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10/05/2022

"Poutine : non à une guerre totale. Von der Leyen et Macron désirent supprimer le vote à l'unanimité."

Italie. Revue de presse. 

Les commémorations du 9 mai à Moscou et le discours du Président V. Poutine font les gros titres des médias italiens avec large couverture photographique en Une. Dans l’ensemble, les observateurs relèvent une commémoration en « demi-teinte », sans grandes annonces de la part du Président Poutine, ce dernier se limitant à justifier la guerre en Ukraine en adossant la responsabilité à l’Otan. L’allocution du Président Emmanuel Macron à Strasbourg pour la clôture de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, notamment la partie où il invite la communauté internationale à « ne pas humilier Moscou » pour une reprise des négociations, est aussi citée : « Poutine reconnait des pertes » - Le Tsar baisse le ton et exclut une guerre totale. E. Macron veut relancer les négociations sans « humilier » la Russie (Corriere della Sera), « Poutine : aucune guerre totale » - Le Président russe ne parle pas de victoire et freine sur une escalade. Macron : on n’obtient pas la paix en humiliant Moscou, il faut une trêve (La Repubblica), « La parade en demi-teinte » - Lors des commémorations, le Président Poutine a dit non à la guerre totale (La Stampa), « Lors de la parade, Poutine accuse l’Otan et dit non à l’horreur d’une guerre totale » (Sole 24 Ore), « Poutine : non à une guerre totale » - Poutine accuse l’Otan mais exclut une escalade militaire en Ukraine. Macron lui tend la main (Il Messaggero).

COMMENTAIRE, il Giornale, de Paolo Guzzanti, ancien porte-parole de S. Berlusconi : « L’hypothèse d’une issue possible » : « Le discours de V. Poutine a paru désespéré et réaliste. Il est possible d’y voir des signaux d’ouverture de la part de Poutine. Macron a été le plus rapide à les saisir et à relancer le dialogue, annonçant qu’il y avait l’espace pour s’assoir devant une table et miser à la fin des affrontements. Avec un peu de chance, une perspective de cessez-le-feu, voire de paix, pourrait se concrétiser. Quelque chose a donc changé dans la posture de Poutine, c’est maintenant à l’Europe – et donc à Macron qui en assure la présidence tournante – de montrer qu’elle a compris ce message et d’en profiter avant que cette fenêtre ne se referme. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « La stratégie de Macron ‘’il faut une trêve, nous n’obtiendrons pas la paix en humiliant la Russie’’ » : « Hier au Parlement européen, le Président français a présenté un véritable projet pour une nouvelle Union Européenne, tentant de redonner du souffle à des institutions qui dernièrement étaient apparues fatiguées. Il établit implicitement le lien entre la nécessité que l’Europe soutienne l’Ukraine face à la Russie et la réforme des Traités. Il évoque d’abord le soutien à Kiev, la nécessité de rétablir la paix tout en empêchant une victoire de Moscou. Il prend aussi ses distances vis-à-vis des Etats-Unis lorsqu’il affirme que ‘’l’Europe n’est pas en guerre contre Moscou’’. Mais il souligne surtout l’urgence d’abandonner le système à l’unanimité au nom de l’ ‘’efficacité’’, avance l’idée d’une ‘’Confédération’’ qui serait étendue au-delà des 27 à tout le continent, y compris l’Ukraine. Du reste, le discours est prononcé dans le cadre d’une expérimentation innovante, faisant de l’implication des citoyens européens un projet politique. Sa vision est basée sur deux concepts clefs : l’efficacité, notamment face aux crises, et l’indépendance. ‘’Indépendance’’ fait ici écho à ‘’défense’’ mais aussi à l’autonomie énergétique ou encore alimentaire. Macron espère pouvoir amorcer le changement des règles dans ce sens dès le Conseil prévu fin juin. Il plaide en faveur de la majorité qualifiée lors des prises de décision, pour ‘’plus de rapidité de l’Union’’, un tabou en Europe. L’idée de Confédération est celle qu’avait avancée ces derniers jours le secrétaire du PD Enrico Letta. La Présidente de la Commission européenne estime elle-même que ‘’le vote à l’unanimité est désormais irréaliste’’. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Romano « Von der Leyen et Macron plaident pour une UE à plusieurs vitesses » : « Après un an de travaux, la Conférence sur l’avenir de l’Europe a remis aux présidents des principales institutions européennes un rapport d’une cinquantaine de pages dont plusieurs recommandations prévoyant une modification des Traités. C’est là un sujet clivant pour plusieurs pays membres. Quant à l’idée de surmonter l’obligation de l’unanimité au Conseil, cela ne nécessite pas une réforme des Traités. Il suffit d’utiliser l’article 48.7 (exception faite pour les sujets de défense). Von der Leyen semblait plutôt persuadée par cette deuxième possibilité. Le président français E. Macron, favorable à une modification constitutionnelle, a défendu l’idée d’une Europe à plusieurs vitesses. La proposition, qui nécessiterait d’une modification des textes constitutionnels, prévoit le souhait de confier également au Parlement le droit d’initiative législative. Le Parlement européen veut adopter rapidement un rapport avec lequel faire déclencher la procédure en vue de la naissance d’une convention. Il suffira alors de l’avis favorable de la majorité des membres (14 sur 27). Remettre la main sur les Traités signifierait mettre à jour la Constitution après 10 ans de crises à répétition et éviter la dérive vers une méthode intergouvernementale utilisée notamment pendant la crise de la dette. Les gouvernements seront-ils tous prêts à donner plus d’espace à la logique communautaire, celle que Draghi appelle « le fédéralisme pragmatique » ? Si Berlin non plus n’exclut pas la possibilité de revoir les Traités, ici à Bruxelles plusieurs diplomates demeurent prudents : avant d’imaginer une réforme des Traités (à l’unanimité des 27), il faut qu’une majorité des pays soit favorable à la naissance d’une convention. »

