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15/06/2022

"Les tensions au sein du gouvernement au lendemain des élections municipales."

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Italie. Revue de presse.

Les tensions au sein du gouvernement au lendemain des élections municipales, marquées par de faibles scores pour la Ligue et le M5S, font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs soulignent notamment les difficultés du gouvernement à faire adopter la réforme de la justice face à l’obstructionnisme de la Ligue et d’Italia Viva (centre/centre gauche) mais jugent toutefois improbable une crise gouvernementale, évoquant une « instabilité sans crise » (Repubblica) : « Tension avec la Ligue, premières secousses pour le gouvernement » - La majorité se divise sur la réforme de la justice. Letta demande une motion de défiance afin de surmonter l’enlisement de la réforme (Corriere della Sera), « La rupture de Salvini » - La Ligue, avec IV, livre bataille contre la réforme de la justice et ne retire pas ses amendements. Le mécontentement grandissant au sein de la Ligue pourrait pousser son leader à sortir de la majorité (La Repubblica), « M5S, Conte menace de provoquer une crise de gouvernement » - ‘’Ce sont les citoyens qui nous le demandent’’, affirme le dirigeant 5 Etoiles. Après les élections, le gouvernement se divise sur la justice : la Ligue et Italia Viva font de l’obstructionnisme (La Stampa).  

ARTICLE, Il Corriere della Sera, M. Franco : « Les menaces (prévisibles) des partis perdants » : « Les réactions des partis perdants ne pouvaient pas être plus prévisibles et sont le signe que les élections et le referendum ont porté un coup aussi bien à la Ligue qu’au M5S. Matteo Salvini prétend imprimer un « changement » après le désastre du referendum, se raidit sur la réforme du Conseil de la Magistrature et laisse entendre que la rupture pourrait être consommée à l’automne. De son côté, Giuseppe Conte menace : « Nous ne serons pas sages comme des images. Notre score dans les urnes pâtit du fait que nous soyons au gouvernement ». Derrière ces déclarations cependant, on assiste à deux forces politiques contraintes de rester, malgré elles, dans la majorité, au motif que toute tentation de rupture avec Draghi serait précédée ou suivie d’une fracture interne au sein de leurs partis. Pour Salvini, sortir de la majorité après une défaite cuisante signifierait céder à l’injonction de Meloni et reconnaître de facto le caractère subalterne de la Ligue, exposé de façon douloureuse par les urnes. Soutenir, comme l’a fait Conte hier, que le M5S paie le prix fort pour son « sens éthique » revient à revendiquer une pureté oublieuse des quatre ans passés au pouvoir tandis qu’affirmer que « nombreux sont ceux qui nous demandent de sortir [du gouvernement] » semble être un moyen de négocier avec le palais Chigi et d’apaiser les secteurs militants hostiles au Premier ministre. Le schéma est clair : se servir de la défaite pour en demander plus à Draghi, comme si c’était lui le responsable de la défaite, et, surtout, pour ne pas analyser à fond les raisons qui ont fait que l’électorat les a punis, eux, et non les autres partis également au pouvoir. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « L’instabilité sans crise » : « Comme le soulignait l’économiste Daniel Gros, Bruxelles attend de l’Italie davantage de détermination dans la mise en œuvre des réformes. Or on peut réellement parler de réformes une fois qu’elles ont été menées, et de ce point de vue un certain pessimisme est légitime. D’un côté les réformes sont indispensables, surtout en lien avec le Plan de Relance, mais Draghi doit faire face à une majorité aussi ample que propice à la paralysie à cause des différends internes. Les perdants de ces dernières élections, Salvini et Conte, ne sont pas en mesure de rompre avec l’exécutif à moins d’accepter de disparaitre complètement. Toutefois, tous deux devront rendre des comptes à leurs partis et justifier cette défaite. Tous deux invoquent déjà le ‘’prix payé pour avoir choisi de soutenir le gouvernement Draghi’’. Ce ne sont pas là les prémisses d’une crise mais plutôt la promesse d’une instabilité permanente. La Ligue comme les 5 Etoiles devront démontrer qu’il est possible d’être au gouvernement et en même temps de satisfaire l’électorat déçu. Pourtant on ne voit pas bien quelles pourraient être les idées innovantes que Salvini ou Conte voudraient apporter à l’action du gouvernement. Salvini doit contester le leadership naissant de Giorgia Meloni sur le centre-droit. Conte a du mal à admettre qu’il n’a plus la même influence sur les décisions de l’allié démocrate et refuse le rôle stabilisateur au sein du gouvernement Draghi que se propose le PD. Logiquement, Conte devrait sortir de la majorité pour passer à l’opposition en tentant de fédérer les groupes épars des gauches plus ou moins radicales, un peu à la façon d’un Mélenchon en France. D’ailleurs, le relatif succès de la Nupes dimanche prochain pourrait donner un peu d’élan médiatique à la version italienne. Mais il est difficile que cela se produise. L’immobilisme frénétique des perdants risque de déboucher non sur une véritable crise mais d’être tout de même paralysant. »

ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Matteo Salvini, leader de la Ligue: «  “J’attends des réponses de la part de Draghi. Je me donne jusqu’à septembre” » : « Par honnêteté, il faut valoriser nos victoires et les nombreuses communes que nous avons conquises sans sous-évaluer les défaites qui nous déplaisent et sur lesquelles nous devrons réfléchir. FdI bénéficie du fait qu’ils sont dans l’opposition. Nous, nous avons préféré, de manière responsable, nous occuper des problèmes des Italiens. Exemple : si nous avions été dans l’opposition [et non dans la majorité parlementaire], il y aurait eu une hausse des taxes sur les maisons des Italiens, la pression fiscale aurait augmenté, le droit du sol et le décret-loi Zan serait passés. Nous nous sommes sacrifiés pour la bonne cause. Le gouvernement doit en faire plus, autrement il décevra les attentes des travailleurs qui, un temps, étaient enthousiastes au sujet de Draghi. On en arrive à ce que les électeurs préfèrent rester chez eux. Les maires et les militants me signalent un ras-le-bol croissant envers un gouvernement qui penche à gauche sur trop de sujets. Nous avons décidé de soutenir le gouvernement parce qu’il était nécessaire de ne pas laisser le pays aux mains du PD et des Cinq-Etoiles qui étaient en train de le démolir. Draghi doit savoir qu’il y a des sujets sur lesquels nous ne sommes pas disposés à transiger. J’attends des réponses d’ici l’été. Je crains que l’automne ne soit très difficile. Il reste trois mois pour déminer le terrain. Quant à 2023, les électeurs ont toujours raison, mais je crois que le premier parti du centre-droit sera la Ligue. »

ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Renzi, leader d’Italia Viva,: « “Ceux qui voulaient faire tomber Draghi sont sortis perdants. Beppe Sala sera le protagoniste du nouveau centre” » : « Selon moi, ceux qui voulaient faire tomber Draghi ont perdu. Le Président du Conseil est plus fort qu’auparavant. C’est mieux ainsi : des mois difficiles nous attendent, à commencer par l’inflation et la perte de pouvoir d’achat. L’Italie a besoin d’un grand pacte social, non pas de l’affaiblissement de Draghi. En France, Macron a changé le cours de la politique, mais il s’est servi d’un modèle institutionnel – celui du scrutin majoritaire à deux tours – que l’Italie a malheureusement repoussé en annulant notre réforme. Sans scrutin à deux tours, c’est moins facile mais cela reste possible. Un Centre réformiste qui dise non aux souverainistes et non aux populistes n’est pas seulement possible mais aussi strictement nécessaire. Un troisième pôle centriste [Renzi-Calenda] à égale distance de la droite et de la gauche serait plus fort, en termes de chiffres, qu’une alliance avec le seul PD. Mais il est encore trop tôt pour faire un choix. Beppe Sala pourrait être un élément clef de cette nouvelle aventure et, avec lui, de nombreux administrateurs réformistes locaux. De nombreuses personnes se sentiraient chez elles, au sein d’un groupe sur le modèle de « Renew Europe ». Toute seule, la liste d’Azione ne va pas bien loin. Au total, Azione a élu moins de maires et moins de conseillers qu’Italia Viva. En somme, un accord entre réformistes serait profitable à tout le monde, Calenda compris. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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