letta, pour définir la convergence des électeurs et de l'électorat dans de larges coalitions, nous pouvons dire qu'il y a eu un équilibre substantiel dans ces élections locales. Du moins dans les (142) plus grandes municipalités de plus de 15 000 habitants, où des votes ont été exprimés. Certes, le Centre-gauche, avec le M5S, l'a emporté dans 51 municipalités, tandis que le Centre-droit s'est arrêté à 48. Même chiffre que celui qu’il détenait avant les élections. Cependant, la balance semble équilibrée, par rapport à la situation précédente. La seule force politique "en chute" est confirmée comme étant le M5S.  En ce qui concerne les chefs- lieux de district, le rééquilibrage est plus clair. La plupart reste certes au centre-droit, mais pas de beaucoup : 13 contre 10, alors qu'auparavant la différence était beaucoup plus grande : 17 contre 5. Le centre-droit a perdu des villes importantes. : Vérone, Lodi, Alessandria, Piacenza et Catanzaro. Le Centre-gauche, en revanche, a perdu à Lucques et, surtout, à Palerme. L'impression est que l'abstention, à l'occasion des scrutins, a surtout pénalisé le Centre-Droit. Qui, au premier tour, avait obtenu de meilleurs résultats. A cette occasion, d'ailleurs, les logiques politiques " nationales " semblent avoir compté presque autant que les logiques " locales ". Alors que, traditionnellement, la figure du candidat prévalait sur toute autre raison. Les divisions nationales entre les partis et les dirigeants ont eu un impact significatif sur le vote dans les villes. Surtout au centre-droit, avec la concurrence entre Salvini et Meloni qui a pénalisé leurs scores. A gauche, en revanche, pas le même phénomène, malgré les profondes divisions qui ont traversé le M5S, surtout car le mouvement n'a pas un enracinement particulier sur le territoire. »

ARTICLE, La Repubblica, « Les scrutins relancent l’idée d’une grande coalition avec le centre mais l'accord pd-centristes reste encore un rêve lointain » par G. Casadio : «  Pour Enrico Letta, le "grand champ" est le pari de l'unité des forces politiques progressistes, pro-européennes, réformistes et écologistes, qui, là où elle est réalisée, fonctionnerait, comme le vote de dimanche l’aurait prouvé. Après la scission au M5S, la stratégie du "camp large" a le vent en poupe. La ligne de fracture entre les M5S et ceux qui ont rejoint le groupe "Ensemble pour l'avenir" de Di Maio, les libéraux-démocrates et les nouveaux centristes, est profonde. Mais certaines figures de ce nouveau camp refroidissent les esprits : Carlo Calenda est contre, et Matteo Renzi propose de gagner au centre avec des candidats modérés sur le modèle de Monza, où Berlusconi a été battu sur ses terres, après avoir soutenu à Viterbe une candidate de la société civile face à celle du centre-gauche. »

ANALYSE, La Stampa, M. Sorgi « Une non-victoire qui profite à plusieurs partis » : « Une analyse attentive ne peut que confirmer les difficultés au sein deux coalitions existant bien avant ces élections municipales. Cela fait craindre que, si rien ne change – et cela apparait assez improbable – il est facile de prévoir une issue des élections de 2023 semblable à celles de 2013 et 2018 : une « non-victoire » des deux coalitions. Si le centre droit gagne quand il est uni, et il ne l’est presque jamais, le centre gauche gagne parfois même quand il ne fait pas preuve de grande unité. A condition que le centre droit soit désuni. Si cela sert à assurer à Draghi une stabilité afin de pouvoir terminer son travail, et si cela peut être utile aux partis pour se régénérer, la « non-victoire » est la bienvenue. »

ANALYSE, Il Foglio « La politique de la protestation n’a pas d’avenir » : « Le paradoxe de la coalition de centre droit est que les deux partis qui se trouvent dans la majorité ont une posture bien plus critique sur la politique internationale de Draghi par rapport à celle du parti (Fratelli d’Italia) qui a voulu rester dans l’opposition. Et cela explique clairement la confusion qui règne au sein du centre droit. Pour attirer un électorat plus large, il faudra avoir cette capacité à interpréter les exigences de celui-ci, en donnant des réponses crédibles et pas purement démagogiques. A ce stade, on voit juste une insistance à demander une baisse des charges sur les salaires sans pour autant expliquer comment le faire en gardant la dette sous contrôle. Une coalition qui veut gouverner ne peut pas se limiter à recueillir et à amplifier le mécontentement. »

