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05/10/2021

"Les résultats du premier tour des élections municipales, largement favorables notamment aux partis de centre gauche pour les grandes villes et marqués par une faible participation."

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Italie. Revue de presse.

Les résultats du premier tour des élections municipales, largement favorables notamment aux partis de centre gauche pour les grandes villes et marqués par une faible participation, font la Une de la presse italienne. Dans l’ensemble, les observateurs relèvent la chute des partis populistes (Ligue et M5S) qui avaient remporté les dernières élections législatives, et le renforcement conséquent du gouvernement de Mario Draghi « Les villes récompensent le centre gauche » - Milan, Bologne et Naples remportées par le centre gauche dès le premier tour. Rome et Turin auront un second tour. Salvini déplore les querelles au sein du centre droit (Corriere della Sera), « La chute des souverainistes » - Le M5S enregistre son record négatif le plus bas. Les candidats de la Ligue et de FdI battus à Milan et Naples. Le taux de participation s’écroule, seul un électeur sur deux a voté (La Repubblica), « L’échec des souverainistes et la revanche du PD » - Les démocrates s’emparent dès le premier tour de Milan, Bologne et Naples. Letta : « Draghi est maintenant plus fort. » Salvini fait son autocritique : « les candidats ont été choisis trop tard » (La Stampa), « Municipales : le centre gauche s’impose, le M5S s’écroule et le centre droit n’obtient que la région Calabre » (Sole 24 Ore), « Rome : ce sera un duel Michetti-Gualtieri » - Les candidats de FdI et du PD ne sont séparés que de quelques points (Il Messaggero), « Quand ils sont unis, le PD et le M5S gagnent » - Les partis de droite réunis essuient une défaite (Fatto Quotidiano).

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Caccia, « Le centre-gauche l’emporte à Milan, Naples et Bologne ; à Rome, Michetti arrive en tête » : « L’abstentionnisme est sans aucun doute le grand gagnant de ces élections : seuls 54,7% des citoyens se sont rendus aux urnes, un taux historiquement bas. A Rome ou à Milan la participation n’atteint même pas les 50%. Le centre-gauche l’emporte largement. Beppe Sala à Milan a obtenu un résultat historique, reconfirmé pour un second mandat avec 57,7% des voix, alors que le candidat de la Ligue n’a fait que 10,9%. Matteo Lepore l’emporte à Bologne avec plus de 62% et Gaetano Manfredi à Naples (63,2%). Les trois candidats du centre-gauche ont été élus dès le premier tour. Le dialogue entre PD et M5S a été décisif dans ces deux dernières villes. A Rome et à Turin, où les routes des deux forces politiques se sont séparées, c’est le M5S qui a perdu. Enrico Michetti (centre-droit, 30,4%) s’opposera à Roberto Gualtieri (centre-gauche, 27%) à Rome au second tour, Stefano Lo Russo (centre-droit, 43,7%) contre Paolo Damilano (centre-gauche, 38,9%) à Turin. Le centre-droit se console seulement en Calabre avec la victoire du candidat de Forza Italia Roberto Occhiuto (54,4%). »

