24/09/2019
"Migrants, accord entre les pays de l’Union. Di Maio insiste : bloquer les départs."
Italie. Revue de presse.
L’accord trouvé à Malte entre plusieurs Etats-membres sur le mécanisme de redistribution des migrants fait les gros titres des médias transalpins. La presse fait part notamment d’un accord sur les débarquements et la redistribution des migrants qui sera présenté à l'ensemble des Etats membres à Luxembourg, le 8 octobre prochain : "Migrants, premier pacte européen" (Corriere della Sera), "L'Europe s'est réveillée" (La Repubblica), "Migrants, une entente à moitié" (Il Messaggero), "Conte : "Nous avons fait plus en un jour à Malte que Salvini en un an" " (Fatto Quotidiano).
ENTRETIEN de Giuseppe Conte, Président du Conseil « ‘’Un grand tournant. Il était inutile de se limiter à provoquer’’ » : « Il s’agit d’un pas historique, un vrai tournant. Le mécanisme concerne tous les demandeurs d’asile. Tous. Ce n’est pas la solution définitive à un phénomène complexe, certes. Toutefois, c’est un pas en avant historique. Depuis l’Allemagne, la France et d’autres pays nous avons reçu des ouvertures qui étaient inimaginables par le passé. Cela nous enseigne une chose : une attitude inutilement litigieuse, provocatrice et stérile ne mène nulle part. Une approche concrète, en revanche, donne des résultats. Nous travaillerons sur la coopération des pays d’origine et de transit. Et avec la Libye, pour renforcer la garde côtière. Dans la région il y a un conflit mais le contrôle des côtes est en train de marcher. Je l’ai dit récemment à Sarraj. Les rapatriements seront plus efficaces. Pour les navires ONG, les comportements anormaux seront inadmissibles. Il y a un Etat de droit, en Italie. Tout navire étranger doit respecter les règles italiennes. Pour le décret de sécurité, nous recevrons les indications du Président Mattarella mais sans abandonner l’instrument de contrôle de nos eaux territoriales’’ ».
COMMENTAIRE Corriere della Sera, M. Franco « Une inversion de tendance qui n’élimine pas les inconnues » : « Écouter le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer dire que des progrès ont été faits sur le thème de l’immigration est une nouveauté. Le gouvernement M5S-PD est un interlocuteur avec qui on ne veut ne pas entrer en conflit et avec lequel on peut construire une stratégie. Il est clair pour tous que le point crucial pour le gouvernement Conte II, sera la façon dont il réussira à gérer le problème des migrants. L’hostilité de la part des pays de l’Est, alliés impurs de Salvini, n’a pas changé. Et il faudra voir comment ils réagiront à l’hypothèse d’appliquer des sanctions contre les pays qui refuseront les accords. Le ministre des Affaires étrangères du M5S diffuse une ombre sur l’accord. ‘’La solution – prévient-il – c’est d’arrêter les départs, et non pas la répartition’’ : des mots qui finissent par rabaisser le compromis ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito : « La première leçon au salvinisme » : « L’accord atteint hier à Malte représente un premier pas en avant par rapport à la gestion communautaire sur la question immigration, mais elle représente surtout la plus grande défaite du souverainisme italien et du salvinisme, c’est à dire la délégitimation d’une propagande sans solution qui avait duré 14 mois. C’est la preuve que la ligne suivie par l’ancien ministre de l’Intérieur Salvini n’était utile qu’à générer la peur parmi les Italiens et l’hostilité à l’égard de l’Europe. Rappelons aussi une chose : tous les migrants, surtout ceux qui se trouvaient sur des navires ONG et accueillis par le slogan de l’ancien ministre de l’Intérieur ‘’ports fermés’’ ont fini par débarquer en Italie, mais après des jours et des souffrances inhumaines et inutiles. L’accord de Malte est ainsi une sorte de rénovation de l’édifice obscur construit par le précédent gouvernement. ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, M. Riva : « Arrêtons les cadeaux à Orban » : « Il est assez grotesque d’écouter une leçon de politique par un défenseur de la ‘’démocratie illibérale’’ comme celle de V. Orban, et écouter les propos de son ministre de l’Intérieur déplorant les derniers choix italiens sur les ports et les migrants. Tout comme le silence indifférent des principales chancelleries européennes, comme si les attaques de Budapest contre Rome ne représentaient qu’une simple querelle italo-hongroise. Cette négligence bénévole envers la fronde souverainiste dans certains pays de l’Est soulève un problème bien sérieux et concerne l’Union dans son ensemble car cela sous-entend le risque d’affaiblir les canons fondamentaux de la construction européenne, à commencer par ce petit détail qui s’appelle Etat de droit ».
