20/04/2020
"Le soutien de Forza Italia prêt si le M5S se divise."
Italie. Revue de presse.
Les médias italiens se concentrent toujours sur le Coronavirus et notamment sur les règles de la phase 2, entre réticences des experts et souhait de réouverture plus rapide de certaines régions : « Voici les règles pour rouvrir » - " Les entreprises devront faire des auto-certifications '' (Corriere della Sera), « Combien pour le compte à rebours ?» - " 2 régions encore en crise mais le virus recule dans 16 régions '' (La Repubblica), « La moitié de l'Italie rouvre malgré les doutes de Conte » - ''Les experts poussent à la prudence'' (La Stampa), « Règles sévères pour les réouvertures » - '' Mode, automobile, chantiers, hypothèse réouverture dès le 27'' (Il Messaggero), « Les règles pour ceux qui rouvrent avant » (Il Mattino) « UE, Conte songe au veto '' (Il Fatto Quotidiano), « Les vautours sur l'Italie » - ''Possibles rachats étrangers, concurrence déloyale de la Chine'' (Il Giornale)
Les JT ouvrent sur le coronavirus et tout particulièrement sur le débat entre certaines régions et le gouvernement au sujet de la phase 2 pour la réouverture des activités productives et sur la baisse des décès et des contagions. L’entretien accordé par G. Conte au Süddeutsche Zeitung est commenté.
EDITORIAL, Repubblica, I. Diamanti, « Les bases incertaines du fédéralisme » : « L'état d’urgence généré par le Covid-19 crée des tensions entre les régions et le gouvernement, et accentue leur distance. Au point de devenir quasiment des fractures dans la perspective de la “réouverture”, qui devrait avoir lieu à partir du 4 mai dans certains secteurs productifs des zones comportant moins de risques d’abord. En matière de mobilité sociale, tout reste par contre à établir. Parce qu'il est difficile - impossible - de prévoir l'imprévisible, c'est-à-dire, l'évolution du virus. La relation entre les régions et le gouvernement est donc devenue encore plus compliquée. Surtout dans les régions où le système de production pèse plus lourd. Dans le Nord, surtout en Lombardie-Vénétie. En Vénétie, cependant, dans les mois à venir, des élections auront lieu. Une étape importante, qui concerne également la Toscane, la Ligurie, les Marches, la Campanie et les Pouilles. Pas de date définie à ce stade, l’hypothèse serait de voter en juillet. L'avenir proche de l'autonomie régionale dépendra des décisions du gouvernement central. L'autonomie repose sur des bases institutionnelles solides mais tout semble incertain. Elle est cependant très appréciée. Si l'on examine les données d'un sondage réalisé par Demos il y a environ un an, près de 6 électeurs sur 10 considèrent qu'il est important d'accorder “une plus grande autonomie aux régions”. Les Italiens ont confiance dans Conte et dans le gouvernement, à environ 70 % (Demos per Repubblica, mars 2020). Mais on observe la même tendance positive en ce qui concerne les gouverneurs des régions. En particulier, envers Luca Zaia : 48%, sur une base nationale. Mais plus de 70% dans sa région de Vénétie (Observatoire du Nord-Est de Demos, pour le Gazzettino). Le gouverneur de Lombardie, Attilio Fontana, a également obtenu un chiffre élevé : 42%. Moins que Zaia, peut-être parce que le chef de la Ligue "nationale", Matteo Salvini a utilisé la période pour souligner son appartenance ”régionale”. Ainsi, dans cette phase, les raisons de l'autonomie et du gouvernement central sont équilibrées. Sans tension excessive. Mais il n'est pas dit que la coexistence puisse durer longtemps. En particulier, si la pandémie devait se poursuivre. Surtout après l'été. Lorsque, dans un climat de campagne électorale, les tensions entre le gouvernement et les régions pourraient se raviver. Surtout dans le Nord où les gouvernements régionaux sont soutenus par des majorités de centre-droit et dirigé par des léghistes. L'équilibre entre les régions du Nord, le gouvernement et l'État central, pourrait alors se compliquer. Et même se fracturer. Poussant les régions à l'opposition. Jusqu’à réduire les “frontières” entre autonomie et séparatisme, fédéralisme et souverainisme ».
