03/11/2021
"Un éléphant dans la pièce."
Italie. Revue de presse.
La Conférence de Glasgow sur les changements climatiques, et notamment l'accord trouvé sur la réduction des émissions de méthane et contre la déforestation, fait les gros titres de la presse italienne. Les observateurs relèvent dans l’ensemble un « accord en demi-teinte », avec des objectifs revus à la baisse par rapport aux attentes de la veille : « Plus de forêts et moins de gaz » - L'engagement de cent Etats d'ici 2030. Un fonds pour aider les pays les plus pauvres dans la transition énergétique a été institué (La Repubblica), « Cingolani : il faut avancer sur le nucléaire de nouvelle génération » - Le ministre de la transition énergétique s'exprime. Cop26, 20 milliards pour sauver les forêts (La Stampa), « Climat, un bazooka à hauteur de 5 milliards » (Sole 24 Ore), « Cop26 un accord à mi-chemin : plus de forêts mais les gaz restent » (Il Messaggero). Le débat politique autour de l'élection du Président de la République est aussi cité « La bataille sur le Quirinal » - Giorgetti soutient Draghi et critique Salvini. Tensions au sein de la Ligue (Corriere della Sera), « Draghi divise la Ligue » - Giorgetti évoque la possibilité que Draghi puisse gouverner depuis le Quirinal et provoque ainsi la colère de Salvini (Il Giornale).
Sur Twitter, l’hashtag #Puzzer est à signaler, en référence à l'expulsion du porte-parole des anti-pass sanitaire du port de Trieste, Stefano Puzzer, décidée par le Questeur de la ville de Rome en raison d'une manifestation non autorisée. Il s'agit pour la plupart de messages de solidarité qui évoquent une ''dictature sanitaire'' du gouvernement Draghi.
COMMENTAIRE, Repubblica, de Francesco Bei, « Un éléphant dans la pièce » : « Ce n’est pas tant la visite de Bolsonaro, mais surtout le défilé de Salvini à ses côtés qui fait réagir. Comment expliquer la présence du leader de la Ligue aux côtés du Président brésilien ? Certes, Bolsonaro est star au sein de cette internationale souverainiste et extrémiste à laquelle Salvini revendique d’appartenir. Mais plus qu’une star, une caricature. Au fil des années il les a toutes faites. Mais encore une fois, le problème n’est pas tant Bolsonaro, finalement cohérent dans son extrémisme. Le problème est Salvini, dont le parti fait partie d’un gouvernement plus que jamais engagé sur le plan diplomatique, du G20 de Rome à la Cop26 de Glasgow. Hier, le Ministre Giorgetti a déclaré que le tournant européiste de Salvini est encore inaccompli et qu’il doit plus clairement s’institutionnaliser. Or, Gorgietti fait semblant d’ignorer l’évidence : le tournant « inaccompli » de Salvini est très clair, il n’a jamais eu l’intention de s’institutionnaliser, en adhérant au gouvernement de Draghi, il espérait surtout profiter de la popularité internationale du Président du conseil. »
COMMENTAIRE, Repubblica, de Stefano Folli, «Draghi-Mattarella. Alternatives en péril » : « L’après G20 nous confirme que le système se fonde sur deux piliers : Mattarella au Quirinal et Draghi au Palais Chigi. Briser ce binôme peut être dangereux car les alternatives restent floues. Selon Giorgetti, léghiste très proche du Président du Conseil et très loin de son leader, il faut prolonger ce tandem au moins jusque 2023. L’autre proposition est celle d’un « semi-présidentialisme de fait » avec Draghi chef d’Etat mais à condition qu’il oriente le gouvernement. Cette dernière proposition voudrait dire s’engager dans des terres inconnues et en contradiction à la fois avec la lettre et avec l’esprit de la Constitution. Si Draghi est élu au Quirinal avec l’intention d’être un de Gaulle, la situation face à laquelle il se retrouvera ne sera pas celle de la France de 1958. Rappelons que le semi-présidentialisme gaulliste fut instauré par une nouvelle constitution avant et non après son élection. En somme, « la complexe architecture politique italienne » pour reprendre les mots de Biden, ne doit pas être forcée. Un raisonnement logique voudrait que Draghi reste au Palais Chigi et Mattarella au Quirinal comme garant des équilibres. D’autres solutions ne sont pas possibles et apparaissent même insidieuses : un système fragile ne peut pas se permettre l’instabilité. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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