05/03/2021
"Démission de Nicola Zingaretti de la direction du Parti démocrate."
Italie. Revue de presse.
La démission de Nicola Zingaretti de la direction du Parti démocrate, dans un climat de tensions internes en raison de la répartition des postes ministériels et de conflit au sein du parti est aussi largement citée : « Zingaretti démissionne, le PD sous le choc » - L’annonce sur les réseaux sociaux à l’insu des démocrates (Corriere della Sera), « Zingaretti : j’ai honte du PD » - Le dirigeant déplore les conflits internes dans un contexte de pandémie (La Repubblica), « Draghi fait exploser le PD » - après les 5 Etoiles, c’est le tour de la gauche (Il Giornale), « Draghi fait exploser le PD et les 5 Etoiles » (Fatto Quotidiano)
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Basso « La stratégie de Draghi contre les grands groupes pharmaceutiques, l’Italie bloque l’exportation d’AstraZeneca » : « Draghi avait déclaré que "les entreprises qui ne respectent pas leurs engagements ne doivent pas être excusées’’. Les faits ont suivi les déclarations : l'Italie a bloqué, avec le feu vert de l'UE, l'exportation de 250 000 vaccins AstraZeneca destinés à l'Australie et fabriqués dans l'usine d'Anagni. Notre pays est le premier de l'UE à avoir bloqué le départ d’un stock de doses depuis fin janvier, quand la Commission européenne a créé le mécanisme de notification et d'autorisation pour l'exportation de vaccins anti-Covid en dehors de l'Union. La mesure de contrôle a été mise en place après que la société pharmaceutique britanno-suédoise AstraZeneca a annoncé une réduction de 60 % des doses destinées à l'UE. L'Italie n'a fait qu'appliquer la réglementation du mécanisme de l'UE et a rejeté la demande d'autorisation parce que le pays destinataire, l'Australie, est considéré comme "non vulnérable". Il y a toujours une pénurie de vaccins dans l'UE et en Italie et des retards persistent de la part d'AstraZeneca. Le stock à exporter était composé d'un nombre élevé de doses par rapport à la quantité de flacons livrés à l'Italie et aux pays de l'UE jusqu'à présent. Ce n'était pas un choix facile sur le plan diplomatique, même si l'Australie n'est pas en situation d'urgence. Mais l'intervention de Draghi avait reçu le soutien du président français Emmanuel Macron et d'autres. Tous les États membres sont confrontés à la lenteur des vaccinations. Le gouvernement travaille en collaboration avec Bruxelles : outre les appels téléphoniques entre Draghi et la présidente Ursula Von der Leyen, le commissaire à l'industrie Thierry Breton était hier à Rome pour rencontrer le ministre du développement Giancarlo Giorgetti pour discuter de la production de vaccins sur notre territoire. La Commission a toujours dit que l'objectif était de contrôler, non de bloquer. Von der Leyen a tweeté sur les 14 400 doses livrées à la Moldavie par Covax, dont l'UE est le principal contributeur.»