COMMENTAIRE, La Repubblica, de Maurizio Molinari, « La géographie du réformisme » : « Le vote de plus de 12 millions d'Italiens aux élections locales récompense les modérés et punit ce qu’il reste des souverainistes-populistes, dessinant un pays qui, surtout dans les grandes zones urbaines, reflète l'approche pragmatique du gouvernement qui s'impose après la pandémie. Le succès des modérés a surtout les couleurs du centre-gauche car c'est le PD d'Enrico Letta qui a présenté des candidats capables d'être inclusifs et ouverts au changement, incarnant la saison de la relance après la pandémie. À Bologne, Naples et Milan, la nette victoire du premier tour est le résultat de ce choix et offre au centre-gauche autant de nouveaux éléments sur lesquels s'appuyer dans les mois à venir : Lepore représente un modèle de large coalition, Manfredi interprète le désir de rédemption de la mauvaise gouvernance et Sala incarne la volonté de faire de l'environnement une priorité. Mais attention car ce n'est pas tout : la vague modérée explique aussi à Turin un second tour entre deux candidats - Lo Russo de centre-gauche et Damilano de centre-droit - capables de se disputer n'importe quel morceau de la ville, ainsi qu'à Rome l'affirmation de Gualtieri et aussi le bon résultat de Carlo Calenda. Sans compter en Calabre le succès d'un centre-droit désigné par Forza Italia. Le perdant, en revanche, est ce qui reste de la formation populiste-souverainiste qui, il y a cinq ans, a gagné Rome et Turin avec le M5S, et il y a trois ans, a remporté massivement les élections générales, donnant naissance au gouvernement vert-jaune. Le M5S est sévèrement battu presque partout car sa recette de décroissance heureuse a appauvri les villes qu'il a gouvernées, dégradant la qualité de vie des citoyens, à commencer par les banlieues qu'il voulait récompenser. Et le centre-droit avec sa traction souverainiste, mené par le tandem Salvini-Meloni, a été humilié à Milan - un bastion historique dans le Nord - qui doit maintenant faire face à un délicat second tour à Rome dans un cadre de résultats, à partir de Naples, si faibles qu'ils décrivent la désertion d'une grande partie de son électorat traditionnel. A y regarder de plus près, la seule vraie surprise du centre-droit est Damilano à Turin, candidat choisi par Giorgetti et interprète d'une version modérée du centre-droit qui est l'exact opposé de ceux qui, dans la Ligue comme dans Fratelli d'Italia, luttent contre le Passeport Vert, flirtent avec le No Vax, rêvent d'une renaissance ethnico-nationale, entravent l'intégration des migrants et comptent dans leurs rangs des individus qui font référence au pire de notre histoire nationale. S'il est vrai que la politique vient du territoire, il ne fait aucun doute que dans l'Italie qui a souffert de la pandémie, ce qui prévaut est le désir de redémarrer avec l'économie et donc l'appréciation de la bonne administration, la compétence des candidats, le pragmatisme des programmes. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Massimo Franco, «Un double signal venu des villes : non aux pulsions populistes » : « La vague populiste est en train de s’affaiblir et de refluer. Il souffle aujourd’hui un vent bien différent des dernières élections de 2016 et 2018. L’effondrement du Mouvement 5 Etoiles était assez attendu. Celui de la droite souverainiste, non, pas autant et pas à Milan. Le résultat dans les urnes montre combien la lutte entre Matteo Salvini et Giorgia Meloni pour le leadership du centre-droit a été contreproductive et relance plusieurs questions comme celle du rapport avec l’Europe. Le PD a l’avantage et pourra insister sur l’axe avec le M5S, même si l’idée que Giuseppe Conte d’être ‘’un point de repère de la gauche’’ semble désormais dépassée. L’ex-Premier ministre se raccroche à la victoire commune à Naples et à Bologne et évoque des ‘’signes encourageants’’. Mais l’ensemble des forces politiques est traversé par une inquiétude liée aux symptômes d’un désintérêt pour la politique, nuancé par le choix de candidats au profil modéré. C’est en fait la loyauté envers le gouvernement de Mario Draghi qui semble l’avoir emportée auprès d’un électorat qui commence à apprécier la stabilité et la compétence. Chose qu’accepte difficilement la maire sortante de Rome qui avait fait de la ville une vitrine du M5S au gouvernement. Virginia Raggi a été soutenue par l’aile la plus irréductible et anti-Draghi du Mouvement qui s’oriente vers un déclin rapide. Le M5S tentera de mobiliser ce qu’il reste de ses appuis pour soutenir le PD au second tour, à commencer par Rome. Si Raggi annonce déjà qu’elle ne donnera pas de consignes de vote, Conte exclut toute convergence avec la droite. Letta tente d’élargir le dialogue au plus grand nombre, même si Calenda n’y semble pas tellement disposé. D’ici deux semaines, le centre-droit pourrait récupérer du terrain si Berlusconi parvient à convaincre Salvini et Meloni de se montrer plus unis. Mais la droite comme le M5S ont pêché par excès de confiance, sous-évaluant l’effet négatif d’un populisme divisé entre opposition et gouvernement. Sans compter la nouvelle phase inaugurée par l’arrivée de Draghi à la tête du gouvernement. »

EDITORIAL, Il Messaggero, P. Pombeni « Le choix des Italiens qui cherchent de la stabilité » : « Il faudrait se demander si nous ne sommes pas devenus à la fois Américains et Allemands : les premiers pour la hausse continue de l’abstentionnisme qui touche désormais la moitié des électeurs. Quant à l’Allemagne, les valeurs identitaires ont de moins en moins de poids et c’est surtout la compétence des candidats qui compte. Le PD semble avoir mieux saisi cette transformation sociale induite par l’expérience traumatique de la pandémie et de ses retombées. »  

