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06/07/2021

"Mattarella parvient à démonter le bluff européen de Salvini."

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Italie. Revue de presse.

Le débat politique autour du décret de loi contre la transhomophobie et notamment le bras de fer entre le centre gauche et le centre droit sur les amendements est commenté : « Décret Zan, le PD défie l’entente entre la Ligue et Renzi » - Bataille sur les amendements soutenus par Salvini, Forza Italia et IV. Les démocrates dénoncent un « piège » (La Repubblica), « Le décret Zan passe son test » - Le vote au Sénat [sur le calendrier] est prévu aujourd’hui (Avvenire).

La visite d’Etat en France du Président de la République Sergio Mattarella est citée en Une et dans les pages intérieures. Les observateurs relèvent surtout une « entente retrouvée » entre les deux pays fondateurs et des priorités communes, notamment la nécessité de relancer l’Union Européenne et de régler la question migratoire ainsi que la « grande amitié » entre les deux présidents : « Mattarella chez Macron : un pacte pour l’Europe » (Corriere della Sera), « Mattarella et Macron relancent le projet d’une Europe forte » (Sole 24 Ore), « Mattarella à Macron : ne fermons pas les portes à l’Afrique » (La Repubblica), « Mattarella, l’entente avec Macron » (Il Messaggero).

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Massimo Franco « Les manœuvres sur la loi Zan, des tactiques aux embryons d’alliances » : « Au-delà des manigances, bien qu’elles pèsent aussi, l’opposition autour de la loi Zan sur l’homophobie montre bien, encore une fois, combien les alliances et les prises de position sont en train d'évoluer. L’entente entre Matteo Salvini et Matteo Renzi, avec leur tentative de médiation, suggère une solution alternative à la proposition du Parti démocrate et du Mouvement 5 Etoiles. Mais surtout elle donne corps à une possible alliance en devenir, qui se concrétisera lors du choix du prochain chef d’Etat voire peut-être sur les affiches de campagne électorale. Ces recompositions sont symptomatiques de cette période. Le grand symbole de ce chaos est le M5S mais les autres forces de la coalition de Mario Draghi aussi connaissent des tensions, y compris la Ligue et Italia Viva. C’est dans ce contexte en perpétuel mouvement tandis que le rôle de l’Italie au sein de l’UE devient un point de repère unissant Draghi et le Président de la République, en visite en France. Notamment parce que, il n'y a pas si longtemps, il y a eu cette tentation des 5 Etoiles de dialoguer avec les rebelles ‘’gilets jaunes’’ et que ces derniers jours l’ambiguïté du rapport de la droite avec le souverainisme euro-sceptique affleure à nouveau. Dans ce contexte chaotique l'Italie ne doit donc pas perdre de vue ses repères sur la scène internationale ni les valeurs qui comptent. Au fond, en rappelant l’importance de la solidarité internationale entre nations, on rappelle aussi indirectement celle du partage des responsabilités entre les partis. Une façon de dénoncer le danger de ces divisions systématiques, dans la lutte contre la Covid ou encore sur l’immigration clandestine. Là aussi, la réponse viendra de la solidarité interne autant que du soutien des nations voisines. »

Visite d’Etat en France du Président de la République Sergio Mattarella

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Stefano Montefiori « Macron-Mattarella, sourires et reconnaissance : la discorde enterrée, les ‘’soeurs latines’’ regardent vers l’Europe » - « ‘’L’Italie du Nord aurait dû être française. Il n’y a pas de différence entre Milan et Nice. Même peuple, même architecture, même façon d’être’’ déclare Eric Zemmour, journaliste de droite et potentiel candidat aux élections présidentielles. » « Au-delà des phrases de circonstances échangées, il est vrai que les deux chefs d’Etat ont un rapport spécial, notamment parce qu’il s’est forgé lors de la période plus difficile de l’histoire de leur relation, faite d’incompréhensions ponctuelles entre les deux ‘’sœurs latines’’. Même lors de la crise diplomatique de 2019, Mattarella a toujours maintenue ouverte la ligne du dialogue avec Paris. L’Italie et la France vivent aujourd’hui la meilleure période de leurs relations bilatérales depuis des décennies et Emmanuel Macron a réservé à son homologue un accueil particulièrement chaleureux, signe de reconnaissance mais aussi de convergences de vues concernant l’Europe et d’autres questions. Le discours prononcé hier à la Sorbonne par Sergio Mattarella s’inscrivait dans la continuité du Discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron en 2017 sur la relance de la ‘’souveraineté européenne’’, comme en réponse à ceux qui prônent une Europe évanescente et des Etats nationaux plus puissants. Pour autant, le Président italien n’a pas manqué de souligner les faiblesses de l’Union européenne actuelle, à commencer par la politique migratoire. Le thème avait déjà été au centre de la rencontre bilatérale de la matinée, dont un extrait a fuité par inadvertance. La méthode de la fermeture des frontières prônée en Italie par des partis comme Fratelli d’Italia et la Ligue a été qualifiée d’‘’illusoire’’ et Mattarella souhaite que la France et l’Italie soient les protagonistes d’une politique migratoire commune à l’échelle européenne. Enfin, la reprise des travaux en vue du Traité du Quirinal a été confirmée et il devrait être signé d’ici la fin de l’année. »

