Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/06/2022

"La Ligue perd son pari sur les référendums."

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

La presse italienne titre largement sur le premier tour des élections municipales en Italie et des référendums d’initiative populaire sur la justice, en signalent notamment « l’échec » de ces derniers, avec moins de 20% de participation, alors que 50% étaient requis pour qu’ils soient considérés comme valides : « Les urnes vides, le référendum échoue » - Le questionnaire sur la justice n’atteint pas le quorum nécessaire. Le taux de participation ne dépasse pas la barre des 20%. Selon les sondages de sortie de bureau de vote, le centre droit s’imposerait à Gênes et à Palerme (Corriere della Sera), « Elections municipales, le centre droit devant mais la Ligue perd son pari sur les référendums » - Les premiers sondages indiquent une défaite du centre gauche à Gênes et à Palerme. A Vérone, le candidat de la gauche devance tous les autres au premier tour. La Ligue dénonce un « sabotage » contre les référendums (La Repubblica), « L’échec du référendum, la droite donnée pour gagnante » - Seul 1 électeur su 5 se prononce sur le référendum. La Ministre Cartabia (indépendante) invite les partis à aller de l’avant avec la réforme (La Stampa), « Le flop des référendums ; la droite s’impose dans les villes » - Les sondages de sortie de bureau de vote prévoient la victoire de la droite à Gênes, Palerme, L’Aquila et Catanzaro. Le centre gauche premier à Parme et Vérone (Il Messaggero). Le premier tour des élections législatives en France est aussi largement cité, les observateurs se divisent : certains relevant que la majorité du Président Emmanuel Macron tient et s’achemine vers une victoire, d’autres soulignant que J-L Mélenchon sortirait gagnant et la possibilité d’un succès au second tour « Macron résiste, ex-aequo avec Mélenchon » (Corriere della Sera), « France, ex-aequo entre Macron et Mélenchon » (Il Messaggero), « Mélenchon inquiète Macron, la majorité est en danger » (La Repubblica), « Le tournant en France : Mélenchon devant au premier tour, le siège de l’Elysée ne fait que commencer » (La Stampa), « France, Macron tremble, rattrapé par les communistes » (Il Giornale).

 

Les JT couvrent essentiellement l’échec du référendum sur la justice qui n’a pas atteint le quorum nécessaire et les premières estimations de résultats des élections municipales, le premier tour des élections législatives en France, la bataille cruciale de Severodonetsk et le débat sur la vente d’armes aux Etats-Unis.

Sur Twitter, les hashtags #Referendum et #Salvini, en référence aux référendums d’initiative populaire de dimanche, font tendance. Le hashtag #Salvini est également utilisé en référence aux déclarations de l’ambassade de Russie en Italie selon laquelle elle aurait anticipé l’achat des billets d’avion pour la visite à Moscou (ensuite annulée) du dirigeant de la Ligue.