EDITORIAL, Il Foglio, de C. Cerasa, « Les villes révoltées contre le bla-bla de Salvini et Meloni » : «C’est un revers pour la Ligue de Salvini, un croche-pied pour les cousins d’Orban, le parti de Meloni, une claque au vieux M5S et une caresse pour le PD de Letta. Les environ douze millions d’Italiens qui sont allés voter dimanche et lundi pour des villes importantes telles Rome, Naples, Milan, Turin, Bologne, Trieste et des régions importantes comme la Calabre, ont envoyé un signal intéressant. Nous avons assisté à une grande révolte, sincère et bruyante, contre le populisme. Les candidats de droite proches de Meloni et Salvini perdent et c’est la fin de la révolution 5 Etoiles. En revanche, les candidats les plus éloignés des deux leaders de droite s’imposent et à gauche se sont les candidats les plus à leur aise avec le PD de Letta (qui est élu au collège de Sienne) qui remportent le scrutin. Une saison où l'alliance rouge-jaune (Manfredi et Gualtieri sont deux anciens ministres de Conte) aura un avenir à condition que le PD parvienne à construire un nouveau rapport de force avec les M5 visant à enlever aux alliés la "part d'or" de la coalition. L’électorat de droite a pour sa part lancé un message de détresse à sa classe dirigeante : ils n’ont aucune envie de mourir populistes. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Walter Veltroni, « Comment la politique des ‘likes’ a épuisé la participation » : « L’issue du scrutin est incontestablement favorable au centre-gauche. Mais toutes les forces politiques italiennes devraient réfléchir à un phénomène qui devrait être alarmant pour tous : l’abstentionnisme. Dans aucune ville, excepté à Bologne, la participation n’a dépassé les 50%. Sur 5 ans, la baisse a été significative dans la plupart des grandes villes. Une part de l’électorat a certainement fait ce choix pour des raisons politiques. Les fanfaronnades sur le dépassement de la droite et de la gauche ont fini par démotiver des millions d’électeurs et les faire participer à la politique comme des spectateurs plutôt qu’en citoyens actifs. La politique des pouces vers le haut ou vers le bas, des ‘likes’, des insultes réciproques, du paraître comme fin en soi. Le populisme a épuisé, certainement pas régénéré, la participation. Cette fanfare a été l’alibi d’un spectacle gênant dont cette législature a été le théâtre. Toujours contre quelqu’un, jamais pour quelque chose. Le retour vers la bipolarisation de l’échiquier politique pour inverser la tendance. La politique doit prendre la question au sérieux. »

COMMENTAIRE, Il Giornale, de M. Zucchetti « Vétos et méchancetés croisés, les souverainistes marquent contre leur propre camp » : « Les mauvais résultats de l’alliance de droite sont aussi le fruit d’une sélection difficile de leurs candidats, arrivée trop tard et entravée par les piques, les oppositions croisées et les antipathies des deux âmes souverainistes de la coalition, en lutte fratricide pour la primauté à droite. Le tout a fini par dégoûter l’électorat. Il faut juste espérer que cette petite étape dans la course puisse servir de leçon en vue du « Giro » des élections législatives pour lesquelles il faudra une toute autre approche.»

ARTICLE, Corriere della Sera, T. Labate « Rome : Michetti reste prudent et Gualtieri espère un exploit » : « Nous voici vers la longue marche du second tour, dans un retour soudain du bipolarisme. D’un côté le centre droit, de l’autre le centre gauche. Michetti, conscient du fait que le populisme pourrait lui nuire, se présente en tant qu’homme d’action et pas d’idéologie. Pour sa part, Gualtieri, ancien ministre de l’Economie et médiateur dans les négociations du Plan de relance, sait qu’il peut compter sur son ancien Président du Conseil, Giuseppe Conte. Ce dernier lui aurait déjà assuré un soutien concret. Beppe Grillo aussi semble lancer un message aux démocrates ‘’nous avons fait l’impossible, maintenant nous devons faire le nécessaire’’ ».