ARTICLE, La Repubblica, Anais Ginori, Concetto Vecchio, « Mattarella en France : "Il est illusoire d’interdire les arrivées d'Afrique" : « L'Europe s'est rachetée dans la gestion de la pandémie, mais l'incapacité à gérer l'immigration reste "un point de fragilité pour la conscience européenne", avertit le président de la République Sergio Mattarella à Paris. La rencontre a été très cordiale avec Emmanuel Macron à l'Elysée.  Cette visite est placée sous le signe de l’Europe et renforce les relations de l'Italie avec la France, après les tempêtes provoquées par Matteo Salvini et Luigi Di Maio sur les migrants et les gilets jaunes. Mattarella pousse à la conclusion du traité du Quirinal, un accord bilatéral de collaboration sur plusieurs fronts, que les deux gouvernements doivent signer à l'automne et qui comprendra la création d’un service civique franco-italien annoncé hier. C'est sur l'immigration que le président marque le coup le plus pertinent politiquement : "Certaines personnes ont l'illusion que nous pouvons mettre un panneau d'interdiction d'entrée" à l’égard de l'Afrique, a-t-il expliqué lors de la réunion à huis clos avec Macron, qui a exposé son "agenda africain", de la difficile mission au Sahel, où l'Italie est désormais partenaire, à la solidarité sur les vaccins pour les pays les plus pauvres qui seront au centre du G20 dirigé par l'Italie. Dans l'après-midi, s'exprimant à la Sorbonne, Mattarella a élargi le concept : "Nous avons été capables de donner une réponse européenne à la pandémie, à la crise économique aussi. Pas encore aux migrations. L'égoïsme des États et les blocus navals prévalent. Nous avons simplement besoin de règles communes“.  Macron aurait accepté de dépasser le traité de Dublin. Mattarella déclare : "Les femmes, les enfants, les hommes en fuite, peuvent difficilement être identifiés comme un ennemi. Les flux migratoires doivent être régulés et gouvernés, de manière à ce qu'ils soient respectueux des communautés d'accueil et des migrants, en effaçant le trafic odieux que des criminels sans scrupules ont mis en place sur leur peau. La pression que nous ressentons est le résultat des grandes différences dans la répartition des richesses entre les continents, de la grande diversité des taux démographiques, de l'impact du changement climatique ; mais elle est aussi le produit de décennies d'omissions, de conflits, d'inégalités. En une phrase : du monde que nous avons contribué à façonner en tant qu'Européens et pour lequel nous portons une grande responsabilité". Les spectateurs ont applaudi chaleureusement. Ce qu'il faut, c'est "une politique d'immigration et d'asile conforme aux valeurs qui sous-tendent le projet d'intégration européenne, une stratégie d'accueil - durable mais concrète - en phase avec les défis complexes d'aujourd'hui. La gestion des migrations doit devenir une partie intégrante de l'action extérieure de l'Union". L'harmonie retrouvée sur la Libye, où la France et l'Italie étaient dans des camps opposés, peut aider à construire un nouvel équilibre en Europe. Sur la Libye, a dit Macron, "nous avons des convergences et des préoccupations communes“. Dans l'Europe du futur, il n'y a pas de place pour des figures illibérales comme Viktor Orbán.  "Les décisions solennelles prises par chaque peuple au moment d'adhérer au projet ne peuvent être contredites, sinon au prix de la décision drastique de l'abandon. La clarté est nécessaire", a déclaré M. Mattarella. C'est un rappel à ceux qui, à droite, signent des manifestes souverainistes, ou qui se regroupent "en groupes de pays aux appellations vraiment fantaisistes", comme Visegrad et les frugaux, qui font prévaloir leur égoïsme sur l'esprit européen. » 

ARTICLE, Il Foglio, de G. Ferrara « Mattarella parvient à démonter le bluff européen de Salvini » : « Dans la logique de Salvini, il est possible d’être à la fois avec Draghi (par ailleurs considéré comme souverainiste par certains léghistes) et avec le nationaliste Orban. Ce qui voudrait dire qu’être un peu favorable à l’ « Italexit » et un peu contre cette possibilité n’était pas une contradiction. C’est un récit que Salvini est en train de raconter de manière désespérée à ses électeurs, juste pour ne pas devoir reconnaitre une vérité évidente, et qui a été dévoilée de manière habile par Mattarella à l’Université de la Sorbonne. Le Président de la République a rappelé en présence de son homologue français à quel point l’idée d’une Europe des patries pouvait aider à renforcer les mécanismes de l’UE. S’il n’a pas fait référence à la Charte des valeurs signée par les partis nationalistes, il a néanmoins rappelé clairement aux amis de Salvini qu’en dehors du respect de la Constitution européenne, il n’y a aucune autre voie. Il n’y a que celle du respect des principes fondamentaux : l’équilibre, la tolérance, l’intégration, la solidarité, la responsabilité, le partage des risques, le respect réciproque, la défense de la devise unique, l’harmonie dans la communauté internationale et la conviction de la primauté du droit et de la méthode multilatérale. Le jeu de la Ligue n’a donc pas deux facettes mais fait partie d’un seul bluff : diviser l’Europe pour miser sur le pacte de sang avec le souverainisme nationaliste ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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