ARTICLE, Corriere della Sera, L. Salvia : « L'application (presque) obligatoire » : « Le thème est délicat car il concerne le respect de la vie privée et l'efficacité des contrôles nécessaires pour la réouverture du pays dans la phase 2. 'Immuni' est l'application qui a été choisie par le gouvernement pour tracer les mouvements des personnes contaminées, et contenir les effets d'une éventuelle deuxième vague. Pour qu'elle soit utile, il faudrait qu'au moins 60% de la population la télécharge. Sinon les contacts, qui seront contrôlés de façon anonyme, ne seront pas suffisants pour maintenir la situation sous contrôle. Pour les personnes âgées un bracelet pourrait être proposé en alternative. Télécharger l'application ou porter le bracelet sera un choix volontaire. Mais ceux qui ne le font pas pourraient subir plus de restrictions. Non pas rester à la maison, mais une limitation majeure à leur liberté de mouvement par rapport à celle des autres, qui reprendra progressivement dans la phase 2. La proposition pourrait être formalisée dans les prochains jours par la commission technico-scientifique, en accord avec la task-force de Colao. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de G. Sala, maire de Milan : « Roulement dans les écoles et magasins ouverts le soir » : « Nous sommes la capitale économique du pays, tant que Milan ne rouvrira pas c'est le pays entier qui ne rouvrira pas. Nous travaillons à un système de contrôle des accès dans le métro et qui les bloquent au-dessus d'un certain numéro. Nous dessinerons des cercles dans les trains pour garantir la distance. Cela réduira de 30% la capacité des wagons dans les heures de pointe. Il faut échelonner les entrées et sorties des écoles ; il faudra aussi penser à des roulements car les enfants ne pourront plus être aussi nombreux en classe. Les magasins ne peuvent pas imaginer de maintenir les horaires traditionnels, aucun problème s'ils veulent rester ouverts le soir, qu'ils nous fassent une proposition. Nous continuerons à améliorer la mobilité partagée et douce, vélos électriques, trottinettes. Nous proposons une Summer school pour les enfants, en plein air, pour qu'il puisse pratiquer du sport et jouer, la distanciation sociale sera maintenue et tous les jouets seront lavables. Je suis d'accord pour rouvrir mais en sécurité. Il faut dire aux gens si on leur donnera un masque ou pas. Et il faut insister sur les tests ; dans la communauté scientifique ils sont nombreux à penser que les immunisés soient 10-15%, ils pourraient constituer l'ossature de la réouverture. »
ARTICLE, La Repubblica, A Cuzzocrea : « Di Battista critique le gouvernement, le M5S se divise » : “ Alessandro Di Battista n’aurait pas pu faire mieux, en matière de mines, sur un parcours déjà piégé pour le gouvernement Conte. En quelques jours, l’ancien élu a lancé un avertissement sur le MES qui complique encore plus le travail de Conte en Europe. Il a déchaîné les parlementaires européens 5 étoiles (M5S) qui sont désormais sur sa ligne d’opposition contre le Recovery Fund, les poussant à voter contre, malgré le groupe parlementaire, qui a décidé de s’abstenir. Il a aussi lancé un appel contre les choix de nominations, notamment contre la confirmation du DG d’ENI Descalzi, recueillant une trentaine de signatures. Bref, il a déclenché une campagne pour le congrès du M5S afin de se montrer comme le dernier défenseur de l’intransigeance 5 étoiles contre Conte et Di Maio. D’après un parlementaire qui connaît bien Di Battista, ce dernier et les siens visent à faire tomber Conte car ils pensent qu’il est en train de ‘’normaliser’’ le Mouvement. Conte a tenté de faire comprendre au chef de délégation du M5S que ce n’était pas le moment de faire de tels manœuvres. Face à l’urgence sanitaire et économique, le gouvernement a besoin de tout sauf de confusion, de division et d’une dé-légitimation continue de l’action de l’exécutif. Hier, le « régent » du M5S Vito Crimi a convoqué une réunion d’urgence pour expliquer aux 5 étoiles les critères de choix pour les nominations, dictés aussi par les recommandations du Quirinal