ARTICLE, La Repubblica, E. Mauria « Les billets pour Moscou de Salvini ont été payés par les Russes : mystère sur le remboursement cinq jours après » : « L’histoire se noue entre le 26 et le 31 mai, avec des billets d’avion payés par les Russes, un plan de paix élaboré sans que le gouvernement n’en ait connaissance et validé par l’ambassade russe, et un voyage à Moscou organisé sans en faire part aux membres de la Ligue. Il faut aussi revenir au 19 mai, date à laquelle Draghi est intervenu devant le Parlement pour parler de la guerre en Ukraine. A cette occasion, Matteo Salvini s’était opposé à l’envoi de nouvelles armes à l’Ukraine et avait fait deux proposition à Draghi : ‘’essayez de demander à Moscou de renoncer à la candidature pour l’Expo et de la donner à Odessa’’ et ‘’demandez le déblocage des navires chargés de blé’’. C’est le conseiller Antonio Capuano qui révèlera à Repubblica  que ‘’[lui] et Salvini en [avaient] parlé à l’ambassade de Russie : les Russes avaient dit que sur ce point (le déblocage des navires) nous pouvions faire des pressions’’. Le 26 mai, l’ambassade de Russie achète des billets d’avion pour Moscou : d’après la porte-parole de la représentation diplomatique russe à Rome, il s’agissait d’une ‘’assistance technique’’ pour les difficultés que Salvini et ses accompagnateurs (une délégation de trois personnes) avaient rencontré pour les payer en roubles. Hier, le dirigeant léguiste a bien entendu confirmé cette version. Toujours est-il que Salvini et ceux qui le conseillent n’ont pas eu de scrupules à se faire payer un voyage par un pays soumis à des sanctions par le bloc occidental et accusé d’avoir envahi un Etat souverain. La seule chose certaine est que pendant cinq jours, le voyage de Salvini en Russie (qui a été annulé après avoir suscité les polémiques) a été soutenu par une contribution russe. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Une défaite annoncée » : « Le grand perdant de cette consultation du 12 juin est sans doute l’outil du référendum d’initiative populaire lui-même, cet instrument qui a pourtant marqué l’évolution de la société italienne, et qui a été victime d’une utilisation dénaturée par la politique. L’avoir transformé en une sorte d’arme contre le Parlement a été une grande erreur. Le taux d’abstention important a remis la balle dans le camp de la politique dans un contexte aggravé par les polémiques avec le monde judiciaire. Les responsabilités politiques sont bien évidentes et bien distribuées. Tout d’abord Matteo Salvini, qui avait organisé ces référendums avec le parti radical à l’occasion d’une alliance de circonstance et peu naturelle, mêlant à la fois défense de la magistrature et hostilité à l’égard de celle-ci, considérée comme « politisée ». Derrière cette union, on pouvait voir l’ombre de Berlusconi et de Renzi, qui ont soutenu et favorisé la campagne de la Ligue. Il est inutile d’accuser les médias de ne pas avoir assez parlé de ces consultations pour cacher une défaite cuisante, sur tout le territoire national. Par ailleurs, évoquer un «référendum volé » (à l’instar de ce que Trump appelait « l’élection volée ») accentue l’impression qu’ils cherchent des excuses peu crédibles et d’avoir perdu le contact avec la réalité. Quant aux élections municipales, les premiers sondages de sortie de bureau de vote confirment que le centre droit reste tendanciellement majoritaire, mais porté par certains partis en son sein, ce qui affaiblit l’union et la crédibilité de cette coalition dans son souhait de gouverner le pays. Au centre gauche, si le Parti démocrate peut revendiquer un bon résultat comme parti, le soutien de l’allié M5S se confirme toutefois comme peu concluant. Dans la perspective des élections législatives de 2023, la situation est difficile pour les deux coalitions. Le défi pour Draghi sera à présent de gérer les défaites d’une partie de sa majorité. L’échec de certains partis ne vient pas de la participation ou de l’exécutif mais de la manière peu convaincue avec laquelle ils ont fait campagne. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de N. Pagnoncelli, « Des questions peu compréhensibles, un outil ‘’usé’’ et une faible mobilisation ; les trois raisons d’un échec » : « Lors du referendum, le quorum n’a pas été atteint et il ne peut donc pas être validé. On pouvait s’y attendre, essentiellement pour trois raisons. D’abord le faible écho médiatique autour de ce rendez-vous référendaire sur lequel le débat est resté en sourdine, a peu mobilisé les partis et a très peu intéressé les électeurs dont 82% déclaraient pourtant (d’après les sondages) savoir que ce vote aurait lieu. Ensuite, la complexité des questions posées dans le cadre de cette consultation. Concernant au moins trois des cinq questions posées, une très large majorité de citoyens déclaraient ne pas être en mesure de juger de l’impact de l’abrogation des lois mentionnées dans le référendum. Des questions trop techniques d’un point de vue juridique et institutionnel. Enfin, le référendum abrogatif apparait ‘’usé’’, après avoir été utilisé 18 fois, pour 72 questions, depuis son instauration. Entre 1974 et 1995, la participation moyenne était de 70% alors qu’au cours des 15 dernières années la tendance s’est inversée : sur neuf consultations, huit n’ont finalement pas été validées par manque de participation. A l’inverse, la plus forte mobilisation a concerné les questions de la gestion de l’eau et le recours à la production d’énergie nucléaire, qui avaient suscité un important débat politique et médiatique. La désillusion des Italiens, en majorité persuadés de l’‘’inutilité’’ d’un tel instrument, s’est aussi renforcée par le fait que plusieurs lois ont fini par aller à l’encontre de l’avis exprimé lors des consultations. Il y a donc matière à réfléchir sur une utilisation plus appropriée de cet important outil de démocratie directe – mais il s’agit là aussi d’une vieille litanie. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito : « A Rome et à Paris, les souverainistes s’essoufflent » : « En ce dimanche électoral, quelque chose réunit la France et l’Italie : la défaite des souverainistes. Le résultat du référendum [sur la justice, ndlr] dans notre pays est parlant : il signe la débâcle de ceux qui l’ont proposé, sur le fond aussi bien que sur la forme. Le secrétaire de la Ligue a été la victime de ce qui avait pourtant, ces cinq dernières années, été son arme de prédilection : sa capacité à insuffler son populisme dans la mobilisation. Evidemment, ce modèle s’est consumé – et a explosé – à cause des ambiguïtés des Lombards sur la guerre en Ukraine et de leur compromission vis-à-vis de la Russie. Cela a généré une sorte de suspicion viscérale, une réaction épidermique mais définitive. Exactement comme cela s’est passé en France pour Marine Le Pen qui, bien qu’elle ne remporte pas moins de voix qu’en 2017, voit son espace de manœuvre réduit. Il semble que les sentiments des citoyens italiens et français soient reliés par les événements qui ont secoué l’Europe ces deux dernières années : le populisme suscite de la défiance. Les systèmes politiques classiques montrent des signes d’inadéquation dans toute l’Europe : en Italie, une grande alliance de partis est au pouvoir ; en Allemagne, pour la première fois, c’est une coalition de trois partis ; en France, Macron court le risque de devoir gouverner sans majorité absolue. Une situation qui peut provoquer la paralysie d’une Europe déjà à bout de souffle. Ce n’est peut-être pas un hasard si le Président français parle de réforme électorale à la proportionnelle. Au-delà des recettes sur les mécanismes électoraux, les systèmes politiques européens ont besoin de s’adapter, exactement comme l’Union a le devoir d’abandonner le principe de l’unanimité : dans le cas contraire, le défi du 21ème siècle pour le Vieux Continent est perdu d’avance. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.