09/04/2021
"La volonté du premier ministre de rassurer."
Italie. Revue de presse.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, par Massimo Franco, « La volonté du premier ministre de rassurer » : « La manière dont le premier ministre Mario Draghi a décrit les relations entre le gouvernement et les Régions lors de la conférence de presse d'hier suggère un appel ferme à la collaboration. Mais l'approche ne semble pas limitée aux autorités locales. Le sentiment est que la volonté de rassurer le pays passe aussi par une fin rapide de la controverse au sein de la majorité. Et, si l’on en juge par la satisfaction du leader de la Ligue Matteo Salvini, le plus critique contre les fermetures, l'opération est en train de réussir. Peut-être parce que le Palais Chigi affiche un optimisme serein à l'égard des vaccinations. Et confirme l'objectif d'un demi-million de doses administrées par jour d'ici la fin avril, qui semblait jusqu'à présent irréaliste. Draghi explique que plus il y aura de vaccins administrés, plus vite on reviendra à la normale : une manière implicite d'inviter les régions à s'organiser sans laisser de place à un favoritisme aussi déconcertant qu'inacceptable, et en se concentrant plutôt sur les personnes âgées et donc à risque. Le sentiment est que le gouvernement prépare le passage à une phase différente, capable d’apaiser les craintes et les incertitudes de ces derniers mois. Draghi a révélé qu'il avait expliqué à Salvini que le ministre de la Santé, Roberto Speranza (Articolo Uno), avait été choisi par lui pour rester au gouvernement car il l'estimait. Et c'est ainsi qu'il a mis fin aux tentatives de le délégitimer. Mais surtout, une structure élaborée prend forme pour définir le plan de relance qui sera présenté à la Commission européenne. On craint qu'il n'imite certaines des méthodes de l'exécutif précédent. Mais la façon dont il a parlé des investissements lors de la conférence de presse, et ce qu'il a dit lors de la réunion avec les Régions, préfigurent un changement radical ; et un changement projeté dans le futur. Dire qu'il faut "tout changer" pour regagner de la crédibilité en termes d'investissements, c'est rejeter ce qui a été fait ou non ces dernières années. Et concéder avec une allusion que le plan de relance national sera en continuité sur certains points, en "forte rupture dans d'autres domaines", confirme la rupture avec le passé. Elle est confirmée par la dureté avec laquelle Draghi réaffirme l'ancrage européen. Il a non seulement défendu la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, pour ce qu’elle a subi par la faute du président Erdogan : un manque de respect également permis par l'attitude de soumission du président du Conseil européen, Charles Michel. Il est allé jusqu'à qualifier Erdogan de "dictateur", et à souligner une distinction entre l'Europe des démocraties et les régimes autoritaires avec lesquels nous devons "non pas collaborer mais coopérer". Et en tout cas "il faut les appeler par leur nom". »
ARTICLE, La Repubblica, « Une nouvelle étape pour le Président du Conseil : c’est le moment de la rupture avec la méthode du gouvernement Conte » : « Un changement de cap a été amorcé. Après 55 jours d'activité s'ouvre la "phase 2" du gouvernement Draghi. Pour la première fois, la rupture la plus concrète par rapport à l'exécutif précédent a pris forme [à l’occasion de sa conférence de presse d’hier], en ne parlant pas de fermetures mais de réouvertures « en toute sécurité ». Le printemps devient un véritable test de résistance pour l'équipe de l'ancien président de la BCE. Les "réouvertures", d’abord, avec un nouveau décret sur le soutien aux petites entreprises et la définition finale du plan de relance. L'objectif est d'arriver en juin dans un contexte national renouvelé et sans conflit social. Lutter contre le virus, permettre des réouvertures mais il ne s'agit pas de donner une date. Ni en public ni lors des réunions avec Matteo Salvini Ligue) et Pierluigi Bersani (Articolo Uno). Il s'agit plutôt de