de ne pas changer les PDG d’Enel, ENI, La Poste et Leonardo, stratégiques et présentes en Bourse, afin de ne pas les soumettre à une phase de turbulences dont l’Italie ne peut pas se permettre ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, I. Lombardo : « Le soutien de Forza Italia prêt si le M5S se divise » : « Après le Conseil européen du 23 avril, Giuseppe Conte devra considérer tous les scénarii possibles et l'un d'entre eux passe par un ouragan parlementaire qui pourrait conduire à une nouvelle majorité, avec le M5S qui se scinde et Forza Italia qui vient secourir le gouvernement jaune-rouge. Cela pourrait arriver après la rencontre des dirigeants de l'UE la plus importante de ses dix dernières années. Il est clair à tous que dans les mesures d'aides économiques de l'Europe il y a le MES, que l'Italie avait demandé d'écarter. Le MES est, au contraire, resté dans sa formule « light », sans conditionnalité, la seule concession faite par l'UE, tandis que Conte visait plutôt à un substitut des Eurobonds, le RecoveryFund. Le commissaire européen pour les Affaires économiques, Paolo Gentiloni, a indiqué que l'argent du RecoveryFund pourrait ne pas arriver immédiatement mais que l'Italie a besoin de ressources avant l'été. Pour cette raison, Roberto Gualtieri, ministre de l'Economie, demande d'accepter les 36 milliards du MES pour pouvoir les activer tout de suite, comme d'autres pays européens, pour les hôpitaux, le personnel médical et pour le matériel nécessaire. Silvio Berlusconi, en opposition avec ses alliés du centre droit, a confirmé la disponibilité de Forza Italia à soutenir le gouvernement, le jour même où Alessandro Di Battista s’est exprimé contre l'Europe, défendant la possibilité de relations privilégiées avec la Chine ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Giorgia Meloni, présidente de Fratelli d’Italia : « Berlusconi ne tombera pas dans le piège : Conte ne veut que ses voix » : « J’ai l’impression que le G. Conte est en train de lécher les bottes de Berlusconi. Je ne pense pas que Forza Italia soit intéressée. Peut-être que Conte cherche un plan B. Je pars d’une constatation : les 5 étoiles sont divisées sur beaucoup de choses, le retour de Di Battista a aggravé leurs divisions, je pense aux nominations par exemple, mais surtout au MES. Voilà, à la fin les 5S devront subir la position du PD, qui veut utiliser le MES. Conte lui-même, dans un entretien au Giornale ce week-end, entre les lignes, indique qu’il va faire appel à ce mécanisme. Si cela se produit, les 5 étoiles se déchireront et le gouvernement aura un problème de majorité au Parlement. Il est clair qu’ils pensent avoir besoin des voix de Berlusconi. Pourquoi, en Europe, Fratelli d’Italia a voté oui aux euro-obligations, Ligue contre, Forza Italia a voté oui au MES, mais pas la Ligue ? Nous faisons partie de familles politiques différentes en Europe, mais si nous étions au gouvernement, je peux vous assurer que nous aurions trouvé une position commune alors que ceux qui sont au gouvernement aujourd’hui restent divisés. »
REPRISE DE L’ENTRETIEN de Giuseppe Conte, Président du Conseil, au Süddeutsche Zeitung, dans le Fatto Quotidiano, “Conte songe au veto” – ‘’MES sans conditionnalité, on se sauvera avec les nouvelles obligations’’ : « Voici les propos de l’entretien du Président du Conseil G. Conte au Süddeutsche Zeitung en vue de la réunion du Conseil européen. ‘’Il est irréfutable que l’Italie s’est retrouvée toute seule. U. von der Leyen est du même avis et elle s’est excusée devant le Parlement européen. J’ai beaucoup apprécié ce geste. Je n’aime pas certains lieux communs comme celui qui verrait l’Italie comme un Etat gaspilleur. Ces 22 dernières années, à part en 2009, l’Italie a enregistré un excédent primaire. Notre déficit est dû à la charge des intérêts de la dette que nous avons héritée du passé, du temps de la Lire. L’Italie respecte les paramètres européens sur le déficit. Nous honorons toujours régulièrement nos dettes. Il y a aussi cette fausse croyance que nous voulons que d’autres Etats payent nos dettes. C’est une