ENTRETIEN, La Repubblica, de Enrico Letta, chef du Parti démocrate et vainqueur à Sienne : « "Quelle revanche sur ceux qui ont critiqué le PD ! En 2023, ce sera notre tour" ». : « "En mars, je n'aurais jamais imaginé une journée aussi extraordinaire. Nous avons la preuve que la droite peut être battue et que nous gagnons si nous nous rassemblons. Nous sommes de retour, partout, en phase avec le pays. Aujourd'hui, une nouvelle saison politique peut naître : un centre-gauche moderne et même radical, dans son comportement et dans ses thèmes. La démonstration qu'il n'y a pas d'opposition entre les droits sociaux et les droits civils : la personne ne fait qu'un et se réalise dans le travail comme dans son identité propre. La clé a été d’avoir privilégié l'unité : tout d'abord, l'unité interne au PD, qui nous a permis de dépasser les divisions du passé ; ensuite, l'unité du centre-gauche, que nous avons réussi à obtenir dans presque toutes les municipalités où le vote a eu lieu, alors qu'en 2016, la situation était inverse et nous n'avons pu remporter aucune ville au premier tour. Et puis l'unité du pays, qui a traversé une période très difficile : notre victoire renforce l'Italie car elle renforce le gouvernement Draghi." "Après le vote d'aujourd'hui, l'Italie est encore plus européenne car elle a récompensé une formation progressiste, qui a son point de référence en Europe et son centre de gravité dans le Parti démocrate. Dès l'année prochaine, nous devrons nous conformer à des règles budgétaires plus strictes et faire des choix compliqués : seule une coalition unie et cohérente pourra prendre la relève de Draghi en 2023. Mon modèle est celui de Scholz avec Merkel : garantir la continuité du gouvernement dans un parcours complexe. Je lance donc un appel aux alliés : pendant ces six mois d'unité, nous avons capitalisé un patrimoine, ne le dispersons pas". "Le centre-droit a fait un mauvais choix de candidats à la mairie, en choisissant des candidats de deuxième ou troisième ligne, et ce n'est pas moi qui le dis, mais les leaders de cette coalition. Mais se tromper de candidats dans les grandes villes n'est pas un détail : c'est la preuve que le centre-droit n'est pas fiable et que sans Berlusconi - qui était le fédérateur et a prononcé des paroles terribles - il est plus faible. Nous l'avons fait de nombreuses fois en nous réfugiant dans des excuses mesquines pour justifier une défaite. Même en Calabre, le taux de participation était faible et pourtant ils ont gagné, malheureusement. "Ce résultat montre que l'on gagne si l'on élargit la coalition au-delà du PD. »

PREMIER PLAN, Corriere, de E. Buzzi, « L’effondrement du M5S dans le Nord. Conte :  Au second tour, jamais nous n’appellerons à voter pour la droite’ » : « Par rapport aux dernières élections de 2016, les chiffres enregistrés par le M5S sont effrayants, avec de lourdes pertes : -25% à Rome, -20% à Turin et -13% à Bologne. Giuseppe Conte avait toutefois déjà prévenu le coup : ‘nous n’avons jamais eu un fort ancrage territorial mais nous commençons à entamer des discussions’. Quant au second tour : ‘À propos des second tours, j’ai toujours dit que les citoyens ne peuvent pas être pris pour des colis postaux, il est évident que notre programme n’a pas d’affinités avec le centre-droit’. Une lecture des données met en évidence que le M5S avance à deux vitesses : dans le Nord, le M5S a du mal à atteindre des scores à deux chiffres mais de Rome vers le sud, le M5S continue d’enregistrer des scores dignes. Entre l’amertume de ceux qui espéraient quelques points de plus et une certaine confiance dans le souffle national que continue d’avoir le parti, d’autres doutent de la coalition avec le centre-gauche : « nous sommes en train de nous désintégrer et je ne veux me réduire à être un spectateur » confie un député 5 étoiles. C’est également la figure de Conte qui fait débat au sein du M5S : Sodano, député pro Raggi accuse Conte de vouloir transformer le M5S en « junior  partner» du Pd. Pendant ce temps, à Villorba dans la province de Trévise, a lieu le premier affrontement entre les pro Casaleggio et le M5S avec 86 voix pour les premiers et 183 pour le second. ».