ARTICLE Il Messaggero C. Mangani « Migrants, accord entre les pays de l’Union. Di Maio (M5S) insiste : bloquer les départs » : « La Vallette. C’est un principe sur lequel l’Italie insistait depuis des années : celui qui débarque sur les côtes italiennes et maltaises entre en Europe. Faire passer ce principe, après des mois de bras-de-fer et de querelles, est un véritable succès. La nouvelle ministre de l’Intérieur Lamorgese (Indépendante) a emporté un point important à La Vallette, obtenant un engagement concret de la part des pays de la Méditerranée. La redistribution automatique, en 4 mois, des migrants sauvés par les ONG ou par les navires militaires auprès des pays volontaires, une coalition de 12 Etats membres. Le ministre des Affaires Etrangères Di Maio s’est dit heureux de cette nouvelle mais il a voulu néanmoins souligner ‘’en ce qui me concerne, la réponse au phénomène migratoire est le blocus des départs. Pour cette raison, nous devons stabiliser la Libye’’. Di Mao a anticipé que jeudi, l’Italie et la France anticiperont une ‘’importante rencontre sur la Libye’’ ».
COULISSES Il Messaggero M. Conti et C. Mangani « Toutes les failles de l’entente » : « Resteront exclus du pacte tous les migrants qui arrivent sur nos côtes avec des petites barques et qui représentent le chiffre majeur du phénomène. Le principe de l’adhésion volontaire apparait faible. Reste aussi le problème de la rotation des ports. Toutefois, si même Salvini tente de prendre les mérites de l’accord d’hier à Malte ‘’c’est moi qui ai soulevé le problème’’, cela veut dire que cette fois-ci l’Europe affronte sérieusement la question. Restent encore des inconnues qui pourraient être définies lors de la réunion des ministres de l’Intérieur à Strasbourg et celles des ministres des Affaires Etrangères. Les inconnues et les obstacles sont représentés par le nombre réel des pays européens qui décideront d’adhérer au pacte. A ce stade, 10 ou 12 Etats. Le mécanisme de rotation des ports, qui pourtant a été émoussé, risque de partir du mauvais pied : l’Espagne et la Grèce sont en train d’accueillir un nombre élevé de migrants (respectivement 65.301 et 32.501), bien plus que ceux arrivés en Italie en 2018 (23.370). Ils pourraient ainsi ne pas se montrer disponibles à aider l’Italie. Quant aux relocations, Il faut encore définir qui s’en chargera concrètement. L’Italie demande à ce que ce soit Frontex ou en quelques sortes l’Europe. Cet aspect ne semble pas avoir été affronté, hier, à Malte. Rendez-vous donc au Luxembourg ».
ARTICLE La Stampa, F. Grignetti « À Malte, le premier accord des ministres de l’UE : les migrants répartis automatiquement » : « La France, l’Allemagne, Malte et l’Italie forment un quatuor de pays qui veulent surmonter le Règlement de Dublin. Mais l’ambition est plus ample : avant le 8 octobre, quand il sera discuté au Luxembourg par les 28 ministres de l’intérieur, beaucoup d’autres pays ‘’volontaires’’ devraient venir s’ajouter. Tant que le nombre de pays qui adhèreront à ce programme de répartition des demandeurs d’asile ne sera pas clair, il n’est pas possible de quantifier les quotas de chaque pays. ‘’La nouveauté existe – a dit la nouvelle ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese. La répartition deviendra un mécanisme automatique et obligatoire ‘’. Et c’est dans ces deux mots que se cache la grande satisfaction italienne. Nous aider ne sera plus une concession mais un devoir. L’accord (qui est valable six mois et renouvelable) prévoit que les demandeurs d’asile qui débarquent en Italie ou à Malte, tous sans distinction, resteront un maximum de quatre semaines dans les hotspots de débarquement pour repartir après. Quand ils arriveront dans le pays européen de ‘relocalisation’, le dossier sera le même ouvert en Italie, et c’est là-bas qu’il obtiendra ou pas le statut et que sera éventuellement décidé le rapatriement. Il semble évident que l’accord fonctionnera aussi et surtout si peu de personnes arrivent. C’est pour cela que le gouvernement ne lâche rien sur les accords avec la Garde côtière libyenne. