26/11/2021
"Traité, l'étrange prudence de la droite."
Italie. Revue de presse.
Le Traité du Quirinal, signé ce matin à Rome, est cité en Une des médias italiens avec couverture photographique, et est largement repris dans les pages intérieures. Dans l'ensemble, la presse italienne salue cette coopération renforcée vouée à renforcer les liens entre les deux pays ainsi que l'autonomie stratégique de l'Europe. Pour Repubblica, cette entente affaiblit les souverainistes, allant de M. Salvini, G. Meloni, V. Orban à M. Le Pen. « France-Italie, un pacte européen » - La signature pour une coopération renforcée est prévue aujourd'hui (La Repubblica), « L'entente avec Paris : ensemble pour une Europe plus forte » (Corriere della Sera), « L'entente entre l'Italie et la France pour changer l'UE » (Il Messaggero), « L'entente entre Draghi et Macron se renforce » (Il Giornale). La presse italienne titre largement sur la réforme de la fiscalité, suite à l'accord trouvé hier entre les partis de majorité : « Baisse des charges, des économies allant jusqu'à mille euros» - L'entente a été trouvée entre les partis, l'impôt sur les petites entreprises a été éliminé. Le patronat et les syndicats s'y opposent et veulent rencontrer Draghi (La Repubblica), « Une baisse des impôts pour la classe moyenne et une diminution des charges à hauteur de 7 milliards pour les entreprises » (La Stampa), « Une entente a été trouvée sur la réforme de la fiscalité » (Il Messaggero), « Réforme des impôts sur la production à hauteur de 7,5% » (Sole 24 Ore).
COMMENTAIRE, Repubblica, de Stefano Folli, « Traité, l'étrange prudence de la droite » : « L'affaire du traité du Quirinal décrit bien la condition particulière dans laquelle se trouve la politique intérieure depuis quelques années, déjà avant l’arrivée de Draghi. La question aurait toutes les caractéristiques pour être indigeste pour la droite qui se définit comme "souverainiste" ou nationaliste. Il est vrai que le texte de l'accord franco-italien n'est pas encore parvenu au Parlement (ce qui, malgré les apparences, n'est pas une anomalie ; ou du moins pas encore). Cependant, ce que l'on sait est déjà beaucoup et contredit toute la rhétorique d'un certain nationalisme en Italie. En somme, l'Italie et la France renforcent leurs relations dans le cadre d'une "coopération renforcée". La France se place alors au sommet d'un triangle qui comprend également sa relation particulière avec l'Allemagne, sur une ligne dans laquelle l'Italie se reconnaît traditionnellement aussi. Macron, on le sait, est l'ennemi numéro un des populistes " souverainistes " : ce n'est pas un hasard s'il est défié sur ce terrain par le nouveau nom de la droite, Zemmour. Il s'ensuit que, qu'on le veuille ou non, la perspective suggérée par le traité est l'exact opposé de celle que prônent Salvini et Giorgia Meloni, et leurs références européennes qui, sur le papier, continuent d'être Marine Le Pen (dans le cas de la Ligue italienne) et le Hongrois Orbán (pour la leader du FdI). Bien sûr, Forza Italia, fidèle à l'orthodoxie du Parti Populaire, n'est pas dans le coup. On suppose donc que le revirement, non sans quelques opacités procédurales, va déchaîner l'hostilité de la droite. La droite de l'opposition, évidemment. Mais aussi celle qui relève de la majorité. Pourtant, cela ne semble pas être le cas. Il y a eu quelques rares voix critiques, par exemple Claudio Borghi, qui "couvre" habituellement Salvini sur le front de l'intransigeance. Mais dans l'ensemble, la réaction semble faible et maladroite, si l'on pense que le traité marque un tournant par rapport à l'ensemble de la mythologie nationaliste. Certains vont jusqu'à dire qu'il est temps d'imaginer une "souveraineté européenne", plutôt qu'une souveraineté nationale. C'est comme si la Lega avait également entamé une conversion imposée par les circonstances. Le cas de Fratelli d'Italia, partie intégrante du groupe des conservateurs européens, est différent, mais là aussi, on observe une attitude relativement prudente. Dans le cas de la Ligue, les signes d'un pragmatisme croissant se multiplient, comme on le voit dans le cas des nouveaux passeports verts. C'est un signe du poids qu'exerce désormais le "parti des gouverneurs", en plus du "parti de Draghi" au sein de l'exécutif. Bien sûr, il est trop tôt pour dire si un "souverainisme européen" est réellement en train d'émerger, ce qui de toute façon ne serait pas une nouveauté : il ferait écho à la vieille idée d'une Europe "troisième force" qui a longtemps été caractéristique de la droite continentale. On peut peut-être dire que le "salvinisme" idéologique, disons, est à son crépuscule, et nous observons un leader moins gascon et plus attentif aux équilibres internes. Il est trop tôt pour dire quelles seront les répercussions sur le gouvernement. Cependant, le pragmatisme fait que la Ligue veut continuer à être - même en 2022, année préélectorale voire électorale - un élément relativement fiable en ce qui concerne les différents points de l'agenda de l'exécutif. Au sujet du Quirinal, Salvini a déjà fait savoir qu'il veut jouer un rôle constructif, au-delà du drapeau temporaire que représente la candidature de Berlusconi ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
16:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.