02/11/2021
"Salvini, Meloni et Conte. Le drôle de trio qui souhaite voir Draghi au Quirinal."
Italie. Revue de presse.
L’ouverture de la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques, et notamment les déclarations des principaux dirigeants du monde sur le climat, fait les gros titres de la presse italienne. Les observateurs relèvent dans l’ensemble l’absence d’unité des participants ainsi que la « rupture » de l’Inde. L’intervention du Président du Conseil Mario Draghi est également reprise dans les pages intérieures : « La pression de Draghi sur le climat » - L’argent est là, utilisons-le bien. Mais les grands de la Planète sont divisés (Corriere della Sera), « Climat, l’Inde défie le monde : la neutralité carbone uniquement en 2070 » (La Repubblica), « La rupture de l’Inde sur le climat » - Un faux départ pour la Cop26 : la Chine est absente et Modi annonce que l’Inde atteindra la neutralité carbone en 2070 (La Stampa), « Climat, le match décisif » (Avvenire).
ARTICLE, Sole 24 Ore, de B. Fiammeri, « Le succès de Draghi au G20 freine les prétentions des partis » : « Tout se complique ; le ‘’succès de l’Italie de Draghi’’ au sommet mondial du G20 va avoir des répercussions, y compris sur la politique intérieure. Il sera plus difficile pour les partis de prendre leurs distances vis-à-vis des choix du Président du Conseil. Ce dernier sait d’ailleurs qu’une épreuve importante l’attend à son retour de Glasgow : de la loi sur la concurrence à la note budgétaire en passant par un éventuel prolongement de l’état d’urgence et donc du pass sanitaire. Autant de questions sur lesquelles les partis se divisent et de façon différente selon les sujets. Le Président du Conseil continuera à appliquer son approche ‘’multilatérale’’ pour les affaires intérieures. En attendant, la rencontre entre Matteo Salvini et le président brésilien, négationniste et anti-vaccin, Bolsonaro divise le centre-droit. Le leader de la Ligue serait d’ailleurs bien seul s’il décidait de s’opposer à la prorogation du pass sanitaire, puisque non seulement Luigi Di Maio du M5S s’est dit clairement favorable, mais aussi Forza Italia qui a récemment pris de nettes positions sur la question. De plus, la course à la présidentielle se rapproche et Berlusconi reste convaincu d’avoir ses chances. Le discours de Salvini est bien ambigu à son égard, rassurant Berlusconi et affirmant être prêt à soutenir une candidature de Draghi. Le centre-droit est en pleine réflexion, mais à ce jour, les centristes semblent bien distants de leurs alliés historiques. »
ARTICLE, Repubblica, de C. Vecchio, « Salvini, Meloni et Conte. Le drôle de trio qui souhaite voir Draghi au Quirinal » : « Comment expliquer cette étonnante convergence de trois leaders qui ont jusqu’ici manifesté un certain mal-être vis-à-vis du Président du Conseil ? Concernant Meloni, cela pourrait simplement s’expliquer par sa volonté d’organiser des élections une fois le Président de la République élu. Or, la réalité est un peu plus complexe. Tout d’abord, bien que la dirigeante de FdI soit dans l’opposition, nombreux sont ceux qui soulignent les excellentes relations qu’elle entretient avec le Président du Conseil. D’autre part, un passage de Draghi au Quirinal constituerait une forme de reconnaissance pour Meloni. En participant à un pacte entre partis du système, elle en ferait automatiquement partie. Quant à Salvini, qui traverse actuellement un moment de crise, il n’exclut aucune possibilité. Il sait que Draghi est le seul candidat qui peut espérer être élu au premier tour, seul scénario pour que le leader de la Ligue ne perde pas son rôle central actuellement en péril. Et pour finir, Conte, lui qui a toujours considéré Draghi comme un usurpateur. Sa stratégie s’explique par sa difficulté à s’affirmer au sein du M5S, et comme Salvini, Conte reste ouvert à toutes les voies possibles. A ce stade, Draghi est le favori, à condition qu’il assure la continuité de la législature jusqu’à son échéance naturelle, en 2023. Autrement, c’est la « méthode Leone » qui prendra le dessus. En 1970, c’est dans le chaos que Giovanni Leone fut élu président de la République. Et pour l’instant, celui qui a le plus de chance d’émerger du chaos est Silvio Berlusconi. »
ENTRETIEN de Luigi Di Maio (Ministre des Affaires étrangères), La Stampa, « Stop au chantage au sujet du Quirinal. Des élections anticipées paralyseraient le PIB de l’Italie » : « Conte n’a jamais dit que le G20 avait été un échec. Je salue l’accord entre les Etats-Unis et l’UE pour supprimer les droits de douane additionnels sur l’acier ou sur l’aluminium, la suspension du financement publics des centrales nucléaires ou encore l’engagement à vacciner 70% de la population mondiale d’ici mi-2022. Tous les résultats sont à attribuer à l’Italie et au leadership de Mario Draghi. Entre le départ de Merkel et la période des élections qui concerne de nombreux pays européens, il est inévitable que l’Italie et Draghi deviennent des points de repère. Concernant le nucléaire, je tiens à rappeler que l’Italie l’a écarté à deux reprises. Le rejet de la loi contre la transhomophobie est une défaite pour l’Italie. Il est évident qu’il s’agit d’une répétition générale en vue des élections au Quirinal. Je crains que l’on subisse un chantage pour organiser des élections anticipées [du Président du Conseil]. Cela signifierait bloquer la reprise du pays à un moment où nous devons gérer les fonds du Plan de Relance. Je n’ai aucune intention de m’immiscer dans le débat sur les élections de janvier. Par rapport au Parti démocrate, nous avons des identités différentes même si nous convergeons sur certains sujets tels que le travail ou la transition écologique. Nous avons aujourd’hui un gouvernement qui rassemble. J’aime travailler dans l’intérêt du pays et non pour celui des partis. »
ENTRETIEN, Corriere della sera, de Didier Reynders, Commissaire européen à la Justice « La rhétorique de la guerre ne mène nulle part. Il faut que la Pologne prenne au sérieux la question des droits » : « Pendant longtemps en Europe, on a pensé que les pays qui rejoignaient l’Union respecteraient automatiquement l’Etat de droit. Le constat de certaines dérives nous a montré la nécessité d’entamer un débat sérieux au sujet de l’Etat de droit. Il faut éviter de recourir à une rhétorique de Guerre froide. Depuis l’après-guerre, nous sommes un continent de paix grâce à l’Union européenne. Je me rendrai à Varsovie les 18 et 19 novembre pour rencontrer les autorités, les institutions judiciaires et le Parlement pour avoir le même débat qu’avec les autres états membres. Si la Pologne applique les décisions de la Cour de justice européenne, alors les discussions pourront reprendre et il y aura une évolution vers le respect de l’indépendance de la justice, comme le prévoient les Traités. Quant au risque d’un Polexit, 80% des Polonais est favorable à la permanence de la Pologne au sein de l’UE. Le cas de la Cour constitutionnelle polonaise représente une situation unique car c’est la demande du premier ministre qui va à l’encontre des Traités. L’incompatibilité est décrétée par une Cour nationale dont nous contestons l’indépendance. Si la situation ne change pas, nous aurons recours aux instruments qui sont à notre disposition, à commencer par l’activation du mécanisme de la conditionnalité liée à l’Etat de droit. Quant à la réforme de la justice italienne, le gouvernement a bien compris nos recommandations qui portaient surtout sur l’inefficacité de la justice, entravée par des procédures trop longues. Nous suivrons les progrès en la matière. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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