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini : « C’est tout de suite compétition sur les débarquements entre Renzi et Di Maio » : « Il y a deux aspects politiques dans l’accord trouvé à Malte sur les migrants. C’est vrai qu’il s’agit d’un premier résultat pour l’Italie sur le mécanisme automatique de la redistribution et maintenant on attend que d’autres pays adhèrent. Le travail de la ministre Lamorgese, choisie en tant que ‘’ ministre technique ’’ n’est pas seulement celui de changer les relations avec Bruxelles mais plutôt celui d’arriver à démédiatiser, à Rome, le problème des migrants, c’est-à-dire démonter la scène organisée par Salvini. Ce travail ne sera pas simple, elle devra arriver à trouver le consensus populaire sans mettre en lumière les ports ni entreprendre des duels avec l’Europe. Le deuxième aspect politique est que la ministre Lamorgese a déjà trouvé un petit front intérieur. Di Maio et Renzi se sont immédiatement glissés dans les commentaires de cet accord, une petite compétition entre alliés. Di Maio a félicité la ministre mais a souligné que la solution du problème n’est pas la redistribution, mais plutôt le contrôle des arrivées et les rapatriements. Et juste après, même Renzi a commenté que l’accord de Malte est sûrement un progrès pour l’Europe mais qu’il ne suffit pas. La solidarité est toujours importante et ceux qui n’accueillent pas les réfugiés doivent perdre les aides européennes. Di Maio et Renzi, pour de différentes raisons, ont besoin de ne rien manquer sur le front de la visibilité et le seul moyen est d’aller sur le sujet de Salvini, sur lequel aujourd’hui il y a davantage de discussions, de polémiques, de titres de journaux et de télévision. Di Maio en a besoin pour ne pas se faire surmonter au sein de la majorité et Renzi a besoin de maintenir une toujours vive attention sur son nouveau parti ».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « La vraie lutte est sur la loi électorale » : « En vue du prochain face à face dans l’émission télévisée de Bruno Vespa, Porta a Porta, entre Matteo Salvini et Matteo Renzi, préparé par une série d’apparitions télévisées toujours plus fréquentes des deux leaders, il faudra commencer par se demander si ce duel correspond réellement au cadre politique actuel ou plutôt s’il ne risque pas d’être dépassé par un retour à la méthode proportionnelle. Il est difficile de répondre. D’un côté, les scissions, réelles ou annoncées de nouveaux partis du centre, se multiplient et de l’autre l’accord en Ombrie entre PD et M5S sur un candidat relance, sur le plan local, les raisons du défi entre groupes politiques alternatifs. Mais il est certain que l’ambition des deux Matteo est celle de polariser autour de leur leadership les sentiments de l’opinion publique et l’attention des électeurs sur leur affrontement, en se consacrant l’un l’autre en tant que seuls et véritables adversaires parmi lesquels il faut choisir. Ils vont essayer mais en trouvant, sur leur chemin, Conte, Di Maio et Zingaretti déterminés à tout faire pour les bloquer ».
ARTICLE La Repubblica P. Griseri « TAV, la première partie du tunnel terminée. Le gouvernement absent pour ne pas irriter les 5 étoiles » : « La Praz. France. Le ministre des transports français enlève son casque de sécurité et nous offre son plus beau sourire ‘’normalement je ne m’occupe pas de penser à la place du gouvernement italien. J’ai parlé avec la ministre De Micheli vendredi à Bruxelles et nous avons trouvé une harmonie parfaite sur ce projet comme sur d’autres’’. La déclaration de J-B Djebbari est l’épilogue d’une semaine vécue sous le signe du danger. Car la présence italienne à la cérémonie de conclusion des travaux de la première route du tunnel de base de la ligne Lyon-Turin aurait dû être donné pour acquis. Car hier est tombé le dernier diaphragme d’une galerie de 9 kilomètres que l’ancien ministre Toninelli jugeait ‘’inexistant’’. La présence d’un ministre italien aurait dû être normale. L’organisation italo-française expliquait alors les ‘’difficultés à faire coïncider les agendas’’. Les coulisses nous disent que la ministre De Micheli (PD) aurait voulu y être mais c’est Conte lui-même qui l’a freinée. Mieux vaut ne pas perturber l’état d’âme du M5S qui avait dû récemment capituler sur l’un de leurs chevaux de bataille. D’où l’escamotage mis en scène hier. Bref, le chantier va de l’avant mais à Rome on préfère ne pas trop le faire savoir ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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