rendre explicite la volonté de publier un nouveau décret avant la fin du mois pour soutenir l’activité et permettre la reprise. Les manifestations organisées avant-hier sur différentes places italiennes ont certainement joué un rôle. Bien sûr, toute solution passe par la campagne de vaccination et la sécurité du plus grand nombre d'Italiens, notamment des personnes âgées. Un volet si décisif que le premier ministre commence à ne pas exclure de signer des contrats nationaux et pas seulement des sociétés pharmaceutiques européennes. Avant-hier, par exemple, il a parlé avec le PDG de Moderna. L'article 7 du contrat-cadre de l'UE stipule que "les États membres confirment leur participation à la procédure et acceptent de ne pas engager leurs propres procédures pour l'achat anticipé de ce vaccin auprès des mêmes producteurs“. L'interdiction concerne donc l'achat anticipé et non l'achat consécutif ou supplémentaire. Et c'est sur cette règle que l'Allemagne évolue. Et c'est sur cette même base que l'Italie pourrait agir pour remplacer, si nécessaire - les doses d'Astrazeneca qui ne seraient pas utilisées. Les manifestations de ces derniers jours, bien qu'elles ne soient pas organisées par la Ligue, sont l'expression de l'électorat de Salvini. Le chef du gouvernement doit briser une spirale qui pourrait s'avérer dangereuse. Surtout, il n'a pas l'intention de laisser Salvini dicter sa ligne. Pour l'instant, le secrétaire de la Ligue a plus besoin de se présenter à l'opinion publique comme un parti de gouvernement que comme un mouvement de rupture. Jusqu'à présent, il réussit parce qu’il n'a pas encore trouvé de contrepoids. Le Mouvement 5 étoiles, bien qu'étant le premier groupe au Parlement, est absent de l’arène politique. Giuseppe Conte n'est pas encore entré dans le rôle de leader politique et n'a pas dit un seul mot sur l'activité de son successeur. Le PD a un nouveau secrétaire depuis quelques semaines. Mais tout cela provoque un vide qui n'est comblé que par Salvini et oblige Draghi lui-même à devenir un rempart. Et la Ligue a besoin de rester dans la majorité au moins jusqu'en janvier pour aspirer à participer au choix du nouveau chef d'État.»
ARTICLE, Il Sole 24 Ore « L'Italie n'acceptera pas d' "asymétries de traitement injustifiées" en matière d'aide » : « Alitalia "est considérée comme une affaire de famille, même si elle est un peu chère". Mario Draghi se laisse un peu aller en évoquant le drame de la compagnie, qui risque de clouer ses avions au sol à la fin du mois, et déclare que le gouvernement n'acceptera pas d'"asymétries de traitement injustifiées" dans les négociations avec l'UE. Le sujet brûlant est la demande de réduire de moitié les créneaux à Linate, mais le Président du Conseil est conscient que la nouvelle compagnie publique, Ita, doit représenter une "forte rupture" par rapport à Alitalia. La location de la branche aérienne à Ita et la scission des autres activités sont envisagées. "S'il y a des raisons de maltraiter Alitalia par rapport à Air France, et bien nous verrons parce que cela ne peut pas être arbitraire et nous n'accepterons pas de discrimination arbitraire", a déclaré M. Draghi en répondant à une question. Draghi souhaite une forte rupture par rapport à la précédente société Alitalia et que la nouvelle société démarre immédiatement, "parce que si nous perdons la saison d'été, nous serons dans une situation difficile et il faut que la compagnie démarre et se tienne sur ses propres ailes, sans subventions". Le ministre du Développement économique, Giancarlo Giorgetti (Ligue), avait expliqué au Sénat que " la situation de crise antérieure dans laquelle se trouve Alitalia depuis des années est un élément de divergence substantielle par rapport aux opérations convenues au niveau européen’’. Dans les négociations, selon M. Giorgetti, "il n'y a pas eu des éléments faisant penser à une discrimination à l'encontre de l'État italien.’’»
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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