EDITORIAL, Il Giornale, A. Minzolini « Les masochistes et les malins » : « Les résultats des élections municipales ne secouent pas l’exécutif mais devraient inquiéter fortement le centre droit. Surtout parce que la coalition a été battue là où elle aurait dû gagner. On a l’impression que le centre droit ressent comme un plaisir à se faire du mal : c’est là un masochisme qui n’est pas caché et qui peut porter au harakiri. L’échec repose beaucoup sur l’image ternie du dirigeant de la Ligue, Salvini, qui paie le prix de la perte de vitesse du souverainisme. Comme le M5S est en train de payer pour celle du populisme. »

ANALYSE, Domani, G. Merlo « Le centre droit découvre qu’il n’a pas de classe dirigeante sur le territoire » : « Dans les régions du nord, la Ligue, Fratelli d’Italia et Forza Italia ont produit par le passé une classe politique dirigeante et de référence. Or maintenant, ils se retrouvent avec un réservoir vide et contraints à présenter des candidats issus de la société civile qui n’ont pas d’expérience politique. Quelque chose s’est brisé. Cela s’explique notamment par l’affaiblissement progressif de Forza Italia, mais aussi par la compétition de plus en plus ouverte pour le leadership de la coalition. C’est une compétition qui se reflète sur le choix des candidats. Des candidats de la société civile ou de vieilles gloires, c’est le choix inexorable auquel le centre droit semble désormais se résigner. »

ENTRETIEN, La Stampa, d’Enrico Letta, dirigeant du PD « C’est une victoire contre le populisme mais maintenant il faut travailler pour créer une nouvelle coalition sur le modèle de l’Olivier » : « ‘’Dans l'année qui vient, nous devons élaborer un projet, un nom, un programme et un contenu pour une nouvelle coalition. Il y a de nombreuses familles impactées par l’inflation, la flambée des prix énergétiques et par la précarité de l’emploi. Nous devons donner un signal à ceux qui n’arrivent pas à boucler leur fin de mois, sinon nous nous retrouverons avec les gilets jaunes italiens. Pour gagner les élections législatives de 2023, il ne faut pas miser sur les divisions internes au sein du centre-droit. Je n'ai jamais pensé un seul instant que je pourrais recevoir des cadeaux inattendus de leurs divisions. L’Olivier a toujours été un modèle parce qu'il a été une grande force de mobilisation et d'expansion allant au-delà de la classe politique. Le nom de la nouvelle coalition sera le fruit d'un travail commun. Mais il faut de la solidité, du sérieux et de la responsabilité. Quant à la réforme sur le droit à la citoyenneté pour les étrangers ayant étudié en Italie, le « jus scholae », il arrive maintenant à la Chambre et il est prioritaire de l'adopter. Parmi les autres mesures à adopter, il y a celle de la question salariale, qui devrait être résolue par le salaire minimum, avec une baisse des charges salariales qu’il faudra insérer dans la Loi de finances. Mais faisons en sorte qu'elle soit effective avant 2023" »

ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, d’Andrea Orlando, ministre du Travail (PD), par M. Guerzoni: « Au centre, c’est la cohue. Nous devons miser sur les thèmes sociaux et sur des réponses plus radicales » : « Toute proportion gardée (en raison de l’abstention), le résultat des élections locales me semble positif et encourageant pour le centre-gauche. Une coalition ouverte, plus que large, capable d’inclure la société civile, est compétitive au niveau local et peut compter sur une sélection plus efficace de la classe dirigeante. Il me semble que le centre-droit, en revanche, paye cher ses tentatives de ‘’mélonisation’’. Un PD qui ne pose pas d’ultimatum et reste ouvert est un schéma qui pourrait fonctionner au niveau national. Il est vrai que le centre-droit peut être uni aux prochaines élections législatives, mais il doit aujourd’hui, et pour la première fois, composer avec une union dont le dynamisme vient des extrêmes. Il faut viser à élargir le plus possible le centre-gauche en partant non pas d’un modèle idéologique mais des circonstances et des demandes pressantes de la société, qui seront toujours plus fortes comme l’a démontré le vote français. C’est sur les priorités telles que les salaires, la lutte contre la précarité, la transition écologique, l’attention à la santé publique qu’il faut mesurer les distances et les points forts des protagonistes potentiels d’une ‘’grande alliance’’. Je crois que Conte a été au centre d’une agression (y compris médiatique) non justifiée. La réflexion sur les alliances privilégiées doit venir de toutes les parties qui entendent rejoindre l’alliance progressiste ; la scission contraindra le M5S à clarifier ses positions. Je vois un certain embouteillage au centre. Il risque d’y avoir plus de leaders du monde modéré que d’électeurs. Si nous regardons vers la France, nous voyons que le vote a tendance à se polariser fortement. Le centre-gauche doit se demander comment envoyer un message de radicalité. Si le centre-droit veut éviter la dynamique lepéniste, il doit se remettre en question. Sans quoi, nous aurons le paradoxe d’une force d’extrême-droite devenue le point de référence de la coalition. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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