PREMIER PLAN, Il Messaggero, d’A. Gentili « Un nouveau plan si le nombre de contaminations remontait en flèche : couvre-feu dès 20h et confinement à Pâques » : « Le gouvernement craint que le décret devant entrer en vigueur demain ne soit déjà dépassé compte tenu de la virulence des variants. On parle de plus en plus de troisième vague, face à laquelle les nouvelles mesures seraient probablement inefficaces, Roberto Speranza a donc déjà annoncé qu’il se tenait prêt à durcir les mesures. L’hypothèse serait alors celle d’un confinement le week-end et les jours fériés jusqu’à la mi-avril, Pâques compris, et d’un couvre-feu avancé à 20h. Dans ce cas, il n’y aurait pas non plus de réouvertures des lieux culturels à partir du 27 mars. Draghi préfère toutefois miser sur les arrêtés pour le moment. Ses ministres et lui savent bien que le pays n’en peut plus et qu’un quelconque nouveau tour de vis déclencherait une vague de protestations voire de désobéissance civile. Mardi lors du sommet consacré à la situation sanitaire, c’est la solution d’un confinement généralisé de 3 ou 4 semaines qui est ressortie, mais au Palais Chigi on préfère attendre encore un peu de voir quel effet auront les dernières mesures (fermeture des écoles en zone rouge, confinements locaux…). Cet éventuel durcissement ne devrait toutefois pas se prolonger au-delà, les experts se disent convaincus qu’après Pâques la situation s’améliorera, comptant notamment sur l’arrivée en masse de vaccins ainsi que sur l’ « effet Figliuolo » qui est désormais en charge de la campagne de vaccination. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Attilio Fontana (Ligue), président de la région Lombardie « La Covid touche aussi les étudiants. Je suis désolé pour les familles mais la fermeture des écoles était le bon choix » : « Le président lombard a signé hier une ordonnance plaçant la région en zone orange renforcée à partir de minuit : ‘’Le ministre de la Santé R. Speranza partage ma vision : dans une situation telle que celle dans laquelle se trouve l’Italie, même 24 heures font la différence. D’où la décision d’agir en prenant de l’avance. Ce sont les experts qui nous disent qu’il faut des choix rapides et rigoureux. Jusque-là nous avions fermé peu d’écoles mais beaucoup de classes. Et puis le virus est en train de se propager aussi parmi les plus jeunes, qui semblaient être épargnés par cette pandémie’’ ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un parti qui a du mal à comprendre l’effet Draghi sur le système politique » : « On ne peut pas interpréter la décision de Nicola Zingaretti de démissionner de son poste de secrétaire du Parti démocratique simplement comme un geste impulsif. Ce choix est le fruit d'une réflexion pendant plusieurs jours. Il doit plutôt être vu comme une réponse extrême à un parti dominé par ses courants et incapable d’affronter la nouveauté représentée par le gouvernement Draghi. Mais traverser ces prochains mois cruciaux pour le pays tandis qu’un des pivots de l'alliance vacille sur sa stratégie et son leadership est une perspective dangereuse. Cela reviendrait à ajouter aux tourments du M5S ceux du Pd, tous deux vétérans du gouvernement précédent ; et à donner de facto le contrôle de la coalition à un centre-droit plus apte au changement. La surprise qu'il a provoquée au sein du parti fait croire qu'il s'agit d'une manœuvre visant à prendre de court les rivaux. La tentative de Zingaretti est de mettre fin à une stratégie d'usure qui a été mise en place depuis des semaines. L'initiative du secrétaire doit être interprétée comme un défi. Il peut le remporter ou le perdre. Une assemblée du parti a été fixée à la mi-mars pour prendre des décisions. Quoi qu'il en soit, cela ne suffira pas à effacer l'image d'un parti incapable de se refonder en termes d'identité et d'alliances. Le M5S tente de trouver un équilibre avec Giuseppe Conte à la barre ; tout comme la Ligue cherche un nouveau profil, plus pro-européen. Le Pd semble être en retard, par rapport à l'accélération objective que le gouvernement Draghi a donnée à l'évolution du système politique. Zingaretti a peut-être compris que le projet qu'il avait jusqu'à présent mis en place s'est effondré. Attention toutefois à ne pas déverser sur un pays déjà épuisé des problèmes internes qui n’intéressent personne. Et ils ne font que refléter les limites culturelles, plutôt que politiques, de toute une classe dirigeante. ».