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SONDAGE, Il Corriere della Sera, F. Stefanoni : « 53% des Italiens sont du côté de l’Ukraine mais 4 sur 10 sont neutres » : « Selon un sondage Ipsos (mené du 3 au 5 mai), la guerre ouverte par la Russie en Ukraine suscite surtout des appréhensions vis-à-vis de ses conséquences économiques. 46% des Italiens craignent que leurs familles puissent être frappées par l’augmentation des coûts de l’énergie, de l’alimentation et celui des taux d’intérêts. Viennent ensuite d’autres inquiétudes : 36% craignent que l’Italie ne soit entraînée dans la guerre (soit +5%), 8% nourrissent des inquiétudes vis-à-vis du nombre de réfugiés (soit -3%). 59% des Italiens pensent que la guerre se prolongera encore sur plusieurs mois tandis qu’à peine 3% se disent optimistes au sujet d’une résolution du conflit dans des temps limités. Au sujet des sanctions : 18% se déclarent « tout à fait favorables », 32% « assez favorables », 17% « peu favorables », 18% « totalement défavorables ». Si 47% jugent l’attaque du Kremlin comme une action basée sur des « prétextes infondés », 26%, sans pour autant justifier la guerre, reconnaissent à la Russie le droit de se sentir menacée par l’OTAN. 53% des sondés se déclarent en faveur de l’Ukraine mais 4 Italiens sur 10 ne prennent pas position. Un chiffre en hausse de 3% en un mois, pris sur le nombre de pro-Ukrainiens passés de 56% à 53%. »

PREMIER PLAN, Il Corriere della Sera, G. Sarcina : « De nouveaux envois d’armes et des soldats à déployer sur le flanc Est : ce que la Maison Blanche demande à Rome » : « Les Etats-Unis considèrent l’Italie comme un allié important. Toutefois, il n’y a aucune différence par rapport au passé. Pour l’Amérique, les premiers partenaires de référence sur le Vieux Continent restent le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Il y a, cependant, un « effet Draghi ». Biden reconnaît au Premier ministre la capacité de se porter garant d’une coalition hétérogène, marquée par les divisions sur l’envoi d’armes à l’Ukraine. Washington apprécie également la couverture politique offerte au Palazzo Chigi par le Président de la République, Sergio Mattarella. Après avoir demandé au Congrès un investissement massif pour aider l’Ukraine (33 milliards de dollars dont 20 consacrés à l’armement), Biden s’attendrait à « une contribution proportionnelle de la part des Alliés » : celle de l’Italie s’élèverait à 3 milliards de dollars, une somme finalement jugée irréaliste par le gouvernement américain même. « Nous connaissons les difficultés budgétaires de l’Italie. L’important, aujourd’hui, est que tous les alliés fassent quelque chose. Cela ne signifie pas que la contribution doive absolument être économique » déclare le général Taylor, ancien ambassadeur en Ukraine. De toutes les façons, Draghi se présentera avec l’engagement de faire passer de 500 à 800 millions d’euros les fonds alloués à l’accueil des réfugiés ukrainiens. Biden demandera à l’Italie d’envoyer encore plus de fournitures militaires à Zelensky, avec une préférence pour l’artillerie lourde. Draghi fera connaître au Président le contenu du troisième décret sur les armes. Washington pourrait également demander plus de soldats et de moyens militaires pour renforcer le flanc Est de l’OTAN. Biden invitera, en outre, Draghi à rendre plus rapidement l’Italie indépendante des fournitures en gaz russe. Il proposera d’autres fournitures, s’engagera à dévier vers nos ports des navires chargés de GNL destiné à la Corée ou au Japon. Il sera aisé pour Draghi de démontrer que les efforts américains ne sont pas suffisants : à l’heure actuelle, le gaz américain ne couvre qu’1% de notre consommation. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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