idée non seulement fausse mais surprenante. Nos économies sont connectées entre elles et il faut que l’UE augmente sa puissance de feu par le biais d’émission d’obligations communes permettant à tous les pays de se financer de manière équitable pour faire face aux coûts de cette crise. Il ne s’agit pas de mutualiser la dette passée ou future mais uniquement de financer tous ensemble cet effort extraordinaire. Je ne peux pas suggérer à A. Merkel ou à M. Rutte comment parler à leurs citoyens. Je peux seulement répéter que le point de vue doit changer, maintenant. Nous devons regarder l’Europe en tant qu’Européens. Le bon instrument financier est celui commun, ambitieux et équitable. Si je suis disposé à mettre mon veto ? Je suis absolument décidé à m’engager non seulement pour le bien de mon pays mais pour le bien de toute l’Europe. Je vous laisse interpréter mes mots. Ce qui sert aujourd’hui à l’Europe est un européisme critique mais constructif. Avec Macron nous partageons la même idée : nous sommes convaincus que c’est le projet européen qui est en jeu’’. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Vincenzo Amendola, ministre des Affaires européennes : « Un plan pour la reprise est possible tout de suite. L'Europe a besoin de leadership » : « Le Pandemic Crisis Support est une nouvelle proposition de crédit, nous l’étudierons sur le fond. C'est la position du président Giuseppe Conte. Dire non a priori n'a pas de sens. Pour le Parlement il serait utile, au moment de l'ouverture d'une ligne de crédit, que les conditions soient claires une fois pour toutes. La réponse européenne se base pour l'instant sur trois solutions : le plan de la BEI, le plan Sure et le MES. Et ils n'ont pas la force que tous les observateurs considèrent nécessaire. Nous ne faisons pas de question de principe sur le Recovery Plan. Mais il faut beaucoup plus de ressources. Si quelqu'un pense d'obliger l'Italie à accepter un plan de sauvetage, il serait comme un Martien qui ne se rend pas compte de la nature de cette récession. 500 milliards ne sont absolument pas suffisants. Et ça me fait plaisir que l'inquiétude de l'Italie, de la France et de l'Espagne soit partagée aussi par la Banque centrale européenne. La gravité de cette récession et les risques mortels pour les chaînes de valeur européennes peuvent se résoudre seulement avec un nouveau pacte fiscal des Vingt-sept. Ce qui manque aujourd'hui est un signal fort de cohésion de la part de l'Europe face aux marchés, qui transmet l'idée que nous ferons tout le nécessaire pour bloquer la récession. Cette fois ci c'est au Conseil européen de dire Whatever it takes. Sinon la crise pourrait muter comme un virus et faire s’effondrer le marché commun et la zone euro. »
ARTICLE, La Repubblica, A. D'Argenio : « Le plan de von der Leyen : mille milliards de bonds pour les pays en difficulté » : « Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, espèrent pouvoir mettre d'accord les leaders de l'UE, à l'occasion de la rencontre du Conseil européen le 23 avril prochain, sur le plan qui prévoit de rassembler mille milliards de bonds européens sur les marchés à gérer par la Commission, en partie comme aides non remboursables, pour les pays en difficulté. Les gouvernements sont divisés sur les instruments pour relancer l'économie après cette grave crise sanitaire du coronavirus. D'un côté, il y a le front de la solidarité, dirigé par la France, l'Italie et l'Espagne, de l'autre, le groupe des pays du Nord, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Suède, Finlande et Danemark, opposés à cette possibilité. Le plan von der Leyen aurait le mérite de proposer et d'allouer des Eurobonds masqués, parce que ce serait à la Commission européenne de les mettre en circulation et de les gérer, en évitant une participation directe des ressources nationales de différents pays. Mais la Chancelière allemande n'a toujours pas décidé sa position et a souligné que la rencontre de jeudi pourrait ne pas être décisive ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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