ENTRETIEN, Fatto Quotidiano, de Riccardo Fraccaro (M5S), ancien secrétaire d’Etat auprès de la présidence du Conseil « Il est logique d’agir dans le gouvernement depuis l’intérieur, autrement nous aurions déjà perdu le revenu de citoyenneté » : « ‘’Les 5 étoiles jugeront Draghi sur la base de ce qu’il fera pour la transition écologique. Si le Mouvement était resté à l’écart du nouvel exécutif, il aurait perdu le revenu de citoyenneté. La démission de N. Zingaretti au PD n’entravera pas le pacte avec le M5S, qui demeure un parti post-idéologique. A propos de la possible direction du Mouvement par G. Conte, je réitère mon soutien. Celui qui dirigera le M5S devra le faire en ayant les mains libres. Concernant la plateforme Rousseau de David Casaleggio, c’est un outil essentiel pour recueillir l’avis des adhérents des 5 étoiles mais il faut désormais clarifier les liens de la plateforme avec le Mouvement’’ »
ARTICLE, La Repubblica, de L. L. Sabbadini, directrice de l’ISTAT, [l’article reflète l’opinion de son autrice et ne se veut pas représentatif de l’ISTAT] « Le Nord se découvre plus pauvre qu’on aurait pu le croire » : « 5,6 millions de personnes en situation de pauvreté absolue. Un niveau jamais atteint et ce malgré les mesures de chômage partiel, le blocage des licenciements, le revenu de citoyenneté et d’urgence. Il y a de quoi s’interroger sur nos instruments de lutte contre la pauvreté. C’est l’un des effets de la pandémie, car à la différence de 2012, l’augmentation a été immédiate, fulgurante. Par ailleurs, cette augmentation a davantage concerné le Nord que le Sud : l’écart historique s’est considérablement réduit, malheureusement à cause d’un nivellement par le bas. On observe également une augmentation de la pauvreté chez les travailleurs et leurs familles, en particulier pour les ouvriers (+30%) et les travailleurs indépendants (+46%). Les femmes et les jeunes sont les nouveaux pauvres du ‘’grand Nord’’, le chômage a davantage augmenté pour ces catégories. Les mineurs ont été touchés de façon dramatique par l’augmentation de la pauvreté. A l’inverse, la récession a peu touché les personnes âgées et les retraités, dont les pensions ont été garanties. Les grands oubliés de cette crise restent les familles étrangères ou mixtes, pourtant 4 fois plus touchées par la pauvreté que les familles italiennes. La situation dans son ensemble est terrible et requiert des investissements socio-économiques massifs pour générer de l’emploi et de la cohésion sociale. Le Nord a été touché de façon inédite, mais le Sud a continué à être le premier bénéficiaire des aides de l’Etat, ne faudrait-il pas revoir les critères d’éligibilité ? »
ENTRETIEN, Avvenire, de Maria Cecilia Guerra, secrétaire d’Etat auprès du Ministère de l’Economie et des Finances, « Renforçons le revenu de solidarité pour les familles nombreuses et les immigrés » : « On observe en ce moment une forte augmentation de la pauvreté partout en Italie. Si la situation a indéniablement été aggravée par la pandémie, les chiffres mettent tout de même en avant des problématiques de fond. L’un des aspects les plus inquiétants est que, sur le marché du travail italien, beaucoup de personnes se trouvent en-dessous ou à peine au-dessus du seuil de pauvreté, alors même qu’elles travaillent. De façon générale, les familles sont plus fragiles. Certaines dynamiques territoriales et d’autres liées à l’immigration ont aussi émergé. On connait la problématique méridionale, elle est chronique et la pauvreté y a beaucoup d’incidence, mais le Nord aussi est à bout de souffle et la situation s’y est dégradée d’un coup : beaucoup de gens ont récemment basculé sous le seuil de pauvreté. Les familles immigrées ou mixtes sont particulièrement touchées, ce qui constitue un problème sérieux. Le ‘’revenu de citoyenneté’’, forme de revenu universel réservé aux personnes résidant en Italie depuis au moins 10 ans, pénalise les communautés étrangères. Ce prérequis est absurde et il faut le faire évoluer, premièrement en élargissant l’éligibilité à quiconque détient un permis de séjour de longue durée, et deuxièmement en revoyant les paramètres de façon à ne pas pénaliser les familles nombreuses. C’est aussi une question d’égalité des chances pour tous les enfants. Sans aides et autres mesures de protection sociale durant ces derniers mois, les chiffres auraient été pires encore. Il faudra en tenir compte pour consolider ce filet de protection. Le nouveau décret prévoit des aides en soutien aux entreprises ainsi qu’aux familles, de nouveaux fonds pour le revenu de citoyenneté et la protection de l’emploi (chômage partiel etc). Avec les nouvelles fermetures d’école, la prochaine question à affronter est celle des congés parentaux et des aides pour la garde d’enfants (‘’bonus baby-sitter’’).
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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