COULISSES, La Stampa, d’A. Barbera « Draghi va de l’avant sur les réformes : le gouvernement est maintenant plus fort » : « Aucun commentaire ne filtre depuis le Palais Chigi. Pour comprendre ce à quoi est en train de penser Mario Draghi, il suffit d’observer les signes concrets : premièrement, aujourd’hui, la majorité se réunit pour approuver la délégation de la réforme fiscale et l’adopter en Conseil des Ministres. Deuxièmement, c’est le parti le plus fidèle, le moins turbulent et le plus européiste qui sort victorieux de ces élections municipales : le PD d’E. Letta. Encore une fois, ce seront les faits qui nous diront si l’échec de la Ligue et du M5S renforcera l’action du gouvernement. Aujourd’hui seront adoptées les lignes générales. Il y aura des solutions qui seront saluées par l’électorat de la Ligue, comme la révision des taux de l’impôt pour les entreprises (Irap) et de la TVA. Il y aura aussi des mesures qui seront appréciées à gauche, comme le renforcement des instruments pour contrer l’évasion fiscale. Une chose est certaine : la chute du M5S rendra plus difficile le choix du candidat pour le Quirinal. Le parti qui exprime toujours le groupe parlementaire le plus large n’existe plus mais chacun de ses députés et sénateurs aura un poids dans le choix du nouveau résident du Quirinal. Si le second tour confirme la tendance du premier, ce sera la garantie d’un automne sans secousses pour le Palais Chigi. »

COULISSES, Corriere, de F. Verderani, « Un vote qui n’effleure pas le gouvernement. Le vrai match se jouera au Quirinal » : « Le président du conseil a commenté les municipales en convoquant un conseil des ministres aujourd’hui au sujet de la délégation fiscale. Un représentant du gouvernement explique qu’il s’agit ainsi ‘d’envoyer des signaux à la majorité. Draghi avait déjà son texte prêt. S’il a accepté de renvoyer la réforme à après les élections, maintenant il dit aux partis : nous avons des engagements à respecter’. Personne n’a la force de toucher au gouvernement. Si l’abstention est, comme le dit Meloni, le témoignage d’une ‘crise de la démocratie’, c’est également le signe d’une désaffection de l’opinion publique envers les modalités d’action des partis. La débâcle du centre-droit met en évidence l’absence de leader capable de faire la synthèse au sein de la coalition qui aujourd’hui en possède deux en perpétuelle compétition.  De l’autre côté, le Pd s’impose sur les ruines des 5 étoiles. C’est aussi la confiance dans le gouvernement qui ressort de ces élections : conscient que sa rhétorique l’a mené à la défaite, Salvini commence à abandonner ses provocations classiques, même lorsqu’il critique fermement l’hypothèse d’une réforme du cadastre. De l’autre côté, en l’espace de six mois, la rhétorique du Pd au sujet du gouvernement de grande coalition a complètement changé. Alors qu’au début elle était vécue comme un ‘danger’, Letta a affirmé que ‘grâce à notre victoire le gouvernement en sort plus fort’. Mais l’affrontement des partis ne fait que commencer et se déplace vers les élections au Quirinal : Meloni défie Letta en déclarant qu’elle votera pour Draghi à condition que cela suppose des élections anticipées dans la foulée. Mais c’est surtout à Salvini qu’elle s’adresse. Encore une fois, le centre-droit pourrait en sortir encore plus divisé en laissant le Pd décider de l’avenir du Quirinal. Or, le centre-gauche aussi est divisé sur ce sujet : Conte n’a pas de prise sur les groupes parlementaires et le Pd possède trop de candidats. Une énième crise des partis pourrait éclater au sujet du Quirinal. ».

COMMENTAIRE, la Repubblica, de Tommaso Ciriaco, « Draghi en est convaincu : le gouvernement peut repartir avec plus de force » : « A l’annonce des résultats, Mario Draghi réagit de la seule manière possible : en accélérant le programme du gouvernement. Aujourd'hui, en l'espace de trois heures, il demandera le feu vert du Conseil des ministres sur la nouvelle réforme fiscale. Il prévoit également de présenter le texte à la presse. Le message est clair : celui qui veut s’opposer le fera sur les réformes, car la ligne du Palais Chigi ne change pas. C'est justement la nouveauté de ces élections municipales : les souverainistes ont perdu. Les "extrêmes" de la majorité ont subi des dommages importants dans les sondages. Et Draghi profite de la victoire du "bloc institutionnel", dirigé par le PD et soutenu par les gouverneurs de Forza Italia, M5S et Ligue. Le Premier ministre peut interpréter le vote comme la confirmation d'un vent de stabilité qui souffle sur le pays. Le Premier ministre, qui avait investi beaucoup d'énergie pour maintenir la cohésion du gouvernement de centre-droit, doit gérer une nouvelle phase. Les effets ne sont pas encore prévisibles. La première réaction du leader de la Ligue a été de rappeler sa loyauté à la majorité d'unité nationale. Sincérité ou tactique ? Il est clair, cependant, que la défaite de Salvini pèsera dans la course au Quirinal. Le vote de la Ligue, qui a toujours été considéré comme fondamental pour assurer l'unanimité du centre-droit dans le choix du nouveau chef d'État, ne peut être considéré comme sûr. Il est vrai aussi que Giorgia Meloni lance un défi au PD : élisons Draghi au Quirinal et allons voter. Cependant, même dans ce cas, Draghi ne peut pas prévoir le résultat et doit procéder en se concentrant sur l'action du gouvernement. La faction gouvernementale - celle de Giancarlo Giorgetti, Luca Zaia et Max Fedriga - pourrait aller jusqu'à renverser la table. Mettre Salvini en minorité. Reconstruire un centre-droit différent, modéré, plus éloigné de Fratelli d'Italia. Mais comme il n'y a pas de fin pré-écrite, Draghi préfère pousser les réformes et consolider un nouveau cadre politique. Dans lequel la faction souverainiste n'a jamais été aussi éloignée. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, de Lina Palmerini, « Une première étape qui renforce l'unité nationale de Draghi » : « Au final, même si sur des épreuves décisives comme celle de Rome, il faut attendre le second tour, il y a un vainqueur provisoire. Pour Letta, le match ne s'est pas terminé hier, mais dans cette première mi-temps, il peut dire qu'il est en tête et qu'il a remis le PD dans le jeu. Aujourd'hui, le parti 5 étoiles dirigé par Conte vise ouvertement une coalition avec le parti démocrate, mais l'équilibre des forces entre les deux partis s'est inversé et le sceptre est de nouveau entre les mains des démocrates. Ainsi, nous nous dirigeons vers une clarification et un point ferme peut être mis à partir du deuxième tour dans le capital. Conte et Raggi seront-ils capables de prendre parti dans une bataille aussi cruciale entre les candidats de droite et de gauche ? Ce qui nous amène au centre-droit où, à part les confirmations en Calabre et à Trieste, tout se joue à Rome et, dans une moindre mesure, à Turin. Salvini lui-même témoigne avec beaucoup de réalisme du fait que le résultat n'est pas satisfaisant, disant qu'il doit faire son "autocritique" avant tout en ce qui concerne le taux de participation. Cependant, il considère également que le choix des candidats est "tardif". En bref, le leader de la Ligue des démocrates italiens a pris acte d'un résultat qu'il a manifestement jugé décevant. Il est clair que son analyse est différente de celle de Meloni, qui a toujours Michetti dans la course et vise la victoire. Mais dès les premiers mots de Salvini, il y a un premier pas vers le carrefour qui l'attend : choisir de quel côté se placer. Que ce soit avec Giorgetti qui appelle à une ligne plus gouvernementale et modérée ou que ce soit pour continuer à contenir l'opposition de Meloni. Hier, cependant, il semblait avoir fait un choix : "Personne ne devrait utiliser le vote pour faire tomber le gouvernement", a-t-il déclaré. Et il est significatif que dans sa première déclaration en tant que vainqueur, Letta ait dit la même chose : "C'est un résultat qui renforce Draghi". En résumé, le signal pour le premier ministre est une stabilisation de l'unité nationale. Et même si d'ici janvier il y a des manifestations dans la capitale et une série de choix économiques cruciaux avec la loi budgétaire, ce qui ressort, c'est que le jeu du Quirinal se jouera avec un objectif : ne pas aller à des élections anticipées. »        

EDITORIAL, Domani, de S. Feltri, directeur « Le meilleur des résultats pour Draghi » : « Quand Sergio Mattarella a chargé Mario Draghi de former un gouvernement, il a entamé un processus d’évolution du système des partis dont les fruits commencent à se voir à l’occasion de ces élections municipales. Le projet souverainiste de Salvini a disparu de manière définitive. Le dirigeant de la Ligue n’a pas réussi à forger un centre droit à son image. La perte de vitesse de Salvini semble inévitable et Meloni ne semble pas en mesure d’intercepter son électorat ou encore à prête à le remplacer. Pour le PD, les 5 Etoiles sont encore utiles. Mais au sein du Mouvement, plusieurs n’ont pas apprécié la posture de Conte. Il est clair qu’il ne sera jamais le candidat de la coalition mais uniquement l’administrateur du déclin du M5S. Ces élections ont déclenché des secousses telluriques au sien des partis mais il s’agit de « répliques » vers la stabilité. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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